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Néji Jelloul : la tête à abattre !
02/12/2016 | 19:59
6 min
Néji Jelloul : la tête à abattre !

« Un politicien est comme un boxeur. S’il ne sait pas recevoir des coups, il n’a qu’à changer de métier ». Telle a été la réponse de Néji Jelloul à la campagne syndicalo-politique le visant depuis plusieurs mois. Une campagne qui a pris de l’ampleur ces derniers jours après la récente manifestation des enseignants tenue mercredi 30 novembre. Si les revendications peuvent être sujet à débat, les slogans brandis, eux, sont difficilement compréhensibles.

 

« Un politicien est comme un boxeur. S’il ne sait pas recevoir des coups, il n’a qu’à changer de métier » avait déclaré Néji Jelloul au micro de Shems Fm, commentant la campagne menée contre lui par les syndicalistes.  Une campagne « politique », la qualifie-t-il à demi mots sans vouloir trop commenter les récentes déclarations des syndicalistes. « Le droit à la grève et à la protestation est un acquis constitutionnel dit-il, ceci est tout à fait naturel ». Soit ! Force est de constater cependant que Néji Jelloul est dans le collimateur des syndicalistes et que la campagne prend de plus en plus des tournants politiques.

 

 « Qu’est-ce que vous faites encore au ministère ? » avait demandé le député UPL Taoufik Jomni, au Parlement ce matin, à l’adresse de Néji Jelloul. Le député, s’exprimant en plénière, accuse le ministre d’avoir « pour seul souci, d’embellir [son] image dans les médias […] vous avez été désigné et non pas élu. Il ne faut pas manipuler l’opinion publique ». « Vous n’arrêtez pas de provoquer les enseignants », lui dit-il avant d’être interrompu par un Abdelafattah Mourou en colère.

Si les critiques contre Néji Jelloul n’ont pas cessé depuis sa prise de fonction, elles ont atteint un niveau différent ces jours-ci avec l’appel à son limogeage. Une mise à mort politique dont les syndicalistes ont été les instigateurs. On accuse aujourd’hui Néji Jelloul de ne pas prendre ses décisions en concertation avec les structures syndicales et de balayer d’une main les revendications du corps enseignant. Des revendications qui ont réussi à attiser la colère des enseignants et donner une assise « légitime » à la manifestation. Par ailleurs, on l’accuse aussi de tenir une communication « agressive » et « stigmatisante » contre le corps enseignant. Mais on l’accuse, avant et surtout, d’avoir été au départ du côté des syndicalistes, ayant été lui-même un ancien enseignant, avant d’avoir fini par leur « tourner le dos ».

 

Le 30 novembre, coïncidant avec la deuxième journée de la conférence de l’Investissement Tunisia 2020, les mouvements protestataires ont été mis en stand by pour « faire bonne figure » devant les investisseurs étrangers venus assister à l’événement. Seuls les syndicalistes de l’enseignement ont décidé de battre le pavé à l’avenue Habib Bourguiba. Cette fois-ci, les slogans syndicalistes et les demandes matérielles ont fait place à un appel simple à destituer Néji Jelloul de son poste de ministre.

C’est d’ailleurs ce qu’explique Lassâad Yaâcoubi, secrétaire général de l’Enseignement secondaire. Invité, ce jour-là sur Express Fm, il a affirmé que « aucune requête matérielle n’était demandée lors de la manifestation du 30 novembre ». L’appel au départ du ministre n’est pas une requête syndicale, explique-t-il, mais « une revendication de l’ensemble des professeurs et enseignants ».

« La limite entre les personnes et les décisions n’est pas permise », explique-t-il. Pointant du doigt « une humiliation des professeurs et enseignants », et critiquant un niveau de langage [du ministre] qui ramène le débat « sur un ring de boxe » lorsqu'il a été questionné sur les slogans dégradants brandis par les enseignants lors de ladite manifestation. « 99% du langage des professeurs a été de très haut niveau », explique le syndicaliste. Des slogans qu’il juge « dignes des enseignants ».  


Et pourtant, dans une autre interview accordée à Shems Fm, dans la journée, le même Lassaâd Yaâcoubi reconnait que « les slogans scandés hier par des enseignants, étaient offensants. Ces slogans ne sont pas dignes de nous […] les slogans scandés par certains enseignants ne représentent ni le syndicat, ni la marche qui a été organisée, ni les enseignants. Ce sont des exceptions et nous allons publier un communiqué à ce sujet », a-t-il dit.

Force est de reconnaitre que la bataille syndicat-gouvernement échappe à tout contrôle. « Quand nous nous retrouvons face à un grand rassemblement, il devient impossible de tout contrôler et de gérer les dépassements », reconnait d'ailleurs le syndicaliste à la même source.

 

Des slogans qui ont aussi suscité l’indignation dans leur propre camp, à savoir celui des enseignants.   « Pour la première fois de ma vie, je ressens de la tristesse en tant que professeur et de la honte en tant que syndicaliste. Je ressens également du déshonneur » a déclaré le professeur, syndicaliste et dirigeant au sein du parti Mouvement du projet pour la Tunisie, Mehdi Abdeljaoued sur le plateau de Myriam Belkadhi mercredi 30 novembre commentant le sit-in des enseignants. Mehdi Abdeljaoued s’est interrogé : « qu’est ce qui prouve que les personnes contestataires qui se sont réunies hier devant le ministère de l’Education sont des enseignants et des professeurs ? » La question mérite d’être posée.

En effet, en prévision de ce mouvement de protestation, d’importants moyens ont été mis à la disposition des manifestants et certains syndicalistes n’ont pas hésité à s’improviser organisateurs d’excursions. Pour garantir une grande mobilisation, des bus ont été loués pour transporter les gens à Tunis, depuis Melloulech et Chebba, et les places étaient vendues à 18DT par personne.  De quoi s’interroger, également, sur la provenance des moyens déployés pour cette mobilisation. Un sujet sur lequel le syndicat préfère ne pas se prononcer.

 

 

La politisation des mouvements syndicaux est un fait que les deux parties reconnaissent. Autant le gouvernement que le syndicat lui-même. Parfois, les élèves eux-mêmes se trouvent au cœur de cette manipulation politique, étant désorganisés et facilement manipulables.

Mais au-delà de la politisation de l’affaire et de la manipulation des mouvements syndicaux, il faut avouer que si certaines des revendications des élèves et enseignants, sont légitimes, elles finiront par se noyer sous un flot d’insultes et de slogans non liés à l'affaire.  De l’autre côté, le syndicat, en recourant bien trop souvent à la surenchère et aux bras de fer, pourrait rapidement bruler toutes ses cartes et ne plus avoir quoi présenter sur la table des négociations. Il demeure donc inutile d’opposer de véritables arguments à une guerre qu’on a sortie de son contexte pour ramener à un niveau personnel et politique.  Une guerre qu'on dispute dans un ring de boxe. Il s’agit là, d’une des nouvelles manifestations de la rupture consommée entre le syndicat et le gouvernement.

 

02/12/2016 | 19:59
6 min
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Commentaires (19)

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abdel malek bedoui
| 06-12-2016 15:26
le ministère piétine la réforme va très mal nous avons déja perdu trois précieuse années la responsabilité incombe au ministre et a toute l équipe qui a participé a l actuelle réforme , syndicats et institut arabe des droits de l hommecompris...il y urgence de changement ...ll y va de l avenir de l école de la république .

L'insulaire
| 04-12-2016 19:19
Je pense que Bourguiba devrait se tourner,le pauvre,plusieurs fois dans sa tombe ces dernieres annees.
Je pleure notre bon systeme educatif des annees 60,70 et premiere moitie des annees 80.
Oui,je le dis et je pese mes mots.
Nous avions un excellent systeme qui a fait ses preuves,et toutes celles et ceux qui l'ont vecu peuvent l'admettre.
Nous etions meme reconnus pour cela.Nos bachelieres et bacheliers qui se trouvaient sur les bancs des universites europeennes,a titre d'exemple,avaient un bon niveau dans leur discipline et une bonne connaissance de la langue francaise a ce temps,en arabe aussi,bien sur pour ceux qui sont alles etudies en Iraq ou ailleurs.
Aujourd'hui,les profs se plaignent de tout et leur syndicat oublie la regle d'or qui est:BATTEZ-VOUS POUR VOTRE BIEN(salaire et conditions de travail),mais avant tout BATTEZ-VOUS POUR VOS ELEVES EN LEUR DONNANT UN EXCELLENT ENSEIGNEMENT,pas d'absenteisme et arretez d'offrir des cours particuliers.
Pensez aux parents de la classe moyenne et travaillez pour le bien de tous.
C'est ca votre role primordial ou quittez la profession et laissez votre place a celle ou celui qui voudrait vraiment se sacrifier pour ses eleves et en meme temps pour la nation.
N'oubliez pas que votre salaire provient de la poche des contribuables qui sont aussi en partie les parents de vos eleves.

Maxula
| 04-12-2016 01:04
On ne dit pas (et on l'écrit encore moins) "la tête à abattre"...mais "l'homme à abattre"...ou encore "une tête à couper"...Car les mots comme les expressions ont un sens et une cohérence...Y déroger revient à scribouiller en charabia...//Maxula.

R.T.
| 03-12-2016 16:51
La photo lui va bien , C'est à un metteur en scène de nous produire un film au sujet.

Famous Corona
| 03-12-2016 15:52
La santé avant tout ! A force de t'acharner inutilement, tu n'arranges pas ton diabète ni ta tension ! Youssef Chahed ne fais pas attention à ce genre de remarques futiles, il a d'autres chats à fouetter sachant que Néji Jalloul constitue l'une de ses cartes maîtresse dont il ne se passera jamais, ni les parents d'élèves d'ailleurs.
A propos, félicitations pour le choix de JAGHMOUN, il te va à merveille...

lario
| 03-12-2016 15:40
pourquoi chercher midi à quatorze heure, comment un ministre de l'éducation peut engager une réforme d'une telle importance et 90 % de son corps enseignant est en désaccord total avec lui , quand méme il faut étre conscientque mr jalloul n'a pas su gérer sa communication, n'a pas su instaurr le respect mutuel ,n'a pas su écouter les intervenants , n'a pas su coopérer et encourager, au contraire il n'a su que dénigrer et de mépriser. Enseigner et éduquet n'est pas à la portée de n'importe qui surtout à ces moments difficiles, notre chére TUNISIE pullule de hauts responsables qui ont la compétence et le savoir faire dans le domaine éducatif et peuvent avancer dans une ambiance sereine et productive, mr jalloul peut étre utile à d'autres fonctions, à d'autres missions, et peut trouver les conditions adéquates pour réussir et étre bénéfique à notre nation, je crois qu'il est temps et d'urgence d'arréter ce contretemps , cette gabegie, ce désordre et cette galére qui a trop duré

R.T.
| 03-12-2016 15:04
Appeler à un sondage d'opinion par un nombre des parents d'élèves par "oui ou non" dont certainement font partie des enseignants ; ou bien faites imposer le règlement tout court pour trancher.

Forza
| 03-12-2016 13:30
Le ministre a entamé beaucoup d'idées de réformes. On peut discuter le rythme de l'introduction de ces reformes et leurs contenus mais tout le monde sait bien que l'éducation tunisienne a besoin des reformes. Je cite quelques exemples :
1- Nombres d'heures est trop limité. Le ministre dit que l'élève tunisien a 3 ans moins de scolarité jusqu'au bac que la norme internationale. Il faut donc enseigner plus et il a raison. Les écoles tunisiennes chôment pratiquement du 01 Juin jusqu'an 15 septembre, C'est trop et l'argument que le pays est chaud n'a pas de sens. Les américains au Nevada ou Arizona ne chôment pas autant l'été.
2- Le ministre veut si je comprends bien plus de vacances courtes et il a raison. Les élèves peuvent se concentrer pour 8 ou 10 semaines mais après ils ont besoin d'un repos donc l'idée d'avoir pendant une année plus d'heures d'enseignement mais penser aussi au repos de temps à autre est juste
3- Le ministre a ré-ouvert l'école pour des milliers d'élèves qui ont quitté l'école pratiquement sans certificat de scolarité et c'est bien aussi. Il faut mettre a jour les connaissances de ces élever et les orienter après vers la formation professionnelle
4- Le ministre veut combattre la mal nutrition et offrir un repas équilibré surtout pour les élèves pauvres et dans les régions de l'intérieur, bravo ça c'est une politique social-démocrate.
5- Le ministre veut ouvrir des espaces culturels pour les élèves pour faire plus de littérature, de musique, de danse, de théâtre et d'apprentissage du coran et c'est ce qu'il faut pour une éducation équilibrée.
Maintenant pour le contenu des programmes et pour les matières scientifiques il faut écouter les expert et du ministère et des pédagogues indépendant. Pour les matières littéraires tel l'Arabe, le Français, l'histoire etc. il faut se mettre d'accord sur le contenu entre toutes les composantes de la société. Par exemple, le cour de l'histoire et de la libération nationale doit traiter des contributions de tous les militants et non pas seulement de Bourguiba. Les textes d'Arabe doivent puiser dans la littérature tunisienne et maghrébine d'abord mais être ouverts aussi à des textes humanistes de la littérature du Machraq et de la littérature mondiale etc.

je dis la vérité
| 03-12-2016 12:44
Je pense que ce Néji Jalloul, se trompe sur toute la ligne. Il rêve de l'école d'antan.Il pense que le mental de nos enfants et adolescents ne change pas. Erreur.
Il harcèle les enseignants. Erreur également. Tout a changé. Il faut qu'il admette cette évidence.
Je vous raconte quelques anecdotes, vous comprendrez.....


Lundi : 8h à 10h, cours de "maths".
Durs, durs les études d'antan. Les professeurs ne s'absentaient presque jamais. La discipline au lycée était la règle. Le censeur impitoyable. Les pions aux aguets. Une caserne, quoi.....

-"On se tait ! Nous avions vu, la semaine dernière , les cas d'indétermination dans le calcul des limites. Je vous avais donné assez d'exercices, la-dessus..."

Une voix timide interrompt le professeur à la blouse blanche, de son discours matinal :

"-Monsieur...Monsieur...Je n'avais pas bien saisi, la solution de l'exercice n°18 de la page 112...."
Le professeur à la blouse blanche, bien debout sur l'estrade en bois, un morceau de craie à la main, imperturbable, l'interrompt, sans agressivité :

"-D'accord...Passez au tableau s'il vous plaît !".

Nos professeurs étaient tous polis, disponibles et surtout diserts.
Pas de calculs mesquins. Pas de pression sur les élèves, pour les obliger à prendre un cours particuliers.Les cours particuliers ? C'était quoi ?

Pendant les années 60, les recueils d'exercices solutionnés étaient une denrée rare. On se les arrachait. La photocopie était quelque chose de précieux et très coûteux.
Nous avions ni internet, ni les cours prodigués en vidéo.
Réussir son bac, c'était le fruit d'un labeur et d'une bonne concentration.
On faisait attention à tout, forme et fonds.

Les fautes d'orthographe truffant une copie rendue au professeur de math, de physique ou de sciences naturelles, étaient "une honte".

Aujourd'hui, d'une manière générale, nos candidats au baccalauréat :
-écrivent très mal.
-font énormément de fautes d'orthographe et de syntaxe.
-n'ont pas une culture générale.
-lisent très peu de livres, magazines et journaux.
Pourtant,les solutions, pour remédier à çà, existent.....On attend....

A propos des copies d'interrogations écrites, ou celles des compositions trimestrielles, généralement les prof' les rendaient aux élèves dans un ordre croissant.

La plus mauvaise note, c'était la première "servie". Elle faisait blêmir son "propriétaire".
Certains prof' pour faire monter la tension dans la classe, faisaient un commentaire après chaque copie distribuée.
Dans la salle, c'était un silence de mort.On se regardait les uns, les autres. Les filles étaient toutes rouges. Elles, spécialement, ne supportaient pas les humiliations, comme les garçons.

Les filles "lycéennes", dans les années 60, n'étaient pas nombreuses. 3 ou 5 filles dans une classe, pas plus.

Aujourd'hui, c'est l'inverse :
20 filles pour 4 bons fainéants !

Je me rappelle toujours de cette fameuse "colle du dimanche":

*Une fois, une prof'( de Bordeaux), d'histoire-géo.m'avait donné 6 heures de "colle", pour m'être retourné, échanger deux mots avec un camarade. C'était, pour une fois, injuste. Je l'avais mal supporté.

Belko
| 03-12-2016 11:09
Inévitable résistance que tout dirigeant rencontre lors de toute modification, mais faut il céder, bien entendu que non, car se serait renoncer à toute vie dynamique et tout progrès.
Bravo Monsieur le ministre, foncez tout en prenant le soin de ne pas trop bousculer ces créatures si fragiles et si précieuses!