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Tribunes
Nous n'avons jamais fait de la Politique !*
22/07/2016 | 10:05
8 min
Nous n'avons jamais fait de la Politique !*

 Par Hédi BEN ABBES*

 

«Je vis comme je peux dans un pays malheureux. J’essaie, en tout cas, solitaire ou non, de faire mon métier. Et si je le trouve parfois dur, c’est qu’il s’exerce principalement dans l’assez affreuse société intellectuelle où nous vivons. Où l’on se fait un point d’honneur de la déloyauté. Où le réflexe a remplacé la réflexion. Où l’on pense à coup de slogan et où la méchanceté essaie de se faire passer trop souvent pour de l’intelligence…Je vis comme je peux, dans un pays malheureux riche de son peuple et de sa jeunesse, provisoirement pauvre dans ses élites, lancé à la recherche d’un ordre et d’une renaissance à laquelle je crois. Sans liberté vraie, et sans un certain honneur, je ne puis vivre. Voilà l’idée que je me fais de mon métier.» Albert Camus

 

Si je reprends à mon compte les propos d’un géant de la littérature, c’est qu’ils sont aujourd’hui encore d’une actualité brûlante et d’une acuité à toute épreuve. Ces observations me serviront de point d’ancrage pour tenter d’analyser l’oxymore utilisé par Camus pour rendre compte d’un double constat. D’une part, la richesse que représentent une culture et une population donnée, associée à sa jeunesse pour bâtir ensemble un avenir favorable et, d’autre part, une relative misère intellectuelle, celle des responsables politiques comme celle présente dans la prétendue élite tunisienne d’aujourd’hui.

 

Comment peut-on prétendre qu’on puisse avoir un semblant de souveraineté d’Homme quand les choses n’ont plus de sens, quand les valeurs qui nous distinguent des bêtes sont inversées, quand l’insolence, l’ignorance et la roublardise se font passer pour des vertus ? Je ne vois au fil des rencontres et des entrevues que des hommes et des femmes hagards, perplexes et impuissants face au désastre que traverse ce beau pays, cette terre salie par les mains des Hommes. Je ne parle pas que de la saleté crasse au sens physique qui heurte le regard, offense le nez et détruit l’environnement, c’est d’une autre saleté, une saleté incrustée jusqu’aux tréfonds des esprits et des âmes. Une saleté entretenue, respectée, vénérée même par certains car elle est devenue la norme, la façon d’être, la raison d’être pour cette catégorie d’humain, l’écume des temps modernes.

 

Comme je l’ai maintes fois signalé par le passé, notre pays est plus que jamais gangréné par l’irresponsabilité, l’égoïsme, la méchanceté, les coups bas, l’ignorance, la mauvaise foi, l’hypocrisie et toutes sortes de corruption. La responsabilité incombe à tous, à commencer par la « pauvre société intellectuelle » comme dit Camus, parmi laquelle la pseudo-élite politique atteint un niveau abyssal dans les profondeurs de la médiocrité. Que dis-je, n’avions-nous jamais fait de la politique dans ce pays ? Que le Dr Youssef Seddik me pardonne cet emprunt en faisant allusion au titre de son magnifique livre, qui lui, atteint inversement les sommets de l’intelligence humaine !

Dans notre pays, il y a une confusion de concepts qui, s’il ne s’agissait pas de responsabilité publique aurait été moins dramatique. Mais une confusion sur la définition du concept de la politique a inéluctablement des conséquences désastreuses. Le paradigme « politique » recouvre le sens de la responsabilité, de l’intérêt général, du devoir. Il implique, le don de soi, la défense des valeurs et le sens de l’Etat. C’est la politique dans son sens le plus noble mais en même temps le plus exaltant. Dans notre pays, on ignore cette définition au profit d’une autre plus vile. En effet, l’écrasante majorité de la classe politique prend pour « politique » la pratique de la roublardise, des coups bas. Elle adopte un comportement de voyou et use de la ruse, de la tricherie, du mensonge, de l’hypocrisie, de l’après-moi-le-déluge, etc. Elle prend Machiavel au premier degré, au pied de la lettre. Ainsi, la faillite de cette partie de la classe politique provient de cette confusion, du transfert des codes et des règles qui régissent les transactions quotidiennes, où l’arnaque est devenue un art de vivre, vers ce qu’ils appellent la politique ou plutôt, la particratie. Quand on arnaque une personne ou même plusieurs dans une transaction à la manière des pratiques dans les bas-fonds de Tunis, on nuit à un petit groupe si préjudiciable cette arnaque soit-elle. En revanche, déployer les mêmes entourloupes et les mêmes codes dans le domaine politique, cela engendre des conséquences néfastes à une échelle bien plus grande et sur une durée bien plus longue. Entre la noblesse de la pratique politique et la politique de caniveau, la pseudo-élite politique a fait son choix depuis longtemps. Faire de la politique, c’est prévoir, se soucier des lendemains et pour le plus grand nombre de personnes. Etre combinard c’est se soucier de maintenant et de sa personne. Politique et combine sont donc antinomiques. Le politique aspire vers les sommets, le combinard s’embourbe dans le caniveau.

 

La noblesse de la politique a ses exigences morales, des règles apolliniennes strictes à respecter, une probité intellectuelle à toute épreuve. Des qualités rares dans notre pays. Et pour cause, certains Tunisiens sont connus pour leur volonté d’atteindre leurs objectifs sans faire trop d’effort. Ils comptent trop souvent sur la tricherie, la ruse et donc l’arnaque pour y arriver. Dans notre pays, la pratique politicienne n’échappe pas à cette règle.

 

Combien d’hommes et de femmes politiques ressentent le poids de la responsabilité et le sens du devoir en voyant un écolier traverser la rue ? Combien parmi eux se sentent responsables de son avenir et s’empressent de tout faire pour lui assurer les meilleures conditions possibles ? Combien parmi eux ne dorment pas la nuit parce que l’image de leur pays est écornée ? Combien n’ont qu’une seule obsession : le présent et l’avenir de la Tunisie ? Combien parmi eux ont mal dans leurs chaires de voir des déchets jonchant les rues et voir les fonctionnaires qui ne fonctionnent pas ? Combien sont heurtés par le climatiseur qui reste allumé et la voiture de fonction devenue moyen de transport public ? Et cette effervescence religieuse qui augmente au même rythme qu’augmente la corruption ! Et ces foulards devenus une licence pour la licence et l’indécence ! Et j’en passe et des pires !

 

La Tunisie est aujourd’hui malade des graves errements de sa pseudo-élite politique, tout le monde le dit et le répète. Il est donc temps de dénoncer cette mauvaise conception de la politique et de mettre des mots sur les maux qui gangrènent la société. Il est temps d’opérer une véritable rupture paradigmatique.

 

Depuis le 14 janvier 2011, la Tunisie vit sous le joug de cette « élite » autocrate et son mode de raisonnement obsolète. Mais, il n’est pas question ici de tracer une frontière entre la classe dirigeante et la population. Assez de populisme ! Nous sommes tous responsables ! Du Tunisien lambda jusqu’au sommet de la pyramide, nous sommes tous responsables. A commencer par la classe politique dont la responsabilité est éminemment plus importante. Désormais, nous subissons les conséquences de choix personnels, souvent malheureux, opérés par une partie de cette classe politique. Dès qu’elle a eu la possibilité d’être aux affaires du pays, elle s’est empressée de nuire aux intérêts de la nation pour privilégier leurs seuls intérêts personnels. Plusieurs personnes portent à mon sens, une énorme responsabilité dans la dérive que connait le processus dit démocratique dans le pays. Ceux-là même qui brandissaient la démocratie comme un étendard, ceux comme dit Camus qui se font « un point d’honneur de la déloyauté, [pour qui] le réflexe a remplacé la réflexion, [qui] pense à coup de slogan et [dont] la méchanceté essaie de se faire passer trop souvent pour de l’intelligence ».

 

Il me vient à l’esprit le premier d’entre eux, celui que j’ai personnellement soutenu un temps, croyant qu’il n’était pas atteint par ce mal, tout tunisien ; à savoir, l’hypertrophie de l’ego et le « moi d’abord attitude ». Celui-là même qui a arnaqué des milliers de Tunisiens à force de « slogans » servis par une roublardise drapée de fausses vertus et d’une fausse modestie. Il a fallu la fameuse épreuve du pouvoir pour que les victimes de cette supercherie se rendent compte de l’ampleur de l’arnaque et de ses conséquences dévastatrices pour le pays (voir mon article l’épreuve du pouvoir, La Presse, le 19 juin 2014). On ne démasque le prestidigitateur qu’en étant au plus près de ses mains.

 

Jamais nous n’aurions cru possible le retour des caciques de l’ancien régime avec une telle force et une telle arrogance. Jamais nous n’aurions laissé un boulevard aussi confortable à un seul parti idéologiquement marqué désireux de confisquer le pouvoir. Jamais nous n’aurions livré un pays riche de sa jeunesse, comme dit Camus, à une horde d’opportunistes, de mafieux et d’incompétents qui n’ont aucun amour pour la Tunisie, si les prétendus démocrates n’avaient pas trahi la démocratie. Ils ont utilisé les mêmes codes et les mêmes règles de fonctionnement que les voyoucrates. Ils ont rivalisé d’ingéniosité et trouvé les moyens de s’entre-déchirer ralentissant ainsi le processus démocratique tant désiré. Ils ont usé de leur génie maléfique en voulant, à tort, gagner les faveurs du faiseur de rois (Ennahdha). Ils n’ont jamais su se débarrasser de leurs vieux démons et de leurs vieilles rengaines pour penser à la Tunisie d’abord. Quelle tristesse et quelle déception !

 

Ce nivellement par le bas des règles démocratiques est devenu la norme de nos jours. On a ainsi élargi l’assiette, si j’ose dire, des prétendants appâtés, invités à partager un macabre festin, celui d’un corps social à l’agonie appelé Tunisie. La fonction politique a été ainsi, démystifiée, banalisée, rendue vulgaire, à telle enseigne que les plus médiocres prétendent aujourd’hui être dignes des plus hautes fonctions de l’Etat.

 

Le mal est tellement profond que même la génération qui est supposée prendre la relève pour faire de la politique autrement, n’a pour projet que sa propre personne. Ils créent des partis autour d’eux et au service de leur propre personne. Ils n’ont retenu aucune leçon de l’amère expérience vécue depuis six ans. Ils sont à la même école, celle qui ignore le vrai sens de la politique et donc celui de la responsabilité aussi. Il est vrai qu’un océan sépare la noblesse de la politique de la médiocratie. Vous pouvez changer de gouvernement autant de fois que vous voulez, tant que vous ne changez pas de logiciel pour faire de la vraie politique au sens noble du terme, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets.

 

Avant le soulèvement, on disait, vivement le 8 novembre, on peut dire aujourd’hui, vivement le 15 janvier !!! 

 

*Universitaire et dirigeant d’entreprise

Clin d’œil à l’excellent ouvrage du Dr Youssef Seddik, Nous n’avons jamais lu le Coran. 2004.

 

22/07/2016 | 10:05
8 min
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Commentaires (24)

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DHEJ
| 23-07-2016 21:32
La POLITIQUE d'après la TOUPIE c'est l'art et la manière de GOUVERNER!


GOUVERNER avec Quoi? Dans le temps. .. et dans l'espace!


Gouverner pour garder de la portant suivant les fameux axes lx roulis, le lacet et le tangage. ..


Alias parles pour tes semblables ignorants de la

LEGIDYNAMIQUE!


Rina
| 23-07-2016 16:59
Certains peuvent me trouver excessive dans La Défense de ce monsieur Abbes mais je ne rate jamais ce qu'il écrit et j'ai toujours suivi son parcours car j'ai toujours pensé qu'il était different et je ne suis pas déçue. Il a critiqué BCE depuis le début et n'a jamais arrêté. Il faut lire ses articles sur le site de La Presse il n'a jamais perdu de vue l'intérêt de la tunisie et qd je vois certains le critiquer injustement cela me révolte car on dirait que les Tunisiens n'ont de respect que pour les voyous. Les honnêtes gens leur font peur car ils pensent toujours que des gens comme ça n'existent pas et forcément ils ont une idée derriere la tete. Ce monsieur est different et le temps le démontrera. Comme il dit dans un pays où les voyous sont respectés il n'y a pas de place pour les gens propres et compétents. Les gens honnêtes et compétents dérangent

Maryem
| 23-07-2016 10:43
C est de la tete de la pyramide que doit venir le changement.Malheureusement deux momies (BCE et Ghannouchi)se sont profondement enracines qu il n est plus possible d esperer un changement,ils persistent et signent conformement a leurs accords de Paris.

Épicure
| 23-07-2016 10:02
Merci Monsieur pour votre mea-culpa et votre subtilité. Je vous regarderai désormais d'un autre oeil.
La Tunisie est en dérive depuis le départ de Ben Ali.
Oui, on attend l'homme (ou la femme) providentiel, le sauveur de notre pays.
Vous avez bien décrit la nouvelle classe politique, je n'ai rien à rajouter.
Non, elle n'est pas reluisante.
Le parti en qui nous avions à un moment tant espéré et à qui nous avions massivement donné nos voix, nous a lamentablement trahis. Il n'a pas pu faire mieux que d'ouvrir une grande voie à ceux que nous voulions chasser du pouvoir.
Notre déception est grande.
Quand vous assistez par la suite à ce minable spectacle des guerres intestines au sein de ce même parti, vous arrivez à avoir un sentiment de dégoût et de honte.
Honte de voir des responsables combiner, se chamailler pour arriver à leurs fins. Des fins qui n'ont pas pour objectifs de remettre notre pays sur pieds, mais uniquement pour se servir.
La cerise sur gâteau est celle de voir le fils du président occuper une place qu'il ne semble aucunement mériter.
Triste et navrant à pleurer !

Le Demystificateur Universel
| 23-07-2016 09:47
Ce que raconte ce monsieur,la secte des ténèbres Ennahdha,et son gourou,le chassieux,la ventouse baveuse le disaient de Ben Ali et de sa clique.Mais une fois que cette secte de maleur a mis ses pattes sur le pays,elle a devasté le pays,l'a ruiné,l'a depecé en un temps record,a tel point que Ben ali,et sa racaille de parasites voraces,apparaissent comme des enfants de ch'ur,comparativement au terrible fleau nahdhaouiste.

Dr. Jamel Tazarki
| 23-07-2016 08:55
Vous écrivez dans votre article ci-dessus: "Comme je l'ai maintes fois signalé par le passé, notre pays est plus que jamais gangréné par ['] toutes sortes de corruption."

Je suis persuadé, que tous les êtres créés sont corruptibles y compris nos religieux sans exception. Mais de tous les êtres créés corruptibles, l'être humain est le seul à être perfectible (à l'exception des malades mentaux). Et pour que l'intelligence de sa perfectibilité l'emporte constamment sur la condition de sa corruptibilité il faut lui définir un cadre socio-politique formel qui l'incite à être plutôt honnête:
1) La séparation des pouvoirs
a) Le pouvoir législatif, confié à un Parlement,
b) Le pouvoir exécutif, confié au gouvernement
c) Le pouvoir judiciaire, confié aux juridictions,
2) La liberté de la presse (la liberté d'opinion, la liberté mentale et d'expression). Le rôle de la presse est entre-autre de dénoncer l'abus de pouvoir et la corruption.
3) Une opposition républicaine forte, responsable, vigilante et déterminée
4) limiter le poste du Président de la République à un maximum de deux mandats.
4) limiter le poste du premier ministre à un maximum de deux mandats.
Etc.

J'insiste encore une fois, Dieu est parfait mais les êtres humains sont tous corruptibles sans exception, et pour que notre perfectibilité l'emporte sur notre corruptibilité il fait perfectionner d'abord le système'


Pour le moment, le point faible de notre jeune démocratie est le fait que notre corruptibilité l'emporte sur l'intelligence de notre perfectibilité! La faute est à qui? Certainement à la presse et à l'opposition politique qui ne sont pas en train de jouer leur rôle, il suffit de lire les commentaires nuls de Mr. Hamma Hammami, et les attaques superficielles et non objectives (unsachlich) des politiciens entre eux!


Il faut que nos politiciens s'en tiennent aux faits (man muss sachlich bleiben), ce qui est la seule garantie de notre future réussite socio-économique. Il faut que nos politiciens arrêtent ces histoires du genre "quelqu'un m'a dit que quelqu'un a dit qu'il a entendu dire quelqu'un d'autre dire que quelqu'un a dit sur quelqu'un d'autre dire, etc., etc. etc."

Il faut que certains politiciens arrêtent d'accuser le Président de la République (comme l'a fait récemment Mr. Hamma Hammami ou beaucoup d'autres) de vouloir faire hériter le pouvoir à son fils sans preuves convaincantes. J'insiste encore une fois qu'il faut s'en tenir aux faits, oui Hafedh Caïd Essebsi est plus intelligent, plus efficace et plus doué que ces conquérants qui n'ont aucun programme socio-économique pour la Tunisie, et pour compenser ce manque ou cette incapacité ils (les conquérants) essayent de gagner un sentiment de pouvoir en rabaissant sans cesse leur victime (leur adversaire politique) tout en la faisant culpabiliser pour la contrôler et pour se faire valoriser. Il faut arrêtez de dénigrer sans pause les autres sans proposer de programmes alternatifs pour la Tunisie!


Puis, le Tunisien se demande si l'honnêteté est suffisante afin de diriger un pays? Certainement non, Un homme honnête peut provoquer des dégâts bien plus graves qu'un malhonnête par manque d'expérience dans les domaines socio-économiques ou par idiotie (penser à notre ex-troïka).


L'ex-président de la Bavière en Allemagne, Franz Josef Strauss, était un homme corrompu mais compétent et de loin le plus intelligent de tous les politiciens allemands. Et aucun politicien allemand n'a servi l'Allemagne comme lui.

Le plus grave/ fatale pour une société est d'être dirigée directement/indirectement par une oligarchie bornée et corrompue!

Il est temps que les partis politiques comprennent qu'il faut faire ce qu'il faut faire pour le bien socio-économique de la Tunisie et non pas faire ce qu'ils veulent faire!


Cordialement

Jamel Tazarki


Voilà comment se sentent beaucoup de jeunes Tunisiens aujourd'hui:
https://www.youtube.com/watch?v=ilF7ET_Q-UU

Revolue
| 23-07-2016 04:02
Excellent article:
La tunisie changera quand DAECH sera exterminee dans tout le monde arabe.

Quand tous le predicateurs des musulmans seront morts et evoyes en Enfer/
Comme ca on sauvera les generations futures... L'actuelle est deja foutue. Trop tard le virus a fait son effet

Zenobie
| 22-07-2016 17:56
Cher Monsieur,
Celui que vous avez soutenu, soit-disant "roublard drapé de fausses vertus et de fausse modestie", n'est pas tel que vous le décrivez. Ses valeurs sont toujours bien présentes à son esprit et fondent son action politique.
En vérité, celui qui a trahit ses valeurs, c'est bien vous qui avez tenté de rejoindre Nidaa Tounes quand vous pensiez (en juin 2013) que Marzouki allait être débarqué. C'est bien vous qui avez eu une attitude opportuniste, au point de soutenir celui qui est devenu président aujourd'hui.
Alors, vos beaux discours sur ce que doit être la politique, i.e. une action dans l'intérêt général et loin des combines, vous pouvez les garder pour votre cercle d'admirateurs. Votre pratique, vous l'avez rendue publique, c'est celle de la trahison des valeurs que vous prônez.

Le Demystificateur Universel
| 22-07-2016 17:35
Une jeunesse tunisienne au bouillant courage a reussi par son intifadha a faire fuir un tyranneau inculte et la racaille de parasites voraces qui constituaient son echaffaudage politique.Des opportunistes aguets,des apatrides,appelés pudiquement bi-nationaux,des attardés islamistes,ennemis des Musulmans et de l'Humanité,tous plus ou moins agents de l'hydre franjo-sionistes,ont fait un hold-up sur le train de cette intifadha pour le detourner de son objectif,l'independance veritable,la liberté et le developpement.Ils lui ont fixé comme objectif,la ruine du pays,la soumission a l'hydre franjo-sioniste et le soutien aux forces imperialiste et réactionnaires.Elu ou designés pour ecrire une constitution en un an,ils y sont restés trois années,le temps de devaster le pays,de paralyser l'adminstration en la truffant de leurs partisans,des bras cassés,le temps aussi de ruiner les caisses de retraite en y faisant emarger leurs partisans qui n'y ont jamais cotisé.Non contents de cela,durant cette periode,Tunis a ete la Mecque de tous les obscurantistes et de tous les réactionnaires,colonialistes,grand satan et tous ses agents de droite et de gauche.Maintenant que le pays est a genoux,ceux qui ont contribué au desastre se presentent comme guérisseurs.N'eut ete la ruée de tous ces bons a rien,ou plutôt ces tetes de faillite,la Tusie aurait pu devenir un phare pour les pays du Tiers-monde,question democratie et developpement.

CONQUERANT
| 22-07-2016 17:24
Je relève trois points essentiels dans cette excellente analyse de Monsieur Ben Abbès qui méritent notre attention: la politique, la classe politique et les Tunisiens en général.

De la politique
La politique est, dans son sens noble et suivant une étymologie bien établie (du grec 'polis', la Cité, et 'techné'), l'activité qui s'occupe de la chose publique, de l'organisation de la cité (ses institutions, son armée, sa police, sa justice, sa diplomatie, ses finances, son économie).
Or, en Tunisie nous avons agréé des pratiques et des coutumes que nous affublons du substantif ou de l'adjectif « politique », c'est selon et qui n'ont rien à avoir de ce que nous savons de Platon, Montesquieu, Rousseau, Hobbes ou Arendt.
Ainsi, et selon le lexique couramment usité (Boulitik dans l'usage perverti de l'acception) la politique perd de sa noblesse puisqu'elle devient d'une manière connotée péjorativement l'art de conquérir, d'exercer et de se maintenir au pouvoir en usant de tous les subterfuges possibles et imaginables. Cela va du mensonge éhonté au meurtre de l'adversaire en passant par la séduction tarifée.
Il suffit de regarder ce qui s'est réellement produit ces cinq dernières années pour s'en convaincre. Même si la politique n'est pas là pour faire le bonheur des hommes au sens où l'entend André Compte SPONVILLE, il y a urgence de lui rendre ses titres de noblesse en l'expurgeant de ces scories.

De la classe politique :

Dans le large spectre qui va de BCE à Ghannouchi en passant par l'ex histrion de Carthage devenu dans une tentative désespérée « Iradiste, Volontariste » histoire de nous confirmer ce que l'on savait déjà ; c'est-à-dire un être fourbe et velléitaire, je dirais que nous avons la classe politique la plus bête du monde puisqu'elle a réussi en si peu de temps (Cinq années) à :
-vider les caisses de l'État,
-Affaiblir son autorité et son prestige
-ralentir l'investissement,
-accroître l'inflation,
-augmenter le chômage,
- Consolider le pouvoir des mafias
- Ternir l'image du pays.

Des Tunisiens

Servis par des acteurs politiques avides de pouvoir, de richesse et de glorioles, les Tunisiens se sont détachés de la chose publique pour vaquer à leurs occupations d'expédient (faute de grives mangeons des merles) qui dans les paradis artificiels, qui dans la contrebande qui dans la voie étroite du salut en exterminant le prochain, c'est-à-dire l'autre soi-même, pour se donner paradoxalement l'impression d'exister et servir une entité fantasmée.
Fragile, suspendue au-dessus de l'abîme, exposée aux éboulements et offerte à l'imprévisibilité des séismes, la Tunisie demeure tiraillée entre deux évolutions possibles : la solidification salvatrice ou la débâcle désillusionnée.