GOUVERNER avec Quoi? Dans le temps. .. et dans l'espace!
Gouverner pour garder de la portant suivant les fameux axes lx roulis, le lacet et le tangage. ..
Alias parles pour tes semblables ignorants de la
LEGIDYNAMIQUE!
Par Hédi BEN ABBES*
«Je vis comme je peux dans un pays malheureux. J’essaie, en tout cas, solitaire ou non, de faire mon métier. Et si je le trouve parfois dur, c’est qu’il s’exerce principalement dans l’assez affreuse société intellectuelle où nous vivons. Où l’on se fait un point d’honneur de la déloyauté. Où le réflexe a remplacé la réflexion. Où l’on pense à coup de slogan et où la méchanceté essaie de se faire passer trop souvent pour de l’intelligence…Je vis comme je peux, dans un pays malheureux riche de son peuple et de sa jeunesse, provisoirement pauvre dans ses élites, lancé à la recherche d’un ordre et d’une renaissance à laquelle je crois. Sans liberté vraie, et sans un certain honneur, je ne puis vivre. Voilà l’idée que je me fais de mon métier.» Albert Camus
Si je reprends à mon compte les propos d’un géant de la littérature, c’est qu’ils sont aujourd’hui encore d’une actualité brûlante et d’une acuité à toute épreuve. Ces observations me serviront de point d’ancrage pour tenter d’analyser l’oxymore utilisé par Camus pour rendre compte d’un double constat. D’une part, la richesse que représentent une culture et une population donnée, associée à sa jeunesse pour bâtir ensemble un avenir favorable et, d’autre part, une relative misère intellectuelle, celle des responsables politiques comme celle présente dans la prétendue élite tunisienne d’aujourd’hui.
Comment peut-on prétendre qu’on puisse avoir un semblant de souveraineté d’Homme quand les choses n’ont plus de sens, quand les valeurs qui nous distinguent des bêtes sont inversées, quand l’insolence, l’ignorance et la roublardise se font passer pour des vertus ? Je ne vois au fil des rencontres et des entrevues que des hommes et des femmes hagards, perplexes et impuissants face au désastre que traverse ce beau pays, cette terre salie par les mains des Hommes. Je ne parle pas que de la saleté crasse au sens physique qui heurte le regard, offense le nez et détruit l’environnement, c’est d’une autre saleté, une saleté incrustée jusqu’aux tréfonds des esprits et des âmes. Une saleté entretenue, respectée, vénérée même par certains car elle est devenue la norme, la façon d’être, la raison d’être pour cette catégorie d’humain, l’écume des temps modernes.
Comme je l’ai maintes fois signalé par le passé, notre pays est plus que jamais gangréné par l’irresponsabilité, l’égoïsme, la méchanceté, les coups bas, l’ignorance, la mauvaise foi, l’hypocrisie et toutes sortes de corruption. La responsabilité incombe à tous, à commencer par la « pauvre société intellectuelle » comme dit Camus, parmi laquelle la pseudo-élite politique atteint un niveau abyssal dans les profondeurs de la médiocrité. Que dis-je, n’avions-nous jamais fait de la politique dans ce pays ? Que le Dr Youssef Seddik me pardonne cet emprunt en faisant allusion au titre de son magnifique livre, qui lui, atteint inversement les sommets de l’intelligence humaine !
Dans notre pays, il y a une confusion de concepts qui, s’il ne s’agissait pas de responsabilité publique aurait été moins dramatique. Mais une confusion sur la définition du concept de la politique a inéluctablement des conséquences désastreuses. Le paradigme « politique » recouvre le sens de la responsabilité, de l’intérêt général, du devoir. Il implique, le don de soi, la défense des valeurs et le sens de l’Etat. C’est la politique dans son sens le plus noble mais en même temps le plus exaltant. Dans notre pays, on ignore cette définition au profit d’une autre plus vile. En effet, l’écrasante majorité de la classe politique prend pour « politique » la pratique de la roublardise, des coups bas. Elle adopte un comportement de voyou et use de la ruse, de la tricherie, du mensonge, de l’hypocrisie, de l’après-moi-le-déluge, etc. Elle prend Machiavel au premier degré, au pied de la lettre. Ainsi, la faillite de cette partie de la classe politique provient de cette confusion, du transfert des codes et des règles qui régissent les transactions quotidiennes, où l’arnaque est devenue un art de vivre, vers ce qu’ils appellent la politique ou plutôt, la particratie. Quand on arnaque une personne ou même plusieurs dans une transaction à la manière des pratiques dans les bas-fonds de Tunis, on nuit à un petit groupe si préjudiciable cette arnaque soit-elle. En revanche, déployer les mêmes entourloupes et les mêmes codes dans le domaine politique, cela engendre des conséquences néfastes à une échelle bien plus grande et sur une durée bien plus longue. Entre la noblesse de la pratique politique et la politique de caniveau, la pseudo-élite politique a fait son choix depuis longtemps. Faire de la politique, c’est prévoir, se soucier des lendemains et pour le plus grand nombre de personnes. Etre combinard c’est se soucier de maintenant et de sa personne. Politique et combine sont donc antinomiques. Le politique aspire vers les sommets, le combinard s’embourbe dans le caniveau.
La noblesse de la politique a ses exigences morales, des règles apolliniennes strictes à respecter, une probité intellectuelle à toute épreuve. Des qualités rares dans notre pays. Et pour cause, certains Tunisiens sont connus pour leur volonté d’atteindre leurs objectifs sans faire trop d’effort. Ils comptent trop souvent sur la tricherie, la ruse et donc l’arnaque pour y arriver. Dans notre pays, la pratique politicienne n’échappe pas à cette règle.
Combien d’hommes et de femmes politiques ressentent le poids de la responsabilité et le sens du devoir en voyant un écolier traverser la rue ? Combien parmi eux se sentent responsables de son avenir et s’empressent de tout faire pour lui assurer les meilleures conditions possibles ? Combien parmi eux ne dorment pas la nuit parce que l’image de leur pays est écornée ? Combien n’ont qu’une seule obsession : le présent et l’avenir de la Tunisie ? Combien parmi eux ont mal dans leurs chaires de voir des déchets jonchant les rues et voir les fonctionnaires qui ne fonctionnent pas ? Combien sont heurtés par le climatiseur qui reste allumé et la voiture de fonction devenue moyen de transport public ? Et cette effervescence religieuse qui augmente au même rythme qu’augmente la corruption ! Et ces foulards devenus une licence pour la licence et l’indécence ! Et j’en passe et des pires !
La Tunisie est aujourd’hui malade des graves errements de sa pseudo-élite politique, tout le monde le dit et le répète. Il est donc temps de dénoncer cette mauvaise conception de la politique et de mettre des mots sur les maux qui gangrènent la société. Il est temps d’opérer une véritable rupture paradigmatique.
Depuis le 14 janvier 2011, la Tunisie vit sous le joug de cette « élite » autocrate et son mode de raisonnement obsolète. Mais, il n’est pas question ici de tracer une frontière entre la classe dirigeante et la population. Assez de populisme ! Nous sommes tous responsables ! Du Tunisien lambda jusqu’au sommet de la pyramide, nous sommes tous responsables. A commencer par la classe politique dont la responsabilité est éminemment plus importante. Désormais, nous subissons les conséquences de choix personnels, souvent malheureux, opérés par une partie de cette classe politique. Dès qu’elle a eu la possibilité d’être aux affaires du pays, elle s’est empressée de nuire aux intérêts de la nation pour privilégier leurs seuls intérêts personnels. Plusieurs personnes portent à mon sens, une énorme responsabilité dans la dérive que connait le processus dit démocratique dans le pays. Ceux-là même qui brandissaient la démocratie comme un étendard, ceux comme dit Camus qui se font « un point d’honneur de la déloyauté, [pour qui] le réflexe a remplacé la réflexion, [qui] pense à coup de slogan et [dont] la méchanceté essaie de se faire passer trop souvent pour de l’intelligence ».
Il me vient à l’esprit le premier d’entre eux, celui que j’ai personnellement soutenu un temps, croyant qu’il n’était pas atteint par ce mal, tout tunisien ; à savoir, l’hypertrophie de l’ego et le « moi d’abord attitude ». Celui-là même qui a arnaqué des milliers de Tunisiens à force de « slogans » servis par une roublardise drapée de fausses vertus et d’une fausse modestie. Il a fallu la fameuse épreuve du pouvoir pour que les victimes de cette supercherie se rendent compte de l’ampleur de l’arnaque et de ses conséquences dévastatrices pour le pays (voir mon article l’épreuve du pouvoir, La Presse, le 19 juin 2014). On ne démasque le prestidigitateur qu’en étant au plus près de ses mains.
Jamais nous n’aurions cru possible le retour des caciques de l’ancien régime avec une telle force et une telle arrogance. Jamais nous n’aurions laissé un boulevard aussi confortable à un seul parti idéologiquement marqué désireux de confisquer le pouvoir. Jamais nous n’aurions livré un pays riche de sa jeunesse, comme dit Camus, à une horde d’opportunistes, de mafieux et d’incompétents qui n’ont aucun amour pour la Tunisie, si les prétendus démocrates n’avaient pas trahi la démocratie. Ils ont utilisé les mêmes codes et les mêmes règles de fonctionnement que les voyoucrates. Ils ont rivalisé d’ingéniosité et trouvé les moyens de s’entre-déchirer ralentissant ainsi le processus démocratique tant désiré. Ils ont usé de leur génie maléfique en voulant, à tort, gagner les faveurs du faiseur de rois (Ennahdha). Ils n’ont jamais su se débarrasser de leurs vieux démons et de leurs vieilles rengaines pour penser à la Tunisie d’abord. Quelle tristesse et quelle déception !
Ce nivellement par le bas des règles démocratiques est devenu la norme de nos jours. On a ainsi élargi l’assiette, si j’ose dire, des prétendants appâtés, invités à partager un macabre festin, celui d’un corps social à l’agonie appelé Tunisie. La fonction politique a été ainsi, démystifiée, banalisée, rendue vulgaire, à telle enseigne que les plus médiocres prétendent aujourd’hui être dignes des plus hautes fonctions de l’Etat.
Le mal est tellement profond que même la génération qui est supposée prendre la relève pour faire de la politique autrement, n’a pour projet que sa propre personne. Ils créent des partis autour d’eux et au service de leur propre personne. Ils n’ont retenu aucune leçon de l’amère expérience vécue depuis six ans. Ils sont à la même école, celle qui ignore le vrai sens de la politique et donc celui de la responsabilité aussi. Il est vrai qu’un océan sépare la noblesse de la politique de la médiocratie. Vous pouvez changer de gouvernement autant de fois que vous voulez, tant que vous ne changez pas de logiciel pour faire de la vraie politique au sens noble du terme, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets.
Avant le soulèvement, on disait, vivement le 8 novembre, on peut dire aujourd’hui, vivement le 15 janvier !!!
*Universitaire et dirigeant d’entreprise
Clin d’œil à l’excellent ouvrage du Dr Youssef Seddik, Nous n’avons jamais lu le Coran. 2004.
Par Hédi BEN ABBES*
«Je vis comme je peux dans un pays malheureux. J’essaie, en tout cas, solitaire ou non, de faire mon métier. Et si je le trouve parfois dur, c’est qu’il s’exerce principalement dans l’assez affreuse société intellectuelle où nous vivons. Où l’on se fait un point d’honneur de la déloyauté. Où le réflexe a remplacé la réflexion. Où l’on pense à coup de slogan et où la méchanceté essaie de se faire passer trop souvent pour de l’intelligence…Je vis comme je peux, dans un pays malheureux riche de son peuple et de sa jeunesse, provisoirement pauvre dans ses élites, lancé à la recherche d’un ordre et d’une renaissance à laquelle je crois. Sans liberté vraie, et sans un certain honneur, je ne puis vivre. Voilà l’idée que je me fais de mon métier.» Albert Camus
Si je reprends à mon compte les propos d’un géant de la littérature, c’est qu’ils sont aujourd’hui encore d’une actualité brûlante et d’une acuité à toute épreuve. Ces observations me serviront de point d’ancrage pour tenter d’analyser l’oxymore utilisé par Camus pour rendre compte d’un double constat. D’une part, la richesse que représentent une culture et une population donnée, associée à sa jeunesse pour bâtir ensemble un avenir favorable et, d’autre part, une relative misère intellectuelle, celle des responsables politiques comme celle présente dans la prétendue élite tunisienne d’aujourd’hui.
Comment peut-on prétendre qu’on puisse avoir un semblant de souveraineté d’Homme quand les choses n’ont plus de sens, quand les valeurs qui nous distinguent des bêtes sont inversées, quand l’insolence, l’ignorance et la roublardise se font passer pour des vertus ? Je ne vois au fil des rencontres et des entrevues que des hommes et des femmes hagards, perplexes et impuissants face au désastre que traverse ce beau pays, cette terre salie par les mains des Hommes. Je ne parle pas que de la saleté crasse au sens physique qui heurte le regard, offense le nez et détruit l’environnement, c’est d’une autre saleté, une saleté incrustée jusqu’aux tréfonds des esprits et des âmes. Une saleté entretenue, respectée, vénérée même par certains car elle est devenue la norme, la façon d’être, la raison d’être pour cette catégorie d’humain, l’écume des temps modernes.
Comme je l’ai maintes fois signalé par le passé, notre pays est plus que jamais gangréné par l’irresponsabilité, l’égoïsme, la méchanceté, les coups bas, l’ignorance, la mauvaise foi, l’hypocrisie et toutes sortes de corruption. La responsabilité incombe à tous, à commencer par la « pauvre société intellectuelle » comme dit Camus, parmi laquelle la pseudo-élite politique atteint un niveau abyssal dans les profondeurs de la médiocrité. Que dis-je, n’avions-nous jamais fait de la politique dans ce pays ? Que le Dr Youssef Seddik me pardonne cet emprunt en faisant allusion au titre de son magnifique livre, qui lui, atteint inversement les sommets de l’intelligence humaine !
Dans notre pays, il y a une confusion de concepts qui, s’il ne s’agissait pas de responsabilité publique aurait été moins dramatique. Mais une confusion sur la définition du concept de la politique a inéluctablement des conséquences désastreuses. Le paradigme « politique » recouvre le sens de la responsabilité, de l’intérêt général, du devoir. Il implique, le don de soi, la défense des valeurs et le sens de l’Etat. C’est la politique dans son sens le plus noble mais en même temps le plus exaltant. Dans notre pays, on ignore cette définition au profit d’une autre plus vile. En effet, l’écrasante majorité de la classe politique prend pour « politique » la pratique de la roublardise, des coups bas. Elle adopte un comportement de voyou et use de la ruse, de la tricherie, du mensonge, de l’hypocrisie, de l’après-moi-le-déluge, etc. Elle prend Machiavel au premier degré, au pied de la lettre. Ainsi, la faillite de cette partie de la classe politique provient de cette confusion, du transfert des codes et des règles qui régissent les transactions quotidiennes, où l’arnaque est devenue un art de vivre, vers ce qu’ils appellent la politique ou plutôt, la particratie. Quand on arnaque une personne ou même plusieurs dans une transaction à la manière des pratiques dans les bas-fonds de Tunis, on nuit à un petit groupe si préjudiciable cette arnaque soit-elle. En revanche, déployer les mêmes entourloupes et les mêmes codes dans le domaine politique, cela engendre des conséquences néfastes à une échelle bien plus grande et sur une durée bien plus longue. Entre la noblesse de la pratique politique et la politique de caniveau, la pseudo-élite politique a fait son choix depuis longtemps. Faire de la politique, c’est prévoir, se soucier des lendemains et pour le plus grand nombre de personnes. Etre combinard c’est se soucier de maintenant et de sa personne. Politique et combine sont donc antinomiques. Le politique aspire vers les sommets, le combinard s’embourbe dans le caniveau.
La noblesse de la politique a ses exigences morales, des règles apolliniennes strictes à respecter, une probité intellectuelle à toute épreuve. Des qualités rares dans notre pays. Et pour cause, certains Tunisiens sont connus pour leur volonté d’atteindre leurs objectifs sans faire trop d’effort. Ils comptent trop souvent sur la tricherie, la ruse et donc l’arnaque pour y arriver. Dans notre pays, la pratique politicienne n’échappe pas à cette règle.
Combien d’hommes et de femmes politiques ressentent le poids de la responsabilité et le sens du devoir en voyant un écolier traverser la rue ? Combien parmi eux se sentent responsables de son avenir et s’empressent de tout faire pour lui assurer les meilleures conditions possibles ? Combien parmi eux ne dorment pas la nuit parce que l’image de leur pays est écornée ? Combien n’ont qu’une seule obsession : le présent et l’avenir de la Tunisie ? Combien parmi eux ont mal dans leurs chaires de voir des déchets jonchant les rues et voir les fonctionnaires qui ne fonctionnent pas ? Combien sont heurtés par le climatiseur qui reste allumé et la voiture de fonction devenue moyen de transport public ? Et cette effervescence religieuse qui augmente au même rythme qu’augmente la corruption ! Et ces foulards devenus une licence pour la licence et l’indécence ! Et j’en passe et des pires !
La Tunisie est aujourd’hui malade des graves errements de sa pseudo-élite politique, tout le monde le dit et le répète. Il est donc temps de dénoncer cette mauvaise conception de la politique et de mettre des mots sur les maux qui gangrènent la société. Il est temps d’opérer une véritable rupture paradigmatique.
Depuis le 14 janvier 2011, la Tunisie vit sous le joug de cette « élite » autocrate et son mode de raisonnement obsolète. Mais, il n’est pas question ici de tracer une frontière entre la classe dirigeante et la population. Assez de populisme ! Nous sommes tous responsables ! Du Tunisien lambda jusqu’au sommet de la pyramide, nous sommes tous responsables. A commencer par la classe politique dont la responsabilité est éminemment plus importante. Désormais, nous subissons les conséquences de choix personnels, souvent malheureux, opérés par une partie de cette classe politique. Dès qu’elle a eu la possibilité d’être aux affaires du pays, elle s’est empressée de nuire aux intérêts de la nation pour privilégier leurs seuls intérêts personnels. Plusieurs personnes portent à mon sens, une énorme responsabilité dans la dérive que connait le processus dit démocratique dans le pays. Ceux-là même qui brandissaient la démocratie comme un étendard, ceux comme dit Camus qui se font « un point d’honneur de la déloyauté, [pour qui] le réflexe a remplacé la réflexion, [qui] pense à coup de slogan et [dont] la méchanceté essaie de se faire passer trop souvent pour de l’intelligence ».
Il me vient à l’esprit le premier d’entre eux, celui que j’ai personnellement soutenu un temps, croyant qu’il n’était pas atteint par ce mal, tout tunisien ; à savoir, l’hypertrophie de l’ego et le « moi d’abord attitude ». Celui-là même qui a arnaqué des milliers de Tunisiens à force de « slogans » servis par une roublardise drapée de fausses vertus et d’une fausse modestie. Il a fallu la fameuse épreuve du pouvoir pour que les victimes de cette supercherie se rendent compte de l’ampleur de l’arnaque et de ses conséquences dévastatrices pour le pays (voir mon article l’épreuve du pouvoir, La Presse, le 19 juin 2014). On ne démasque le prestidigitateur qu’en étant au plus près de ses mains.
Jamais nous n’aurions cru possible le retour des caciques de l’ancien régime avec une telle force et une telle arrogance. Jamais nous n’aurions laissé un boulevard aussi confortable à un seul parti idéologiquement marqué désireux de confisquer le pouvoir. Jamais nous n’aurions livré un pays riche de sa jeunesse, comme dit Camus, à une horde d’opportunistes, de mafieux et d’incompétents qui n’ont aucun amour pour la Tunisie, si les prétendus démocrates n’avaient pas trahi la démocratie. Ils ont utilisé les mêmes codes et les mêmes règles de fonctionnement que les voyoucrates. Ils ont rivalisé d’ingéniosité et trouvé les moyens de s’entre-déchirer ralentissant ainsi le processus démocratique tant désiré. Ils ont usé de leur génie maléfique en voulant, à tort, gagner les faveurs du faiseur de rois (Ennahdha). Ils n’ont jamais su se débarrasser de leurs vieux démons et de leurs vieilles rengaines pour penser à la Tunisie d’abord. Quelle tristesse et quelle déception !
Ce nivellement par le bas des règles démocratiques est devenu la norme de nos jours. On a ainsi élargi l’assiette, si j’ose dire, des prétendants appâtés, invités à partager un macabre festin, celui d’un corps social à l’agonie appelé Tunisie. La fonction politique a été ainsi, démystifiée, banalisée, rendue vulgaire, à telle enseigne que les plus médiocres prétendent aujourd’hui être dignes des plus hautes fonctions de l’Etat.
Le mal est tellement profond que même la génération qui est supposée prendre la relève pour faire de la politique autrement, n’a pour projet que sa propre personne. Ils créent des partis autour d’eux et au service de leur propre personne. Ils n’ont retenu aucune leçon de l’amère expérience vécue depuis six ans. Ils sont à la même école, celle qui ignore le vrai sens de la politique et donc celui de la responsabilité aussi. Il est vrai qu’un océan sépare la noblesse de la politique de la médiocratie. Vous pouvez changer de gouvernement autant de fois que vous voulez, tant que vous ne changez pas de logiciel pour faire de la vraie politique au sens noble du terme, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets.
Avant le soulèvement, on disait, vivement le 8 novembre, on peut dire aujourd’hui, vivement le 15 janvier !!!
*Universitaire et dirigeant d’entreprise
Clin d’œil à l’excellent ouvrage du Dr Youssef Seddik, Nous n’avons jamais lu le Coran. 2004.