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Moncef Marzouki provoque un incident diplomatique avec la Palestine
01/10/2014 | 1
min
Moncef Marzouki provoque un incident diplomatique avec la Palestine
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La Palestine dans nos cœurs, la Palestine un dossier prioritaire, jamais nous ne lâcherons la Palestine. Les slogans pompeux du CPR et du président Moncef Marzouki à propos de ce dossier remplissent des containers. Ça ameute les foules et ça rapporte des votes. Mais la réalité est toute autre, en témoigne l’incident diplomatique provoqué cette semaine par Moncef Marzouki devant le silence total des politiques qui préfèrent se tirer entre les membres de la même famille plutôt que sur les adversaires.

Comme d’habitude, c’est un journal catalogué parmi les « médias de la honte » qui révèle ce énième scandale de Moncef Marzouki. Cet hebdomadaire arabophone « Akher Khabar » révèle dans son numéro du mardi 23 septembre des lettres confidentielles diplomatiques entre l’ambassadeur palestinien à Tunis, Salman Al Harfi, avec son président Mahmoud Abbes. Le contenu de ces lettres est explosif puisqu’elles parlent de Moncef Marzouki et de ses tractations avec le Qatar. L’ambassadeur livre un compte-rendu d’une réunion dont l’objet est de torpiller l’initiative égyptienne de résolution de la crise de Gaza, en appliquant des consignes émanant du Qatar. Après avoir donné moult détails concernant le dossier palestinien, l’ambassadeur se permet même de parler du coup de pouce demandé par Moncef Marzouki au Qatar dans sa campagne électorale. Un coup de pouce demandé au prince en personne. « On a fait pression sur Ennahdha pour soutenir votre candidature mais ils ont eu des réserves sur le sujet pour des raisons internes. Par contre, ils se sont engagés à ne soutenir aucun de vos adversaires à la présidentielle », aurait déclaré l’émir, sur la foi de la lettre de l’ambassadeur à son président. Il était question ensuite de l’avenir de Moncef Marzouki dans une institution internationale, à créer au cas où il ne sera pas réélu.

Les exemplaires du journal sont vite épuisés dans les kiosques. Le journaliste Walid Mejri, auteur de la révélation, ne pouvait être que fier de son travail. Le team présidentiel se terre dans le silence.
Après le premier effet de surprise, l’ambassadeur sort dans Mosaïque FM pour démentir. Il s’entremêle les pinceaux et laisse planer le doute quant à sa sincérité.
Il publie ensuite un communiqué dans lequel il se contredit. Au début du communiqué, il dément catégoriquement les informations d’Akher Khabar. A la fin du communiqué, il parle de fuite de documents, insinuant ainsi (involontairement) que les documents sont bel et bien authentiques.
Le surlendemain, une interview de M. El Harfi est publiée dans le quotidien arabophone Le Maghreb pour démentir de nouveau. A l’entendre, les relations avec la présidence tunisienne de la République sont bonnes et il n’y a jamais eu de différend. Pour preuve, dit-il, il parle de ce congrès sur la Palestine, organisé par la présidence tunisienne et co-préparé avec l’ambassade. Ce congrès, programmé pour le 30 septembre, dure deux jours et verra la présence de plusieurs personnalités palestiniennes, disait l’ambassadeur dans Le Maghreb du 25 septembre.

Le team présidentiel et son parti CPR relaient expressément les démentis de l’ambassadeur palestinien et tournent en dérision le journal « Akher Khabar » (signifiant dernière info), avec leurs bassesses ordinaires.  « Dernière rumeur », déclare Imed Daïmi, SG du CPR. « Dernier mensonge », renchérit Samir Ben Amor, député CPR.
Pourtant, force est de constater qu’il n’y a eu aucun démenti officiel de l’institution de la présidence de la République et qu’il n’y a eu aucune plainte de l’ambassade pour faux et usage de faux. Si les lettres n’étaient pas authentiques, comme a voulu le faire croire l’ambassadeur, c’est que l’on a forcément falsifié sa signature et le papier entête de l’ambassade !
N’empêche, face à ce très pauvre démenti, les médias et les différents leaders politiques se laissent intimider. Rares, très rares, sont ceux qui relaient l’affaire et en parlent. Le Maghreb a même cherché à désavouer Akher Khabar avec le démenti de l’ambassadeur non accompagné de la réponse du journal à ce démenti.
C’est qu’entre-temps, Walid Mejri a publié sur sa page Facebook les documents prouvant tout le contenu de son article. L’ensemble des fac-similés est ainsi publié puis échangé dans les réseaux sociaux, sans que quiconque crie à la falsification.

Lundi dernier, 29 septembre, un journal électronique de la place, Al Ikhbaria, a indiqué que Moncef Marzouki aurait demandé à l’ambassadeur palestinien de quitter le territoire tunisien. L’information, dénuée de preuves ou de témoin crédible, n’est pas relayée et s’apparente plutôt à la rumeur.
Mardi 30 septembre, le jour J est arrivé et le congrès palestinien est ouvert et s’est poursuivi jusqu’au 2 octobre. Et il s’est ouvert en l’absence de l’ambassadeur palestinien. Pourtant, « it’s a very important meeting », comme a déclaré textuellement Moncef Marzouki dans son speech de bienvenue. Et à entendre le président de la République, les Tunisiens ont beaucoup de différends entre eux, mais ils sont toujours d’accord quant au problème palestinien.
Cette absence très remarquée de l’ambassadeur palestinien à cet important congrès palestinien qui se déroule à Tunis, alimente « l’information » publiée par Al Ikhbaria 48 heures plus tôt.
Interrogée par Business News, une source diplomatique a confirmé l’absence de Salman el Harfi qualifiant cela carrément d’incident diplomatique.
Les raisons ? La lettre fuitée par Akher Khabar et son contenu. Le président tunisien n’aurait pas apprécié comment l’ambassadeur palestinien a parlé à son président de sujets le concernant. En clair, il reproche à l’ambassadeur de rédiger (comme tout ambassadeur) des rapports à sa hiérarchie !
D’après notre source, Moncef Marzouki a rencontré à New York la semaine dernière le président palestinien Mahmoud Abbes et il lui aurait demandé de rappeler son ambassadeur.
L’information, fuitée par Al Ikhbaria, est donc bien réelle. Malgré cela, le scandale continue à être étouffé par les médias et le cercle présidentiel. Quant à l’opposition, et malgré tous les dangers que leur représente Moncef Marzouki dans la course présidentielle, elle continue à s’occuper de tout sauf de l’essentiel.

Raouf Ben Hédi
01/10/2014 | 1
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