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L’outsider fera-t-il preuve d’audace ?
Par Houcine Ben Achour
23/01/2020 | 19:59
5 min
L’outsider fera-t-il preuve d’audace ?

 

On attendait Fadhel Abdelkefi ou Hakim Ben Hammouda ou Mongi Marzouk ou bien Ridha Ben Mosbah ou encore Mongi Hamdi. Ils avaient les faveurs des pronostics. C’est un outsider qu’a choisi de désigner le Président de la république, Kaïs Saied, en la personne d’Elyes Fakhfakh, pour former le gouvernement, après le désaveu parlementaire essuyé par Habib Jamli, le candidat d’Ennahdha.

 

Aujourd’hui, le chef du gouvernement désigné entame ses pourparlers. Cependant, on ne s’interrogera pas assez sur les raisons qui ont amené le chef de l’Etat à marquer sa préférence Car si ce choix obéit à une obligation constitutionnelle, il engage la responsabilité politique du président. La logique la plus basique aurait été de désigner les candidats les plus cités ou, à tout le moins, parmi ceux proposés par le parti politique arrivé 2e ou 3e à l’issue des élections législatives de novembre 2019. Une logique qui permettrait à Kaïs Saïed de se placer au-dessus de la mêlée, dans un rôle d’arbitre dont l’ultime mission est de siffler la fin de la partie et de constater le résultat qui, en cas de match nul, signifierait un retour aux urnes. Ce choix à ses raisons et Kaïs Saïed est invité à s’en expliquer car ce n’est pas par hasard qu’on désigne un leader d’un parti politique quasiment disparu de la scène politique et parlementaire, Ettakatol, proposé de surcroît par un courant politique né de la scission d’un autre parti, le CPR. Ces deux partis ayant formé avec Ennahdha la fameuse ou plutôt la funeste Troïka qui en deux ans, 2012 et 2013, ont placé le pays sur une orbite de faillite politique et socioéconomique.

 

En tout cas, cela n’autorise en rien le président de la République à s’abstenir de fournir les motifs de son choix. Car, quand bien même ce choix serait discrétionnaire, il mérite d’être explicité. La logique du bon sens y invite dès lors que la présidence de la République a exigé des partis représentés au Parlement non seulement qu’ils fournissent « des propositions de personnalités les plus aptes à former un gouvernement », mais également qu’ils justifient leur choix et les critères qui leur sont sous-jacents. N’est-il pas attendu, qu’en retour, le président de la République en fasse de même ? Au final, il s’est suffit d’un communiqué aussi simple qu’austère. C’est ainsi, il faut en prendre acte : Kaïs Saïed a chargé Elyes Fakhfakh de former le gouvernement.

 

Le candidat va-t-il réussir dans sa mission, lui qui a lamentablement échoué comme candidat à l’élection présidentielle de 2019, ne récoltant que 0,4% des voix au premier tour du scrutin? Cela devrait dépendre dans une très large mesure de son attitude et de son aptitude à gérer l’hypothèque Ennahdha. Intégrera-t-il le mouvement islamiste dans son gouvernement ou choisira-t-il de l’isoler davantage après le rejet de son candidat à la Primature par une large majorité de députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ?

 

En associant Ennahdha à son gouvernement, Elyes Fakhfakh joue gros. Certes, la démarche pourrait lui permettre de dégager une majorité confortable lors du vote de confiance. Cependant, il n’est pas sûr que le soutien d’Ennahdha lui demeure indéfectible. Et cela, Elyes Fakhfakh devrait en avoir une conscience aigue compte tenu de l’expérience qu’il a vécue en tant que ministre du Tourisme et de l’Artisanat et surtout durant la période où il fut ministre des Finances.

 

A l’époque, il n’avait pas trouvé le soutien nécessaire pour résoudre le problème de l’endettement du secteur touristique, se mettait ouvertement à dos les professionnels du secteur et leurs représentants, Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) et Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) confondues. A l’époque, il a satisfait à tous les désidératas d’Ennahdha.  Il indemnisera les bénéficiaires de l’amnistie générale (150 MD de dépenses budgétaires), il refusera d’ajuster les prix de l’énergie provoquant de la sorte une envolée sans précédent des dépenses de subventions à l’énergie. Il a cautionné sans rechigner les recrutements massifs dans l’administration et la fonction publiques (20 300 en 2012 et 13 300 en 2013). Il a autorisé sans réserve les augmentations des salaires et des primes. En partant, il laissera à son successeur, Hakim Ben Hammouda, une ardoise budgétaire de plus de 1,2 milliard de dinars. Et ce n’est pas tout. Car, en plus, Ennahdha lui en a fait avaler des couleuvres. Il suffit de rappeler le coup de force opéré par le bloc parlementaire d’Ennahdha, un fameux 30 décembre 2013, tard dans la nuit, imposant une disposition nouvelle à la loi de finances 2014 relative à la création du Fonds d’indemnisation des victimes de la dictature. Un coup de force qui a fait pleurer Iyed Dahmani et fait dire au ministre des Finances, Elyes Fakhfakh : « Vous avez transformé la loi de finances en une savate. ‘Chalaktouha’ la loi de finances ». Quelques semaines plus tard, il sera désavoué par le chef du gouvernement, Ali Laârayedh qui retira de la loi de finances une disposition fondamentale d’équité fiscale, à savoir qu’un avantage fiscal ne peut être accordé qu’à des personnes ayant une identité fiscale, disposition qui concernait la taxe de circulation des véhicules de transport de produits agricoles.

 

Après tout cela, Elyes Fakhfakh jouera-t-il le jeu d’associer Ennahdha à son gouvernement ? Ou bien serait-il tenté de ne regrouper que la seule famille progressiste et moderniste avec ses élites, pour sortir le pays de sa déprime et sa jeunesse de la désespérance ? De regrouper ceux qui ont collaboré avec Ennahdha et ceux qui ont refusé de se soumettre  à son hégémonie ?

 

En tout cas, l’occasion lui est donnée. Aura-t-il l’audace de la saisir ?

Par Houcine Ben Achour
23/01/2020 | 19:59
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Commentaires
CESARIOS
Les couches défavorisées attendent plus de justice sociale et plus.......
a posté le 27-01-2020 à 12:59
mr le président a raté l'occasion de consolider la confiance de la majorité du peuple en choisissant mr fakhfakh que seul tahya tounés l'a porposé, le tayar des abbou joue sur mille cordes, on ne peut rien comprendre de leurs discours et on ne peut rien retenir de leurs déclarations qui se contredisent à chaque instant, ce sont des casse-tétes chinois, tout est vague, tout est flou chez eux . Le proverbe dit : - A l'oeuvre , on connait l'artisan, on a vu, on a expérimenté la gouvernance de mr fakhfakh, on a récolté que des injustices criantes ,que des décisions douleureuses, au lieu d'avoir le culot de combattre les lobbies de l'invasion fiscale, du commerce illégal et paralléle, de la mauvaise gestion des denierts publics et de la corruption qui galope d'un jour à l'autre , il a tenu bon d'enfoncer les couches les plus déshéritées et les plus touchées par toute sorte de crises à avaler plus de souffrances , d 'asservissement, de servitudes et d'exploitations programmés. Cette fois-ci,espérant le voir changer de cap et aura tout le courage, la compétence et la persévérance de tout chambarder et d'étre fidéle à ses déclarations PUBLIQUES prometteuses et à une justice sociale édifiante
Nazou de la chameliere
Ahh bein oui Mr Ben Achour !!
a posté le 24-01-2020 à 17:44
Mr rationnel n'aime pas que l'on parle du choix de son élu !!!
Alors il vous conseille gentiment de vous occuper de la finance !!!
Moi a la place de Mr ben Achour , je lui répondrais que si les banques font des profits cacahuètes, c'est parce que le nombre de pauvres a explosé !!!
Pour l'énergie propre ( slogan a la con ).
Si jetais a la place de Mr Ben achour , je répondrais, pour avoir de l'énergie propre, il faut être très très très riche !!!
Heeeuuuu ....si la Tunisie était riche ça se saurait !!!
Pour le moment ;personne ne peut se passer de l'énergie sale !!!
A moins de vouloir crever !!
Ce ne sont pas pays comme la Tunisie, qui doivent jouer les riches !!!
La Tunisie n'a rien comme industrie polluante !!!
Maintenant vous pouvez toujours exiger que les mines ferment .
Mais après faudra pas vous plaindre du chômage !!!
En clair, la politique et l'économie sont toujours imbriqués !!!
Rationnel
Des analyses sur l'économie
a posté le 24-01-2020 à 17:11
Mr. Houcine Ben Achour est l'un des rares journalistes de BN avec Imen Nouira qui peuvent écrire des articles sur l'économie et les choix économiques. Mr. Ben Achour fournit plus de valeur ajoutée quand il écrit sur l'économie (le Business) et que quand il écrit sur les querelles politiques sans lendemain. Les articles sur les l'économie ne seront pas populaires auprès de la majorité mais ils seront lus par une minorité influente. Les articles sur les querelles politiques ont perdu toutes leurs valeurs mais les articles sur l'économie et les choix économiques sont toujours valides même quelques années après leurs publications. Personne ne se rappelle de Jamli mais la stagnation économique et le chômage sont toujours avec nous. BN doit rester fidèle a son nom.
Quelques suggestions:
- Analyse des profits des banques tunisiennes et ceux qui ont profitent. Comment expliquer la marge de profit indécente? une différence de 10% entre la rémunération de l'épargne et les taux d'emprunt quand la marge au Japon et en Europe est de 1%.
- Analyse du futur de l'énergie renouvelables et son impact sur l'économie et les subventions. Est ce qu'on peut accélérer ce programme a plus de 500 Mw/an, quel est le taux maximum?
Comment on peut introduire les voitures électriques? Quel est leurs impact sur l'économie et la réduction subventions énergétiques et le déficit commercial?

- Analyse de l'industrie de transformation des oliviers, comment on peut promouvoir et moderniser l'industrie de transformation de l'huile d'olives pour se passer des intermédiaires italiens et espagnols dans la commercialisation de l'huile d'olives.
- Les monopolistes, représentations exclusives et l'économie de rente, comment s'en sortir?
Nazou de la chameliere
Mais Mr Ben Achour
a posté le 24-01-2020 à 17:02
Vous voulez qu'il vous dise quoi le KS ?
Qu'il s'est enfin rendu compte que son élection n'a rien a voir avec la campagne "miraculeuse " qu'il na pas fait !!!
Que l'internationale des salauds est a l'origine de son élection 2.0 !!!
Que la Tunisie n'a même eu l'occasion d'être une vraie démocratie!!!
Quelle passe déjà a une merdocratie a la française !!!
Il est piégé le mec PI'?G'? !!!
Et s'il ne se soumet pas , les 2.0 ont mille et une manières de lui écraser les 'rotules " !!! C'est déjà le cas !
Ca apprendra aux doux rêveurs a la con ,de vouloir devenir président !!!
Moi
@Si Houcine
a posté le 23-01-2020 à 22:51
Vous êtes quelqu'un de très intelligent et vous posez ainsi beaucoup de questions intelligentes dans votre article. je vous cite:
a) "La logique la plus basique aurait été de désigner les candidats les plus cités ou, à tout le moins, parmi ceux proposés par le parti politique arrivé 2e ou 3e à l'issue des élections législatives de novembre 2019"
b) "Cela devrait dépendre dans une très large mesure de son attitude [de Mr. Fakhfakh] et de son aptitude à gérer l'hypothèque Ennahdha."
etc., et., etc.

Si Houcine, je vous propose de vérifier l'hypothèse que Mr. Fakhfakh est à 100% le candidat d'Ennahdha et que tout s'est joué derrière les coulisses... Oui Mr. Kais Saied a probablement désigné Mr. Fakhfakh avec le consentement de RG.

Si Houcine, il faut avoir l'esprit critique et hypothétique, c'est très important de faire des hypothèses si nous n'avons pas droit au fait et à l'information...

DHEJ
Logique de désignation...
a posté le 23-01-2020 à 20:52
Archimède!

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