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L’attaque de Sbiba n’est pas un simple fait divers
Par Sofiene Ben Hamida
16/12/2018 | 15:59
3 min
L’attaque de Sbiba n’est pas un simple fait divers

 

 

Par Sofiene Ben Hamida

 

Vendredi 14 décembre 2018, douze terroristes ont quitté leurs terriers dans la montagne et sont descendus pour occuper la ville de Sbiba pendant quarante minutes. Au cours de leur razzia, ils ont séquestré une famille, se sont emparé d’un véhicule pour aller ensuite attaquer une banque et s’emparer de plus de trois cents millions de nos millimes. Sur le chemin du retour, ils ont fait un petit détour pour assassiner chez lui le frère d’un martyr assassiné par ce même groupe l’année dernière.

 

Ce résumé succinct de l’attaque de la ville de Sbiba montre le degré de la défaillance sécuritaire qui a permis cette attaque. Il est impensable en effet qu’un groupe armé composé de douze terroristes puisse descendre de la montagne sans qu’il ne soit repéré. N’a-t-on pas dit que cette zone était contrôlée par l’armée, la garde nationale et les forces de l’ordre ? Il est inadmissible qu’on laisse des populations civiles livrées à elles mêmes au point de devenir une cible facile des terroristes qui viennent voler leurs provisions alimentaires et emprunter de force leurs véhicules. Les populations civiles limitrophes des zones montagneuses ne sont-elles pas l’objet d’une protection particulière proportionnelle aux risques qu’elles encourent ? Il est inacceptable de voir l’aisance avec laquelle la banque a été dévalisée. Quelles sont les mesures de sécurité mises en place dans les banques ? Pourquoi il y a autant d’argent dans une agence alors que les consignes limitent les liquidités dans les agences au plus bas ? Comment les terroristes sont au courant de l’existence d’un tel butin ? Il est intolérable que la famille d’un martyr soit aussi exposée, sans aucune protection alors que tous savaient qu’elle est menacée. Le second frère assassiné vendredi dernier avait d’ailleurs lui-même annoncé sa propre mort depuis un an déjà.

Pendant quarante minutes, la ville de Sbiba était livrée à elle-même. Il n’y avait pas l’ombre d’un militaire. Il n’y avait pas l’ombre d’un policier. Aucune balle n’a été tirée pour faire semblant de riposter à cette attaque. Rien de rien.

 

Non, il y a eu des communiqués et des déclarations pour nous relater les faits et nous les présenter comme un simple fait divers. Circulez, il n’y a rien à voir nous dit-on presque. Ailleurs, à Strasbourg, les forces de l’ordre françaises n’ont pas réussi à éviter l’acte terroriste, mais elles ont remué ciel et terre pendant des jours et des nuits à la recherche du terroriste jusqu’à l’éliminer. Peut-on espérer voir nos forces de l’ordre traquer les terroristes de Sbiba avec la même détermination, la même hargne ? Rien ne l’indique malheureusement.

 

A moins que Walid Bennani, au moins en sa qualité de député de la région, avec quelques uns de ses collègues de l’ARP, ne daignent convoquer les ministres de la Défense et de l’Intérieur afin qu’ils s’expliquent sur les défaillances sécuritaires à Sbiba. Mais là encore, il ne faut pas trop espérer de nos députés, trop occupés à se positionner en prévision des prochaines élections pour se préoccuper de la sécurité de leurs concitoyens.

 

Seulement les Tunisiens continueront à attendre des réponses à des questions qu’ils continueront à poser sur des affaires importantes que les politiques ont toujours cherché, pour des raisons diverses, qui n’ont aucun rapport avec la recherche de la vérité, à occulter  ou à escamoter. Ils continueront à se demander qui a tué Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ? Qui est responsable du réseau de recrutement et de l’envoi de centaines de jeunes tunisiens pour intégrer les groupes terroristes en Syrie ? Ils attendront pour connaitre toute la vérité sur l’organisation sécuritaire secrète des islamistes, sur le coup d’Etat supposé, sur l’implication de Tunisiens dans l’assassinat de Mohamed Zouari et sur beaucoup d’autres dossiers passés sous silence malgré leur gravité. Car pour les Tunisiens, tous ces dossiers, y compris l’attaque de la ville de Sbiba, ne sont pas de simples faits divers. Ils continueront donc d’attendre des réponses claires, pour faire toute la lumière sur l’ensemble de ces dossiers, avec les politiques actuels ou sans eux.

Par Sofiene Ben Hamida
16/12/2018 | 15:59
3 min
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Commentaires (23)

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Patrouilleur
| 20-12-2018 01:40
Les gardes nationaux emmerdent les bonnes personnes et laissent passer le reste.
En vacances je conduisais entre Douz et Matmata et voilà qu'un idiot m'arrête pour contrôle. Jusque-là tout va bien ils font leur travail. Un jeune zélé me demande "donne moi les papaiers du véhicule " je lui remet alors la pochette contenant assurances, CG, etc. Il l'a prend de mes mains commence à fouiller et me blâme en me redonnant la pochette donne moi document par document. J'ai répondu que c'etait lui qui avait demandé les papiers sans précision. La il a demandé semblant énervé de lui donner mon permis et CIN. Ce j ai fait. Comme s'ils ont tous bu du meme lait il est parti avec loin de ma voiture. Il a commencé a me parler de loin et m a demandé de descendre. Il s'est fâché evidemment. Il a commencé à faire toutes sortes de demandes. Ouvre le coffre ouvre les valises sort les valises montre en dessous des tapis qui est avec toi donne moi CIN de l autre personne (mon épouse) etc. Visiblement il n avait rien a foutre pour me laisser partir une heure plus tard. Ce sont ces idiots sur qui nous comptons. J'attends avec impatience le jour où les militaires prendront le pouvoir pour éduquer tout ce beau monde y compris nous lecteurs et éditeurs dans ce journal.

Laissez l'islam tranquille...!!
| 18-12-2018 16:01
Il y a certains auteurs d'articles et des commentateurs qui mettent l'islam et ennahdha dans toutes les sauces...!!! L'essentiel pour eux c'est de les dénigrer et de les accuser de tous les maux et malheurs dont souffre actuellement la Tunisie...!!! Je voudrais dire à ces gens-là que l'islam est la religion de 1,5 milliards de croyants et que ennahdha est un mouvement politique representant certes des centaines de milliers de tunisiens mais qui est malheureusement dirigé par des pseudopoliticiens incompétents, opportunistes, avides du pouvoir et surtout hypocrites...!!! Ces dirigeants n'ont rien à foutre avec le vrai islam dont nous sommes tous fiers...!!!! Par dieu : laissez donc l'islam tranquille et critiquez les dirigeants hypocrites et incompétents d'ennahdha tant que vous voulez et quand vous voulez...! Sachant que ennahdha est votre "sauce" préférée...., bon appétit....!!!!

Braiek
| 18-12-2018 04:06
Merci S.B.H.pour ce commentaire poignant et responsable de cet acte inadmissible!..On aimerait vous entendre plus souvent sur les plateaux télé!...,pour nous éclairer sur les évènement avec vos analyses lucides,rationnelles et bien cinlées!...

tounsia2
| 17-12-2018 12:26

Le député Walid Bannani du parti Nahdha ne peut pas jouer le rôle que l'auteur de cette chronique lui demande et contrairement à ce qui aurait du être, ce député fait partie du problème ! En effet, nous attendons toujours des explications concernant la relation entre W.Bannani et le terroriste khalifa Yahiaoui, un des ex locataire du Mont Chaâmbi. Lors de son arrestation, il a été découvert que la dernière communication sur le téléphone du terroriste était avec Walid Bennani ( ?!) Il est alors tout à fait légitime de se poser la question de savoir de quoi peuvent discuter un terroriste et un député de notre parlement ?
En attendant la réponse à cette question et à tant d'autres d'ailleurs, en particulier celle de la structure sécuritaire parallèle du parti Nahdha, on ne peut qu'établir en toute logique le lien entre Chaâmbi et Montplaisir.


HatemC
| 17-12-2018 12:24
Pour mesurer le degré d'islamisation d'un pays.... C'est facile il faut mesurer le degré de propagation du voile dit islamique..
En Algérie le FIS n'a pas pris le pouvoir mais à réussi à islamiser le pays dans son ensemble....
En Tunisie c'est pire, les islamistes ont pris le pouvoir pour des décennies mais en plus ils ont islamises la quasi totalité du pays.... HC

Nephentes
| 17-12-2018 11:50
On comprend la prudence de SI Sofien lorsqu'il s'étonne et s'indigne.

En vérité, il sait bien qu'il ne s'agit pas de défaillances.

Un certain nombre de délégations et territoires font désormais office de "sites pilotes" ;

Il semble que l'appareil secret d'Ennahdha soit passé à une vitesse supérieure. Il faut rappeler que ce mouvement est armé, et lourdement.

La délégation de Sbiba est infiltrée depuis longue date. Les clans qui composent la population locales ont fait alliance avec ce mouvement par le biais de leur "élite" : les contrebandiers.

A Sbiba , comme à Haidra, Foussana, Hassi etc c'est l'OMERTA qui règne: des familles se sont enrichies par l'aide aux terroristes, qui sont connus .Un repas s'est vendu à 150 Dinars; Cette "assistance " dure depuis des années.

Mais beaucoup plus grave , une alliance idéologique s'est également constituée : le futur démantèlement de l'Etat Tunisien, et la promesse d'une AUTORITE LOCALE INDEPENDANTE sous forme d'un émirat.

Mon commentaire peut faire sourire; il n'en est pas moins pertinent;

L'Etat tunisien est absent de ces délégations, les fonctionnaires locaux démissionnaires voire COMPLICES.

Des fonctionnaires censés protéger nos frontières sont grassement payés par les contrebandiers locaux ( dont certains sont des parents, ne l'oubliez jamais) depuis des décennies; Ils se sont habitués à ce "confort" et à l'électroménager gracieusement offert.

Ces "indulgences" se sont tout naturellement appliquées aux bandes de terroristes qui , contrairement à ce que croit si Ben Hamida, ne sont pas terrés : ils bénéficient de l'Omerta locale.

Donc l'absence de l'Etat à Sbiba, comme à Jelma, à Ben Guerdane comme à Ghardimaou est un compromis de moins en moins tacite entre organisations terroristes enracinées au niveau local et "représentants" locaux de l'Etat.

Si ceux-ci font partie de la "famille", ils sont naturellement intégrés dans le dispositif; s'ils ne sont pas originaires de la région ( ce qui devient de plus en plus rare au niveau opérationnel) ils sont invités à fermer leur gueule ou à démissionner;

Au niveau de l'appareil sécuritaire, le nombre de demandes de mutation est en hausse exponentielle dans ces délégations ( Sbiba, Jelma, Ben Guerdene....)

Le plan de démantèlement de l'Etat tunisien, signalé depuis longue date par divers rapports d'organisation internationales, est en phase de démarrage;

Abir
| 17-12-2018 10:14
La situation est bien telle que vous l'avez décrit malheureusement et je suis d'accords avec vous,sauf sur une chose,c'est faire appel à Bennani,ce type que tout le monde pense qu'il a certainement une main de tout ce terrorisme à Gasrine !?

jilani
| 17-12-2018 09:38
Le vieux renard ne sait même pas où se trouve sbiba ni si elle appartient à la Tunisie, pour lui le pays s'arrête à Sidi bou. Il ne va pas convoquer le conseil national de la sécurité pour le frère du martyr qui ne vaut rien pour lui. S'occuper de la libération de bsaies et ses magouilles pour faire tomber YC est plus important pour son clan mafieux.

citoyenne
| 17-12-2018 09:18
merci si Soufiene pour votre article, tant que les dossiers que vous avez évoqués ne st pas résolus, les tunisiens ne peuvent pas avancer,d'ailleurs cest aux politiciens qui veulent rester au pouvoir d'en prendre conscience, une propagande à coup de milliards ne trompe plus.

Amilcar
| 17-12-2018 04:52
Et pas de sheriff en ville! ?