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Loi de finances complémentaire de 2015, la sécurité et la relance de l'économie les deux priorités de la Tunisie
30/07/2015 | 19:59
6 min
Loi de finances complémentaire de 2015, la sécurité et la relance de l'économie les deux priorités de la Tunisie

La Tunisie se trouve actuellement face à des défis importants sécuritaires, économiques et sociaux. Les deux frappes terroristes du Bardo et de Sousse ont eu des effets néfastes et immédiats sur les équilibres précaires du pays, changeant les orientations stratégiques du pays vers la lutte contre le terrorisme et la contrebande, par tous les moyens. Ceci impose donc l’attribution des fonds nécessaires à ce combat.

 

Ainsi, la Loi de finances complémentaire de 2015 a été élaborée dans l’optique de faire face aux challenges de la Tunisie, notamment sécuritaire, a expliqué le ministre des Finances, Slim Chaker, lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 30 juillet 2015 au palais de la Kasbah pour présenter le projet de loi élaboré par ses services et qui sera soumis au vote de l’Assemblée des représentants du peuple très prochainement.

 

Ainsi, les dépenses de l’Etat ont été revues à la baisse passant de 29.000 millions de dinars (MD) au niveau de la Loi de finances initiale à 27.900 MD au niveau de la Loi de finances complémentaire (LFC), soit une réduction de 1,1 milliard de dinars, alors que les pertes au niveau des ressources propres de l’Etat sont de l’ordre de 443 MD.

Grâce à cette pression sur les dépenses, le déficit budgétaire a été réduit de 205 MD, passant de 4,9% à 4,8% du PIB, pour se situer à 4.186 MD. Un effort exceptionnel a été, également, réalisé au niveau de l’endettement qui a été réduit de 1.906 MD, l’endettement de la Tunisie, évoluant de 7.405 MD à 6.748 MD. Alors qu’il devait se situer au alentour de 47.306 MD, le stock de la dette a été abaissé à 45.400 MD, pour un taux d’endettement qui passe de 52,9% à 51,9%. En contre partie, les subventions ont été augmentées de 1.500 MD à 1.530 MD.

 

En élaborant cette LFC, l’objectif a été d’allouer les fonds nécessaires à la lutte contre le terrorisme, à la création d’emploi, au développement régional, au soutien aux moyennes et petites entreprises ainsi qu’au secteur touristique et au soutien des classes moyennes et démunies, tout en gardant les équilibres financiers fragiles de l’Etat et en prenant en considération la baisse de la croissance de 3% à 1% (une perte de ressource estimé à 460 MD), a expliqué M. Chaker.

 

Pour le premier volet, le plus important et le prioritaire, 306 MD sont venus renforcer le budget initial alloué aux forces de sécurité, de l’armée et de la douane, soit une hausse de 35%. A cette occasion, le ministre des Finances s’est demandé pourquoi la Tunisie devrait être la seule responsable de la lutte terroriste, un phénomène étranger que le simple citoyen tunisien devra supporter et cotiser pour l’éradiquer. Pour lui, la lutte contre le terrorisme, ne peut se faire que par les armes mais aussi par l’éradication de la pauvreté, la création d’emploi pour les 600.000 chômeurs, en s’occupant des jeunes, de la culture, des zones rurales et en améliorant la situation du tout à chacun.

Concernant l’emploi, suit à la crise économique qui touche le pays à cause de l’attaque terroriste de Sousse qui a frappé de plein fouet plusieurs pans de l’économie, le gouvernement s’inquiète du fait que certaines entreprises soient obligées de fermer. Pour que cela n’arrive pas, il a mis en place un plan pour booster l’économie qui va couter près de 660 MD, avec notamment des financements de 60 MD pour les jeunes promoteurs ; un budget 240 MD attribué aux gouvernorats pour aider les gouverneurs à financer les PME régionales, pour leur permettre d’avoir un carnet de commandes pour éviter de subir de plein fouet les effets de la crise, l’objectif est que les PME gardent les salariés et créent de l’emploi ; 60 MD pour renforcer le capital de la BFPME ; 60 MD pour aider les PME à se construire et se constituer. En outre, des financements seront accordés aux PME pour structurer leur fonds propres : en effet, avec la crise, certaines PME n’arrivent plus à se financer auprès des banques, et donc le gouvernement a prévu une ligne de crédit de 200 MD assortie d’une garantie de l’Etat à hauteur de 60 MD via la SOTUGAR, pour que les banques acceptent de prendre le risque.

 

Pour le secteur touristique, le ministre a indiqué que le timbre imposé aux touristes ne peut être supprimé que par la Loi de finances 2016 et que cela représentera un manque à gagner de 130 MD. Autre point important, il a tenu à préciser que les mesures qui ont été prises ne concernent pas que les hôteliers, contrairement à ce que croit la majorité, mais concernent aussi les habitations toursitiques, les restaurants touristiques, les agences de voyage de type A, etc.

 

Pour les plus démunis, plusieurs mesures ont été décidées, notamment, la hausse de 25% des aides que reçoivent 220.000 familles qui passe à 150 dinars par mois par foyer et la hausse des bourses d’études de 33% passant de 60 à 80 dinars par mois et qui concerne 110.000 personnes. Il a évoqué les efforts du gouvernement pour améliorer le pouvoir d’achat, notamment au mois de ramadan avec une maitrise des prix et de l’approvisionnement.

 

En outre et pour alléger le poids sur la classe moyenne qui veut acheter ou construire un logement, la possibilité d’avoir des remises au niveau des impôts, avec les intérêts de crédit étant déductibles de la base imposable pour des crédits de logement ne dépassant pas les 150.000 dinars. Par exemple, si un crédit de 100.000 dinars remboursable sur 20 ans avec un taux d’intérêt de 6% donc 6.000 dinars par an d’intérêt, la personne économisera 100 dinars par mois.

 

Par ailleurs, des mesures ont été prises au profit d’une classe populaire pauvre qui a reçu des logements sociaux au début des années 80 et qui n’ont pas pu rembourser les crédits insignifiants d’une moyenne de 1.100 dinars, 30 ans plus tard, on leur demande de rembourser 320 MD. Il s’agit de 100.000 familles nécessiteuses qui n’ont pas de quoi payer ce montant. Le gouvernement a donc décidé d’effacer les intérêts et les pénalités de retard, de façon à ce que ces gens puissent payer de 40 à 50 dinars par mois sur 2 ans, uniquement en remboursement du principal. Suit à quoi, leurs noms seront effacés de la Centrale des risques de la BCT (pouvant bénéficier de crédit des banques) et ils auront la main levée et le titre de propriété sur leur logement.

Dans ce même cadre, le gouvernement veut régulariser la situation foncière des familles gafsiennes qui vivent depuis un demi-siècle dans des maisons qui leur appartiennent mais sans disposer de titre de propriété.

 

Nous avons prévu des mesures de relance à très court terme au niveau de l’économie  pour faire en sorte que la croissance reprenne à très court terme et nous avons mis en place un budget de 660 MD pour permettre cela, a expliqué le ministre.

 

Autre point, Slim Chaker a rappelé que le gouvernement va respecter tout les engagements pris envers l’UGTT – estimés à 135 MD- et que les deux parties se sont mises d’accord sur des hausses de salaires pour 2015 qui couteront à l’Etat 450 MD.

 

Interrogé sur le retrait du projet de la baisse de prix des carburants initialement prévu dans le projet de loi, le ministre a explique que son ministère est en train de travailler, conjointement avec les ministères de l’Industrie et du Commerce, sur une formule d’ajustement automatique du prix, c’est à dire lorsque le prix du baril change, le prix à la pompe change en conséquence. Il a précisé que si cette mesure trouve un accord relativement large par les parties prenantes (partis politiques, organisation nationales, etc.), elle intégrera la Loi de finances 2016.

Concernant les grandes lignes de la Loi de finances 2016, Slim Chaker a expliqué qu’elle s’attaquera aux grands chantiers de réformes de la douane et de la fiscalité.

La réforme de la douane passera par sa modernisation pour diminuer la contrebande avec des mesures fortes et audacieuses qui seront présentées aux médias d’ici fin septembre début octobre : la baisse des droits de douanes, la baisse des droits de consommation et les moyens nécessaires pour tout cela.

La réforme fiscale, pour sa part, permettra de diminuer l’évasion fiscale, notamment par la dématérialisation des procédures, leur transparence et le renforcement de l’administration fiscale avec des visites de terrain pour débusquer les faux forfaitaires.

 

Slim Chaker a expliqué que la guerre contre le terrorisme coute deux points de croissance au pays, soit 30 à 40 mille emplois. Par ailleurs, la moitié de l’économie tunisienne est informelle. La Loi de finances complémentaire de 2015 a été élaborée pour faire face aux challenges de la Tunisie, notamment sécuritaires et économiques les plus urgents en attendant d’aller plus en avant avec la Loi de finances 2016.

 

Imen Nouira

30/07/2015 | 19:59
6 min
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Commentaires (6)

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Dr. Jamel Tazarki
| 31-07-2015 17:44
Une réforme sociale est indispensable en Tunisie, c'est de savoir comment nous pourrions aider aujourd'hui le fonctionnaire, le paysan, le travailleur et les chômeurs à se fournir les objets, les produits et le minimum de consommation dont ils ont besoin. C'est cela que les classes pauvres attendaient de la Révolution de Jasmin. Elles n'attendent pas que nous leur donnions tant et tant de billets, elles attendent seulement la possibilité de se dégager de l'emprise de la faim et de la misère et de pouvoir vivre, c'est-à-dire de consommer et de produire des produits. Ce qu'elles attendent, c'est de leur apporter la possibilité de sortir de la situation qui leur a été faite en tant que classe qui a été toujours ignorée et désavantagée (Je sais ce que c'est d'avoir faim). Ne pas répondre aux espoirs et à l'attente de ceux qui ont cru en la Révolution de Jasmin est une grande déception.

Comment répondre aux nouveaux besoins sociaux? Est-ce que nous en avons les moyens financiers? Les politiques sociales pourraient-elles soutenir la nouvelle croissance économique? Quels sont les investissements nécessaires aujourd'hui pour ne pas aider et subventionner dans les années à venir? Comment minimiser les charges sociales? Comment passer des politiques sociales de prise en charge et de distribution gratuite à une politique dont la base est l'investissement social? Il est temps de concevoir autrement les dépenses sociales. Non pas comme une charge qui gêne la croissance économique, mais comme un investissement qui soutient le passage vers une meilleure économie avec moins de chômeurs et de hauts salaires.

Les politiques sociales en Tunisie doivent avoir une fonction économique en tant que paramètre de fortunes futures. L'accroissement des richesses produites est la condition la plus évidente de la réduction de la misère matérielle.

L'activité, de quelque nature que ce soit est le seul moyen de faire à nouveau tourner les spirales du progrès économique et de la création de richesses. Il est temps de donner aux sans travail des compétences et des connaissances élémentaires qui les aideront à prendre confiance en eux. L'objectif serait d'augmenter leurs revenus par des projets de micro-entreprise: hydro culture, aquaculture, couture à la machine ou à la main (artisanale), fabrication à la machine ou la main des chaussures, biogaz pour le ménage, etc. Cela pourrait augmenter le revenu des ménages pauvres, et aiderait à faire avancer le développement économique des régions les plus pauvres de la Tunisie.

L'Etat distribuera l'aide sociale contre un travail d'assiduité. Exemple: le village de Tazarka a survécu pendant des décennies de la fabrication à la main (artisanale) de chaussures ' J'étais en Chine et j'ai vu des femmes commander des machines à coudre grâce à un microcrédit, elles ont pu ainsi faire des vêtements et les vendre quelque part. J'étais aux indes et j'ai rencontré des femmes, des hommes et des enfants qui cousent des vêtements à la main pour la vente sur les lieux publics. J'étais en Thaïlande et j'ai rencontré des familles pauvres qui mènent une vie paisible et arrivent à survivre grâce aux élevages traditionnels des crevettes, souvent sur les rives des petites rivières. Je suis rentré en Tunisie et j'ai rencontré beaucoup de gens intelligents qui ne savent pas quoi faire de leur temps et qui n'ont pas assez à manger!

Ce n'est pas aussi difficile que ça! Nos pauvres manquent d'orientation, il faut leur montrer comment fonctionne l'élevage traditionnel des crevettes, l'hydro culture, le biogaz avec les excréments des animaux, la couture à la main, etc.

Je n'arrive pas vraiment à comprendre pourquoi est-ce que l'on est si bloqué! On pourrait résoudre tous nos problèmes socio-économiques et sécuritaires en moins de 6 mois et ceci sans aucune aide extérieure'

Jamel

https://www.youtube.com/watch?v=oLTC_Kb7lnw&list=RDoLTC_Kb7lnw#t=0

fazizo
| 31-07-2015 17:05
AU lieu de réagir en s'engageant plus vers l'encouragement du secteur agricole porteur de richessee l'ETAT fait un fuite en avant en essayant de sauver le tourisme un secteur moribond

Dr. Jamel Tazarki
| 31-07-2015 13:54
Il faut d'abord entourer nos chômeurs de compétences et non pas seulement d'argent! Il faut leur permettre de développer seul des projets, lorsque ceux-ci décolleraient, et que les besoins se feront ressentir, on peut leur fournir plus de fonds. L'argent ne remplace jamais les compétences. On associe trop souvent startup et levée de fonds, en oubliant que la levée de fonds n'est pas une des premières étapes dans bon nombre de développement.


Résoudre les problèmes socio-économiques de notre entourage est la meilleure source d'idées d'affaires. Le Tunisien en général adore se plaindre de ses problèmes. En effet, pour la plupart des jeunes Tunisiens, La Tunisie est un pays à l'avenir sombre, à cause des multiples problèmes que nous avons. Non, il faut voir plutôt à travers nos multiples problèmes une source d'idées infinie.

Il faut enfin comprendre que nos problèmes sont en fait une source pour une infinité d'opportunités. Si quelqu'un est capable d'en identifier quelques-uns (de nos problèmes socio-économiques) à grande urgence, et de réfléchir aux moyens de les résoudre, il sera ainsi capable de créer une formidable entreprise.

Je propose à nos chômeurs de faire une liste des difficultés socio-économiques dans leur entourage, de chercher des solutions possibles à chacune d'elle. La meilleure des solutions serait une idée d'entreprise très efficace.

Jamel

https://www.youtube.com/watch?v=Onr5nfXIQ-w&list=RDnUE80DTNxK4&index=15

tounsi
| 31-07-2015 10:09
les ministres les plus incompétents depuis 2011, une croissance de 0.5%!

DHEJ
| 30-07-2015 21:38
Une action qui réduira l'économie informelle!


Mais bon son chef l'ingénieur maréchal ESSID ne lui a pas soufflé le secret, lui qui est du génie rural!

tarzan
| 30-07-2015 20:56
Slim Chaker avait un autre projet plus audacieux le gouvernement en a voulu autrement. Ce qui est déjà prévu dans la lfc est intéressant dans cette conjoncture difficile pourvu que toutes les autres parties fassent preuve d audace et de courage . Mettez vous au travail et cela s arrangera sans efforts sincères toutes les batailles seront perdues. Bon courage pour la lf 2016 si Slim et votre equipe