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Chroniques
Loi de finances 2019, l’épreuve de vérité pour Youssef Chahed
20/09/2018 | 16:23
3 min

 

Houcine Ben Achour*

 

Faut-il encore douter des ambitions politiques de Youssef Chahed ? Petit à petit, le chef du gouvernement balise sa voie. Sa détermination à défendre l’intérêt général et sa volonté de plaider la cause de la patrie contre les intérêts particuliers semble le servir dans la mesure où il tente de persuader l’opinion qu’il fait partie des rares, sinon la seule personnalité politique qui met l’intérêt du pays au-dessus de toutes autres considérations. Et c’est la raison pour laquelle il tient, vaille que vaille, à aller jusqu’au bout de son mandat gouvernemental et de défendre, en fin de compte, son bilan lors des prochaines échéances électorales.

 

Sa rentrée politique, qu’il voulait solennelle, à l’occasion de la tenue, vendredi 14 octobre 2018, d’une conférence nationale sur les orientations économiques et sociales du projet de loi de finances réunissant le gotha des acteurs politiques, économiques, syndicaux et de la société civile fut quelque peu escamotée par l’absence de l’UGTT qui, quelques jours plus tard, se fera une raison, renouant le contact avec la Kasbah, par l’entremise du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Il est vrai que quelques remous ont saisit la centrale syndicale historique sur l’alignement de ses responsables sur les positions de Nidaa Tounes, appelant à s’en démarquer afin d’éviter que la diabolisation de plus en plus grandissante de Nidaa ne déteigne sur l’image de l’organisation syndicale.

 

En tout cas, Youssef Chahed fourbit ses armes en prévision de la plus délicate épreuve qu’il aura à affronter d’ici la fin de l’année : les débats budgétaires et le projet de loi de finances pour l’exercice 2019. La rencontre de vendredi dernier lui a permis d’une part d’évaluer les prédispositions de tout le monde et d’autre part d’instiller ses objectifs socioéconomiques à la lumière des résultats budgétaires et des prévisions économiques actualisées.

 

Certes, la croissance économique en 2018 ne va pas atteindre l’objectif souhaité : 2,6% contre 3% prévu. Un résultat qui permet juste de contenir le taux de chômage et non de le réduire. On pouvait craindre aussi que ce résultat allait bousculer les prévisions budgétaires. Moins de croissance signifiant logiquement moins de recettes budgétaire. Or, il n’en est rien. Bien au contraire, les ressources propres du budget de l’Etat devraient croître de près de 1,4 milliards de dinars par rapport à ce qui était initialement prévu. Cette marge budgétaire a permis de combler dans une large mesure l’accroissement des dépenses de gestion et particulièrement les dépenses de subvention (1,2 milliards de subvention à l’énergie et 230 MD de compensation des produits de base), tout en maintenant l’enveloppe des transferts sociaux (Pnafn, rentrée scolaire, fêtes religieuses,….) et sans accroître le recours à l’emprunt. Du coup, le gouvernement devrait atteindre l’objectif fixé initialement d’un déficit budgétaire de 4,9% du PIB. Et plus encore d’avoir réduit la part des ressources d’emprunt dans le total des ressources du budget de 30% en 2017 à 26% en 2018.

 

C’est sur cette trajectoire que cherche à surfer le gouvernement en 2019. Ainsi, s’est-il voulu raisonnable dans ses hypothèses servant de base à l’élaboration de son budget 2019, fixant un taux de croissance économique pour l’année prochaine à 3,1% (un-demi point de pourcentage de plus par rapport à 2018), un cours moyen du baril de pétrole à 72 dollars, une évolution moins prononcée des importations de 7,4% contre 13,2% en 2018, un déficit budgétaire limité à 3,9% du PIB et un taux d’endettement de 70,9% contre 71,7% en 2018. La volonté de maîtrise des finances publiques est manifeste. Cependant, suffirait-elle à convaincre sinon persuader les sceptiques qui ne vont pas manquer de soulever les problèmes d’inflation et de perte de pouvoir d’achat, l’alourdissement des conditions de crédit qui handicapent l’investissement, la persistance d’un inacceptable déséquilibre régional et l’absence de perspectives solides de création d’emploi.

 

De ce point de vue, Youssef Chahed aurait-il des arguments et mesures de réponses à ses problèmes ? Dans l’affirmative, il se les réserverait pour son discours de politique générale marquant le démarrage du marathon budgétaire prévu à partir du 15 octobre prochain. D’autant qu’il semble avoir entendu tout le monde lors de la conférence nationale de vendredi dernier. Sinon…

20/09/2018 | 16:23
3 min
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Commentaires (6)

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Dr. Jamel Tazarki
| 21-09-2018 09:39
que si on privatisait nos banques publiques à des prix dérisoires à cause des créances douteuses, celui qui va les acheter serait dans l'obligation d'exiger de notre oligarchie de rembourser ses dettes ou de confisquer leurs biens (en particulier leurs luxurieux hôtels ) ! ==> et ainsi ces banques seraient du jour au lendemain capables de dégager de vrais gains et leur actions gagneraient plusieurs points à la bourse de Tunis (mais sur un bon fondement économique et non pas sur du vent et du sable...)

Ainsi je me demande, pourquoi notre gouvernement n'exige pas lui même de notre oligarchie de rembourser ses dettes avant de vendre nos banques publiques à des prix dérisoires? La Réponse est évidente et Mr. Ben Hamida nous l'a donnée dans ma citation ci-dessous: oui, notre oligarchie entrepreneuse profite de la protection des partis politiques Ennahdha et Nidaa Tounes!


J'insiste, il ne faut pas refaire les mêmes fautes que notre ex-troïka!


Dr. Jamel Tazarki
| 21-09-2018 06:19
Introduction:
1)La charge des créances douteuses de notre système bancaire est approximativement de 13 milliards de dinars! Notre oligarchie entrepreneuse a les moyens afin de rembourser ses dettes ce qui nous permettrait de financer le développement socio-économique de la Tunisie!
2) Notre ex-troïka a injecté 10 milliards de dinars (et même plus) dans notre système bancaire oligarque ==> il est temps de récupérer cet argent puisque nos banques distribuent des sommes gigantesque de dividendes et qu'elles débordent de gains nets d'après leur dire!
3)@Mr. Youssef Chehed, il est temps de changer de méthode de financement de notre économie. Il est temps de prier/forcer notre oligarchie à rembourser ses dettes et elle a les moyens de le faire!


Je reprend cette histoire de corruption de Halk El Menzel:
C'est très bizarre que Mr. Mohamed Toumi achète une concession/permis en 2006 à un cartel étranger et ceci en devises étrangères et cette même concession expire le 30 décembre 2009. Ce qui est encore intolérable est le fait que nos banques publiques STB et BH 1)finance cet investissement d'un champ pétrolier qui contient au maximum la quantité misérable de 8 millions de barils de médiocre qualité et 2)de financer une plateforme en pleine mer et d'accepter de la laisser périr sans travaux et sans entretien pendant 11 ans, voir le lien:
http://www.businessnews.com.tn/limogeage-de-khaled-kaddour-kamel-bennaceur-fustige-youssef-chahed,520,82222,3


C'est très bizarre que Mohamed Toumi obtient soudainement en 2015 noir sur blanc que son permis Halk El Menzel ne s'achève qu'en 2029. Cette situation de corruption s'est produite au temps de notre ex-troïka. Elle a géré le pays à la con et dire que le Clan RG veut de nouveau le pouvoir absolu en 2019!


La banque de l'Habitat (BH) ferait mieux de rembourser du moins l'une de ses dettes de 60 millions d'euros auprès de la Banque africaine de développement (BAD) avant de distribuer un dividende de 600 millimes par action et d'injecter de la devise étrangère dans des investissement pourris à l'étranger . La majorité nos banques sont surendettés mais elles distribuent généreusement des dividendes.

50% des dividendes de certaines de nos entreprises quittent la Tunisie sous-forme de devises étrangères et ceci au nom du rapatriement des gains de l'impérialisme international! Voilà, certaines de nos entreprises à plus de 50% en capital étranger distribuent la totalité du gain net sur les actionnaires et ceci sans aucun investissement en Tunisie, et souvent ces entreprises s'endettent en devises étrangères afin de payer de pseudo-gains sous forme de dividendes. ==> on s'endette en devises étrangères afin de distribuer de pseudo-gains sous forme de dividendes qui quittent à 50% la Tunisie. C'est pervers! La faute est à qui? Certes aux partenaires tunisiens et non pas à l'impérialisme international! Il y a un grand manque de patriotisme de certains de nos oligarques!


De même le secteur touristique est aussi à l'origine de la faillite de notre système bancaire et de la Tunisie, en effet 50% des créances douteuses de la STB, le 1/3 des créances douteuses de la BNA et le 1/4 des créances douteuses de la BH sont dans le domaine touristique!

==> Il faudrait confisquer les hôtels de ceux qui ne veulent pas rembourser leurs dettes ou qui ne veulent rembourser qu'une partie minimale de leurs dettes et de les vendre à l'internationale. C'est ainsi que ça fonctionne en Allemagne...

La charge des créances douteuses de notre système bancaire est approximativement de 13 milliards de dinars! Et vous savez/comprenez maintenant pourquoi!

Oh non, on ne recapitalise pas des banques qui appartiennent en grande partie à l'oligarchie et à la bourgeoisie avec l'épargne de la masse pauvre sans les avoir nationalisées à 100% auparavant et ceci à zéro dinars/euros. L'Allemagne a eu le courage de nationaliser entièrement et à zéro euro l'une de ses plus grandes banques avant d'y injecter de l'argent, la Hypo Real Estate. Alors que notre ex-gouvernement de Mr. Essid injecte inconditionnellement des milliards de dinars dans le système bancaire tunisien en grande partie oligarque (recapitalisation). ==> La nationalisation à zéro dinars/euros et entière des banques tunisiennes en faillites aurait dû être faite déjà en 2011. Toute autre solution (sans la nationalisation à 100% et à zéro dinars/euros ou la fermeture) coûte plus chère aux Tunisiens! Voir le lien: http://www.businessnews.com.tn/oxford-business-group-presente-le-programme-de-reforme-du-systeme-bancaire-tunisien,520,66109,3


Depuis 2011 les entreprises privées tunisiennes exigent et obtiennent des baisses d'impôts et des dépenses publiques et privent ainsi l'Etat tunisien des moyens financiers de jouer son rôle d'entrepreneur dans des secteurs économiques indispensables pour la Tunisie où personne n'ose investir, elles assèchent ainsi les moyens de la source d'investissement de l'?tat sans pour autant apporter de remèdes à notre économie.

Dr. Jamel Tazarki
| 20-09-2018 21:09
1ère partie
Vous écrivez ci-dessus: "persuader les sceptiques qui ne vont pas manquer de soulever les problèmes d'inflation et de perte de pouvoir d'achat"
==>
Si Houcine, Hier j'ai acheté 5Kg de pommes de terre à 2euros au supermarché Norma en Allemagne!

'après le Spiegel-online, 13 millions d'allemands vivent avec moins de 900 euros par mois! Comme si je disais que 13 millions de Tunisiens pourraient vivre avec moins de 100 dinars par mois! Est-ce possible? Oui, si l'état tunisien pourrait garantir l'abondance des aliments de base sur le marché tunisien et ceci à un très bas prix. En Allemagne, un sac de pommes de terre de 5 Kg coûte 2 euros, un Kg de pain coûte 80 centimes, 12 oeufs coûtent 1,19 euros et un litre de lait coûte 60 centimes (la marque JA).

Faisons un très simple calcul numérique:
a) Nous formons un panier de biens (on néglige les différents services) qui contient des aliments de base: pain, huile, lait, pommes de terre, céréales, fruits du pays, sucre (bien que le sucre industriel n'est pas à mon sens un aliment de base), oeufs.
b) "Pt" est le prix sur une période "t" de notre panier défini ci-dessus.
c) ===> Si on compare l'évolution de l'indicateur Pt de l'Allemagne avec celui de la Tunisie pour la période 2011-2017, on remarque que l'indicateur Pt de la Tunisie a subi une inflation de 8%, alors que l'indicateur Pt de l'Allemagne est resté constant. Je rappelle que l'Allemagne a eu entre 2011-2017 une inflation moyenne de 3% (2% pour 2016).

conclusion: si on arrivait à maintenir le panier des aliments de base hors de l'effet de l'inflation (comme c'est le cas de l'Allemagne), on aurait beaucoup moins de problèmes sociaux, et on n'aurait pas besoin de s'endetter encore plus afin de nourrir notre peuple


Le jour où le Tunisien arrive à acheter le Kg de pommes de terre à 200 Millimes et 10 oeufs à 190 Millimes, ceci serait un signe que la Tunisie va bien et même très bien! Et ceci est vraiment réalisable en très peu de temps!

Oui, la pomme de terre peut se cuisiner de mille et une façons, toutes plus originales les unes que les autres: -pommes de terre au four, -gratin de pommes de terre, -salade de pommes de terre, -soupe de pommes de terre, -purée de pommes de de terre, -Pommes de terres sautées, -Pommes de terres en frites, etc., etc. etc.


Le problème d'optimisation afin de faire sortir la Tunisie de la crise socio-économique est si simple: comment vivre dans les limites des moyens qu'offrent nos ressources naturelles afin d'assurer à chaque Tunisien une qualité de vie suffisante (je dis bien suffisante)? Et ce problème d'optimisation ne se laisse résoudre que par une augmentation sélective des taxes et de l'impôt.

Il est temps que notre Ministre de l'agriculture montre un peu plus de créativité afin de garantir des prix raisonnables des aliments de base et ceci en augmentant notre productivité agricole!

Dr. Jamel Tazarki
| 20-09-2018 21:05
2ème partie
Si Houcine, vous écrivez aussi: "l'alourdissement des conditions de crédit qui handicapent l'investissement"

==>
Je voudrais vous rappeler que La politique budgétaire keynésienne qui a été appliquée par Mr. Essid n'a pas fonctionné et n'a créé que de l'inflation En effet, Mr. Essid, a fait baisser le taux directeur de 5% à 3.5%; il a fait baisser l'impôt sur les sociétés de 30% à 25%, il a injecté 10 milliards de dinars dans notre système bancaire oligarque (recapitalisation), il a fait baisser le prix du carburant, il a fait baisser La taxe sur les dividendes et il a facilité la sortie/exportation de nos capitaux, et ceci afin de motiver nos entrepreneurs à investir, mais rien de cela! Ainsi je vous pose la question, Si Houcine, est-il raisonnable de réappliquer la même politique désastreuse de notre ex-troïka?

De même, je vous rappelle que notre oligarchie entrepreneuse préfère distribuer la totalité des gains nets sur les actionnaires (pour se convaincre de cela, il suffit de comparer les gains nets à la somme cumulative des dividendes qui ont été distribués) que d'investir!

Par contre BMW, le constructeur allemand d'automobile, fait un gain net de 10 euros par action, il distribue un dividende de 3 euros et investit 7euros! Les entreprises allemandes investissent plus que 50% du gain net, ce qui n'est pas le cas de beaucoup d'entreprises tunisiennes!

Mr. Essid, a fait baisser le taux directeur de 5% à 3.5% afin de motiver nos entrepreneurs à investir, mais rien de cela! ===> Même un taux directeur négatif (ce qui est du non-sens, mais à limite faisable) ne pourrait pas motiver nos hommes d'affaires affairistes à investir.

Je résume: notre oligarchie entrepreneuse a trop d'argent afin d'investir mais elle refuse de le faire.

Je vous prie de relire le passage suivant d'un article de Mr. Sofiene Ben Hamida:
"Au cours de sa récente rencontre avec les acteurs économiques tunisiens, le chef du gouvernement Youcef Chahed a appelé les hommes d'affaires et les entrepreneurs tunisiens à prendre plus de risques. Cet appel, lancé en faisant bien attention aux formes diplomatiques d'usage, est un véritable réquisitoire contre une certaine catégorie d'entrepreneurs égoïstes qui ont toujours parasité l'Etat pour leurs propres profits. L'heure est à la transparence et au franc-parler nous dit-on. Avouons donc que parmi les acteurs économiques actuels, certains ne doivent leurs fortunes et leurs positions financières qu'aux largesses et au favoritisme d'un Etat-providence qui, par clientélisme politique, les a toujours choyés. Avouons aussi que parmi ces acteurs politiques, certains s'empressaient, et s'empressent encore, de verser des milliards au parti politique au pouvoir, puis aux partis dominants, alors qu'ils rechignent à s'acquitter de leurs impôts envers l'Etat.
Cela a profité aux acteurs économiques, aux partis et aux carrières des politiques mais n'a nullement profité au pays. Avouons enfin, que des centaines d'hommes d'affaires, trop près de leurs sous, ont décidé depuis 2011 de réduire leurs activités, ou tout simplement de les délocaliser, au Maroc ou ailleurs, sans penser un seul instant à leur responsabilité envers un pays, qui passe par une période difficile certes, mais qui leur a tant donné. Les acteurs économiques tunisiens doivent montrer aujourd'hui qu'ils s'inscrivent tous dans une dynamique nationale qui vise de sortir le pays au plus vite du marasme économique et social actuel. Ils doivent suivre l'exemple des milliers d'entrepreneurs et d'hommes d'affaires tunisiens qui ont résisté aux difficultés des cinq dernières années, qui ont préservé leurs activités et les ont développées pour certains."

==>
je crois que Mr. Ben Hamida a bien décrit le mal socio-économique de la Tunisie!


Si Houcine, vous ecrivez aussi: "la persistance d'un inacceptable déséquilibre régional et l'absence de perspectives solides de création d'emploi." ==> ce point serait résolu si on pouvait convaincre le privé, notre oligarchie entrepreneuse, à investir!


Très Cordialement

Jamel Tazarki

Abidi
| 20-09-2018 17:00
Bonsoir Mr si vous continuez comme cela je pense que vous nous présenterez Mr chahed comme el Mehdi el Montathar ou le Chryste sauveur ralentissez svp on a dépassé la 6 eme année primaire

manixsv
| 20-09-2018 16:51
Si les 1,2 Md represente la subvention sur l'essence alors ca represente en moyenne 116d/hab qui profite d'avantage au proprietaire d'une aston DB11 et d'une villa chauffage centrale et 11 clim qu'au proprietaire d'une 103SP et d'un four en brique... sans compter l'incitation a importer du petrole et a favoriser la contrebande
Il vaudrait mieux transformer cela en allocation universelle de 120tnd. A chacun d'en faire ce qu'il veut, acheter des dattes, des olives ou des oranges