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Chroniques
Libertés individuelles et égalité : Le modèle de société au centre de la bataille
24/06/2018 | 12:48
4 min

 

Par Sofiene Ben Hamida

 

Depuis la publication du rapport sur les libertés individuelles et l’égalité, une compagne intégriste, disposant visiblement de moyens énormes et utilisant toutes les franges rétrogrades et passéistes du pays, s’organise et tente de bloquer une éventuelle initiative législative portant sur l’égalité dans l’héritage et le renforcement des libertés individuelles.

 

Mais ce n’est pas tant cette campagne qui dérange. Dans toutes les sociétés démocratiques, le débat contradictoire et la confrontation des idées restent les conditions nécessaires pour faire avancer les choses. Ce qui est grave par contre, c’est cette volonté évidente chez les opposants du rapport de monter une frange de Tunisiens contre une autre frange, leurs appels, directs chez certains, à peine voilés chez d’autres, à la guerre civile.

 

Ce nouvel épisode, prouve encore une fois, pour ceux qui veulent bien regarder la vérité en face, que le clivage reste réel entre une Tunisie civile et moderniste qui puise de son héritage ses plus beaux acquis pour aller de l’avant et regarder vers l’avenir ; et une autre Tunisie, marginale mais qui a un grand pouvoir de nuisance, qui essaie de stopper tout élan de progrès ne s’intéressant qu’à un passé pas reluisant du tout ou à un présent chaotique et sanguinaire.

Encore une fois, on se retrouve à la case départ, celle du choix du projet sociétal. Tant que cette question ne sera pas définitivement tranchée, les tentatives de freiner les élans du progrès continueront et profiteront, d’une manière épisodique mais handicapante, des contextes politiques, des fausses manœuvres et des desseins que d’autres esprits tordus préconisent pour notre pays.

 

Que des mercenaires des ligues dites de protection de la révolution, au service du pétrodollar forcément contre-révolutionnaire, comme cette Hlima Maalej appelle à une insurrection à partir des mosquées ; que ce charlatan de Adel Almi qui a prouvé à tous les Tunisiens, pas plus tard que le mois dernier, qu’il est prêt à se vendre pour une poignée de dollars, appelle à la lapidation de la présidente et des membres de la commission pour les libertés individuelles et l’égalité, que les salafistes d’Ettahrir refusent en bloc le rapport, passe encore.

Toutefois, la manœuvre la plus dangereuse parce qu’elle est la plus pernicieuse émane de l’ancien ministre des Affaires religieuses de la troïka, Noureddine Khademi. Voilà quelqu’un, qui a été l’imam de la fameuse mosquée Fath au début de la révolution, l’ami d’Abou Iyadh, un soutien indéfectible du salafisme et a appelé ouvertement au jihad, qui veut se doter aujourd’hui d’une autorité religieuse autoproclamée. Entouré de représentants de quelques associations inconnues, il annonce que les projets de la commission des libertés individuelles et de l’égalité doivent être soumis à l’avis de l’autorité religieuse des cheikhs zeitouniens.

 

Son argument qui se veut d’autorité et son discours qu’il veut passer pour une vérité sont totalement fallacieux et donnent la preuve de l’étendue du machiavélisme satanique du salafisme. D’abord parce qu’il n’existe pas une autorité religieuse appelée l’autorité de la Zeitouna. Elle n’a jamais existé. Ce n’est pas maintenant qu’on va s’y mettre. D’ailleurs son appel adressé au mufti pour se prononcer sur les projets présentés par la commission des libertés individuelles et de l’égalité est une autre manœuvre maléfique de la part de Noureddine Khademi pour faire entrer son auditoire dans la logique de l’autorité religieuse.

Pourtant, il est bien placé pour savoir que le mufti n’est pas une autorité religieuse mais uniquement une autorité administrative qui a pour mission la gestion des pratiques religieuses dans le pays. D’un autre côté, la proposition de Khademi est incongrue parce qu’elle tente de ramener le débat dans le cercle religieux alors qu’il concerne, ni plus, ni moins des propositions législatives pour gérer les affaires des citoyens, hommes et femmes entre eux, dans un esprit d’égalité et de respect des libertés individuelles comme le stipule clairement la constitution tunisienne qui ne tolère aucune exception concernant ces principes.

 

Face à ces manœuvres, le rôle du chef de l’Etat sera déterminant. On attendra avec impatience le 13 août prochain pour connaitre la suite qu’il va donner à son initiative lancée il y a un an. Le président Caïd Essebsi, qui tient tant à sa filiation à la pensée bourguibienne, a l’occasion maintenant de prouver qu’il en est le digne héritier en se dotant du même courage politique légendaire de Bourguiba. Les associations de la société civile et les partis modernistes ne sont pas exempts de cette bataille pour un modèle tunisien qui renforce les libertés, toutes les libertés, et qui bannit les archaïsmes.

24/06/2018 | 12:48
4 min
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Commentaires (18)

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DHEJ
| 26-06-2018 12:09
SECTION VI du code pénal


DE L'ATTEINTE A LA LIBERTE INDIVIDUELLE


Article 250 - (Modifié par la loi n°2005-45 du 6 juin 2005).

Est puni de dix ans d'emprisonnement et de vingt mille dinars d'amende, quiconque, sans ordre légal, aura capturé, arrêté, détenu ou séquestré une personne.

Article 251 - (Modifié par la loi n°2005-45 du 6 juin 2005).

La peine est de vingt ans d'emprisonnement et de vingt mille dinars d'amende :
a) si la capture, arrestation, détention ou...


Bonne lecteur de l'expression de la volonté du peuple!

DHEJ
| 26-06-2018 11:55
Bonjour,


Je t'ai cru plus intelligent que nous!


Alors,il est dit que La LIBERTE INDICUELLE est un des rares droits figurant directement dans la Constitution.

Cela se résume au fait que nul ne peut être détenu arbitrairement et le garant désigné de cette liberté n'?est autre que le juge ordinaire.

Il s'?agit en fait du droit de na pas être détenu, arrêté ou emprisonné en dehors des cas prévus par la loi. Cela concerne essentiellement les garde à vue, les vérifications d'?identités, les détentions provisoires ou encore la rétention administrative des étrangers en situation irrégulière".

Pour les défendeurs de culs, il est aussi dit que:

La Déclaration de 1789 définit la liberté comme ce qui « consiste à pouvoir FAIRE tout ce qui ne nuit pas à autrui » (article IV).

FAIRE est un ACTE... et c'est l'article premier du code de procédure pénale tunisien qui décide de cet ACTE conformément à l'expression du peuple...


Un peuple qui a dit l'article 7 de la constitution et l'autre article 23...

PENETRATION PAR DEVANT OU PAR DERRIERE est-elle une atteinte à l'intégration physique? Une intégration à protéger sauf que pour fonder une famille conformément à la loi!

Kays
| 25-06-2018 15:40
Consacrer les libertés individuelles ce n'est pas inciter à la débauche comme certains le prétendent, c'est au contraire s'en préserver.

Oui car qui ignore la véritable débauche qui existe dans notre pays sur l'autel des tabous , des carcans bigots et de la frustration sexuelle ?

Qui ignore le nombre de gamins violés , sodomisés par les plus grands du quartier que l'on s'étonne de voir homosexuel en grandissant ?

Qui ignore les filles violées ou attouchées par tel père ,oncle , tel cousin voire telle tante dans le cas des garçons ? ?

Quand liera t-on frustration sexuelle et AFFECTIVE au phénomène du terrorisme?

Oui au respect de la vie privée de chacun sans tomber dans les excès de l'exhibitionnisme malsain bien évidemment.

Un '?tat, sauf si vous nuisez à autrui, n'a pas à se mêler de ce que vous mangez, buvez ou faites dans la chambre entre adultes consentant dès lors que vous n'exposez pas cela en public.

Notons par ailleurs qu'il existe un lien direct entre libertés politiques, économiques et individuelles et développement économique.

En outre rien n'empêche une politique familiale ambitieuse en parallèle afin d'inciter au mariage et à la famille par la carotte et non le bâton. Ainsi les petits amis d'autrefois pourront facilement se projeter pour devenir la famille solide de demain.

Enfin beaucoup pensent que cela est fait pour faire plaisir à la France...Ils devraient juste se demander pourquoi pour rejoindre un pays si honni , des centaines de nos jeunes meurent en méditerranée. Eh bien je vais vous le dire, beaucoup nos jeunes ne quittent pas un pays, le chômage ou autre, ils quittent une mentalité...pour malheureusement y revenir là -bas une fois installés et l'exporter....Le monde arabe doit impérativement sortir de cette skyzophrénie qui TUE.


Tahya Tounes.


Mohamed 1
| 25-06-2018 14:51
http://www.un.org/fr/events/democracyday/rights.shtml

Plus précisément, voilà la liste des valeurs que respectent les pays démocratiques. Elles sont observées au Canada, en Norvège, en Belgique, au Japon, Australie, Nouvelle-Zélande...La France n'est qu'un pays parmi d'autres remplissant ces caractéristiques.

-Respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales
-Liberté d'association
-Liberté d'expression et d'opinion
-Accès au pouvoir et à son exercice conformément à l'état de droit
-Tenue d'élections libres, régulières et périodiques au suffrage universel et à bulletin secret, reflet de l'expression de la volonté du peuple
-Un système pluraliste de partis et d'organisations politiques
-La séparation des pouvoirs
-L'indépendance de la justice
-La transparence et la responsabilité dans l'administration publique
-Des médias libres, indépendants et pluralistes.

Merci de me tendre la perche pour les rappeler.
Bien évidemment beaucoup de pays ne respectent pas ces principes. Inutile de vous rappeler, vous qui êtes en principe partisan de la rationalité, qu'ils ne peuvent prétendre à se présenter comme démocrates.
C'est précisément notre problème. Beaucoup de Tunisiens proclament haut et fort qu'ils sont démocrates, alors que leurs pratiques réelles montrent qu'ils sont des dictateurs. Quelque chose me dit que vous en faites partie.
Bien entendu, toute la litanie que vous évoquez n'a aucun rapport direct avec le sujet.

Rationnel
| 25-06-2018 13:55
Tarek R a raison tous ce que ces figures médiatiques discréditées cherchent c'est de faire plaisir a la France. Un autre article a BN doit leur plaire puisque la France est satisfaire de cette initiative. La démocratie précède les nations unies de quelques 3000 milles ans et les nations unies n'ont aucune codification de la démocratie, Carthage fut l'une des premières démocraties. Les nations Unies, le FMI, la banque mondiale, l'OMT, l'OTAN, les organisations de droits de l'homme, l'UNESCO font toutes partie de l'ordre mondial établit par les alliés et surtout les USA après leur triomphe dans la deuxième guerre mondiale, cet ordre mondial va s'effondrer si une nouvelle puissance comme la Chine décide d'une autre idéologie quand elle devient le maître du monde. Sous Trump les USA se sont déjà retires de l'UNESCO, de l'organisation des droits de l'homme et menace l'OTAN. Ce que Sofiene défend est l'humanisme, une idéologie née au 18eme siècle qui a eu un grand succès aux 20eme mais le règne de l'humanisme comme idéologie touche a sa fin. On le voit chaque jour avec le rejet des immigres en détresse par les européens et les américains, la monte du nationalisme et le populisme sur les deux continents, l'émergence de Trump et le triomphe de la Chine et l'Inde. D'autres alternatives sont plus appropriées aux défis de l'humanité aux 21eme siècle, l'humanisme, l'individualisme et le consumérisme aggravent les problèmes de l'humanité comme le grand écart entre riches et pauvres et le changement climatique et le réchauffement planétaire.

Gg
| 25-06-2018 11:19
Votre commentaire :
"Aux "gay" de la Tunisie
DHEJ | 25-06-2018 09:46
Article 7
Article 23 "

Oui, et donc? Quel est le problème?

Mohamed 1
| 25-06-2018 10:20
La démocratie est libertés pour tous, pas libertés pour la majorité ou pour la minorité.
Elle n'est pas carte blanche donnée à tout vainqueur d'élections avec permission de tout faire. Elle répond à des normes bien codifiées par les nations-unies et pratiquées dans les faits par tous les pays démocratiques.
Vous êtes quelque peu excusé car les valeurs démocratiques sont peu ou pas explicitées par les médias.
Point de référendums en démocratie avec la liberté et l'égalité: elles sont automatiques. Même un con (certainement pas vous) devrait pouvoir comprendre cela.

DHEJ
| 25-06-2018 09:46
Article 7 de la constitution tunisienne:


La famille est la cellule de base de la société. Il incombe à l'?tat de la protéger.

Article 23 :
L'?tat protège la dignité de l'être humain et son INTEGRITE PHYSIQUE et interdit la torture morale ou physique.

Le crime de torture est imprescriptible.


J.trad
| 25-06-2018 09:40
S'il vous plaît ,commencez par méditer sur le verset 4de sourat annahl (kha9a 'linsana min noutfatin faidha houwwa khasim Moubin,) ce verset couvre tous les contestataires depuis (Abou lahab) jusqu'à Frédéric neetchez ,et bien sûr ses disciples jusqu'à la fin du monde ,Frédéric neetchez ( philosophe et philologue) possédait l'arme redoutable de la contestation mais pas (la vérité)(il est allé jusqu'à crier dans la période de sa démence : la phrase que n'avait pas osé Abou lahab ) Abou lahab a été classé (fi jahannam ) avant même le jours du jugement dernier (neetchez Allah peut trés bien lui accorder le pardon ,étant donnéé le verset : innahom laya3lamoun,+l'état de démence),mais vous monsieur soufiyan il suffit que vous décidiez avec un peu de bonne volonté (et un peu de sid9) à méditer sur les parôle d'Allah ,vous serez capable ,d'être plus nahdhawi que nahdha ,plus (tahririste ) que beaucoup de militants dans les partis islamistes ,votre charisme c'est dommage qu'il aille dans le chemin de la contestation , mon c'?ur me dit que mon souhait sera exaucé ,un châa Allah .

Tarek R
| 24-06-2018 23:12
Pourquoi les élites intellectuels à la con et les tunisiens qui rejettent en bloc toute appartenance de la Tunisie au monde arabo-musulman sont farouchement contre un référendum ?

S'ils sont si confiant que la société a changé en leurs faveurs, laissons le peuple s'exprime en toute liberté.

Pourquoi vouloir imposer ses idées, comme si le peuple est une bête qu'il faut guider ?

Ils savent parfaitement le résultat d'un tel référendum à l'avance, c'est pour ça ils le refuse catégoriquement.

Et il est temps qu'ils comprennent que la moitié des Tunisiens (si c'est pas plus) sont conservateurs et qu'ils ont un avis différents.

Nos progressistes soit disant démocrates, veulent une démocratie a géométrie variable et parfois ou les minorités doivent imposer leurs projets et visions.