alexametrics
vendredi 19 avril 2024
Heure de Tunis : 02:26
Chroniques
Les « ChocoTom » de l’UGTT
Par Houcine Ben Achour
25/04/2019 | 15:59
3 min
Les « ChocoTom » de l’UGTT

 

 

S’il y a un ministre du gouvernement qui, visiblement, est sur des charbons ardents, n’arrivant même plus à avoir le temps de gérer le quotidien de son département en raison des multiples tensions qui traversent le secteur dont il a la charge, c’est bel et bien Hichem Ben Ahmed, le ministre des Transports.

Depuis quelques temps, il fait fonction de pompier pour éteindre les départs de feu sociaux qu’autre chose. A la fin de l’année dernière, il a réussi à éviter la grève du personnel de l’OACA et la fermeture de l’aéroport de Tunis-Carthage durant deux jours. Au cours de cette fin d’année, il a pu annuler la grève des agents de la Transtu. Au début du mois de janvier, il n’a pas hésité à brandir l’ordre de réquisition pour atténuer le blocage du pays à l’occasion de la grève générale dans la fonction et le secteur publics, provoquant la colère de l’UGTT. Il est rapidement monté au créneau à la suite de la hausse des prix du carburant pour calmer la grogne des transporteurs et éviter qu’ils ne paralysent le pays. Dans la foulée, il essaiera de calmer la colère d’une partie de l’opinion publique ulcérée par les sanctions inhérentes à l’exploitation de l’activité de covoiturage. Ce fut ensuite les déboires de Tunisair dans sa programmation des vols où il dut intervenir pour atténuer le mécontentement des voyageurs.

 

Dernièrement, son département arrivera à désamorcer les tensions au sein de la Sncft et éviter une grève générale du transport ferroviaire. C’est dans la soirée de mercredi dernier que le ministère du transport a annoncé l’annulation de la grève, prévue jeudi, du personnel de Tunisair.

 

A chaque fois, Hichem Ben Ahmed a évité le pire. Cependant, ce ne sera probablement que partie remise. En tout cas, si le ministre du Transport semble avoir pris le pli des pressions syndicales, ce n’est pas forcément le cas de bien d’autres ministres. C’est que les tensions sociales et les pressions syndicales ne vont pas cesser de sitôt. Le ministre du Commerce sera forcément « sollicité » durant le mois de Ramadan, celui du Tourisme aussi à l’approche de la haute saison touristique,… Car, quoi qu’on dise, on va crier à la hausse des prix durant le mois sacré du jeûne. Quoi qu’on dise, il ne serait nullement surprenant que des salariés du secteur du tourisme et du voyage saisissent les bonnes perspectives de la haute saison touristique pour faire pression en faveur d’une revalorisation salariale comme ce fut le cas, l’année dernière, pour plusieurs unités hôtelières. En tout cas, il ne faudra pas compter sur l’UGTT pour tenter de calmer les ardeurs et les velléités d’en découdre de ses ouailles.

 

Bien au contraire, l’organisation historique des salariés semble caresser dans le sens du poil la grogne revendicative de ses militants et adhérents. C’est d’ailleurs ce qui ressort du dernier communiqué de la direction de l’UGTT concernant la situation générale du pays, légitimant tout mouvement de protestation pour peu qu’il soit pacifique et ne se souciant guère de ses justifications ou ses raisons, légitimes ou pas.

 

Plus encore, ce communiqué, publié le 20 avril dernier, préfigure des intentions de la direction de la centrale syndicale dans la perspective des élections législatives et présidentielle prévues à la fin de l’année. Une première version d’un document qui énumère les conditions à remplir par les candidats qui solliciteraient le soutien de la centrale syndicale donne déjà le ton. Son préambule revendique tout et son contraire, exigeant le beurre et l’argent du beurre.

 

La direction de l’UGTT ne semble pas mesurer l’enjeu d’une telle entreprise qui amènera la centrale syndicale à descendre sur le terrain politique et défendre ses thèses socioéconomiques qui, à l’épreuve des faits, risquent de s’écrouler comme un château de carte, mettre à mal sa crédibilité et dévoiler sa capacité de nuisance, comme ce fut récemment le cas autour du dossier de la Siape à Sfax, à travers la mobilisation de milices totalement gagnées à sa cause moyennant la distribution de monnaies sonnantes et trébuchantes ou l’assurance d’une protection syndicale solide ; les fameux ChocoTom  dont parle le journaliste Lotfi Ben Sassi à propos des troupes d’Ennahdha.  

 

Par Houcine Ben Achour
25/04/2019 | 15:59
3 min
Suivez-nous