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Les ambassades en récompense, l'image de la Tunisie en otage
01/11/2013 | 1
min
Les ambassades en récompense, l'image de la Tunisie en otage
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S’il est un domaine où s’exprime pleinement la volonté d’Ennahdha de contrôler les rouages de l’Etat tunisien c’est bien celui des Affaires étrangères. Des nominations hasardeuses à l’attribution de postes en guise de récompense, le pouvoir ne cesse de faire vaciller l’image extérieure de la Tunisie. Le syndicat se rebiffe contre ces agissements, le bras de fer continue.

Le syndicat des agents du ministère des Affaires étrangères n’a pas cessé de dénoncer les nominations faites au sein de ce corps. En période postrévolutionnaire, l’image de la Tunisie était un capital important à exploiter. Comme l’avait très justement suggéré Khayam Turki dans son livre « Demain la Tunisie », la politique extérieure tunisienne aurait pu profiter du capital-sympathie mondial dont a bénéficié la Tunisie après la révolution.

Cependant, rien de cela n’a été fait et les nominations y ont été pour beaucoup. Sous l’égide de Rafik Abdessalem, les postes au sein du ministère des Affaires étrangères et surtout les nominations d’ambassadeurs ont été attribuées par copinage et complaisance. Ceci a continué après l’attribution du poste de ministre à Othman Jerandi.

Le syndicat des agents du ministère des Affaires étrangères, relevant de l’UGTT, a rendu public un communiqué daté du 31 octobre dans lequel il annonce une grève pour le 8 novembre 2013. L’une des principales revendications du syndicat est la révision de toutes les nominations aux postes d’ambassadeurs et de consuls qui ont été faites sur la base du « favoritisme politique et partisan ». Le syndicat rappelle, également, que la révision desdites nominations est en relation avec la garantie d’élections libres et indépendantes dans les circonscriptions des Tunisiens résidents à l’étranger. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, les nominations partisanes dans les représentations de la Tunisie à l’étranger servent de récompense d’un côté, mais peuvent également servir un dessein plus général visant à influer sur le cours des prochaines élections, à l’instar des nominations de gouverneurs et de délégués.

Un exemple étant plus éloquent que de longs discours, celui de la nomination de Khaled Ben M’barek comme ambassadeur à Berne est édifiant. Khaled Ben M’barek a été l’un des conseillers du président de la République, Moncef Marzouki, avant de se voir attribuer la prestigieuse représentation diplomatique de la Tunisie dans la capitale suisse. C’est le conseiller qui avait déclaré que « FEMEN est un phénomène beaucoup plus dangereux que le salafisme ».

Un ambassadeur a pour fonction de défendre les intérêts de la Tunisie et de tous les Tunisiens dans le pays où il est affecté. Pour ce faire, la personne désignée doit être impartiale, honnête, dotée d’un sens aigu de l’Etat et être un farouche défenseur de la souveraineté nationale et de tous ses compatriotes dans l’unique souci de présenter une image positive de la Tunisie dans le pays où il est censé la représenter.

Quand on compare le « cahier de charges » d’un bon ambassadeur et le comportement et commentaires du dénommé Khaled Ben M’barek, il est difficile de le voir endosser ce costume et l’on ne comprend pas, surtout, en vertu de quelle compétence on l’a nommé à un tel poste. A part, peut-être, celle d’être un fidèle lieutenant du président de la République, Moncef Marzouki. En effet, Khaled Ben M’barek est ce qu’on pourrait appeler un porte-flingue qui dégaine plus vite que son ombre via son profil Facebook.

Le fameux « Bonté divine ! » de Moncef Marzouki qu’il avait crié au visage de Néji Zaïri à Doha est parfaitement justifié aux yeux de M. Ben M’barek. Son poste de conseiller à la présidence de la république décroché en mai 2012 a sans doute participé à cet état de fait. Voilà ce que Khaled Ben M’barek a publié sur son profil FB pour commenter cet incident.


« Ici, un type sans éducation voudrait qu'on le laisse sans éducation sous prétexte qu'il serait journaliste». La diplomatie dans l’âme ! Dans la même lignée des CPRistes purs et durs, Khaled Ben M’barek, est prodigue en accusations gratuites et surtout en théories et connaissances sur le travail des médias. Lors de la supposée expulsion de Sakhr Materi de Qatar et de la rumeur faisant état de son extradition vers la Tunisie, le futur ambassadeur tunisien à Berne s’est fendu d’un commentaire pour le moins…tranché !



Ce n’est pas uniquement envers les médias que Khaled Ben M’barek témoigne sa sympathie. Visiblement attaché au principe de protection de la révolution, le conseiller du président semble fan des insultes et des caricatures visant ses opposants politiques. Ici, le conseiller se délecte d’une photo retouchée exécutée par ce qu’il appelle « virtuose du graphisme acéré ». Sans commentaires.


Cet acharnement, cette vigueur à défendre son président, cette véhémence et ce manque de self-control ne sont pas des éléments favorables pour la désignation d’un ambassadeur. Ces agissements et ses dires sont dignes d’un citoyen lambda manquant de discernement. Malheureusement, ce comportement émane d’un conseiller à la présidence qui va, en plus, bénéficier d’une fulgurante promotion en accédant au poste très prisé d’ambassadeur de Tunisie en Suisse dans la ville de Berne. Va-t-il continuer à dénigrer les médias tunisiens et l’opposition de son pays ou va-t-il enfin comprendre qu’il doit faire abstraction de ses opinions personnelles quand il représente l’Etat ? Avec ce type de nominations et ce genre d’ambassadeurs, le syndicat des agents du ministère des Affaires étrangères semble avoir du pain sur la planche.

Marouen Achouri
01/11/2013 | 1
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