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Les Tunisiens, la religion et la politique
23/05/2011 |
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Les Tunisiens, la religion et la politique
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69,5% des Tunisiens pensent que les légiférations du futur gouvernement devraient s’appuyer sur les choix de la population pour certains thèmes et de la Chariâa pour d’autres. Mais 87% des Tunisiens, également, considèrent que les pratiques religieuses ont un caractère individuel et ne doivent être, en aucun cas, imposées.
C’est ce qui ressort d’un son sondage d’opinion mené par Sigma Conseil et présenté par Hassen Zargouni, samedi 21 mai 2011, lors de la conférence organisée par l'association NOUR sur le thème de « Place de la religion dans la constitution en Tunisie ». De ce sondage, il ressort que l’attachement à l’identité musulmane est très marqué chez les Tunisiens mais que ceux-ci rejettent l’invasion de la religion de la sphère politique et publique.


L’enquête s’est déroulée du 5 au 11 mai 2011 sur un échantillon de 948 individus selon la méthode quotas (sur le gouvernorat d'habitation, le sexe, l'âge et la catégorie socioprofessionnelle des individus de 18 ans et plus).
Une majorité des sondés (70,6 %) refusent l’exploitation des lieux de cultes et des mosquées à des fins politiciennes et électoralistes. Une plus grande majorité, de l’ordre de 92% estime que la Tunisie se doit de renforcer son appartenance au monde arabo-musulman. Un sentiment d’appartenance, certainement, plus civilisationnel que strictement religieux puisque plus de 40% des interrogés déclarent n'avoir jamais été dans une mosquée pour faire la prière (52,4% des femmes et 27,2% des hommes). Le taux monte à 52,8% pour les 18-25 ans.

Seulement 25% s’accommoderaient du retour de la polygamie (16,7 % pour les femmes et 32,3% des hommes). Les régions du sud et du centre-ouest sont celles qui se sont prononcées plus en faveur du retour de la polygamie, particulièrement chez les classes aisées. L'idée est très majoritairement rejetée dans le Nord Est.
Les Tunisiens ne sont pas à une contradiction près. Tout en étant pour le retour de la polygamie pour une frange, certainement, minoritaire mais conséquente du panel, 46% (contre 54%) verrait d’un bon œil le leadership féminin considérant qu’une femme peut occuper la fonction de chef du gouvernement. Les valeurs significativement égales en termes statistiques eu égard aux erreurs d'échantillonnage, nous précise le sondeur.

Aucun doute possible sur les priorités des Tunisiens. 90% considèrent qu’il faut remettre en marche la machine économique tout en souhaitait une meilleure gestion du social : « bien gérer l’économie de la Tunisie », «fournir plus de soins gratuits, de pensions et aides financières aux personnes modestes » et « réduire la corruption dans le gouvernement et protéger le droits des citoyens ».
Autres priorités, 80% des sondés souhaiteraient, également, voir les écoles « enseigner les valeurs de la charia aux filles et aux garçons » et « augmenter les droits des femmes pour avoir accès à l’éducation et avoir des droits égaux à ceux de l’homme ».

L’engouement et l’enthousiasme pour la révolution s’étant étiolés chez une partie de la population, le taux d’abstention potentiel dans les intentions de vote a logiquement augmenté. Un taux passant, ainsi, de 5% dans un précédent sondage Sigma effectué deux mois en arrière, à 12,6% en mai.
Le taux des indécis, à quant lui, baissé passant de 65% à 50%. Ennhadha accaparerait 30% de leurs votes (en évolution), quasiment à égalité avec le PDP, en nette progression, qui détient 29,2 % des intentions de vote. Ces deux partis sont talonnés dans le top 5 des formations politiques tunisiennes par Ettakatol (11,2%), POCT (9,2%) et le CPR (4,8%).
La base électorale du parti Ennhadha se situerait plus dans les classes populaires et dans les régions du sud. Le PDP, quant à lui, réalise un excellent score dans les régions du nord-est et chez les classes moyennes supérieures.

Les résultats de ce sondage ne laissent aucun doute sur la volonté populaire de rompre avec les pratiques de l’ancien régime afin d’assainir les circuits de prise de décision et de lutter contre la corruption. Un consensus sur la priorité de redresser l’économie est largement ressenti.
Sur la place de l’Islam dans la nouvelle Tunisie, un attachement aux valeurs et au monde arabo-musulman est largement partagé par la majorité des sondés. Mais un attachement qui ne les empêche pas de prôner une stricte séparation du politique et du religieux et de défendre l’égalité homme-femme.

Sur le futur échiquier politique, en train de naître, deux pôles commencent à se cristalliser avec Ennahdha et le PDP. Deux formations qui pèsent hypothétiquement un million d’électeurs. Un front de gauche défendu par certains et hypothétiquement formés par Ettakatol-Ettajdid-CPR s’il est appuyé aura son mot à dire dans les manœuvres politiques et les tentatives de coalition qui suivront les élections du 24 juillet.

Les nouveaux partis politiques ne suscitent pas encore l’intérêt des Tunisiens. Sigma Conseil explique cette réalité par une faible présence dans les médias. L’Observatoire Sigma qui mesure le passage des partis sur les antennes des différentes chaines TV et radio, ainsi que dans la presse écrite (papier) estime que leur part de voix est relativement faible si l’on considérait les 22,1% d’occupation du temps d’antenne d’Ennahdha à la télévision du 24 avril au 20 mai 2011. Ettakatol bénéficie de 12,9% de temps d’antenne pour la même période. Les autres formations politiques du pays bénéficieraient d’une couverture télévisuelle beaucoup moins importante. Même constat pour la presse papier, Ennahdha accapare 15,6% des articles de presse publiés pour la même période, suivi du PDP avec 10,6% et 7,1% pour le POCT.

Cliquez-ici pour télécharger le sondage Sigma Conseil
23/05/2011 |
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