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Chroniques
Le viol de mineurs, un jeu d'enfants en Tunisie
28/06/2016 | 15:59
4 min

En une dizaine d’années, l’humanitaire français Thierry Darantière a abusé et violé 41 enfants tunisiens âgés de 6 à 17 ans. Il vient d’être jugé ce mercredi 22 juin par la cour d’assisses des Yvelines à Versailles et condamné à 16 ans de réclusion criminelle ainsi que d’une injonction de soins de 10 ans. Lors de son procès, le pédophile français - parce qu’il admet en être un - n’a pas nié les faits. Il a même refusé de faire appel afin de ne pas envoyer « un message négatif » à ses propres enfants, leur faisant croire que ses crimes n’étaient pas aussi graves en fin de compte.

 

Pendant toutes ces années, durant lesquelles l’humanitaire étranger, s’est « servi » parmi la jeunesse oubliée de la Tunisie, aucun signe de vie n’a été donné du côté tunisien. Les autorités n’ont nullement souhaité collaborer pour identifier les victimes. Dans un silence coupable, les autorités tunisiennes ont même refusé de coopérer.

Selon son avocat, le prédateur sexuel est « tombé dans la facilité » qu’offrent des pays comme la Tunisie en terme de prostitution infantile. Oui prostitution, car certains de ces enfants ont « offert » leurs services moyennant de modiques sommes d’argent, un peu de nourriture ou même une coupe de cheveux. Mais au-delà de cette prostitution, ces viols commis pendant 10 ans ont même dépassé le stade d’abus pour inclure des actes de torture et de barbarie commise sur des enfants : introduction d’objets sexuels, de seringues et autres immondices qu’on passera.  

Il se trouve, en effet, que les pédophiles du monde ont des destinations « fétiches ». Là où ils pourront assouvir leurs vices en toute impunité. Est-ce une coïncidence ? Non, car dans ces pays, l’Etat de droit a la tête ailleurs et semble peu se soucier du sort de ses enfants.

 

Sans un martèlement médiatique français, repris par la presse nationale, et une enquête réalisée par l’Obs, cette affaire n’aurait peut être jamais été ébruitée. Seule l’interpellation du coupable a permis de stopper l’escalade de ses sévices. Ce n’est d’ailleurs qu’hier que le ministre de la Justice tunisien a ordonné au ministère public d’ouvrir une instruction judiciaire dans cette affaire. Ce n’est qu’aujourd’hui que le ministère tunisien de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, a publié un communiqué pour « condamner les crimes commis par l’humanitaire français ».

 

Aujourd’hui encore, autour de ces affaires, le silence est de mise en Tunisie. Les affaires de pédophilie restent encore entourées d’une bonne couche de honte et de tabou. N’est pas encore venu le jour où sera donnée, aux enfants, l’occasion d’exprimer leur souffrance et d’exorciser leurs démons ni aux adultes celle d’avouer leurs pêchés et d’être sanctionnés comme il le faut. Pas en Tunisie, pas aujourd’hui du moins.

 

N’est-il pas temps de considérer ces actes comme les déviances individuelles qu’elles sont et d’y repenser une véritable stratégie de prévention ciblée ? Les simples sanctions par la loi ne semblent rien y apporter étant donné que le simple acte de dénonciation et de témoignage demeurent compliqués et semés d’embûches pour les victimes elles-mêmes. Il est temps, dans ce cas, de penser à la prévention, à la sensibilisation et à une réelle prise de conscience.

S’agissant d’enfants, il nous incombe aujourd’hui la lourde et délicate tâche de sortir de la militance, d’oublier l’émotion et de mettre des noms sur les objets. Admettre que la prostitution infantile existe bien dans le pays et est un véritable fléau. Fléau que connaissent certaines populations pauvres et marginalisées et qui « s’épanouit » au contact de touristes étrangers, parfois venus exprès pour l’occasion, et profitant d’un silence complice des autorités qui leur rendent la tâche facile.

 

On gagnerait tant à « tirer profit » de ce genre de drame, de ce scandale qu’on préfère souvent taire. Tirer « profit » en travaillant pour éviter que ce genre de dérive ne soit banalisé et y mobiliser toutes les parties concernées : professionnels de l’enfance mais aussi de la psychiatrie infantile, cadre éducatif et juridique mais aussi parents. Afin que les enfants de demain soient mieux préparés à faire face à ce genre de situation et à ce type de prédateurs. Afin que la pédophilie et le viol de mineurs, ne soient plus un jeu d’enfants en Tunisie.

28/06/2016 | 15:59
4 min
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Commentaires (16)

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les chevaux de l'apocalypse
| 07-07-2016 21:32
le tunisien avant tout a une seule idee dans la tete : apres moi le deluge.
un peuple malade qui a besoin d'un tsunami .
FASSAKH ET 3AOUED MIN JDID.
je suis vraiment desole, c'est tres grave et tres affligeant et chagrinant.

Jean-Louis
| 04-07-2016 16:10
Un grand bravo. Votre article est remarquable. Bien vu, bien exprimé. Comme dans tous les pays du monde, ce genre de crime abominable est malheureusement fréquent en Tunisie. Cependant, en Tunisie, le silence des autorités est catastrophique et idem pour le silence de l'ambassade et du consulat de France. Sujet tabou, pour le plus grand malheur des enfants.

Épicure
| 29-06-2016 15:13
Ce sont les tunisiens qui semblent se réveiller d'un sommeil profond !
Cela me rappelle tous les commentaires et vidéos postés sur les réseaux sociaux après le départ de Ben Ali. A l'époque c'était les néo-révolutionnaires" découvrant l'horreur de la Tunisie profonde avec toute la misère et la précarité qu'elle cachait, qui criaient leur étonnement !
La pédophilie a toujours existé en Tunisie et aucune autorité n'a été en mesure de l'endiguer et la stopper.
Ce n'est pas toujours le fait d'étrangers ! Beaucoup de tunisiens, s'adonnent à cette "activité" du fait de la misère sexuelle régnant dans notre pays.
S'ajoute à cela l'inceste qui est un phénomène horrible et inqualifiable qui touche beaucoup de familles et dont personne ne veut parler.
Alors de grâce, à ceux qui jouent aux vierges effarouchées je demande d'arrêter l'hypocrisie. Dénoncez plutôt toute agression présumée ou réelle et toute tentative d'agression et ouvrons un grand débat afin de ne plus taire ces actes odieux, ficher les pédophiles et les sanctionner à la hauteur du méfait qu'ils ont commis. Il ne peut y avoir aucun sujet tabou, surtout quand il s'agit de protéger des enfants !

Moncef Kaafar
| 29-06-2016 15:10
Y a-t-il une volonté de sévir contre ces barbares dont les victimes, très nombreuses, sont des enfants sans défense? NON!!! POURQUOI LE PROJET DE LOI CONTRE LES AUTEURS D'AGRESSIONS SEXUELLES SUR DES MINEURS EST TOUJOURS A L'ETAT DE PROJET A L'ARP?

TeTeM
| 29-06-2016 15:01
je trouve que l'auteur de cette tribune a bien cerné les contours du problème. Pour aller un peu plus loin, j'ajouterai deux choses.

1/ Le ministère de la justice vient de demander l'ouverture d'une enquête? Pourquoi faire? Un nouveau procès? En principe, on ne peut être jugé qu'une seule fois pour un même acte... L'état Tunisien aurait du se constituer partie civile dans cette affaire qui a été jugé par les juridictions françaises. Le reveil est beaucoup trop tardif.

2/ Ne pas rechercher les victimes est une erreur. A défaut de dédommager le préjudice (oui, j'ose parler argent, ce n'est pas rien quand on est pauvre!) il faut surtout prévoir une prise en charge pour ces victimes. Un viol n'a rien d'anodin et encore plus pour les enfants. Par ailleurs, les enfants victimes d'abus, peuvent aussi se transformer en prédateur... La politique de l'autruche Tunisienne est très mauvaise et est dangereuse.

hamida
| 29-06-2016 13:20
Pourquoi tout ces ministères qui ne font rien que d empocher leur salaires et sans scrupules ne font rien pour le citoyen quelle honte. Des responsables dénués de conscience ou va t on comme ça?

CONQUERANT
| 29-06-2016 12:22
Je vous remercie d'avoir bien apprécié mon commentaire.
Vos compliments m'ont particulièrement touché.
Bonne continuation!

zohra
| 29-06-2016 07:08
Monsieur CONQUERANT :

Un immense merci pour votre commentaire, je crois c'est le meilleur commentaire pour mon compte personnelle sur cette affaire. Cette affaire répugnante c'est l'affaire de toute la société tunisienne, 41 enfants se font violer par un malade personne n'a rien vue et rien entendue ? 41 ce n'est pas un ni deux 41 enfants, et si ce n'est pas la FBI qui a découvert la l'affaire personne n'en saura rien. "Asafi ala tounes" de mieux en mieux

nazou
| 28-06-2016 21:38
Serait que cette affaire soit récupérer politiquement.
Ça commence avec les commentaires, entre ceux qui accusent les rcdistes, ceux qui accusent la troïka.
Et bientôt ils accuseront les actuels gouvernants !!!

Que les responsables quelques soient leurs couleurs politique et appartenances, paient !!!
Point barre.
C'est une épreuve pour la justice tunisienne, à elle de nous prouver son indépendance !
Sauf si le ministère de l'intérieur voit les choses autrement !

HAtemC
| 28-06-2016 19:54
je ne dis pas plus que ce vous dites ... pourquoi m'inhiber ??? HC

Réponse BN : Cher lecteur, votre commentaire contient des insultes touchant un groupe entier d'individus, nous nous devions de les censurer. Merci de relire nos règles de modération et bonne lecture.