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Chroniques
Le prix de la guerre anti-corruption : Abdelkefi en attendant Chahed
21/08/2017 | 15:59
7 min

 

Belle semaine mouvementée en Tunisie. Pour une deuxième quinzaine de mois d’août supposée être estivale par excellence, le monde politique n’a pas vraiment été en vacances avec, notamment, une série de démissions et de scandales.

La première salve  vient de l’opposition avec la démission collective de douze membres du parti Irada qui dénoncent « l’hégémonie d’une minorité et l’échec de sa politique de l’improvisation et du désordre ». En ligne de mire des démissionnaires : Moncef Marzouki, bien entendu, mais surtout Imed Daïmi, Tarek Kahlaoui et Adnene Mansar. Dans sa tour d’ivoire depuis janvier 2012, ce quatuor est totalement déconnecté de la réalité du pays et des attentes des Tunisiens. Il s’avère maintenant qu’il est également déconnecté de sa famille. Faut-il pour autant manifester sa joie revancharde et dire aux démissionnaires « Nous vous l’avons bien dit depuis des années ! » ?

C’est quand même triste pour la Tunisie d’avoir une telle opposition de pacotille. Que de temps perdu pour que l’on se rende compte ! Cela dit, il ne faut surtout pas sous-estimer la capacité de nuisance de ce quatuor marzoukiste qui, en dépit de la claque reçue, continuera à aller contre vents et marées. A noter, au passage, son silence et son mépris total envers ses propres militants et sympathisants. Moncef Marzouki, ou Imed Daïmi, qui ont l’habitude de réagir en quelques heures à n’importe quelle information quand cela touche le pouvoir, n’ont toujours pas estimé utile, cinq jours après, de se prononcer sur le séisme qui frappe leur parti.

 

Autre mise-à-nu d’une supposée démocrate et défenseure des Droits de l’Homme, le nouveau feuilleton chez Sihem Ben Sedrine. Je n’ai pas été le seul à prévenir de la dangerosité de cette dame, bien avant qu’elle ne s’installe sur son « trône » de l’IVD. La voir dénoncée par son propre camp, la voir multiplier les tentatives pour casser ceux-là mêmes qui venaient systématiquement à son secours à leur corps défendant, devrait insuffler un petit plaisir revanchard à ceux qui avaient raison avant les autres. Sauf que non, il n’y a pas vraiment de plaisir à tirer de voir des gens d’un certain calibre, comme Seif Soudani, Anoaur Moalla, Zouheir Makhlouf, Mustapha Baâzaoui, Lilia Bouguira, se rendre compte tardivement que Sihem Ben Sedrine n’est qu’un despote mercenaire, au service de sa propre cause. C’est triste de les voir jetés comme des Kleenex, de les voir lynchés. Ils méritaient plus de respect, après tout ce qu’ils ont fait pour SBS, ils ne méritaient pas de voir leur dignité bafouée. C’est triste pour la justice transitionnelle, pour la vérité, pour la dignité, pour la Tunisie. Ce qui est encore plus triste est de constater qu’il y a très peu de voix qui s’élèvent pour exiger la démission de Sihem Ben Sedrine, alors que les scandales et les témoignages, contre elle, se multiplient depuis des années. Pourquoi donc demande-t-on, et obtient-on, la démission immédiate de Fadhel Abdelkefi et non celle de Sihem Ben Sedrine ? Pourquoi donc les suspicions contre l’un deviennent-elles un scandale, alors que les preuves, contre l’autre, sont considérées comme banales ?

 

Le fait le plus spectaculaire de la semaine demeure cependant la démission de Fadhel Abdelkefi qui a fini par quitter ses deux postes gouvernementaux. Un seul aurait dû suffire, et encore !, mais il a fait son choix. Le fond de l’affaire a été bien expliqué dans nos colonnes, mais ça c’était pour la consommation publique et officielle.

En politique, il y a l’apparent et le dissimulé. Toutes ces informations que l’on ne dit jamais au public, que les politiques et les médias gardent pour eux jusqu’à la tombe. Rappelez-vous du scandale de François Fillon éclaté en pleine présidentielle française. Cela a fini par lui coûter L’Elysée et il n’y a rien à redire sur le fond de son affaire. Mais très peu de plumes ont évoqué ce qui se passait dans l’antichambre et sur la partie ayant fourni aux médias (à commencer par le Canard Enchaîné) la matière première du scandale qui a servi à l’éjection du candidat.

Dans l’affaire Abdelkefi, nous avons été parmi les premiers à savoir, sinon les tous premiers. J’ai moi-même informé l’ex ministre du scandale à venir, avant même qu’il n’éclate. L’affaire était théoriquement clôturée en 2013. Elle passe devant la justice en 2014 avec, à la clé, une condamnation à de la prison ferme, le tout en catimini. L’appareil judiciaire n’a pas réussi à convoquer le prévenu pour son procès, alors qu’il était déjà un personnage public en sa qualité d’ex président de la Bourse. Il n’a pas réussi à l’informer de la sentence et n’a pas réussi à la faire appliquer. Fadhel Abdelkefi est resté libre de ses mouvements, il voyageait librement et apparaissait, périodiquement, dans les médias. Mieux, l’appareil judiciaire était incapable d’informer le chef de l’exécutif que l’un des ministres qu’il proposait à son gouvernement était condamné à de la prison ferme ! Allons donc ! Comme par miracle, l’affaire éclate dans les médias en 2017. On n’a même pas utilisé les rouages classiques pour l’étouffer « men ghadi el ghadi » en informant discrètement Youssef Chahed. Cela se faisait pourtant même sous la troïka et on ne compte plus les scandales étouffés de ministres de Ennahdha, voire même des personnes de l’entourage direct de Moncef Marzouki.

On a fait de telle sorte que le scandale éclate spectaculairement dans les médias afin de mettre le ministre et le chef du gouvernement au pied du mur. Mission accomplie, Fadhel Abdelkefi a jeté l’éponge et Youssef Chahed est dans l’embarras. Son tour suivra ? J’en suis convaincu, c’est une question de jours, s’il ne réussit pas à renverser la vapeur.

 

Dans ce type de gros scandales qui éclatent tardivement et soudainement dans les médias, le timing est la chose la plus importante. Celui de Fillon a éclaté en pleine présidentielle, alors que les faits reprochés remontent à plusieurs années en arrière. Pareil pour Abdelkefi. Le timing actuel coïncide avec la guerre entamée contre des barons de la corruption. Comme par hasard, le premier à avoir fait éclater le scandale se trouve être un proche (très) d’un supposé baron de la corruption. Ce même supposé baron est réputé être proche de dirigeants de Nidaa, ennemis jurés de Youssef Chahed. L’objectif étant de l’éliminer, et par là, d’en finir avec sa guerre contre la corruption.

Théorie du complot ? De par la nature même de notre profession, nous sommes installés aux premières loges et on sait, souvent, qui tire les ficelles. Ce sont ces fameuses sources que l’on vous cache, parce qu’on doit les protéger. Ces sources, souvent ou parfois, agissent de bonne foi pour l’intérêt général. Ces mêmes sources, souvent ou parfois, agissent pour des fins politiques bien déterminées. Un média, dont la mission prioritaire est d’informer son public, se moque éperdument de l’objectif réel de la source et s’en tient à l’information brute, si elle est fiable et recoupée.

Dans le cas de l’espèce, la sacralité de l’information de la condamnation de Abdelkefi passe avant tout. Sauf que cela ne nous fait pas oublier les motifs profonds des sources ayant dévoilé l’information. Et, comme nous sommes un média installé aux premières loges, on connait la source et ses objectifs.

 

Ceux qui se réjouissent du scandale ayant frappé Fadhel Abdelkefi et de la fragilisation de Youssef Chahed, servent (sciemment ou non) la corruption et les corrompus. Cette phrase dérange, agace, je sais, mais il faut admettre qu’elle reflète la réalité du champ de bataille.

Youssef Chahed sait qui a tiré les ficelles, il a encaissé le coup et est en train de réagir. Le résultat de sa réaction sera connu dans les prochains jours. Soit il perd et il démissionne, soit il gagne une nouvelle bataille avec la mise à nu de hautes personnalités politiques impliquées dans la corruption.

Pendant ce temps-là, en parallèle de cette guerre vitale, Moody’s nous fait savoir que la note de la Tunisie s’est dégringolée passant de Ba3 à B1. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.  

21/08/2017 | 15:59
7 min
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Commentaires (34)

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habub
| 24-08-2017 11:05
Primo on est resté sur notre fain en attendant au moins de percevoir un petit indice pour connaitre celui qui a tiré les ficelles? Histoire du genre ennemi à YC...'ayant ciblé précisemment et par hazard FA qu'il guettait depuis...en manipulant toute la chaine...de valeur pardons de voleurs...c pas buvable sincerement surtout que FA ne peut etre foncierement anticorrompus...et voire meme capable de faire une petite pression pour ramasser les impots...pour preuve qu'a t il fait par exemple pour l'imposition des cafés et restau...un investissement techno colossal a ete amorcé par son predecesseur chaker?
Please chercher a ètre plus impartial et objectif

harbi
| 24-08-2017 10:19
Un extrait d'un article relatant l'avis d'un expert sur Business News:"...Il estime donc que : «La baisse de nos réserves de change, ainsi que le peu de progrès réalisés sur la voie des réformes sur lesquelles la Tunisie s'était engagée auprès du FMI, mais aussi (d'après certaines sources) la fameuse déclaration faite il y a quelques semaines par le ministre MFA au sein de l'ARP (largement reprise de manière très négative par la presse internationale) disant que la Tunisie n'était pas en mesure de payer les salaires de ses fonctionnaires pour les mois d'août et septembre 2017, seraient à l'origine de la dernière révision à la baisse de la notation souveraine de la Tunisie: de Ba3 à B1 avec perspective négative».

observator
| 23-08-2017 10:48
On l'a vu dans la rue en janvier 2016, et récemment à Tataouine, le Kef et ailleurs.
C'est la vraie opposition et elle est majoritaire.

Abel Chater
| 22-08-2017 21:31
@The Mirror
Absolument d'accord avec toi et j'ajoute, que s'il n'y avait pas ce lobby islamophobe qui se prennent pour malins, jusqu'à penser réussir leurs intrigues contre l'Islam en Tunisie, je n'aurais défendu ni Ennahdha, ni Marzouki, ni Ammar Bouzéouirr. Mais je me sens le «Zorro» de la conscience musulmane, sans que je ne lèse à ceux qui ne nous lèsent pas, car les religions ne sont ennemies de personne. La preuve, c'est que nous les Musulmans, nous appelons les Chrétiens au retour à leurs m'urs d'antan. Ils se sont laissé prendre par les manipulations médiatiques de leurs propres ennemis de toujours, les juifs.
Ici, ce sont eux qui nous attaquent, qui nous insultent, qui nous dénigrent, qui nous rabaissent et qui nous humilient sans foi ni loi. Il suffit de passer en revue toutes leurs réponses concernant les Arabes et les Musulmans, tu les trouves de langage synchronisé contre nous, sans qu'on ne dise le moindre mal de leurs religions. Comme nous n'avons pas le droit d'intriguer ou d'insulter contre leurs religions, parce que notre Islam nous l'interdit explicitement par la Sourate «Al-Kafiroun», cette Sourate leur dit avec répétition : «lèkom Dinoukom wè liya Dine» (vous avez votre religion et j'en ai la mienne), ils y profitent à plus d'insultes et à plus de mensonges contre l'Islam.
Donc, puisque ce sont eux qui ne font que nous attaquer sans la moindre honte de mentir et d'intriguer contre nous, il ne me reste plus de place à l'hypocrisie et à la courtoisie bidon. Il faut que je dise la vérité à tout le monde et que tout le monde ait le courage de me corriger ou de me démentir s'ils doutaient de ma vérité. Sinon, nous aurions le même sort que les Chrétiens occidentaux, à qui les médias judaïques leur firent déserter leurs églises, les ayant virés vers l'athéisme et l'homosexualité. Chez nous, ils font de même, mais hélas pour eux, car le Coran nous met en garde contre leur mal depuis la naissance de l'Islam.
Je demanderais à tous ceux qui croient de bonne foi que je suis raciste et que j'attaque les autres religions, de me montrer une seule de mes interventions, qui n'est pas une réponse à leur haine et à leurs mensonges contre l'Islam.
A moins qu'ils ne veuillent qu'on ait le même sort que les Chrétiens. Mais qu'ils sachent qu'en Tunisie seulement, le Mufti de la République annonce 324 personnes s'étant convertis à l'Islam pour le premier semestre de cette année. Qu'ils aillent voir au Maroc et en Egypte. Ils s'évanouiront de douleur et de dépression.
Donc mon ami, écris tout ce que bon te semble et laisse-moi faire de même. Seule la vérité, la sincérité et l'honnêteté vaincront. Tout le reste ressemble au beurre, qui ne pourra supporter la chaleur du soleil.
Santé, bonheur et joie.

Micrbio.
| 22-08-2017 15:58
Vous dites : personne n'est Parfait

Absolument et Grand merci pour votre clairvoyance!

soleil
| 22-08-2017 12:46
LES NASSABAS SONT DE RETOUR A LA RUE CHARLES DE GAULLE.
MONSIEUR LE GOUVERNEUR VOUS VOILA PREVENU;LES CORROMPUS N'ONT PAS RENONCE.

The Mirror
| 22-08-2017 12:38
Cher ami, aucune personne n'est parfaite. Nous nous exprimons sur Business News, parfois avec colère, parfois avec excès de langage, et parfois avec calme et sérénité.
Business News tolère souvent nos excès, mais parfois, Business News censure.
Il faut faire avec.
Avec ton commentaire d'aujourd'hui, je te trouve tout d même un peu dur avec Business News, il faut relativiser les choses.
D'autre part, je ne partage pas du tout ton classement des lecteurs de Business News en islamistes, modernistes, communistes, etc. nous sommes des lecteurs, nous réagissons comme lecteurs et pour ma part, je réagis uniquement pour essayer d'enrichir le débat, avec un objectif majeur : aider notre pays à retrouver ses repères, car, il faut dire qu'aujourd'hui, tout le monde se fiche de tout le monde, tout le monde accuse tout le monde, mais personne n'assume. Nous avons besoin de retrouver nos valeurs.
Bien à toi.

TeTeM
| 22-08-2017 12:37
Que vous êtes hors sujet mon pauvre "ami"... Mais que vient donc faire l'Islam ici? On parle de politique, de justice et de corruption. Laissez donc la religion en paix!

Vous reprochez à BN sa censure alors que le modérateur laisse passer vos commentaires souvent pleins de haines et de propos racistes. Vous êtes un numéro et je ne peux m'empêcher de rire quand je vois les statistiques farfelues que vous vous évertuez à avancer...

gold27
| 22-08-2017 11:42
bravo nizar pour l analyse. maintenant ca devient serieux.il faut soutenir cet espoir CHAHED et ecarter ces mafieux corrompus et ces mini partis que des bras casses et les medis doivent reviser leurs invites.

Abel Chater
| 22-08-2017 11:29
Tu me parles de l'âme comme si tu étais ma propre réincarnation. BN ou du moins l'un de leurs modérateurs est d'une haine contre l'Islam, qu'il ne pourra jamais être musulman ni de près ni de loin. Il a transformé BN en un dépôt d'islamophobes, au point qu'il nous interdit la moindre rétorque contre sa propre islamophobie à lui-même. Il censure ce qui lui fait mal à lui-même, afin qu'on ne fasse pas mal à cette horde de ses amis ennemis des Arabes et des Musulmans. Il nous prend pour des cond. Il a transformé BN en un un forum de bergers des montagnes, de juifs sionistes génocidaires de Gaza et de pieds noirs. Il ne permet la liberté de la parole souvent avec un excès incompréhensible, qu'à ces bestiaux, au point qu'ils ne pourront le trouver même pas chez eux. Mais à nous les Musulmans, il nous décortique toute notre écriture avec une myriade de censures, comme s'il était le plus malins parmi les islamophobes. Surtout après la visite de l'ambassadeur de France dans Le local de BN. Le résultat est bien visible. Une horde de moins d'une dizaine d'étrangers à 90% juifs, qui s'entretiennent entre eux suivant leur propre mentalité haineuse, mensongère et intrigante, étrangère à la nôtre et dont tout le monde le constate avec une facilité fluide.
Il y a un sabotage contre BN et contre Nizar Bahloul. D'ailleurs, je me fais rare ici, au point que je les laisse halluciner me voir partout, même dans ton pseudo, comme si je n'avais rien à faire dans la vie comme eux.
Lorsqu'ils me censurent, j'arrête de leur écrire et j'archive mon intervention avec des échantillons à titre de comparaison avec ce qu'ils laissent paraître, afin de comprendre le degré d'honnêteté qui y reste chez ce journal de BN que j'accompagne depuis sa création.
Bonne journée.