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Le cas Houssem Abdelli : à qui la faute ?
27/11/2015 | 19:58
5 min
Le cas Houssem Abdelli : à qui la faute ?


Houssem Abdelli, identifié comme l’auteur de l’attaque de Tunis du 24 novembre 2015, est connu des forces de l’ordre et soupçonné d’affaires terroristes. En l’absence de preuves contre lui, on remet dans la nature le kamikaze auteur de l’attentat sanglant de Tunis qui s’est fait exploser à bord d’un bus transportant des agents de la Garde présidentielle. 12 d’entre eux sont tués sur le coup et 20 autres personnes sont blessées, dont des civils. De quel côté chercher des responsables ?

 

 

L’identification du « 13ème corps » retrouvé lors de l’attaque du bus de la Garde présidentielle le 24 novembre 2015 a permis de connaitre l’auteur de l’attentat kamikaze de Tunis. Il s’agit de Houssem Abdelli, extrémiste connu des services de police. Abdelli est présenté par l’organisation Daech sous le pseudonyme de Abou Abdallah Ettounsi, dans une publication revendiquant l’attaque. Né en 1988, il résidait  à Douar Hicher, fréquentait la zone de Mnihla et n’avait pas d’activité professionnelle connue. On apprend, de sources sécuritaires, qu’il était voisin avec l’un des gardes présidentiels assassiné lors de l’attentat et qu’il n’était pas inconnu des services de police puisqu’une perquisition de son domicile a été effectuée en août dernier. En effet, soupçonné de propagande terroriste et arrêté en possession de livres appelant ouvertement au djihad armé et ordonnant la mort des leaders politiques et du taghout (mot religieux péjoratif désignant les forces armées de l’Etat), Houssem Abdelli a été arrêté avant d’être relâché, faute de preuves.

 

 

Selon des témoignages de sa famille, livrés aux médias, le cousin de ce dernier affirme que Abdelli a tenté de rejoindre les camps jihadistes en Syrie, il y a de cela deux ans, mais qu’il n’a pas été jusqu’au bout de son périple. Ce même cousin affirme, à nos confrères de Shems Fm, l’avoir dénoncé aux forces de l’ordre pointant « son comportement suspect », sans qu’aucune surveillance ne soit appliquée au jeune homme, responsable aujourd’hui d’un attentat-suicide sanglant en plein cœur de Tunis.

Houssem Abdelli,  « jeune fondamentaliste et takfiriste » selon la description que les services de police ont de lui, aurait même disparu du domicile familial plusieurs mois avant l’attaque. D’après les propos de sa mère, le jeune homme serait revenu l’avertir, 48 heures avant, de l’attaque qu’il planifiait. Cette dernière n’a pas alerté les forces de l’ordre à ce sujet.

 

Brièvement arrêté, puis relâché, en août 2015, c’est ainsi que les agents de la Garde nationale ont pu le reconnaitre après la publication, par Daech, de sa photo masquée. Vu la ressemblance, les forces de l’ordre se sont déplacées, mercredi matin, à son domicile pour l’interroger. Constatant son absence depuis 48 heures, toujours d’après les déclarations de sa mère, les agents ont comparé l’ADN de celle-ci avec le corps non identifié retrouvé sur les lieux.

 

 

De cette première arrestation, aucun procès-verbal n’a été rédigé et le ministère public ne pouvait disposer donc de détails pouvant établir sa culpabilité. Les allégations selon lesquelles, « la police arrête des terroristes que la justice se dépêche de libérer » ont été balayées d’une main par la présidente de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Raoudha Karafi, dans une interview sur Shems Fm, ce matin.

La magistrate explique, en effet, que la justice ne pouvait prendre aucune disposition contre le kamikaze Houssem Abdelli, lors de son arrestation pointant du doigt une « défaillance » dans le travail de la police judiciaire.  Selon Raoudha Karafi, des procès-verbaux doivent impérativement être rédigés par les agents de la police judiciaire, lorsque des descentes sont faites, et ce afin que les suspects puissent être inculpés par le parquet et que les détails de l’opération soient remis au ministère public. Ceci n’aurait pas été fait d’après ses dires, ce qui a empêché la justice de prendre les mesures nécessaires dans l’affaire de Houssem Abdelli, arrêté alors qu’il est soupçonné dans une affaire terroriste. « Le travail de la police judiciaire est basé sur les soupçons alors que la justice ne traite que les preuves solides » a-t-elle dit.

 

De son côté, le secrétaire d’Etat à la sécurité, Rafik Chelly, a indiqué, dans une déclaration accordée aujourd’hui à Mosaïque Fm, que le kamikaze, connu pour avoir une orientation religieuse extrémiste, a été remis entre les mains de la justice pour qu’elle étudie son dossier mais que celle-ci l’a libéré pour manque de preuves.

 

Par « manque de preuves », plusieurs présumés terroristes sont relâchés dans la nature, sans surveillance. Ces mêmes personnes s’avèrent être, par la suite, les auteurs des attentats sanglants perpétrés en Tunisie ces derniers mois.

L’on se rappellera du cas des deux jeunes Rahma et Ghofrane Ben Sifi Chikhaou, enrôlées dans les rangs des jihadistes de Daech, alors qu’âgées respectivement de 16 et 17 ans. La mère des deux jeunes filles a livré plusieurs témoignages aux chaînes tv et radios de la place, affirmant qu’elle n’a pas cessé de dénoncer les comportements suspects de ses deux filles auprès des forces de l’ordre, en fournissant des informations détaillées. Sans résultat pour autant.

L’une des deux filles aurait ouvertement fait part de son intention de faire une opération terroriste en Tunisie, manifestant sa haine envers les forces de l’ordre, qualifiées de « taghout ». Elle a été convoquée plusieurs fois par le district de police et même par la brigade antiterroriste d'El Gorjani avant d’être, à chaque fois, relâchée.

 

Des attentats continuent à être commis par des personnes connues des services de police pendant que les forces de l’ordre et les magistrats n’arrêtent pas de se lancer la balle. Si chaque institution se doit d’agir dans le strict respect des prérogatives qui lui sont attribuées, à qui incombe la faute lorsque de sérieuses présomptions pèsent sur de présumés coupables ? 

La Tunisie passe aujourd’hui par une phase particulière de lutte antiterroriste, devenue depuis peu le bastion de groupuscules jihadistes qui y ont élu domicile, attirés par une stabilité précaire. A la lumière de la récente attaque de Tunis, le Conseil supérieur de la sécurité nationale se réunit dans l’urgence pour décider des mesures aussi dérisoires que « l’activation de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme », déjà établie, « l’activation de loi anti-terroriste dans les plus brefs délais » ou encore « l’application du contrôle administratif de tous ceux qui sont suspectés de terrorisme »….

 

 

27/11/2015 | 19:58
5 min
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Commentaires (10)

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A4
| 29-11-2015 17:20
A la doctrine islamo-fasciste !

Nephentes
| 28-11-2015 17:32
L'article se concentre uniquement sur les défaillances du processus judiciaire et sécuritaire.

C'est une approche superficielle qui n'éclaire pas l'essentiel du cas Abdelli.

Encore une fois, il est indispensable d'aller au fond des choses, surtout pour un sujet aussi important.

Un constat statistique : l'écrasante majorité des arrestations de présumés terroristes s'opère dans les zones rurbaines en grande partie constituées dans l'illégalité,issues de l'exode rural anarchique de ces trois dernières décennies.

La misère et l'exclusion sociale n'expliquent pas tout;il convient de d'orienter l'analyse sous une approche psychosociale.

Des travaux importants ont mis en évidence le lien direct entre migrations,acculturation et pathéogéinités.

La pathogénéité correspond à la survenance et la diffusion de troubles psychologiques individuels et collectifs au sein d'espaces socio-géographiques homogènes.

Ralph Linton a ainsi mis en évidence que la Mafia fut un vecteur important d'homogénéisation et de renforcement des liens socio-identitaires, ainsi qu'économiques, de la communauté d'immigrants siciliens et napolitains au cours de la crise des années 30 à New York.

Le même phénomène se produit chez nous depuis deux décennies : les rurbains exploitent leurs ressources socio-culturelles articulées autour du clan et de la tribu pour tisser une économie parallèle où participent à la fois des acteurs issus des institutions formalisées de l'Etat ( fonctionnaires) et des acteurs issus de l'illégalité (repris de justice devenus indicateurs, contrebandiers,commerçants ....)

Cette structure socio-économique, constituée au préalable dans les campagnes a naturellement prospéré dans les zones d'habitat anarchique pour en devenir un maillon essentiel.

Tant que l'on ne comprendra pas que le terrorisme en Tunisie se nourrit de l'exode rural anarchique et de l'économie informelle, on ne pourra pas l'éradiquer.

Le terrorisme , à partir du désengagement des pouvoirs publics à partir des années 90, de l'expansion des réseau d'économie informelle,de la corruption et du maillage d'une partie de l'administration autour des tribalisme, s'est tout naturellement incrusté et développé dans ce véritable système socio-économique qu'est devenue la rurbanité.

Une rurbanité qui non seulement correspond donc à des espaces géographiques mais aussi à des structures et dynamiques socio-économiques désormais solidement implémentés au sein de notre économie nationale.

Au total, revanche apocalyptique de cette Tunisie marginalisée durant des siècles sur la Tunisie urbaine et méditerranéenne, à travers l'instauration et la généralisation du chaos destructeur et de la haine.

Abdel
| 28-11-2015 15:23
Il faut tres severement SANCTIONNER les Fautifs , ca donne l' exemple aux autres . Si on ne le fait pas ou on ne peut pas le faire , alors on est complice . C'est encore plus grave . Alors sanction radicale et sans regrets .

Letranger
| 28-11-2015 09:10

Voici un texte qui vous aidera enfin à vous y retrouver parmi tous les protagonistes en Syrie, entre les gentils, les bons méchants, les méchants pas très gentils et les méchants très méchants, etc' RI

***

Le président Bachar El Assad (qui est méchant) est un vilain si méchant que son peuple s'est rebellé et que les rebelles (qui sont gentils) ont commencé à gagner (hourra!).

Mais certains des rebelles ont viré un peu méchants et sont appelés l'État islamique (les vrais méchants!) pendant que d'autres (qui sont toujours gentils) ont continué à soutenir la démocratie.

Donc, les Américains (gentils) ont commencé à bombarder l'État islamique (méchants) et à donner des armes aux rebelles syriens (gentils) afin qu'ils puissent lutter contre Bachar El Assad (qui est toujours méchant); ce qui est une bonne chose.

Par ailleurs, il y a un état séparatiste dans le Nord tenu par les Kurdes qui veulent combattre l'État islamique (ce qui est aussi une bonne chose), mais les autorités turques pensent qu'ils sont méchants, donc nous devons dire qu'ils sont méchants tout en pensant secrètement qu'ils sont gentils et en leur donnant des armes pour lutter contre l'État Islamique (ce qui est toujours une bonne chose), mais ça c'est une autre histoire.

Pour en revenir à la Syrie.

Le président Poutine (qui est méchant, car il a envahi la Crimée et l'Ukraine et a tué beaucoup de gens, y compris avec des sushis empoisonnés au polonium comme ce russe sympa à Londres) a décidé de soutenir Bachar (qui est toujours méchant) en attaquant l'État Islamique (qui sont aussi méchants), ce qui en quelque sorte est une bonne chose n'est-ce pas ?

Mais Poutine (toujours méchant) pense que les rebelles syriens (gentils) sont aussi méchants, et donc il les bombarde également, au grand dam des américains (gentils) qui sont occupés à armer et soutenir les rebelles.

Maintenant l'Iran (qui était méchant, mais qui ne l'est plus depuis qu'ils ont promis de ne pas construire d'armes nucléaires pour bombarder Israël) va fournir des troupes au sol pour soutenir Bachar (toujours méchant) tout comme les Russes (méchants) qui ont maintenant des troupes au sol et un support aérien en Syrie.

Donc, une coalition formée par Bachar (toujours méchant) Poutine (encore plus méchant) et les Iraniens (gentils, mais d'une mauvaise façon) vont attaquer l'État Islamique (méchants) ce qui est une bonne chose, mais aussi les rebelles syriens (gentils) ce qui n'est pas une bonne chose.

Et les Britanniques (évidemment gentils, sauf ce monsieur Corbyn leader du parti travailliste qui a une tête de méchant avec sa veste en velours) et les Américains (gentils) ne peuvent pas attaquer Bachar (toujours méchant) par crainte de fâcher Poutine (méchant) et l'Iran (gentil/méchant) et doivent à présent accepter que Bachar ne serait pas si méchant comparé à l'État Islamique (qui sont super méchants).

Bachar El Assad (méchant) est probablement gentil aujourd'hui. Meilleur que l'État Islamique en tout cas (mais avouons-le, même boire sa propre urine serait moins mauvais, donc pas de vrai choix ici). Et comme Poutine et l'Iran se battent contre l'État Islamique çà fait d'eux aussi des gentils.

Les Américains (toujours gentils) auront du mal à armer un groupe de rebelles attaqué par les russes sans heurter la sensibilité de Poutine (maintenant gentil) et de cet ayatollah un peu cinglé en Iran (aussi gentil) et pourraient être forcés de dire que les rebelles sont maintenant méchants, ou tout du moins les abandonner à leur sort. Ce qui conduirait la plupart d'entre eux à fuir vers la Turquie et l'Europe ou à rejoindre l'État Islamique (les seuls à rester méchants).

Pour les musulmans sunnites, une attaque par les musulmans chiites (Bachar et l'Iran) soutenus par les Russes serait considérée comme une guerre sainte, et les rangs de l'état Islamique seraient alors, pour les sunnites, les seuls djihadistes combattant dans cette guerre sainte, ce qui en ferait des bons pour de nombreux musulmans (Zut !)

Les musulmans sunnites verraient également le manque d'appui de la Grande-Bretagne et de l'Amérique à leurs frères rebelles sunnites comme un genre de trahison (C'est pas faux) ; et, par conséquent, nous serions considérés comme méchants.

Nous avons donc à présent l'Amérique (maintenant méchante) et la Grande-Bretagne (aussi méchante) qui fournissent un appui limité aux rebelles sunnites (méchants) qui cherchent donc l'appui de l'État Islamique (gentils/méchants) contre Bachar El Assad (maintenant gentil) qui, avec l'Iran ( aussi gentil) et Poutine (maintenant très gentil aussi) tentent de reprendre le pays qu'il dirigeait avant que tout çà ne commence

J'espère vous avoir éclairci la situation !

Monder
| 28-11-2015 07:24
Donc si on comprend bien nos chers magistrats tous ceux qui croupissent aujourd'hui en prison vous des preuves irréfutables contre eux et vous n'avez aucun doute quand a leur culpabilité ! Bravo et bon travail!
Pauvre Tunisie

Fares
| 28-11-2015 05:16
Arrêter des suspects, puis les relâcher. On s'emballe pendant 3 jours, puis c'est fini. Les médias profitent de ces crimes pour augmenter leurs recettes publicitaires. Il aurait suffit d'exterminer ou de mettre au cachot toute personne soupçonnée de terrorisme.

On a tellement perdu confiance dans les tartours Puis, Ennahda n'a rien à faire dans le gouvernement.

Activer comme vous voulez bande d'incompétents et traîtres.

´zaiane
| 28-11-2015 02:07
Ce qui est malheureux et dramatique à la fois,c'est qu'après un tel acte mortel terroriste qu'on découvre qu'il y a des failles et des carences dans le travail de la police judiciaire:un prix trop élevé avec des conséquences irréparables.Qu'est-ce que les responsables du gouvernement attendent pour remédier enfin à ce dilemme?

dadilesage
| 27-11-2015 21:41
C'est exactemet ça le pays de Tararanni,la banana republic dans laquelle le système dans sa totalité est incapable aussi bien qu'incompétent pour défendre le pays. Les leaders lancent des gros titres de guerre contre le terrorisme tout en sachant qu'ils sont handicappés par leur propre manque de leadership et de moyens pour mener cette guerre que quelques racailles sont en train de gagner contre tout un pays. O connaissait tous les terroristes avant leurs actes de lacheté et de treachery,mais on ne peut rien faire, de peur que le Gourou se fache. Les sabotages dans le systeme judiciaire malade, incompétent et infesté,les institutions de l'état infiltrés,et les leaders aux mains tremblantes qui ne trouvent pas le moyen de faire une stratégie réelle qui permet de mettre les potentiels terroristes sous surveillance ou detention preventive.Voila le resultats de l'incompétece des gouvernements des républiques bananières ou rien ne marche,ni securite,ni économie,ni tourisme,ni éducatio,ni emploi,ni croissace,ni joie de vivre.A ce rythme elle est bel et bien foutue la Tunisie et perdue entre les mais de ses pseudo-leaders who are sleeping at the switch.Qu'est ce qu'ils attendent pour arreter les ennemis terroristes Islamistes? et de fermer les mosquées Takfiristes Djihadistes???L'arrivée en grand fanfare de Abou Bakr Al Baghdadi au palais de Carthage??? It's already too late I am afraid. We tried this charlatans de démocrates,ça ne marche pas,Il nous faut sécher tous les marecages de ce fléau. Il faut suspendre la constitution pour qu'il ne devienne pas un pacte de suicide national et instaurer un régime de dictature nationale que tout le peuple Tunisien pourra facilement supporter et seuls les amis des terroristes seront contre. Ils peuvent alors aller boire l'eau de la mer.

CitizenZen
| 27-11-2015 20:35
C'est la faute de tout un système, une société, une religion, des politiques, des journalistes, des artistes, des technocrates, des illettrés et des analphabètes, du citoyen ...
surtout pas celles des imams et prédicateurs, des commerçants de la mort (y compris certains politiques qui ' aujourd'hui à des partis qui sont dans le gouvernement), des kaids de la contre-bande et du commerce //.
Au Pays d'Ali Baba; Tout est n'importe quoi

DHEJ
| 27-11-2015 20:17
Alors quelle est cette faute causée, non pas par deux institutions comme tu le dis Synda TAJINE, mais par L'APPAREIL JUDICIAIRE?