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Chroniques
Le bilan économique : 2018 contre … 2011
Par Houcine Ben Achour
21/03/2019 | 15:59
3 min
Le bilan économique : 2018 contre … 2011

 

Après la prestation du président de la République, Béji Caïd Essebsi, le doute n’est plus permis. On assiste bel et bien à une cohabitation en bonne et due forme au sein du pouvoir exécutif du pays. L’échange aigre-doux entre le président et le chef du gouvernement lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité à propos de l’agenda de cette réunion en a été le premier sérieux révélateur. Pour la première fois, l’opinion publique fut le témoin d’un clash entre les deux têtes de l’Exécutif, révélant le niveau de tension de la relation entre les deux hommes.  

La célébration de l’indépendance du pays, cette année, semble avoir fourni l’occasion à Béji Caïd Essebsi de bousculer, sinon de déstabiliser un peu plus le gouvernement, dévoilant du coup sa stratégie politique à venir. Elle se focaliserait moins sur la volonté de réunir et de rassembler la famille progressiste et moderniste, afin de contrer la toute puissance du parti Ennahdha lors des prochaines joutes électorales, que sur une détermination farouche à détruire le gouvernement et particulièrement Youssef Chahed qu’il considère d’ores et déjà comme le premier responsable d’un possible, sinon probable échec de son parti, Nidaa Tounes, à l’issue des prochains scrutins législatifs et présidentiels qui auront lieu à la fin de cette année. De plus, BCE n’a pas pu se remettre du camouflet du dernier remaniement ministériel auquel il ne fut pas associé, digérant très mal le fait qu’il ait été traité de « petit facteur » car n’ayant eu qu’à transmettre la composition du gouvernement Chahed II à l’Assemblée des représentants du peuple pour approbation.

Mercredi dernier, BCE a rajouté une couche dans sa stratégie de harcèlement du gouvernement, ne retenant du bilan de Youssef Chahed à la tête du gouvernement que les résultats les plus négatifs : inflation, endettement et déficit de la balance commerciale. Cependant, le tort de BCE est d’avoir comparé ces résultats par rapport à une année de base bien singulière : 2010. Il est clair que l’objectif recherché est d’illustrer l’ampleur des dégâts et peu importe le lourd legs de la période 2011-2016.

Or, le choix d’une telle démarche n’est pas sans risque d’effet boomerang. Ainsi, on pourrait s’amuser à étaler le bilan économique de 2011, année durant laquelle BCE était un tout puissant Premier ministre, légiférant de surcroît par décrets-lois. Durant ce mandat, on a assisté aux premières dérives économiques et financières du pays. C’est en 2011 qu’on enregistre la première explosion des dépenses du budget de l’Etat : +15,7%  contre 2,8% en 2010. C’est sous la gestion du 1er ministre BCE que le déficit budgétaire passera de 1,1% à 3,5% du PIB. C’est à partir de 2011 que le moteur de l’endettement commencera à s’emballer. L’encours de la dette gagnera en une année plus de 4 points de pourcentage, à 44,6% du  PIB contre 40,2%. C’est en 2011 que le pays enregistre, après plus de deux décennies, une croissance économique négative (-1,9%), un recul de l’investissement (-12,7%), une baisse des exportations (-4,3%) une envolée du chômage (plus de 18% de la population active) ... La première année d’exercice du pouvoir de la Troîka s’est inscrit dans cette trajectoire de dépenses à crédit qui a nécessité dès la fin de 2012 le recours au Fonds monétaire international pour un premier plan 2013-2015 en contrepartie d’un crédit de 1,75 Mds de dollars, puis un autre de 2,9 Mds de dollars, pour la période 2016-2019, qui aura la bénédiction de BCE, président de la République.

Manifestement, le bilan de BCE en tant que Premier ministre en 2011 est de la même veine que celui de Youssef Chahed. Il mériterait tout comme celui de l’actuel chef du gouvernement à être un peu plus tempéré compte tenu du contexte pour BCE et de l’héritage pour Youssef Chahed. Dans la logique des choses.         

Par Houcine Ben Achour
21/03/2019 | 15:59
3 min
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Commentaires (4)

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Forza
| 23-03-2019 18:08
Les articles de Mr. Ben Achour, sont d'habitude d'une qualité supérieure, aujourd'hui, il utilise l'occasion pour défendre Chahed. L'année 2011 était une année très difficile avec les tremblements secondaires de la révolution, n'importe quel Gouvernement aurait était confrontée aux mêmes Problème que celui du Gouvernement Essebssi ainsi que le premier Gouvernement de la Troika. Chahed aurait pu faire mieux avec un peu plus de fermeté d'introduire les réformes qui tardent. Il est vrai que BCE s'est concentré sur les aspects négatifs et il y a des Points positifs, retour timide des investissements, amélioration du tourisme etc. et l'occasion n'était pas bonne pour étaler le linge sale mains derrière les portes, il est positif si le président se montre aussi critique vis-à-vis du gouvernement, c'est aussi l'équilibre entres les centres du pourvoir. Rien n'est plus dangereux pour la Tunisie qu'un pouvoir concentré chez un individu, soit-il un Einstein.

TATA
| 22-03-2019 06:18
Merci pour votre objectivité, BCE est injuste envers YC, envers la Tunisie et envers tous les Tunisiens! Il est de la même espèce que Ben Ali: ne jamais quitter le pouvoir à temps la tête haute et aimé par tous les Tunisiens. Et il aura la même fin que Ben Ali et Bourguiba, s'il se porte candidat à 93 ans encore une fois au présidentielle de 2019 !


J'ai voté pour BCE en 2014 et je l'ai adoré énormément comme un père ou grand-père ou même arrière-grand-père! Toute la Tunisie a cru en BCE en 2014! Mais malheureusement, il a tout gâché! Quelle déception!

Très Cordialement

Bob
| 21-03-2019 19:19
C'est Kif-kif bourricot!

DHEJ
| 21-03-2019 18:06
Et injustes!


Et la valeur du dinar 2011 et celle réalisée par le gouvernement du GAMIN?