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Chroniques
La situation des entreprises publiques, une urgence absolue !
Par Houcine Ben Achour
21/11/2019 | 18:00
4 min
La situation des entreprises publiques, une urgence absolue !

 

Habib Jamli, le chef du gouvernement désigné par Ennahdha, arrivera-t-il à former son équipe gouvernementale dans les délais que lui impose la Constitution ? L’ancien secrétaire d’Etat à l’agriculture est engagé dans une course contre la montre dont on ne peut raisonnablement en imaginer l’issue. Entre les susceptibilités des uns et les desiderata des autres, sa tâche rappelle curieusement « Le mythe de Sisyphe » d’Albert Camus. Dans cet ouvrage, l’auteur fait le rapprochement entre la vie comme éternel recommencement obéissant à l’absurde et Sisyphe qui, selon la mythologie grecque, fut condamné à pousser éternellement une grosse pierre vers le sommet d’une montagne. A chaque fois, avant de parvenir au sommet, l’énorme rocher en redescendait et cela parce qu’il avait livré aux humains quelques secrets jalousement gardés par les dieux. Cela peut rappeler aussi l’opus cinématographique « Mission impossible », non pas pour sauver le pays, mais pour former un gouvernement. Qui triomphera ? La philosophie de l’absurde de Camus ou la fiction hollywoodienne à la Tom Cruise ?

 

La réalité, c’est que pour l’heure, compte tenu des positions et des déclarations des partis en négociation avec Habib Jamli, la constitution d’un gouvernement pouvant avoir la confiance d’une majorité confortable de députés au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) semble improbable, introuvable. Une quadrature de cercle.

Et ce n’est pas tout. Habib Jamli doit en même temps satisfaire l’impératif constitutionnel de faire adopter par l’ARP les projets de loi de finances et de budget de l’Etat avant la fin de l’année, alors même que la nouvelle ARP n’a pas encore mis en place ni son bureau, ni ses commissions. Certes, l’urgence a amené les députés à créer une commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi de finances et celui du budget concoctés par le gouvernement sortant et de familiariser par la même occasion les nouveaux élus aux arcanes des finances publiques.

Au mieux, cela servira à familiariser les nouveaux élus aux finances publiques, à la fiscalité, aux objectifs économiques à l’épreuve des contraintes budgétaires, etc. Car, on imagine mal un chef de gouvernement nouvellement constitué se présenter devant un parlement pour défendre non pas ses orientations et ses priorités socioéconomiques, mais celles du gouvernement sortant. A l’absurde de Camus répondrait l’absurde kafkaïen.

 

Le gouvernement sera formé sur la base d’un accord politique sur des objectifs socioéconomiques précis, promet Habib Jamli. Soit. Mais, encore faudrait-il définir aussi la manière et les moyens censés les réaliser. Fera-t-on une fois de plus appel au FMI ? Engagera-t-on une sérieuse réforme de la fonction publique ? Instaurera-t-on une réelle équité fiscale ? Rationalisera-t-on efficacement les dépenses de subvention à l’énergie ? Ouvrira-t-on, quoi qu’il en coûte, le dossier des entreprises publiques et plus généralement du désengagement de l’Etat de la sphère de production concurrentielle ?

 

Sur ce dernier point, le choix que fera le prochain gouvernement conditionnera dans une très large mesure l’avenir économique et financier du pays. La situation financière actuelle de plusieurs entreprises publiques et non des moindres est proprement effrayante. Il n’est nul besoin ici de les énumérer toutes. Les difficultés financières de nos sociétés publiques de transport sont connues et ne cessent de s’amplifier. Celles des entreprises industrielles sous le giron public aussi. La situation financière de la CPG, du Groupe chimique est connue. Celle d’El Fouledh l’est moins alors que l’Etat projette de lui faire économiser 27 MD de taxe à l’exportation de sa ferraille pour les années 2020 et 2021. En 2017, dernier bilan connu, la société affichait un résultat net négatif de 28 MD et de plus de 31 MD en 2016. Alors qu’on est à la fin de l’année 2019, on ne connait pas ses résultats financiers de 2018.

 

Autres exemple, les cimenteries : sur les 8 cimenteries que compte le pays, les 3 qui sont dans le giron public (Les Ciments de Bizerte, la CIOK et Carthage Ciment) affichent des pertes abyssales. Au 30 juin 2019, la cimenterie de Bizerte affiche des pertes cumulées de plus de 106 MD. L’échec par deux fois de la privatisation de la CIOK donne la mesure de son attrait. Quant à Carthage Ciment, son bilan pour l’exercice 2018 affiche une perte de près de 76 MD, soit deux fois ses capitaux propres. Les autres cimenteries, cédées par l’Etat, entre la fin des années 1990 et le début des années 2000 (les cimenteries d’Enfidha, de Jebel Oust, de Gabès et la CAT) ne vivent pas une telle situation, bien au contraire.

 

Pratiquement toutes les entreprises publiques sont en péril et risquent demain de mettre en péril les finances publiques, comme le font actuellement les Caisses sociales qui ne subsistent qu’à la faveur d’injection financière tirée du budget de l’Etat.

 

C’est sur ce sujet, entre autres, que les milieux économiques attendent un message d’Habib Jamli non pas des tractations et autres négociations sur la composition de son futur gouvernement s’il arrive déjà à le constituer.           

Par Houcine Ben Achour
21/11/2019 | 18:00
4 min
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Commentaires (7)

Commenter

Nephentes
| 22-11-2019 18:41
On accuse les vrais ou faux intellectuels de se complaire dans le méprise de la "populace"

Si l'opinion publique était dotée d'un minimum de discernement la situation économique en général et la situation du secteur public en particulier aurait été la préoccupation majeure du débat des élections

Mais non...

ils votent pour un juriste shooté aux détergents et un mafieux fan de la pasta carbonara ......

Alors que l'économie du pays comme l'a maintes fois souligné et expliqué Mr Houcine (qu'il soit remercié de ces années d'efforts de vulgarisation - même avec ces efforts y zont rien compris-) est EN TRAIN DE SOMBRER

les cloportes bédouins font la nouba à leur propre détriment et celui des autres....

Tunisino
| 22-11-2019 18:34
Les priorités sont autres que patriotiques. Chacun peut dire ce qu'il veut, personne n'entendrait. Ce n'est pas nouveau, c'est depuis 2011. On est dans une anarchie, qui ne tient qu'à la forme, le fond importe peu!

Dr. Jamel Tazarki
| 22-11-2019 15:57
Merci pour votre feedback,
même dans mon commentaire ci-dessous, ce n'était pas un ascenseur magique:)


@anuom, je répond à votre question:
Le message de la première partie de l'article de Si Houcine est évident, oui il nous dit implicitement qu'il est absurde de changer tout de suite de gouvernement et qu'il faut garder Si Youssef Chehed (YC) du moins afin de terminer les projets de loi de finances et de budget de l'Etat.

Je redonne un des passages de l'article ci-dessus: "Car, on imagine mal un chef de gouvernement nouvellement constitué se présenter devant un parlement pour défendre non pas ses orientations et ses priorités socio-économiques, mais celles du gouvernement sortant."

===>
Et en ce point mon opinion de mathématicien et d'informaticien diverge totalement de celle de Si Houcine. En effet, J'insiste que la loi de finances et de budget de l'Etat devrait se baser sur des données formelles (empiriques) et informatisées. ==> Il faut laisser analyser ces donnés par des systèmes/logiciels informatiques et mathématiques afin d'en tirer des conclusions utiles pour la Tunisie et tous les Tunisiens.

La base/fondement de la loi de finances et de budget de l'Etat est d'abord mathématique et informatique. ==> Il nous faut même des indépendants intelligents et fort en abstraction afin d'en tirer des conclusions intelligentes...

@Si Houcine, les projets de loi de finances et de budget de l'Etat ne devraient pas se faire autour d'une table avec du thé à la menthe et au crayon et un cahier. Ce sont les ordinateurs, des systèmes informatiques et mathématiques qui devraient faire à 99% tout le boulot.

Certes certains paramètres sont fixés/souhaités par les partis politiques: comme les dépenses pour le système scolaire (en Allemagne ce taux est fixé à 5% du BIP), les dépenses pour l'aide sociale (en Allemagne ce taux est fixé à 3.1% du BIP)...

Je résume, oui tous nos Ministres sont remplaçables, oui la continuité de l'Etat Tunisien est maintenue/garantie par nos hauts fonctionnaires et les directeurs de nos institutions. Oui, ce sont nos hauts fonctionnaires qui gèrent les affaires de l'Etat Tunisien derrière les coulisses et non pas YC et son équipe...

Le Premier Ministre et ses Ministres ne vivent que de l'assiduité de nos hauts fonctionnaires. ça serait vraiment grave si l'avenir de la Tunisie dépendait de YC et son gouvernement.


@anuom, je fais maintenant un lien avec votre question. Non, nous n'avons pas besoin d'un ascenseur magique afin de réaliser les projets de loi de finances et de budget de l'Etat. Nous avons besoin plutôt de données empiriques fiables (des statistiques), d'un système informatique robuste et intelligent et de l'assiduité de nos hauts fonctionnaires et des directeurs de nos institutions...

Très Cordialement

Jamel Tazarki

anuom
| 22-11-2019 11:33
super est votre version de Sisyphe. Par contre y a t-il aussi un ascenseur magique afin de réaliser les projets de loi de finances et de budget de l'Etat?

DHEJ
| 22-11-2019 09:21
Des entreprises victimes de la mauvaise STRUCTURE GOUVERNEMENTALE!!!

ELFOULEDH devrait-elle etre sous la tutelle de quel MINISTERE?

Industrie? Commerce? Commerce extérieur?

Ca va de soit pour la CPG!

Il faut que le SANSBAC consulte WU YI ou ZHU RONGJI pour lui souffler des idées sur la STRUCTURE GOUVERNEMENTALE car il est aberrant qu'un HAMMAS avec une patente de commerce en détail est IMPORTATEUR!!!

Qui piges?

Dr. Jamel Tazarki
| 21-11-2019 23:18
La situation socio-économique de la Tunisie est trop difficile mais les solutions existent, il faut seulement penser autrement que nos politiciens, il faut seulement prendre d'autres chemins que le baratin de certains de nos politiciens, oui la Tunisie doit penser autrement sa vision socio-économique...

vous écrivez ci-dessus: "Sisyphe qui, selon la mythologie grecque, fut condamné à pousser éternellement une grosse pierre vers le sommet d'une montagne. A chaque fois, avant de parvenir au sommet, l'énorme rocher en redescendait "

==>
Si Houcine, je vous donne ma version positive du mythe de Sisyphe: Oui Sisyphe fut, selon la mythologie grecque, condamné à pousser éternellement une grosse pierre (un très gros rocher) vers le sommet d'une montagne et à chaque fois, avant de parvenir au sommet, l'énorme rocher en redescendait... Mais seulement au cours du temps et sous l'effet de la friction (frottement avec le sol) le gros rocher s'est transformé en un très petit cailloux et puis un jour la Grèce a construit un ascenseur qui prend les touristes du pied jusqu'au sommet de la montagne. Et ainsi Sisyphe prend le matin l'ascenseur avec le cailloux dans sa petite poche de pantalon et il redescend le soir avec le même ascenseur...

===>
Si Houcine, les solutions existent même à nos trop gros problèmes socio-économiques, il faut seulement penser autrement...

C'est toujours un très grand plaisir de vous lire

Très Cordialement

Jamel Tazarki


Mes différents commentaires à lire aussi sur le lien:
https://www.businessnews.com.tn/video--abdelkrim-zbidi-president-de-la-republique,539,89783,4

Ameur k
| 21-11-2019 22:43
Le magicien trapeziste!!!!
Le seul programme des freros qui vont gouverner c est :
1- l islamisation a outrance de la ste
2- le commerce ( ettijara) avec les freos turque
3- le liberalisme sauvage et la vente des stes publiques
Mr jomni n y peut rien