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Tribunes
La fin du monde, ou la fin d'un monde?
13/12/2018 | 12:05
3 min
La fin du monde, ou la fin d'un monde?

 Par Ahlem Hachicha Chaker*

 

Révolte, révolution, crise, rupture, bouleversement. Nous ne semblons pas pouvoir être d'accord sur les mots. Mais sommes-nous d'accord sur le constat?

 

Nous semblons vouloir comprendre, expliquer, réagir selon un modèle précis, un modèle de pensée, d'analyse, de valeurs. Est-ce le bon?

 

Un modèle économique, un modèle politique, un modèle de gouvernance qui s'essouffle, qui n'a plus lieu d'être. Il est indispensable de se rendre compte qu'il ne s'agit pas de gilets jaunes par ci, de Kamour par là, d'une caravane de migrants au Mexique, de Aylan sur un rivage méditerranéen. Une crise globale s'installe. Là sous nos yeux.

 

Mais on ne la voit pas parce que, contrairement à 2008, elle ne touche pas les riches et le monde financier. Pas encore, du moins.

 

Le monde n'a jamais autant produit de richesse, de profits. Ni autant de pauvreté, de misère, de précarité. Parce qu'on produit de l'argent, pas du développement. On produit des ratios, pas des emplois. On s'inquiète des index, pas du bien-être. On répartit des impôts, pas des services publics. On définit l'individu par l'emploi, sans comprendre que l'emploi n'est plus pour tous.

 

Un monde finit. Le monde de l'économie industrielle, de l'économie financière, de l'argent. Il y aura toujours de l'industrie et des finances bien sûr. Mais ce monde qui définit l'humain par sa capacité de production, n'est plus. 

 

Un autre mode de fonctionnement économique se met en place. Un mode qui n'est pas basé sur le travail humain. Nous allons vers une société humaine où l'emploi productif ne sera plus la règle. Intelligence Artificielle, technologies nouvelles, transformation digitale ou autre, le travail, tel que nous le connaissons, est bien mort.

 

Ces entreprises bâties sur la valorisation de la main d'œuvre, en biens ou en services, doivent se remettre en question. Quant aux Etats qui se financent par l'imposition des profits générés par ce travail, ils ont tout intérêt à revoir leur copie. A vouloir collecter toujours plus de recettes fiscales sur une population d'actifs toujours moins nombreuse, le fardeau devient tout simplement intenable. La pression fiscale sur les entreprises devient également intenable et elle est forcément répercutée sur les consommateurs, qui sont justement ces chômeurs et actifs surtaxés.

 

Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Europe, au Brésil, et ailleurs, les gens n'en peuvent plus. Certains se tournent vers ceux qui leur promettent un "retour aux racines", leur vantent le passé, leur vendant l'illusion qu'il suffit de revenir en arrière, de ré-instituer l'ordre ancien pour que tout redevienne comme avant. Ça vote populiste, ça veut un Brexit. D'autres, ont compris que ce n'est en fait qu'un recyclage du même système, du même modèle.

 

Et ils sont en colère. Ils seront de plus en plus en colère. Et toujours de plus en plus nombreux. Mais cette colère prend des formes différentes.

 

En Tunisie, terre d'approximation politique et de bricolage économique, la colère est froide. Elle porte l'empreinte de l'usure, la lassitude, le désenchantement.

 

Cette colère a une saison aussi, parait-il.

 

Tous les ans, nous jouons à un jeu. Une boîte qui dort sur une étagère durant des mois, et que nous sortons d'octobre à décembre. Et on joue. On joue à l'alchimie. Une alchimie du hasard. Un peu de ceci, un peu de cela. Une pincée conservatisme, quelques grammes de libéralisme. Une ébauche de mesure pour l'agriculture, une mesurette pour le commerce. Un pas en avant, deux pas en arrière. Un à gauche, un à droite. Ni tout à fait pour, ni complètement contre.

 

Pourquoi cette passion qui se déchaine tous les ans à propos de la Loi de Finances? Parce qu'elle symbolise parfaitement l'approche que nous avons de la relation de l'Etat avec le pays.

 

Une autorité descendante, la dictature de l'establishment, la perpétuation de ce qui, un système-ogre qui se préserve de tout et contre tous. Un système aveugle, froid, systémique.

 

Tout ce qui nourrit cette colère.

 

Donc? Oubliez vos chiffres. Oubliez vos dogmes. Oubliez vos lignes rouges.

 

L'avenir sera humain. L'humain sera au cœur de tout. Adaptez-vous ou disparaissez.


* Directrice exécutive de l'Institut des Politiques Publiques de Machrou3 Tounes (MPT)

                         

13/12/2018 | 12:05
3 min
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Commentaires (4)

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Baganda
| 13-12-2018 17:50
C'est du vent.

Pourquoi faire
| 13-12-2018 15:02
Merci beaucoup Madame Darwin !
Les tunisiens sont une race à part : ils ne vont ni s'adapter ni disparaître.
Merci quand même pour la démonstration mais au fond votre hypothèse est que l'individu en général a tendance à se battre pour sortir de la misère ? Hypothèse fausse car l'humanité n'a à ce jour défini la misère qu'en termes économiques.

saif
| 13-12-2018 14:50
Des jeux de prestigiditateurs devant une foule qui regarde le futur avec les yeux du passé .Demain n'est pas aujourd'hui et sera totalement différent d'hier!

Rationnel
| 13-12-2018 14:34
On mélange tout et on s'essouffle a la fin. Une longue introduction et des accusations sans justification ou élaboration. Un "syste-ogre", systeme-ghoul serait mieux adapte au contexte local. La Directrice exécutive de l'Institut des Politiques Publiques de Machrou3 Tounes (Projet Tunisie) est incapable de nous donner une analyse cohérente et des proposition constructives, ce parti ne mérite pas son nom et n'a pas un projet pour la Tunisie.

"Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Europe, au Brésil, et ailleurs, les gens n'en peuvent plus.". Aux USA les choses vont très bien, le chômage est a a moins de 4%, un niveau trop bas, la croissance économique dépasse les 3% ce qui fait craindre un sur-échauffement de l'économie, donc la "Fed", la banque centrale, se voit dans l'obligation d'augmenter les taux d'intérêt ce qui va créer des gros problèmes pour les pays émergeant comme La Turquie, l'Indonésie... Au Royaume-Uni le peuple a choisit de sortir de l'UE pour des raisons de "self-preservation" culturelles, la raison principale est que les anglais ne veulent plus de l'immigration incontrôlée des citoyens européens comme les polonais, après 2004 (date d'accession de la Pologne a l'UE), 1 millions de polonais et plus de 1,5 millions de citoyens des pays de l'Europe de l'Est se sont établit au Royaume-Uni. Le Brésil souffre d'autres maux qui lui sont spécifique, cycle d'endettement-crise économique, corruption. Si on mélange tout on obtient une ojja ou une chackchouka, on ne pas aboutir a des conclusions valides. La France a des problèmes spécifiques, augmentation du prix de l'essence et du diesel, un pouvoir super-centralise a Pris, une discrimination entre le centre et la périphérie. La Tunisie a ses propres problèmes et on doit éviter d'importer des solutions de l'étranger ou baser son analyse sur les phénomènes d'autres pays sans vraiment les comprendre.

Quant a l'accusation "autorité descendante, la dictature de l'establishment, la perpétuation de ce qui, un système-ogre", l'autorité par définition ne peut être que descendante (L'autorité est le pouvoir de commander, d'obliger à quelque chose, d'être obéi). La "dictature de l'establishment": c'est qui et quoi l'establishment en Tunisie? "systeme-ogre", c'est tout a fait l'inverse de la situation; on a système d'état providentiel, et la dictature des travailleurs (UGTT). Les citoyens restent a la maison ou passent leur temps dans les cafés et s'attendent a ce que l'état leur donnent a manger, une électricité bon marche, de l'eau pour rien, et que l'état résout tous leurs problèmes, sinon ils vont protester et brûler les biens publics. La majorité exigent des emplois dans la bureaucratie. Ces citoyens n'ont jamais atteint l'age adulte, ils sont incapables d'assumer leurs responsabilités, ils et elles exigent la liberté mais sont sont capables de vivre indépendants. Les pays qui ont réussi et qu' Ahlem néglige de mentionner sont ceux ou les citoyens travaillent et ou l'état investit dans le progrès et non la consommation. On vit dans une époque ou la pauvreté a recule, plus de 600 millions chinois ont échappé a la pauvreté durant les deux dernières décennies, l'Inde avance et reforme son système et obtient des taux de croissance de plus de 8%, si ces pays avancent c'est que les pays des paresseux vont reculer et souffrir.