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Chroniques
La diversion de Nidaa Tounes pour oublier l'essentiel
25/08/2014 | 1
min
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Par Nizar BAHLOUL

La femme de ménage du bureau de coordination local de Nidaa Tounes à Bouarada vient de démissionner de son poste. Le gardien du même bureau est en train de réfléchir à faire pareil. Les deux expriment leur mécontentement quant à la composition de la liste électorale de la circonscription pour les prochaines législatives.
C’est une caricature ? Oui, et l’exagération est le propre de la caricature. Au point où on en est ! Il ne se passe plus un jour sans que les médias tunisiens n’évoquent, ici et là, des démissions au sein du parti favori des sondages. Une véritable campagne de dénigrement cible Nidaa Tounes et, à degré moindre, Al Joumhouri. Pour un rien, on publie un article, même si l’information n’est pas vérifiée et même si le démissionnaire est un tartempion qui ne mériterait pas un poste de plongeur dans un resto de quartier. Tout est bon pour frapper Nidaa Tounes et cela commence à friser le ridicule.
Mais il n’y a pas que les médias. Les partis de l’ancien régime de la troïka se sont fait une spécialité de dénigrer BCE et Nidaa du matin au soir. Pour une formation longtemps qualifiée par ces partis troïkistes comme « une pure création médiatique », c’est une belle évolution que de passer en si peu de temps du déni au dénigrement.

« Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi ! », a dit un jour le journaliste français Léon Zitrone. Pour Nidaa, c’est du pain bénit que l’on parle autant de lui. Sans rien faire de particulier, ses cadres particuliers ont fait pour lui toute la publicité nécessaire. Les citoyens connaissent maintenant les compostions de têtes de liste dans les différentes circonscriptions. X proteste que Y soit nommé tête de liste dans telle circonscription. Sans que Y n’ait rien demandé, il trouve son nom cité dans les médias et sa campagne démarrée sur les chapeaux de roue. Finalement, tout le débat politique s’est résumé autour de ces querelles intestines de Nidaa, ces derniers jours. A Nidaa, on parle de Nidaa, mais dans les autres partis on ne parle aussi que de Nidaa.

Nous sommes en pleine campagne électorale et ce que l’on attendait, en cette période (et c’est le minimum du minimum) est que l’on lance un débat à couteaux tirés autour des programmes électoraux des différents partis.
Aucun des partis en lice, y compris Nidaa Tounes, n’a dévoilé une ligne de son programme. Aucun des partis en lice n’a exprimé une proposition concrète et non mensongère pour sauver le pays du marasme dans lequel il vit depuis 2011.
La situation économique est catastrophique, plusieurs entreprises sont proches de la cessation de paiement et d’autres ont déjà mis la clé sous la porte. Au lieu de créer de l’emploi, nous sommes en train d’en perdre.
La présidence de la République est préoccupée par la Palestine, la présidence du gouvernement est en train de créer des taxes ridicules et improductives (ou très peu productives), et les partis en course pour les élections sont en train de parler des querelles de Hafedh Caïd Essebsi et de Faouzi Elloumi ! Pire, on consacre plus de temps et d’énergie pour savoir qui a assisté au mariage des enfants de Rached Ghannouchi et Hamma Hammami que pour savoir ce que prépare Marzouki comme coup fourré pour déstabiliser encore davantage l’armée et les forces sécuritaires.
Mais en quoi ça va nous avancer et en quoi ça va changer la vie du Tunisien que le diable en personne se présente, ou pas, à la tête de liste de Nidaa Tounes sur Tunis 1 ?!

Chez nous, les gouvernants ont beau trainer les scandales les uns derrière les autres, les partis se taisent et regardent ce qui se passe chez le voisin qui appartient au même camp !
Un Ali Laârayedh qui se présente, alors qu’il est frappé par une multitude de scandales et qu’il y a une instruction judiciaire contre lui, cela ne choque personne !
Une Samia Abbou qui se présente, alors qu’elle se cache derrière son immunité parlementaire pour échapper à l’instruction judiciaire ouverte contre elle, cela ne choque personne !

Dans les pays démocratiques, dans une pareille période, on va trouver les candidats de partis (y compris ceux qui pèsent 2 et 3%) discuter le détail du détail de leurs programmes afin de convaincre leurs électeurs qu’ils sont le Messie sur terre.
Dans ces mêmes pays démocratiques, ces mêmes candidats épient les moindres erreurs des gouvernants pour les épingler devant l’opinion publique et démontrer que l’équipe actuelle n’est pas bonne pour continuer la course. On ne rate aucun faux pas des gouvernants pour leur tirer dessus.
La troïka au pouvoir a montré ses limites et sa gestion calamiteuse de la chose publique.
Les technocrates au gouvernement n’ont pas vraiment brillé.
Tel que c’est parti, il est évident, pour tous que les partis d’opposition, tous confondus, sont incapables de redresser la barre. On voit déjà en cette période préélectorale comment ils se livrent des guerres sans merci pour des pacotilles et comment ils se noient dans un verre d’eau. Qu’en sera-t-il alors demain quand ils prendront les rênes du pouvoir, si jamais ils réussissaient?

La vérité est que l’on n’est pas encore prêts pour la chose démocratique, ni dans les esprits, ni dans les faits. A droite, on a une équipe qui rêve de califat et une autre qui rêve de potences. A gauche, on a des égos démesurés qui s’entretuent ou, au mieux, ne cessent de se lancer les uns aux autres des peaux de banane.
Pendant ce temps-là, le Tunisien se bat contre l’insécurité, l’incivisme, le chômage et l’inflation.
Parfois, et de plus en plus de Tunisiens l’expriment ouvertement, on en est à souhaiter le retour de la dictature pour en finir avec tout ce cirque mené par nos hommes politiques. Un cirque qui va somaliser le pays s’il ne s’arrête pas dans les plus brefs délais !
25/08/2014 | 1
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