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Chroniques
La compensation, ça suffit !
19/10/2016 | 15:58
3 min

 

2.700 millions de dinars. C’est la somme que dépensera l’Etat en compensation au titre de l’année 2017. Selon les calculs du gouvernement, cette somme représente 46,3% du budget de développement de l’Etat (sans compter la dette) et 2,8% du PIB tunisien.

 

Il s’agit d’un gouffre financier pour l’Etat en plus d’être un mécanisme archaïque et hors du temps. Certaines voix se lèvent pour demander la suppression, tout simplement, de la caisse de compensation quand on voit les quantités de pain jetées aux poubelles, quand on voit des jeunes tourner pendant des heures dans la voiture de papa en espérant séduire une belle fille qui passerait par là. On pourrait énumérer des centaines de cas où l’argent payé par l’Etat est bêtement jeté par les fenêtres. Pire encore, il existe des cas où la compensation est utilisée pour se faire encore plus d’argent. C’est le cas dans certains cafés et certaines boulangeries. C’est le cas pour la contrebande d’huile par exemple.  

 

Il ne s’agit pas ici de supprimer la compensation, il s’agit de l’améliorer. Tel qu’il est aujourd’hui, le mécanisme de la compensation est une aberration qui ne fait aucune distinction entre les personnes ayant besoin de l’aide de l’Etat, et les autres. On achète tous le pain, l’essence, le sucre, le café ou l’huile au même prix, indépendamment des moyens de chacun. C’est une injustice fondamentale qui remet en question le principe même de la compensation.

 

Toutefois, une telle réforme ne sera pas facile. Certains gauchistes sont encore enfermés dans un idéalisme béat et ne veulent surtout pas que l’on touche au fond de commerce du pauvre et du spolié. D’autres voix de bobos de gauche s’élèveront depuis les bancs des bars les plus branchés de la capitale pour dire que c’est intolérable, que l’esprit de la révolution est menacé et qu’il faut créer un hashtag et prendre des photos.

 

Mais ils peuvent tous être tranquilles parce que ce gouvernement n’osera pas s’attaquer à ce problème.  Au royaume du consensus mou, du « dialogue », des contreparties et des arrangements, personne n’a intérêt à s’attaquer à la compensation de peur d’en payer les conséquences politiques plus tard. Personne n’ira prendre le risque de « troubler la paix sociale ». De peur, de manque de moyens et par ambition aussi.

 

Pourtant, il existe des solutions. L’une d’elles est celle de la carte que porterait chaque personne qui a le droit à la compensation. Les personnes ayant un revenu leur permettant de subvenir à leurs besoins, aux prix réels du marché, seront exclues du mécanisme de compensation. Quant à celles qui sont réellement dans le besoin, elles pourront accéder à une compensation ciblée qui pourrait même être élargie pour baisser encore plus les prix pratiqués avec les classes les plus défavorisées. Pourquoi pas une baguette à 500 millimes pour les classes aisées et la même baguette à 50 millimes pour les classes défavorisées ?

 

Comme des centaines d’autres projets dans plusieurs domaines d’intervention publique, le projet est ficelé mais rangé dans les tiroirs d’une administration. On s’échine à faire de nouveaux plans, à lancer des études de faisabilité et à calculer les avantages et les inconvénients. Il suffirait pourtant d’ouvrir grandes les armoires des ministères pour en sortir les études et les projections déjà faites par les têtes de l’administration publique. Des têtes qui sont en majorité à la retraite ou qui ont été « mises de côté ». Des personnes qui souffrent, en silence, en regardant ce qui est advenu de leur pays.   

19/10/2016 | 15:58
3 min
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Commentaires (20)

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Gg
| 25-10-2016 15:41
Je note la solution avancée par M. Achouri : "...la carte que porterait chaque personne qui a le droit à la compensation...Pourquoi pas une baguette à 500 millimes pour les classes aisées et la même baguette à 50 millimes pour les classes défavorisées ?"

D'abord, je trouve indélicat de devoir exhiber sa carte de compensation. Cela ne regarde pas les gens autour!

Et aussi, quid de la comptabilité? Comment opère le commerçant? Il faut des caisses spéciales à deux vitesses et enregistrer le numéro de la carte de compensation pour éviter les fraudes? Donc, carte électronique et lecteurs, partout dans tous les commerces?
Et comme le plus souvent on paye en espèces sans ticket de caisse, c'est une incitation à la fraude fiscale.
S'agissant du gas oil, il est facile de spécialiser les points de vente, un colorant dans le fuel montrant si on a du gas oil domestique ou professionnel.

Bref, il me semble que c'est précisément le rôle des services des impôts que de veiller à une plus juste redistribution.
Ceux qui le peuvent payent leur impôt -même les avocats et les médecins hhhh-, moins on gagne moins on paye, et les défavorisés reçoivent une aide au lieu de payer l'impôt.
Tout ceci suppose bien sûr que le travail au noir est pourchassé efficacement, d'autant que ce sont justement les plus défavorisés qui en pâtissent le plus (pas de système de santé, pas d'assurance au travail etc...).

Forza
| 23-10-2016 10:21
La compensation de la farine, couscous, pain, sucre, huile pour les couches défavorisées doit être maintenue. L'état cible déjà la compensation. Dans les quartiers moyens ou aisés de Tunis, vous ne pouvez pas acheter du pain "talyan" ou de l'huile saba, seuls les baguettes et l'huile en bouteille sont disponibles et ils ne sont pratiquement pas subventionnés. Il faut aussi maintenir la subvention de l'électricité et de l'eau mais seulement en dessous d'un seuil bien calculé car il y'a des "pauvres" qui veulent s'offrir la clim 12 heures par jour l'été, ce n'est pas un besoin élémentaire. Là où on peut faire des économies, c'est la subvention ou disons le manque de gain de l'état pour les produits pétroliers. Je pense qu'il faut introduire des cartes pour subventionner le Diesel des agriculteurs mais sinon élever les prix. Khali enass tnaqiss mitfarkih et la pollution de l'air juste pour aller prendre une chicha.

nous
| 20-10-2016 21:16
Puisque la baguette n'est pas semble-t-il subventionnée alors généraliser sa production et arreter toutes les subventions aux boulangeries.

TeTeM
| 20-10-2016 16:34
Le gaspillage du pain est avant toute chose un manque d'éducation. Dans un pays où on ne parle d'Islam a tout bout de champs, il serait sans doute bon d'éviter de gaspiller des aliments... Mais c'est bien connu, les bons principes de l'Islam, c'est comme les Lois, c'est toujours pour les autres...

zohra
| 20-10-2016 15:02
Bonjour,

On ne voudrait pas accabler les pauvres, l'augmentation c'est pour la classe dite classe moyenne ou riche c'est surtout eux qui font des gâchis de pain pour une compensation de la caisse.

Salutations

TeTeM
| 20-10-2016 14:34
Avoir un prix du pain discriminant selon la classe sociale ne me semble pas souhaitable d'autant plus que c'est très difficile à mettre en oeuvre.

La question à se poser est celle-ci : Le pain a t-il besoin d'être subventionné? Quel serait son cout sans cette compensation?

Un TVA sociale ne serait-elle pas un mécanisme plus intelligent (TVA réduite à 6% sur les biens de première nécessité).

zohra
| 20-10-2016 13:42
Bonjour,

Une histoire bidon, mais c'est quand même des tonnes de pains qui partent à la poubelle.

850 et 900 mille baguettes par jour normal en jour ramadan 900.000 baguette / jour ramadanesques jetées à la poubelle chaque jour 300 000 DT de pain à la poubelle

Ce n'est pas de l'argent ça ne peut pas ouvrir des entreprises pour faire travailler des milliers de chômeurs. Oh non ça partent à la poubelle c'est mieux que puisque il ne faut pas en parler.

L'anarchie complète dans l'esprit et dans le comportement. Il faudrait peut être apprendre l'organisation et ne pas gâchés la nourriture car elle est précieuse pour ceux qui ont connu la faim , il est vraiment temps.

Salutations

Adnène
| 20-10-2016 10:35
Arrêtez de rabâcher cette histoire de compensation qui n'est un problème que dans la tête des technocrates pour faire du buzz et véhiculer des erreurs ....comme cette histoire de compensation des hydrocarbures et de l'électricité que la baisse des cours internationaux à fait que le tunsisien paye plus cher son électricité comme jamais il ne l'ai payé et la STEG engrange la différence Les boulanger recourent aussi à la triche ils ne rendent jamais la monnaie de 10 millimes quand on leur donne 200 millimes. Ce surplus de 10 millimes entrant en caisse couvre le salaire et les charges sociales de la main d'oeuvre et laisse un plus ...autant de montant astronomique qui échappe à l'impôt et n'entrent pas dans le décompte de la compensation.

Épicure
| 20-10-2016 09:49
L'article publié hier traitant de la mise en garde des autorités Françaises adressée à leurs ressortissants en séjour en Tunisie a subitement disparu !
Why ?

B.N : Cher lecteur, l'article est en ligne.

A4
| 19-10-2016 22:14
Bonsoir. Les subventions de tout et n'importe quoi constituent une ruine pour l'économie du pays: trafic, gaspillage et incitation à la non production.
Donc pas de subvention et aide directe aux nécessiteux en argent liquide, ça fera moins de devises pour importer du blé puis le servir aux poules, ou du sucre puis subir le diabète.
Nous subventionnons l'électricité qui sert à fabriquer du ciment que nous vendons à bas prix à l'étranger. Bilan: nous subventionnons le bâtiment en Europe.