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La Tunisie, entre canicule et pénurie d'eau
10/07/2012 | 1
min
La Tunisie, entre canicule et pénurie d'eau
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Une écrasante vague de chaleur sévit depuis plusieurs jours en Tunisie, avec des températures culminant à plus de 40° dans certaines régions. Des conditions climatiques qui ont amené le ministère des Affaires de la femme et de la Famille à lancer un appel à la vigilance. Sihem Badi met en garde contre les dangers de la canicule et ses répercussions sur la santé des personnes les plus fragiles et recommande aux enfants et personnes âgées de « prendre les précautions nécessaires » et de « boire beaucoup d’eau et de jus de fruits et légumes ». A l’heure où les pénuries d’eau se propagent dans de nombreuses régions du pays, et que l’eau potable est en voie de devenir une véritable revendication post-révolutionnaire, ces recommandations à la « Marie-Antoinette », semblent assez difficiles à appliquer…


En cette période de grande chaleur, une pénurie d’eau courante crée la panique dans le pays et fait monter la pression chez de nombreux habitants de villes et régions touchées par le phénomène. « Une coupure d’eau dans des conditions pareilles relève du crime », scande un internaute appartenant au mouvement « Rends-nous l’eau ». Un mouvement qui fait le buzz sur les réseaux sociaux, là où des actions de soutien aux régions les plus touchées et les plus démunies sont en train de prendre forme sur la toile. Cet élan de solidarité touche en premier les habitants des délégations de M’dhilla, de El Guetar et de Om Laârayes du gouvernorat de Gafsa là où les températures atteignent des records. Des régions qui souffrent depuis des semaines d’une importante diminution du niveau d’eau potable, et ce, depuis la fin du mois de juin.
Le directeur du district de Gafsa à la SONEDE déclare que cette baisse d’approvisionnement en eau courante serait due à « la diminution du niveau de l’eau de la nappe phréatique de la région d’Artous de la délégation d’El Guetar, principale source d’alimentation des deux délégations ».
En protestation contre la pénurie d’eau, les habitants de M’dhilla ont entamé, lundi 9 juillet, un sit-in de manifestation, coupant les routes principales. Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants, usant de bombes de gaz lacrymogène.
Les pénuries d’eau potable provoquent la colère de nombreux habitants d’autres régions touchées. Les habitants de Sejnane (Bizerte) manifestent aujourd’hui leur colère, bloquant la route qui relie Sejnane à Bizerte pendant de longues heures. Une manifestation « pacifique », selon les manifestants présents sur les lieux, qui ne « prendra fin qu’une fois le problème d’eau courante réglé par le gouvernement ». Une « solution urgente à la pénurie » est revendiquée…

La vague de protestation s’étend à tout le pays. La ville de Djerba connait le même problème depuis des semaines. Le directeur du district de la SONEDE de Djerba estime « habituelle » la faiblesse du débit des eaux de l’ile, compte tenu du « manque de ressources hydriques et de la surconsommation ».
Une « surconsommation » qui serait également, selon des responsables de la SONEDE, à l’origine de la faiblesse des niveaux d’eaux que connait la ville de Sfax depuis un mois et des coupures d’eau, de plus en plus fréquentes, causant des désagréments répétitifs pour la population, surtout aux habitants d’immeubles. Sfax enregistrerait, selon ces responsables, une hausse de 12 à 15 % par rapport à son utilisation habituelle en eau courante, alors que le réseau est calculé pour supporter entre 3 et 3,5% uniquement. Les habitants de Sfax ont entamé aujourd’hui un sit-in devant le siège de la SONEDE afin de revendiquer le retour à la « normale ». Des sit-ins observés également par les villes voisines de Sidi Bouzid et de Gabès.
Ces perturbations qui se sont propagées aux villes de Mahdia, Sousse, Monastir et Nabeul à cause d’une « coupure d’électricité dans différents sites de production d’eau potable, particulièrement les stations de pompage et de traitement des eaux du Nord, à Bélli » et qui pourraient bien, toujours selon la SONEDE, se poursuivre dans les jours à venir, dans d’autres régions, compte tenu de la croissance de la demande.
Les habitants s’indignent et accusent le gouvernement de laxisme. Certains crient au complot. Les internautes se mobilisent et appellent les techniciens et ingénieurs de la SONEDE à la désobéissance pour « ne plus compter sur le gouvernement » et à « rejeter la bureaucratie pour rétablir l’eau courante eux-mêmes ».

Le gouverneur de la région de Gafsa annonce des « solutions d’urgence » pour faire face aux interruptions de l’alimentation de plusieurs zones en eau courante. La décision a été prise de fournir 400 m3 d’eau par jour face à un manque de 600 à 700 m3 par jour en établissant un accord avec l’association de l’eau des oasis de Gabès et en prévoyant un puits d’eau douce, dans les jours à venir, selon le gouverneur. La SONEDE a également été chargée de louer des citernes tractées pour le transport de l'eau potable aux habitants de ces délégations, dont le paiement sera assuré par la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG).
Le gouvernement, de son côté, est resté assez discret face à cette « crise ». Aujourd’hui, Mohamed Ben Salem, ministre de l’Agriculture s’est exprimé sur les ondes de Mosaïque Fm et a attribué les pénuries d’eau « au sombre héritage de la SONEDE » qui disposerait, selon lui, d’un réseau saturé et mal équipé qui fait que chaque problème a un impact sur la distribution de l’eau, tels que les pannes d’électricité rencontrées hier. Il appelle également à « plus de civisme » et à « veiller à une utilisation économe de l'eau potable ».
Si la SONEDE annonce un rapide retour à la normale et assure « employer tous les moyens pour servir aux mieux les consommateurs de tout le pays », certains observateurs se demandent si la situation actuelle ne pourrait pas dégénérer et se transformer en une véritable révolte de la soif. D’autant plus que la canicule embrase les tensions et attise les foules…

Crédit photo: Flask
10/07/2012 | 1
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