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Après le "je vous ai compris" de Ben Ali, un "7-Novembre bis" en Tunisie
14/01/2011 |
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Après le
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II faut le reconnaître : le discours prononcé par le Président Zine El Abidine Ben Ali jeudi 13 janvier 2011 à 20 heures est venu, enfin, répondre aux vraie attentes de tout un peuple.
Le discours est historique à multiples égards. Question de forme d’abord et c’est fondamental : le discours est prononcé en dialectal tunisien et sur un ton, à la fois grave et émouvant.
Juste après le discours, la chaîne publique a programmé un débat avec des journalistes reconnus pour leur indépendance : Khaled Boumiza, Zyed Krichen et Amel Moussa.
Par la suite, Sami Fehri et Moez Ben Gharbia ont invité des figures qui ont toujours été interdites des plateaux médiatiques tunisiens (sur un fond où l’on lit « Adieu Ammar »), Mokhtar Trifi (Ligue des Droits de l’Homme), Néji Beghouri (Syndicat des journalistes), Bochra Belhadj Hamida (Avocate, ancienne présidente des Femmes démocrates) et Salwa Charfi (universitaire).
En même temps, les sites internet censurés depuis des années redeviennent de nouveau accessibles.
Des voix continuent à faire preuve de scepticisme, tels Mey Jeribi, SG du PDP, qui a refusé de répondre à l’invitation de la chaîne publique, ou encore l’avocat Mohamed Abbou et Néjib Chebbi, ancien SG du PDP.
Dans la rue, les Tunisiens ont ignoré le couvre-feu et sont sortis pour klaxonner et manifester leur joie.
C’est un véritable renversement de vapeur opéré par Ben Ali qui aurait dû, osons critiquer pour la première fois le chef de l’Etat, prononcer ce discours depuis le 28 décembre et limoger les personnes responsables qui l’ont trompé. Cela nous aurait évité des dizaines de morts.

A ceux qui disent que ce discours et ces mesures interviennent un peu tard, il faudrait répondre mieux vaut tard que jamais et qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. L’essentiel est que le Président de la République a affirmé et réitéré qu’il a compris et bien compris les citoyens tunisiens, leurs revendications et leurs aspirations et qu’il est décidé d’y répondre positivement.
Et comme le dit Bochra Belhadj Hamida, ce n’est pas dans la culture arabe de s’excuser.
Sur un ton humble, Ben Ali a reconnu avoir été été trompé par certains rapports et certaines présentations des faits et que les auteurs de ces tromperies auront des comptes à rendre.
Sur un ton solennel, il a annoncé avoir ordonné de faire baisser les prix des denrées alimentaires de bases dont notamment le pain, le lait, le sucre, etc.
Sur un ton catégorique, il a annoncé qu’il n’y aura pas de présidence à vie et que la limité d’âge de candidature aux présidentielles ne sera pas changée et que, par conséquent, il ne se représentera pas en 2014.
Il est allé même plus loin sur ce point précis en donnant, déjà, les grandes lignes sur les préparatifs et sur les éventuels amendements à introduire au Code électoral pour aborder l’échéance de 2014.
Sur un ton résolu et déterminé, le président de la République a martelé qu’il y aura plus de démocratie, plus de pluralisme et plus de libertés publiques.
Sur un ton ferme, il a rassuré les hommes de l’information qu’ils sont, désormais, libres dans leur écriture sans tutelle, sauf celle de leur conscience professionnelle et rassuré les Tunisiens sur le libre accès à Internet.
Sur un ton rassembleur et, à la limite, paternaliste, il a exhorté toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens à mettre la main dans la main pour sauver la Tunisie et de mettre un terme aux actes destructeurs et de sabotage et d’éviter le cercle vicieux des violences sanglantes et meurtrières.
Sur un ton sévère, il a réitéré que les deux commissions d’enquêtes, la première sur les dépassements et les abus enregistrés ces derniers jours, d’où qu’ils venaient, et la seconde sur la corruption seront indépendantes pour mener à bon terme leur mission en toute liberté et en toute transparence.
Ben Ali a parlé de tout cela et de bien d’autres détails aussi importants lors d’une allocution assez brève mais riche en contenus.

Tout en espérant qu’elle aura les effets immédiats escomptés et voulus par tous quant au retour progressif au cours de la vie la normale, ce discours - sans vouloir retomber dans les superlatifs et les slogans creux, ou encore, le culte de la personnalité - marque le point de départ d’une nouvelle étape pour une Tunisie sereine.
Salwa Charfi prévient, dans ce sens, qu’il ne faudrait pas faire du neuf avec du vieux et qu’on doit donc limoger l’ancien sérail, responsable de tous les abus observés durant des années.

Commentant le discours pour Business News, l’homme de médias Khemais Khayati nous déclare : « Le discours du Président ben Ali était à la hauteur des attentes du peuple Tunisien. Bien que beaucoup de citoyens, dont moi-même, auraient aimé que cette intervention fut dès les premiers jours de ces événements malheureux, mais mieux vaut tard que jamais…
Le Président était sincère et nous devons le prendre au mot. Le pluralisme, la démocratie et la liberté d’informer furent les maitres mots. Et en tant que journaliste, j’aimerai bien pouvoir pratiquer mon métier sans qu’on vienne châtrer votre émission télé pour des raisons non professionnelles ou altérer votre article si ce n’est y ajouter des paragraphes ou tout bonnement l’interdire de publication… Rien que la déontologie et le respect du bien public.
Le Président a parlé et a bien parlé. Oui. Mais, chat échaudé craint l’eau froide, nous devons lui faire confiance et toute confiance ne doit nullement être aveugle mais s’accompagner de garanties du respect de la constitution au service des rêves du Nation et surtout ceux de la nouvelle génération qui a payé de sa vie pour que vérité soit dite et soit entendue au prix de 66 citoyens martyrs – que Dieu ait leur âme en paix –
Pour une fois, le Président a parlé vraie et sans fard. Nous devons être à la hauteur de cette sincérité et êtres de vrais citoyens pour que vive la République… »
Nous verrons donc, dès les prochains jours, si les promesses de ce jeudi 13 janvier 2011 historique vont se concrétiser. Nous le constaterons à travers les libertés de ton que vont prendre les médias, l’ouverture démocratique à l’opposition, le retour des opposants, la libération des prisonniers d’opinion et, surtout, le maintien tel quel de la Constitution tunisienne.

Crédit photo
: TAP
14/01/2011 |
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