Le sénateur américain Joseph Lieberman a tenu une brève conférence de presse jeudi 29 décembre 2011, au terme d’une visite en Tunisie avant de s’envoler pour Israël et Ramallah. Lors de cette visite M. Lieberman a rencontré le président provisoire de la République, le chef du gouvernement, le président de l’ANC et le nouveau ministre des Affaires étrangères dont il précise qu’il a rencontré pour la première fois.

Le retour du sénateur Lieberman, qui avait déjà effectué une visite officielle en compagnie du sénateur McCain dans « l’euphorie » qui a suivi la chute « miraculeuse et inattendue » du régime de Ben Ali, vient signifier le soutien américain au processus de transition démocratique jugé positif jusqu’à présent. « En tant que visiteur ami je ne peux qu’être impressionné par la stabilité du pays, le travail du gouvernement par intérim, la tenue d’élections crédibles et la constitution d’une coalition courageuse aux commandes du gouvernement », déclare-t-il en substance.

La Tunisie est parmi les pays du printemps arabe celui où pourrait réussir la révolution en termes d’attentes populaires et ça serait une « honte » pour les Etats-Unis si nous ne soutenions pas la transition démocratique, estime Joseph Lieberman, sans omettre qu’il faille également prendre en considération les difficultés économiques américaines actuelles. C’est à cet effet que le Congrès américain vient d’approuver une garantie bancaire qui permettra à la Tunisie de bénéficier de prêts à taux réduits. Une mesure qui vient s’ajouter aux fonds d’investissements déjà constitués et au renforcement de l’assistance militaire américaine qui a permis de « garantir la sécurité du peuple tunisien », selon ses termes.

Joseph Lieberman ne cache pas, et c’est le premier officiel américain à le reconnaitre, que son administration a ressenti quelques inquiétudes et angoisses à l’idée qu’un régime islamiste puisse s’installer en Tunisie. Des craintes vite évaporées après les échanges qui ont eu lieu avec « Cheich » Rached Ghannouchi puis Hamadi Jebali. Le sénateur américain s’est même fait le défenseur de l’islamisme politique, « large spectre qui ne contient pas que des fanatiques ».

Les dirigeants d’Ennahdha n’ont pas cessé d’affirmer qu’il n’existe aucune opposition entre Islam et démocratie, Islam et droits de la femme et ils ont tenu leurs promesses jusqu’à présent, se rassure-t-il. « Il faut juger un parti non pas sur son nom mais sur ses actions », ajoute-t-il, « sans oublier que la coalition est formée également de deux partis séculiers ».

Joseph Lieberman a promis de mettre encore plus de pression sur l’administration américaine pour soutenir la Tunisie et la défendre comme environnement favorable à l’investissement (main d’œuvre qualifiée et condition de la femme),à son retour aux Etats-Unis.