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Tribunes
Je suis mort dans les prisons tunisiennes après la révolution !
19/11/2012 | 1
min
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Par Ali Gargouri

Suite à leurs arrestations après les attaques orchestrées contre l'ambassade américaine le 14 septembre, deux jeunes tunisiens, Béchir Golli et Mohamed Bakhti, appartenant à la mouvance salafiste, ont entamé une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention, le refus de l’administration de leur accorder des visites médicales et contre les agressions qu’ils ont subies de la part des policiers selon la déclaration de leur avocat.
Cette grève s’est soldée par le décès de Béchir Golli suite à un arrêt cardiaque et l’admission de Mohamed Bakhti dans le service de réanimation, dans un état critique, avant qu’il ne décède.

La société civile, les associations de défense de droit de l'Homme et les députés, choqués par cette mort, se sont interrogés sur les conditions de détention provisoire des salafistes, arrêtés suite à l’attaque contre l’ambassade américaine, et l’assistance dont ils auraient ou non bénéficié lors de la grève de la faim qu'ils ont entamée depuis le 17 septembre.
La déclaration de Malte concernant les grévistes de la faim, signée par l’Assemblée mondiale exige un diagnostic médical avant le début de la grève, un suivi quotidien, la consultation du dossier médical de chaque détenu.

On s’interroge aujourd’hui sur l’état des prisons tunisiennes après le départ de Ben Ali, sachant que la Ligue des droits de l’Homme a demandé une autorisation au ministère de la Justice pour les visiter. Aucune réponse n’a été donnée jusqu’à présent.
Après l’annonce du décès de Béchir Golli, le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour déterminer les causes de la mort du jeune homme malgré le refus de la famille d’autopsier le corps du défunt.
Une autopsie a été faite le jeudi avant de remettre la dépouille à la famille qui l’a enterrée le vendredi à Bizerte.
Le ministre de la Justice a également indiqué que Mohamed Bakhti avait été libéré. On ne sait dans quel état et suite à quoi ? Sachant qu’il est mort quelques jours après.

Un diagnostic nous est parvenu le vendredi 16 :
« Bakhti se maintient toujours, depuis le jeudi 15 hier, son cœur bat (sous l'effet des drogues utilisées pour le réanimer à Charles Nicolle) et il présente des signes de mort cérébrale (réflexes absents, coma profond...), mais il faut réaliser un angio-scanner cérébral pour confirmer le diagnostic (en visualisant s'il reste une circulation sanguine cérébrale ou non). L'angio-scanner effectué a montré qu'il restait une circulation minime (et a aussi permis de diagnostiquer une hémorragie cérébrale). Ce matin (vendredi 16), il présente encore une activité cardiaque mais garde des signes de mort cérébrale. On va donc refaire l'angio-scanner cérébral tout à l'heure pour confirmer le diagnostic Il n'y a rien d'autre à faire vu que les neurochirurgiens ont jugé son état hors de toute ressource thérapeutique. Toutefois, on ne peut pas arrêter les soins voire débrancher le patient sans que le diagnostic de mort encéphalique ne soit confirmé ».
Vendredi 16 vers minuit Mohamed Bakhti est décédé, il a subi un arrêt cardiaque postérieur à son hémorragie cérébrale.
Une autopsie a été faite à l’hôpital Charles Nicolle pour déterminer les causes du décès.
Rappelons que Mohamed Bakhti est une figure très connue et proche d’Abu Iyadh.

Le ministère de la Santé, quant à lui, ne s’est jamais prononcé sur ce qui s’est passé jusqu'à aujourd’hui, comme si les médecins qui travaillent dans les prisons tunisiennes ne dépendaient pas de lui.
M. Mekki se soucie plutôt de la rupture du viagra que de la santé des Tunisiens.
Ce ministère a t-il aussi sa part dans ce qui arrive dans nos prisons ?
Le témoignage d’un ancien prisonnier politique sous Ben Ali, M. Néjib Baccouchi qui a fait une des plus longues grèves de la faim dans les prisons tunisiennes, 30 jours (en 1997 à la prison civile de Gafsa), nous rapporte que sous l’ancien président déchu, les médecins n’arrêtaient pas le suivi des prisonniers politiques et surtout lors de leurs grèves de la faim, de peur de laisser éclater des scandales en défaveur du régime dictatorial.
Le président temporaire, Moncef Marzouki, ancien responsable de la Ligue des droits de l’Homme n’était pas au courant de ces événements, et ne s’est manifesté que dimanche, en marge d’une conférence sur la question des salafistes.
Depuis l’indépendance et surtout sous le dictateur déchu, aucun gréviste de la faim n’est mort mais sous le plus fort gouvernement que la Tunisie ait connu, on enregistre, déjà, deux morts.
Aujourd’hui, après une révolution, l’Etat tunisien ne s’occupe pas de l’état de ses prisonniers malgré le fait que la plupart des ministres actuels aient connu la torture, la détention et l’isolement sous Ben Ali, sauf l’actuel ministre de la Justice …..
Dans une démocratie, le ministre de la Justice et le ministre de la Santé doivent démissionner de leurs postes, de même que le directeur de la prison devrait être licencié suite à des incidents pareils mais où sont la conscience et le professionnalisme ?

NB : 7 grévistes de la faim sont "dans une situation critique". Au mois 3 refusent les soins (porte-parole du gouvernement)
19/11/2012 | 1
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