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Chroniques
Indépendants soudainement partisans.. ces min(u)stres escrocs !
31/08/2014 | 16:55
3 min

Par Sofiene Ben Hamida



La publication des listes des candidats aux prochaines élections législatives qui se dérouleront le 26 octobre prochain a apporté son lot de surprises. C’est ainsi que les Tunisiennes et les Tunisiens ont découvert que des ministres dans les gouvernements précédents qui se targuaient d’être indépendants ne le sont pas en vérité et se trouvent aujourd’hui, sans gène, sur des listes de partis politiques. Sous d’autres cieux, on aurait crié au scandale et ces ministres auraient été traités d’escrocs. Chez nous, on n’en est pas encore à ce stade de développement démocratique. Seule une lueur de lucidité chez les électeurs tunisiens pourrait ne pas laisser ces gens là profiter de leurs fourberies.

C’est ainsi que nous retrouvons l’ancien ministre de la culture Ezzeddine Bechaouach, passé pour indépendant à l’époque, candidat du CPR à Tunis2. Pour expliquer ce revirement, le CPR publie une tirade mettant en exergue les qualités intellectuelles et la longue expérience de son candidat. En fait, ce ne sont pas les compétences de l’ancien ministre de la culture qui sont en cause mais le fait de se faire passer durant des mois pour un ministre indépendant alors qu’il ne l’était pas. Sur cette question le communiqué du CPR n’a apporté rien de nouveau.

L’ancien ministre du Travail dans le gouvernement de la troïka Naoufel Jemmali se trouve dans la même situation. On le retrouve aujourd’hui sur les listes d’Ennahdha dans la circonscription de Sidi Bouzid alors qu’il se faisait passer pour un ministre indépendant. C’est le cas, également, de Slim Besbes, ancien ministre des Finances ayant occupé auparavant le poste de secrétaire d’Etat et qui est présent en 3ème place sur la liste d’Ennahdha à Sfax 1. Sciemment, ces noms avaient participé à grossir, artificiellement, le nombre des ministres indépendants et à masquer l’hégémonie d’Ennahdha sur le gouvernement de la troïka.

Le cas de l’ancien ministre de la justice Nadhir Ben Ammou est encore plus grave. Il avait été désigné à son poste en tant qu’indépendant suite à un accord national global concernant les ministères de souveraineté. Au vu de sa piètre prestation, certains ont soupçonné chez lui un alignement exagéré sur les positions d’Ennahdha mais il s’est toujours défendu de tout engagement partisan.

Aujourd’hui, on est curieux d’écouter ses explications qu’il ne manquera pas de donner. Campagne électorale oblige. Il devrait peut-être expliquer au passage aussi pourquoi il se sous-estime au point d’accepter de remplacer, lui l’universitaire, un autre ancien min(u)stre, Tarak Dhiab en l’occurrence, un personnage tellement suffisant et inculte politiquement qu’il a omis de s’inscrire correctement sur les listes électorales avant de se porter candidat.

Bien entendu, toute explication du genre je suis indépendant mais je me présente sur une liste partisane est à exclure. Bien que les indépendants puissent accroître leur intérêt pour la chose publique au point de se présenter à des élections, souvent locales, rarement législatives, cet intérêt ne devrait pas atteindre le point d’accepter de faire partie d’une liste partisane. En effet, se porter candidat sur une liste d’un parti politique c’est accepter le programme de ce parti et s’engager à le défendre. On voit mal comment un candidat s’engage à défendre un programme tout en continuant de refuser d’adhérer au parti qui porte ce programme.

Bien entendu aussi, être indépendant n’est pas un état définitif et chacun peut à un moment ou un autre décider de s’engager politiquement. Beaucoup d’anciens ministres indépendants l’ont fait suffisamment à l’avance pour éviter tout amalgame. Il s’agit à titre d’exemple de Taieb Baccouche, Lazhar Karoui Chebbi, Lazhar Kremi et Ridha Belhaj qui ont rejoint le Nidâa, Said Aidi qui a choisi le parti Joumhouri avant de le quitter pour le Nidâa, Yassine Brahim qui a créé le parti Afak et bien d’autres. Tous ont eu la décence d’annoncer leur engagement politique et ont respecté du coup, l’éthique politique et leurs concitoyens. Un bémol toutefois, le Nidâa avait lui aussi tenté de nous faire passer son vice-président, son candidat actuel à Mahdia et ancien ministre Mohamed Ennaceur pour un indépendant et l’avait proposé au sein du dialogue national au poste de chef de gouvernement. Ce dessein n’a pas connu le succès escompté par ses initiateurs et c’est tant mieux pour l’éthique politique et pour la démocratie.
31/08/2014 | 16:55
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