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Tribunes
Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre
24/10/2020 | 12:08
5 min
Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre

 

Par Hédi Achouri*

 

 

La recrudescence de l’épidémie de la Covid-19 inquiète tout le monde, par le nombre de cas détectés quotidiennement, entre 1500 et 2000, et surtout par le nombre de décès enregistrés chaque jour, oscillant entre 30 et 40.

Notre pays, comme beaucoup d’autres, est en « guerre » contre un ennemi invisible et insidieux … et qui dit guerre pense au commandement, à la stratégie et aux troupes, mais aussi en battant le rappel de tout un chacun à travers un discours mobilisateur, car la lutte contre la Covid-19 est une cause sociétale pour laquelle l’union et la solidarité de tous est impérative.

 

Or le constat amer est qu’il est notoire que seul le ministère de la Santé et ses troupes sont au front, avec des moyens limités et une gestion sujette à beaucoup de questionnements, particulièrement dans le domaine de la communication et notamment depuis l’avènement du gouvernement actuel.

L’absence de leadership politique investi par un commandement fiable et convaincant qui explique, argumente, fédère, inspire et mobilise la communauté nationale, est préjudiciable à la conduite de la riposte et augure de conséquences graves touchant à la sécurité nationale. En effet, la sécurité nationale de la Tunisie est en danger, car au-delà de l’impact sanitaire de l’épidémie, le péril viendra des conséquences sociales et ses soubassements économiques … Que fera-t-on le jour où les morgues seront saturées … Que fera-t-on lorsque nos morts seront enterrés dans des fosses communes par des bulldozers …

 

S’agissant donc d’un sujet de sécurité nationale, les appels de tous bords, scientifiques et médiatiques au moins, se sont multipliés pour inciter à un leadership politique solidaire incarné par le chef du gouvernement et le président de la République. N’est-il pas temps de fédérer et de mobiliser toutes les énergies autour d'une action collective et d’une approche commune dans laquelle chacun a sa part de responsabilité et d’actions à mener, sous un commandement unique, pour réaliser des objectifs clairement définis ?

Nous avons besoin d’un leader qui a une vision claire et capable d'influencer et de motiver, grâce à des compétences avérées en matière d'écoute et de communication. Rassurer tout en appelant à la vigilance de tout un chacun et motiver les blouses blanches sont des armes efficaces qu’il faudra utiliser pour établir une relation de confiance réciproque, aussi éphémère soit-elle.

Qu’est-ce qu’on attend pour sonner la mobilisation de tous les intervenants à tous les niveaux, pour appeler chacun à jouer son rôle pour décélérer la recrudescence de l’épidémie. Où sont les ministères de la Famille, des Affaires sociales, de la Culture, de l’Education, de l’Enseignement supérieur, du Transport … Où sont les organisations nationales, UGTT, UTICA, UTAP, UNFT … Où sont les partis politiques … Où est la société civile tant vantée ?

Toutes ces capacités vives de la nation ont besoin d’un leader qui a la capacité de les mener et les conduire dans le but d'atteindre des objectifs clairs qui leur sont assignés, à travers une stratégie exhaustive de riposte contre l’épidémie.

En aucun cas il ne faut confondre le leadership politique et le leadership scientifique. Ce dernier, incarné par un comité scientifique dont les missions et la composition méritent d’être revues, ne doit pas être instrumentalisé par les décideurs ou essuyer les lacunes et les défaillances des gouvernants. Il s’agit d’un organe consultatif qui émet des avis pour aider à la décision des autorités mais qui ne les lient pas … C’est là où intervient le génie politique qui devra décider des mesures les moins douloureuses pour la communauté, tenant compte de tous les autres impératifs et de toutes les autres contraintes ...  On ne se renvoie pas la balle en culpabilisant, à tort, l’un ou l’autre des organes… On ne fera que décrédibiliser tout le monde.

 

Pour espérer réussir notre guerre contre la Covid-19, il est nécessaire d’user de l’arme de la communication, basée sur une stratégie claire et de multiples outils performants, sans oublier que la communication est une science en soi et qu’on ne nait pas communicateur. Les bévues relevées dans ce domaine sont nombreuses et préjudiciables au climat de confiance qui doit s’établir entre toutes les parties prenantes.

Elle doit éviter d’induire l’anxiété et la panique, tout en montrant que la situation est grave mais qu’elle demeure maitrisable en faisant appel à la responsabilité de chacun afin de permettre aux populations de piloter la réponse de la société. Hendrik Streeck, directeur de l’Institut de virologie de l’hôpital universitaire de Bonn (Allemagne) souligne que « susciter des craintes n’est pas la bonne façon de procéder, car cela divise la société et affaiblit l’acceptation d’une attention responsable ».

Outre les appels à respecter les mesures barrières, elle doit annoncer les mesures contraignantes et coercitives, en les contextualisant tout en faisant appel au sens civique et aux sentiments des uns et des autres. Les autorités compétentes veilleront à l’application des mesures annoncées, sans quoi on peut toujours courir.

La communication devra être différenciée selon les cibles projetées et en particulier entre les populations âgées et fragiles d’une part et les jeunes d’autre part. Nous n’avons pas les mêmes référentiels ni les mêmes sources d’information et nos comportements sont influencés par des messages différents.

 

A travers la communication appropriée, les leaders doivent mettre en garde contre l’idée fausse selon laquelle le virus peut être éliminé. Il est de plus en plus évident que le virus continuera à circuler longtemps et pour une durée indéterminée dans le monde entier. Accepter et apprendre à vivre avec la présence et la menace de la Covid-19 est une nécessité avec l’ambition de gérer au mieux les risques et à en atténuer l’impact.

Ces leaders doivent aussi éviter de créer une attente démesurée et trop d’espoir dans un vaccin incertain en termes d’efficacité et d’effets secondaires, sans compter sa disponibilité sur le marché national tributaire de nos moyens et surtout de la compétition agressive de beaucoup de pays bien mieux positionnés que le nôtre.

 

A travers ces lignes, mon intention est d’exhorter nos gouvernants et à leur tête Messieurs le président de la République et le chef du Gouvernement à user de toutes les instances et de tous les moyens à leur disposition pour provoquer la riposte politique adaptée à la situation grave provoquée par la Covid-19. Une (des) session (s) du conseil national de sécurité et des conseils de ministres s’imposent pour relancer la machine sur les bons rails.


*Dr Hédi Achouri : Médecin retraité du ministère de la Santé publique

24/10/2020 | 12:08
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Commentaires
AIRBORN RWY 25L
SOLUTIONS : BILL GATE - MIRACLE
a posté le 24-10-2020 à 22:14
Pour relancer la machine et pour la sec .national il doit s'agir la :
-§-1: La dissolution du l'ARP ( l'ennemie visible )
-§-2: La demission du president KS
-§-3:l'interdiction des voyages Hajj /Omra ou Istanboul shopping ( l'orig du maladies )
afin de travailler sans blocage la Tunisie n'a plus besoin du GOV - et
chacun pour soi pour soigner le soign par le soi du soign
Moi
@Dr Hédi Achouri
a posté le 24-10-2020 à 21:13
Les solutions existent afin de faire disparaître le virus corona et l'éliminer pour toujours de notre pays.

On pourrait montrer au reste du monde que ce petit pays la Tunisie pourrait réaliser ce que les pays soit-disant développés ne pourraient jamais réaliser.

Oui, @Dr Hédi Achouri, il n'y a que le génie du Tunisien bricoleur qui pourrait arrêter la propagation du virus.

J'ai des idées de bricolage simple et efficace afin d'arrêter la propagation du virus, si seulement nos dirigeants changent de mentalité et arrêtent de copier les pays du nord...

Nous avons anéanti la créativité des Tunisiens par nos politiques à la con.
DHEJ
C'est l'OMS qui gouverne...
a posté le 24-10-2020 à 18:52
Nos gouvernants n'y peuvent rien !