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Chroniques
Il ne vous restera que l’art
Par Marouen Achouri
22/05/2019 | 14:00
3 min
Il ne vous restera que l’art

 

On adore donner des leçons, c’est incontestable. Est-ce dû à notre caractère méditerranéen ou à la profondeur de notre ignorance, nul ne peut le savoir. Mais il est certain que le jour d’un match, on se transforme en 12 millions de techniciens et le temps d’un feuilleton, on devient 12 millions de critiques.

 Le pays a connu mieux comme situation. Les choses sont difficiles au niveau économique et nos politiciens ne semblent pas être en mesure d’apporter des solutions à la cherté de la vie et aux difficultés quotidiennes.

Toutefois, quelques rayons de soleil viennent traverser cette grisaille pour nous montrer que ça reste possible, qu’il y a des raisons d’être fier de son pays. L’art de manière générale et l’art cinématographie et télévisuel particulièrement ont connu une mue sans précédent ces dernières années. La liberté d’expression gagnée au prix du sang et principal acquis de la révolution de 2011 n’a pas profité qu’aux journalistes. Les artistes de tous bords ont également su s’en emparer pour donner naissance à une production variée, profonde et magnifique.

 

Nous nous sommes bousculés au cinéma pour découvrir de très bons films tunisiens de tous les types. Nous débattons aujourd’hui de la qualité, de la profondeur et de la pertinence des feuilletons tunisiens de ramadan. Même si l’on peut parfois se montrer durs ou injustes dans nos jugements sur tous ces travaux, nous n’avons pas encore pris conscience de la chance de disposer, d’abord, d’une telle offre artistique.

Outre une production prolixe, la qualité a été au rendez-vous au niveau du cinéma tunisien avec des films qui ont rempli les salles et qui ont été de vrais succès populaires. Des films courageux qui ont tenté, avec des fortunes diverses, de s’attaquer à certains tabous. En tout cas, ce sont des travaux qui ont refusé la complaisance dans l’acquis, dans le facile, et qui ont tenté de faire avancer les choses, d’explorer de nouvelles pistes. La même logique s’applique aux feuilletons télévisés car souvent, les réalisateurs de cinéma restent derrière les caméras. Un vent de jeunesse, de nouveauté et d’audace souffle sur la scène artistique tunisienne et ça fait beaucoup de bien.

 

Ce foisonnement artistique reste un thermomètre, un indicateur assez fidèle de l’évolution d’un peuple et d’une civilisation. Cela nous permet de dire que malgré tout, la Tunisie va dans le bon sens et avance dans la bonne direction.

Devant les déceptions continues fournies par notre classe politique, il ne nous restera que l’art pour nous en sortir. Devant les échecs multiples, seul l’art peut jouer le rôle de locomotive pour une société en proie à un changement profond. Nous avons un besoin pressant de cette désinvolture, de cette audace dont peut se parer l’artiste pour nous emmener plus loin, pour nous faire avancer dans ses pas.

Evidemment se posent les questions relatives au financement de l’art, à son encadrement notamment à travers le ministère des Affaires culturelles. Mais nos artistes et cinéastes ont déjà dépassé ces questionnements futiles et ont innové pour trouver des moyens de financement échappant à l’œil, parfois lourd, de l’administration tunisienne. Le développement technologique a grandement facilité la réalisation d’un film de manière générale mais les artistes tunisiens y ajoutent cette ferme volonté d’autonomie et ce farouche besoin de liberté.

 

Au fil des années, depuis 2011, il devient de plus en plus évident que notre salut viendra de nos cinéastes, peintres, graphistes, acteurs, musiciens, chanteurs, sculpteurs et autres. Ce sont eux qui vont baliser les chemins tortueux de la liberté et de la conscience et ce sont eux qui représentent la vraie force vive de ce pays. Tant qu’il y aura des artistes en Tunisie, on s’en sortira.

 

Par Marouen Achouri
22/05/2019 | 14:00
3 min
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Commentaires (7)

Commenter

Anis
| 25-05-2019 17:35
Mr Achouri vient d'inventer le huitieme art,d accord pour élargir l espace du sensible dans nos mornes existence mais de grâce pas d'art télévisuel,Non non pas la télé une machine à decerebrer en masse,et pourquoi pas Facebook et you tube élevés à hauteur de chef-d'oeuvres.
....Donneur de leçons un peu malgré moi Mr Achouri

Jendoubi mehdi
| 23-05-2019 22:28

Je partage votre perception et sans chauvinisme ni exagération, je pense que ceux qui fréquentent les multiples activités culturelles, reconnaissent une vraie créativité et beaucoup de dévouement et de sérieux de tous les professionnels de la culture. Bien sûr on peut ne pas apprécier telle '?uvre ou tel spectacle, le domaine du gout est tellement riche et varié. Vous avez parlé de cinéma, mais sans exagération les mêmes louanges sont valables pour le théâtre, la musique classique occidentale et orientale. De même pour les rencontres littéraires et les livres disponibles sur le marché de l'édition. Beit El Hikma offre des conférences et des séminaires de très haut niveau. La cinémathèque lancée avec la cité de la culture, est un vrai bijou culturel et pas seulement pour ses équipements, mais aussi pour sa programmation. Il est vrai que ces activités, ne sont pas toutes aussi courues que le film à succès Dachra, ni même suffisamment médiatisées et il serait bon de mieux couvrir l'ensemble des gouvernorats de manière plus équitable. De même un parti au pouvoir, nous a promis en 2014, l'ouverture de 100 nouvelles salles de spectacles, j'ignore où en est actuellement le décompte. Entre temps ce parti s'est mis à faire de l'opposition. Nos artistes travaillent dans des conditions difficiles, mais leur engagement et leur compétence, méritent réellement notre admiration.***



Tunisino
| 23-05-2019 13:40
L'art est un dessert plutôt qu'un plat. Il faut peut être parler d'une industrie audiovisuelle qui contribuera dans l'économie, en plus de la culture. C'est aussi le cas des sports, comment faire des sports une industrie, en plus des activités physiques? Tout tourne autour de la bonne gestion d"un pays. Cette gestion ne peut pas se faire par des aventuriers, mais par des personnes exceptionnelles en savoirs réfléchir, technique, et humain. Chahia Taiba!

Justinia
| 22-05-2019 20:10
Quand j'entends le mot culture,j'ai envie de sortir mon revolver.(Joseph Göbels ministre de la propagande de Hitler.)

HatemC
| 22-05-2019 18:11
Bien sûr merci MA et non RBH pour ce papier '?' erreur '?'. HC

HatemC
| 22-05-2019 17:39
RBH soulève comme à son habitude des sujets intéressant de société, et on a envie d'y répondre non pour REFAIRE le match comme les 12 millions de critiques et techniciens du dimanche, mais pour abonder dans le même sens car les solutions existent '?'

Il se dit que la pauvreté n'est pas une fatalité !!!
On ne naît pas citoyen on le devient
On ne naît pas député on le devient
On ne naît pas ministre on le devient
On ne naît pas politicien on le devient

La maturité politique se construit au fil des ans et de l'environnement familiale dans lequel on naît '?'
L'engagement politique se forge dès le jeune âge déjà dans la cellule familiale '?'
Or en Tunisie, un vide existe '?' les jeunes ne s'identifient à aucune politique.
Ils sont dépolitisés, les partis politiques Tunisiens ne diffusent aucune idéologie, ils naviguent à vue, d'ailleurs la transhumance politique en est une preuve '?'

Des 2 grands partis le seul identifiable avec une idéologie reste Nahdha et ses référents religieux fort.
On peut éventuellement citer les partis de la mouvance Nasserienne et du Panarabisme.
Or ces 2 idéologies n'ont aucun ANCRAGE idéologique en Tunisie, c'est des idéologies importés '?' aucune référence nationaliste '?'
L'une importé d'Egypte et des Frères Saed Qotb et Al Banna et l'autre du Nassérisme et du Baathisme '?'

La seule idéologie Nationale connu reste le Destour et le Néo Destour de Bourguiba, qui est malmené actuellement par les idéologies importées '?' des idéologies financées par l'étranger.

On a bien vu comment sont traités nos leaders nationaux, ils sont trainés dans la boue et même trainés en justice '?'.

Comme si les Tunisiens ont honte de leur histoire et de leur passé.

Comment dans ce cas nos jeunes peuvent avoir des référents fort
Ils ont le cul entre 2 chaises '?' indécis, leurs parents souvent analphabètes et / ou illettrés ne sont pas outillés pour les aider à se forger une conscience politique '?'et surtout a respecter nos symboles, notre Nation, notre drapeau, et NE JAMAIS TOURNER LE DOS A LA TUNISIE , leur terre nourricière '?' comme la plupart des jeunes qui ont pris les armes contre leur pays '?' il y a bien une cassure quelque part dans notre société à 2 vor 3 vitesses.

Je me demande si demain le pays est envahi par des éléments étrangers, es ce que ces jeunes défendront leur pays ou non
J'ai cette amer sensation que non, ils retourneront les armes contre le pays '?'.

Les partis devraient jouer leur rôle d'instructeur ou d'éducateur en organisant des Universités d'été pour les jeunes '?'

Pour le second volet.
Il est vrai aussi que la production cinématographique, théâtrale, des feuilletons, n'a de sens, que lorsque les sujets questionnent l'ordre social, la vie de la Cité '?'

Maintenant des questions peuvent être posé sur le rôle du cinéma, car le cinéma reste un miroir, celui de notre société.

Le 7ieme art doit répondre à des règles économiques bien sûr, il peut être pur produit de divertissement autant qu'?uvre artistique.
Créer un cinéma d'auteurs pour susciter un débat dans le milieu culturel, adapter nos auteurs au cinéma.
Créer un cinéma d'exception sans tomber dans le graveleux et le plagiat '?'.
La TV a aussi un rôle primordiale en diffusant des '?uvres cultures, historiques suivit de débat. MANQUE CRUEL DE DEBAT CULTUREL à la TV '?'.

Le cinéma peut jouer un rôle d'éveil de notre société '?' Les pamphlets de Michaël Moore ont ouvert les yeux à des millions de personnes sur les dysfonctionnements de l'Amérique.
Le 7ieme Art est porteur d'une véritable responsabilité citoyenne.

Il est certains que l'Etat Tunisien doit apporter tout son soutient à la culture et en faire une industrie '?'
Les films Turc sont d'abord destinés aux Turcs
Les films Egyptiens pour les Egyptiens etc '?'

Nous avons le devoir de développer notre propre industrie et diffuser notre culture au reste du monde '?'. défendre notre spécificité Tunisienne, approfondir la Tunisanité dans le c'?ur des Tunisiens.

Par contre dans la liste de RBH de ceux qui vont baliser les chemins tortueux de la liberté et de la conscience, manque les HISTORIENS '?'

Merci pour ce papier RBH '?' HC

Gg
| 22-05-2019 16:49
Par essence, l'art est un espace de liberté. Dès lors qu'on n'a pas le droit de traiter le sujet qu'on veut comme on veut, sans aucun tabou ni censure, l'art n'est plus que l'ombre de lui même.
Lorsque les artistes auront le droit de filmer des amours entre personnes du même sexe, de critiquer les sociétés, les religions, de dénoncer les dictatures, de sculpter des corps nus, de dessiner même le prophète... l'art sera.
Sinon, c'est de l'art stalinien, et bonne chance aux artistes émigrés!