alexametrics
jeudi 28 mars 2024
Heure de Tunis : 16:18
A la Une
Hafedh Caïd Essebsi : Envers et contre tous !
19/08/2014 | 1
min
Hafedh Caïd Essebsi : Envers et contre tous !
{legende_image}
En dépit de la virulente campagne de dénigrement à son encontre, Hafedh Caïd Essebsi est passé tête de liste de Nidaa Tounes sur Tunis 1 pour les prochaines législatives. Le fils du président du principal parti tunisien fera-t-il imploser Nidaa ?

Il n’apparait dans aucun sondage, on ne le voit jamais sur les plateaux télé, ni dans les studios de radio. Aux meetings, il est souvent dans les coulisses, rarement aux premiers rangs et on ne lui enregistre aucun historique particulier en matière de politique. Et pourtant ! Hafedh Caïd Essebsi a réussi à passer à la tête de la liste de Nidaa Tounes sur Tunis 1, une des principales circonscriptions. C’est qu’en dépit de tout, Hafedh a un atout qu’aucun autre membre de Nidaa Tounes ne possède, il porte un nom symbolique : Caïd Essebsi. Et quand on porte un tel nom, on « mérite » un certain égard jusqu’à être parachuté tête de liste. Est-ce grâce au papa ou grâce à la maman que Hafedh Caïd Essebsi a réussi ce forcing ?
La polémique de plusieurs semaines dirigée contre lui ne l’a pas découragé. Les lobbys à l’intérieur et à l’extérieur de Nidaa ont fonctionné à fond pour bloquer sa candidature, mais il a réussi envers et contre tous à se faire imposer.
Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut connaitre le tempérament de Béji Caïd Essebsi, l’homme qui aime gouverner … tout seul ! Mais il a beau décider tout seul, un homme, quel qu’il soit, reste toujours sous l’influence de la mère de ses enfants.

Béji Caïd Essebsi n’est pas né de la dernière pluie. Il est même le politicien le plus âgé de la scène politique actuelle. Mais Béji Caïd Essebsi n’est pas né non plus dans une démocratie qui donne de la voix aux contradicteurs. Au mieux, il les écoutera d’une oreille distraite.
Les différents camps de Nidaa et les différents lobbys fonctionnant autour de lui (notamment celui de Kamel Letaïef) n’ont pas réussi à convaincre BCE que la candidature de son fils ne saurait être une bonne chose pour le parti et encore moins pour le pays.
Les opposants à cette candidature ne partent pas d’un point de vue personnel et n’ont aucune dent contre le fils. C’est même tout le contraire. Pour ceux qui le fréquentent de près, Hafedh Caïd Essebsi est quelqu’un d’assez sympathique qui n’inspire pas du tout la méfiance.
Le problème principal de Hafedh Caïd Essebsi est justement son nom de famille. Etant le fils du chef, il ne peut devenir tête de liste et leader dans un parti rempli de personnalités aux égos démesurés et à l’historique militant bien chargé. « Cela renvoie un signal très négatif aux électeurs et sympathisants qui aimeraient voir en Nidaa un véritable parti moderne imbibé de démocratie et de diversité d’opinions », nous dit une des personnes supposées être influentes dans le parti.
Contrairement à Issam Chebbi, frère de Néjib leader d’Al Joumhouri, Hafedh Caïd Essebsi ne s’est jamais fait connaitre sur la scène politique par ses propres œuvres, déclarations ou positions. Il est totalement inconnu du grand public.

« C’est faux », nous dit l’un de ses défenseurs. Hafedh Caïd Essebsi a su justement profiter du nom de son père pour se faire une popularité extraordinaire au fin fond du pays. « Des centaines de listes de soutien à sa candidature ont été transmises à Béji Caïd Essebsi pour lui dire que son fils est un digne héritier et qu’il ne saurait être écarté du parti à cause de son nom. C’est quelqu’un de très discret qui travaille dans les coulisses et par réseaux.»
Un autre ami de Hafedh attire l’attention sur ce qui lui semble être une évidence « Où voulez-vous que le fils d’un chef d’un parti politique aille faire de la politique ? A Ennahdha peut-être ? ».

Les arguments, en apparence recevables, ne tiennent pas longtemps debout. Ils n’arrivent pas à convaincre les sceptiques, du moins. « Que le fils fasse de la politique dans le parti de son père, ok, mais qu’il la fasse ! On ne le voit jamais nulle part ! Pourquoi il n’a jamais attaqué la troïka à l’instar de Issam Chebbi dans les médias ? Pourquoi on ne le voit jamais prendre le micro dans les meetings ? ».
La discrétion, répond-on dans l’entourage de Hafedh ! Un peu trop même, puisque le nouveau « leader » de Tunis 1 s’est inscrit aux abonnés absents. Nous avons beau l’appeler et le rappeler pour obtenir son opinion à l’occasion de l’élaboration de cet article, son téléphone demeure étonnamment éteint.
Chez Nidaa, militants et sympathisants sont comme « entre le marteau et l’enclume ». Ils ne sont pas convaincus de cette candidature, mais ne veulent pas attaquer frontalement le candidat. Ils regardent désolés et impuissants les milliers de personnes sur les réseaux sociaux et sur le terrain dire « Nous ne voterons pas Nidaa, puisque c’est comme ça ! L’ancien régime est tombé à cause d’histoires familiales. Nous avons bien accepté la pilule de faire intégrer des "RCDistes" propres et compétents au sein de Nidaa, mais il ne faut pas exagérer. Si Hafedh Caïd Essebsi est compétent politiquement, qu’il le prouve devant nous, devant le grand public, et pas dans les coulisses ! ».

La balle est dans le camp de Caïd Essebsi et seulement Caïd Essebsi. Il ne saurait être imperméable à ce florilège de critiques sévères à son encontre. Même s’il estime que ces critiques sont infondées et injustes, il se doit de prendre les décisions adéquates s’il se considère comme un véritable homme politique. On peut avoir raison envers et contre tous, mais il faut savoir s’imposer en convainquant et non en forçant. Caïd Essebsi, le père ou le fils, doit être sain d'esprit pour changer d'avis avant le 22 août.


Raouf Ben Hédi

19/08/2014 | 1
min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous