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Voter pour les nuls !
24/10/2014 | 1
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Voter pour les nuls !
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Voter pour les nuls, pour la majorité ou pour ceux qui ne savent pas comment voter, ceci est le casse-tête des élections du 26-Octobre, prévues dans à peine deux jours et qui ont déjà commencé hier dans les circonscriptions à l’étranger. Si nombreux électeurs hésitent entre un vote blanc, un vote contestataire, un vote utile, un vote majoritaire ou pas de vote du tout, voici un petit pense-bête pour éclairer la lanterne des têtes en l’air à la veille du scrutin.

Le jour J, il faut s’être inscrit sur les listes de l’ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections), afin de pouvoir aspirer à déposer son bulletin dans l’urne. C’est près de 5 millions de Tunisiens qui se déplaceront vers les bureaux de vote situés dans 33 circonscriptions électorales en Tunisie et à l’étranger, munis de leurs cartes d’identité nationale ou de leurs passeports verts. Pour savoir où voter, rien de plus simple. Il suffit de taper : *195*CIN# et vous saurez dans quel centre de vote vous irez faire la queue le 26 octobre. Mais savoir pour qui voter, c’est là où réside le véritable casse-tête. En effet, les Tunisiens éliront 217 membres du Parlement sur un total de 15.652 candidats sur 1.500 listes. Soit 910 listes de partis, 472 listes indépendantes et 158 listes de coalition.

Ceux qui n’ont pas trouvé la perle rare dans ces 1.500 listes (et ils sont nombreux !), auront le choix entre un vote blanc, un vote contestataire ou une abstention. Mais quelle est la différence entre ces trois types de votes ?

L’abstention, concept tout simple, veut dire ne pas voter du tout. Renoncer à son droit électoral et laisser les autres décider à sa place. En Tunisie, le vote n’est pas obligatoire et l’abstention ne constitue donc aucune infraction à la loi. Ceci est toutefois le cas dans certains pays tels que la Belgique ou l’Australie. En plus des 4 millions de Tunisiens qui ont refusé de s’inscrire sur les listes électorales, beaucoup ne se déplaceront pas dimanche parmi les 5 millions d’inscrits. Différentes raisons : une certains résignation, un désintérêt total de la chose politique et une déception face à la palette de partis et de listes indépendantes qui présentent leurs candidatures aujourd’hui. Nombre d’entre eux iront cependant donner leurs voix au futur occupant du Palais de Carthage lors du scrutin présidentiel de novembre. Mais l’abstention peut être comparée à un « vote pour la majorité » et revient donc à donner sa voix pour un parti dont on ne veut peut-être pas.

Il existe une autre alternative pour ceux qui ne veulent voter pour personne mais qui tiennent à exercer, cependant, leur droit électoral. Ces derniers peuvent déposer un bulletin blanc dans l’urne. Il s’agit d’un vote blanc. Ce vote consiste au dépôt d’un bulletin vierge ou d’une enveloppe vide et exprime une volonté de démarcation par rapport à l’ensemble des candidats proposés lors du scrutin. Le vote blanc est certes comptabilisé parmi les bulletins exprimés, selon la législation tunisienne, mais ne sera pas comptabilisé parmi le quotient électoral et ne sera donc pas pris en compte dans le nombre final des suffrages exprimés. Ce vote fait certes reculer le taux d’abstention et exprime le refus de l’électeur de choisir tout en exerçant son droit de vote. Il s’agit d’un acte citoyen contestataire différent légalement de l’abstention.

Autre manière de voter, le vote nul. Dans ce cas-là il s’agit généralement d’un accident et très rarement d’un choix. Un vote nul est le dépôt dans l’urne d’un bulletin qui ne sera pas comptabilisé au moment du décompte des voix. Il s’agit donc d’un bulletin coché plus d’une fois, endommagé ou comprenant des éléments supplémentaires qui impliquent son annulation. C’est une autre manière de manifester son opposition aux candidats qui se présentent dans sa circonscription électorale. Attention cependant aux bulletins accidentellement endommagés dont les auteurs pourraient perdre leurs voix à cause d’un simple gribouillage ou d’un papier déchiré.
Il reste cependant une autre solution, celle de voter réellement ! Il s’agit de se renseigner sur les programmes, les projets et les orientations de chaque parti ou liste qui se portent candidats dans sa circonscription et de sélectionner celui ou celle qui correspondra le mieux à ses convictions.

Pour ce, le choix s’avère large et assez fastidieux et certains candidats n’hésitent pas à user de moyens frauduleux pour appâter les plus indécis : argent politique, publicité anarchique, pots de vin, promesses mensongères, etc. On peut toutefois voter contestataire, en évitant le parti qu’on veut contourner et en votant pour un candidat dont on est malheureusement très peu convaincu.

Tout électeur, inscrit sur les listes de l’ISIE et muni de sa carte d’identité nationale ou de son passeport pour les circonscriptions à l’étranger, pourra rejoindre son bureau de vote. S’identifier auprès de l’agent chargé de la tenue du registre électoral, prendre son bulletin de vote, entrer dans l’isoloir et faire son choix en cochant d’un « X » la case du parti ou de la liste pour qui il votera. Enfin, l’électeur plie son bulletin, quitte l’isoloir et le place dans l’urne avant de signer le registre et de tremper son doigt dans l’encre violette qui servira à l’identifier parmi ceux qui n’ont pas encore voté et d’éviter ainsi les éventuelles fraudes. Les personnes handicapées peuvent se faire représenter, à l’intérieur de l’isoloir, par un membre de la famille proche afin d’effectuer toutes les étapes de l’opération de vote à leur place. Pour ce, une carte prouvant son handicap sera demandée.

Le jour J, plusieurs observateurs tunisiens et internationaux seront déployés dans les bureaux de vote afin de suivre le processus électoral et d’identifier les manquements, fraudes, dysfonctionnements ou éventuelles maladresses des agents et électeurs.

Toute cette opération de vote servira à l’élection d’un Parlement qui représentera toutes les couleurs politiques choisies par le peuple et devra décider de la composition du futur gouvernement qui devra succéder à celui de Mehdi Jomâa. Selon la nouvelle Constitution, le gouvernement sera nommé à la majorité absolue des 217 membres du Parlement qui sera élu lors des législatives du 26-Octobre. Avec un mode de scrutin proportionnel au plus fort reste, le gagnant des législatives ne pourra décider seul et devra donc compter sur ses « partenaires » des futures coalitions et alliances politiques qui devront se former entre les partis ayant collecté un nombre assez conséquent de voix.

Lorsque l’on votera le 26-Octobre, tous ces petits détails devront rester en tête afin d’éviter de perdre un temps précieux, ou pire, déposer un bulletin qui ne sera pas reçu, au risque de voir sa voix perdue. Mais tous ces conseils ne serviront peut-être pas les électeurs les plus avertis à éviter de voter pour les nuls !

Synda TAJINE

24/10/2014 | 1
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