L’Association tunisienne pour l’Intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a tenu, aujourd’hui, vendredi 28 novembre 2014, une conférence de presse afin de présenter son évaluation du premier tour de l'élection présidentielle.

Dans son allocution, Moez Bouraoui, président de l’ATIDE a indiqué que cette conférence devait avoir lieu à l’issue du second tour de la présidentielle. Or, et suite aux tensions relevées dans le discours politique ces derniers temps, l’association a décidé d’avancer son intervention. «  Les tensions dans le discours politique laissent la porte grande ouverte aux actes de violences et peuvent engendrer une augmentation du taux d’abstentionnisme dans le rang des électeurs » a-t-il précisé.

M. Bouraoui a considéré que le premier tour a été pluraliste eu égard au nombre des candidats et la diversité de leurs courants politiques, soulignant que ceci représente un acquis pour la transition démocratique en Tunisie.

Pour sa part, Abdeljaoued Harraz, a réitéré son enthousiasme pour le pluralisme enregistré lors du premier tour avant de passer en revue les différents dépassements relevés. Il a indiqué que diverses difficultés ont été repérées lors de l’opération d’observation. En effet, certains observateurs ont été écartés des bureaux de vote ou n’ont pas pu observer l’opération de collecte et de tri. Il a pointé, par ailleurs, le mécanisme des parrainages des candidats, «  c’est un mécanisme à revoir complètement, surtout en voyant certaines pratiques indignes d’un candidat à la magistrature suprême », a-t-il martelé. M. Harraz a ajouté que l’ATIDE a porté des plaintes contre sept candidats dans ce contexte pour fraude et falsification de signature. Et d’enchaîner qu’il espérait voir l’ISIE refuser certaines candidatures dont la falsification des parrainages est avérée, «  ces dépassements touchent de près l’intégrité des élections », a-t-il dit en substance.

Leila Chraibi, a relevé, quant à elle, plusieurs dépassements « au niveau des affiches déchirées, non collées, affichées à des endroits inappropriés, ou encore, contenant des messages incitant à la haine et au boycott des élections », appelant, également, l’ISIE et la Cour des comptes à bien vérifier le financement des campagnes électorales surtout par rapport à l’affichage urbain, et qui est désormais, très coûteux.
Mme Chraïbi évoque, par ailleurs, le manque d’équité entre les différents candidats ainsi que le manque de neutralité des médias dans le traitement de la campagne électorale des uns et des autres.


L’ATIDE appelle, par ailleurs, les candidats et leurs partisans à respecter les principes de la campagne électorale ainsi que l’intégrité et la démocratie des élections. L’ATIDE exhorte ces derniers à éviter les actes et les déclarations pouvant provoquer des troubles à l’ordre public et entraîner par conséquent l’abstention des électeurs dans un climat déjà marqué par un manque de confiance des citoyens envers la classe politique.
A noter, enfin, que l’Association a fait un certain nombre de recommandations susceptibles, selon elle, de garantir un minimum de transparence et d'éviter les éventuelles infractions. Il s’agit d’assurer l’équilibre entre les deux candidats au niveau de leurs passages dans les médias, d’appliquer des contrôles rigoureux du financement, d’assurer un nombre suffisant d’observateurs, de poursuivre les auteurs d’actes de violences et de tout mettre en œuvre pour pouvoir annoncer les résultats préliminaires du second tour dès la fin de journée électorale.