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Plateforme d'actions : la bible patronale pour le salut de l'économie
17/09/2014 | 1
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Plateforme d'actions : la bible patronale pour le salut de l'économie
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La relance économique et le devenir de la Tunisie sur les cinq prochaines années ont été au cœur des travaux du patronat qui s'est penché, tout sérieux, sur la question pour émettre ainsi une plateforme d’actions. L’exercice économique a pris un tour paroxystique durant les trois dernières années. Que de remontrances, des experts en la matière ont-ils matraqué à l’endroit des gouvernants en place dans le but de lancer une opération de sauvetage de toute urgence de l’économie nationale. A un temps, il a été question de donner un tour de vis aux dépenses, sous la forme d’un plan d’austérité. Mauvaise pioche ! Le plan n’a pas trouvé preneur. Il fallait penser une nouvelle vision plus réaliste et plus optimiste à la fois. Un véritable challenge !

La semaine écoulée, l’UTICA s’est réunie avec une poignée de responsables de partis politiques chargés du dossier économique en vue de leur présenter la plateforme d’actions confectionnée par les services du patronat. Nombreux sont les buts que vise ce document. En l’essence, c’est attirer l’attention sur l’urgence de pallier les dommages, tassés depuis trois années, d’une situation économique « léthargique » et qui s’écrase fâcheusement sur le temps. L’enseigne de la plateforme est on ne peut plus claire : une croissance visant à stimuler l’emploi et à favoriser un développement équilibré et plausible au niveau de l’ensemble des régions et ce, au travers de la mise en place d’entreprises compétitives. La plateforme présente neuf propositions pour remettre l’économie en marche et le pays sur les rails.

L’UTICA lance, dans les lignes de sa première proposition pour la remise en marche du pays, un appel à l’adresse de l’ensemble des composantes de la société, en d’autres mots : les partis politiques, les syndicats, les corporations, les associations de la société civile et notamment les citoyens. Cet appel consiste, en substance, à mettre sous le feu des projecteurs les risques sérieux que tout pays encourt des retombées de la situation économique actuelle. Un changement de trajectoire au devenant urgent s’impose dès lors, un sursaut dont la visibilité doit paraître aussi bien au niveau national qu’international. «Cela ne pourra être le cas que si un grand dessein national, une vision claire et partagée est fixée, avec une répartition équitable des efforts à effectuer »

Pour sa seconde proposition, le patronat axe sur la restauration de la valeur travail. Une valeur qui s’est cruellement perdue durant les trois dernières années. L’UTICA impute, principalement cette dégradation à l’affaiblissement de la reconnaissance du mérite comme ascenseur social. Pour ce faire, une batterie de mesures a été conçue. Il s’agit de placer le mérite, le travail et l’effort au cœur du projet sociétal. Il est important aussi de développer davantage l’initiative individuelle et libérer des énergies pour ouvrir des perspectives, miser sur la formation, l’emploi et la responsabilisation pour raviver l’espérance de la jeunesse, affranchir les jeunes à la réalisation de leurs aspirations légitimes par le biais du travail. Entre autres mesures, on appelle à faire rejeter par la société, les comportements déviants au moyen de l’application de la loi pour tous de manière identique.

C’est très clairement une proposition phare que le patronat formule dans sa bible pour la relance économique. Celle de créer de l’emploi et de booster la croissance. C’est au travers de la mise en place d’un nouvel écosystème entrepreneurial basé sur l’initiative économique et notamment par : l’adoption d’un Code de l’Investissement et de l’Entreprise, l’adoption d’un plan de numérisation de la Tunisie, la redéfinition des mécanismes de financement de la recherche et de l’innovation, le développement et la gestion d’une infrastructure industrielle aux standards internationaux dans le cadre de PPP, ainsi que la mobilisation de financements et de mécanismes de garantie adaptés aux différentes catégories d’entreprises.

Remettre le pays sur les rails entend, de même, l’amélioration du niveau de vie et du pouvoir d’achat de toutes les classes sociales. A cet effet, l’UTICA propose une approche dite alternative dont le but est d’accroître de manière palpable le niveau de vie de l’ensemble des classes sociales, et ce, sans pour autant générer une inflation excessive ou encore sans une surcharge pour la Caisse de Compensation ni un blocage de l’investissement et la création de l’emploi. Le patronat détaille sa proposition sur trois principaux vecteurs : la redéfinition des politiques publiques de la santé, du logement et du transport, la maîtrise des prix par une augmentation de l’offre et celle de la valeur ajoutée nationale pour limiter l’inflation importée ainsi que la mise en place d’une nouvelle politique salariale liant l’évolution des salaires à celle de la productivité.

Dans le chapitre de l’incitation à l’investissement intérieur, l’UTICA suggère de rendre le développement perceptible dans toutes les régions de la Tunisie. Le fer de lance de cette bataille est la création d’une autorité de développement dans le cadre de la nouvelle gouvernance régionale. Il s’agit d’une structure dont les règles de gestion sont non administratives et qui dispose d’un large éventail de prérogatives. Elle sera également chargée d’une action à caractère urgent sur le plan de la création et de l'expansion d’activités économiques, entre autres opérations. Ladite Autorité de développement sera accompagnée, de plus, par un « Plan Marshall » qui ciblera un territoire à aspect prioritaire et afférent à un gouvernorat spécifique. Ce plan mobilisera des dons internationaux et interviendra pour le changement du niveau de vie des citoyens habitant le territoire intéressé.

Un brin moins dans le détail, l’UTICA propose d’acter sur des services publics à la hauteur des attentes du citoyen ainsi que des entreprises, en changeant les moyens de financement des services publics et le mode de gestion des institutions prestataires. Le patronat s’est penché, également, sur l’assainissement, l’équilibrage et la stabilisation des finances publiques, et ce, en engageant une véritable réforme fiscale faisant de la fiscalité un outil favorisant la croissance, l’investissement et la création d’emploi. S’ajoute à cela la mise en œuvre effective et rapide des budgets par objectif au sein de tous les ministères et de toutes les entreprises publiques. Les deux dernières stations, et non les moindres, engagent l’intégration totale de l’agriculture et de l’artisanat dans la sphère économique (un plan d’action pour que ces secteurs quittent graduellement la sphère sociale et intègrent la sphère économique) et la contribution à l’éradication du terrorisme au travers de l’inclusion économique (d’engager un travail de fond pour réaliser l’inclusion économique dans tout le pays et notamment dans les régions frontalières).

Le patronat a, pour ainsi dire, accompli une tâche des plus fastidieuses et délicates, eu égard à son caractère salutaire pour l’économie nationale. La plateforme de l’UTICA que l’on pourrait vraisemblablement nommer la bible patronale pour la relance économique, est certes ambitieuse et fertile. Néanmoins, elle ne serait d’une utilité aucune si le gouvernement désormais en place et les composantes de la société civile n’empruntent pas le même chemin pour la guérison de l’économie d’une crise pathologique.


Nadya B’CHIR
17/09/2014 | 1
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