alexametrics
vendredi 29 mars 2024
Heure de Tunis : 14:34
Tribunes
La démocratie s’accommode-t-elle de la négligence de l’ISIE ?
12/09/2014 | 16:11
4 min
Par Nassima BARKALLAH

Le jour des élections, le 26 octobre prochain, il y aura ceux qui voteront, ceux qui ne voudront pas et ceux qui ne pourront pas. Personnellement, je ferais partie de ceux qui seront privés de ce droit constitutionnel !

Fin juin dernier, l’Instance supérieure indépendante pour les Elections (ISIE), a ouvert les listes électorales pour permettre aux citoyens tunisiens de s’inscrire en vue des prochaines élections en Tunisie. Un site internet dédié permettait l’inscription des Tunisiens à l’étranger.

Moi, fille d'immigrés tunisiens, issue de la seconde génération je revendique et tiens à véhiculer ce message « Tunisien à l’étranger, Tunisien à part entière, soyez aussi acteurs de ces élections".

Au nom de mon association Scara-B mais aussi en tant que citoyenne engagée et active j'ai participé à ce processus électoral en tenant des permanences afin d'inscrire tous les concitoyens du Var-Est n'ayant pas la possibilité de se rendre jusqu'au bureau de l'IRIE situé à Marseille à plus de 150 km de leur domicile.

Pendant toutes les périodes d'inscription électorale, j'ai tenu à apporter à tous les résidents, concitoyens tunisiens appui et accompagnement. Pour les aider à comprendre la démarche puis à les inscrire.

J’ai aussi décidé d’être candidate aux prochaines élections législatives pour représenter mes semblables Tunisiens résidents à l’étranger.

La procédure pour m’inscrire sur la liste électorale et disposer de mon droit de vote a été un véritable parcours du combattant et s’est terminé par un échec et une injustice flagrante !

Injustice qui m’oblige à me retirer d’une liste de candidats aux élections législatives et qui par-delà, me prive d’un de mes droits fondamentaux qui est celui de voter.

Début juillet, j’ai essayé de m’inscrire en utilisant le site internet. Mon inscription n’a pu se réaliser et un message m’a demandé de contacter l’instance régionale la plus proche. J’ai suivi les instructions et envoyé, le 22 juillet 2014, un E-mail à l’instance régionale de Marseille (IRIE). Ma demande a été prise en charge puisque j’ai reçu une réponse ainsi qu’une copie d’un message adressé par l’IRIE de Marseille à l’ISIE de Tunis demandant de m’inscrire.

N’ayant pas eu de réponse de la part de l’ISIE / IRIE, j’ai pensé que mon inscription a été réalisée. Je n’ai pas douté un instant que ce silence résulte d’une incompétence manifeste, d’un laisser-aller scandaleux et d’une négligence criminelle.

Début août et après vérification, mon nom n’était pas dans les listes électorales publiées par l’ISIE.

Le président de l’IRIE de Marseille, que j’ai contacté, m’a précisé la démarche à suivre pour rattraper cette erreur. Il m’a précisé ensuite avoir donné un avis favorable à ma requête. Durant mes fréquentes relances téléphoniques, il m’a toujours assuré que mon inscription n’est qu’une affaire de quelques jours. Il affirmait qu’elle serait effective dès que le ministère de l'Intérieur aurait mis à jour sa base de données.
Une telle condition m’a étonné. Même si le ministère de l’Intérieur venait à ne pas pouvoir mettre à jour sa base de données, cette défaillance technique est-elle une raison valable pour priver un citoyen de son droit de vote ?

Ma colère fut immense lorsque jeudi soir dernier, l’ISIE / IRIE a notifié le refus de ma candidature aux élections législatives au motif de non inscription sur les listes électorales !

L’ISIE / IRIE ont été totalement défaillants dans le processus de mon inscription sur les listes électorales. J’ai entrepris deux démarches pour lesquelles je n’ai reçu aucune réponse !

Qu-ai-je fais pour mériter un tel mépris ?
Qu’on fait les Tunisiens à l’étranger pour que l’ISIE les néglige ?

L’ISIE / IRIE n’ont mis en place aucune action terrain pour inscrire les Tunisiens à l’étranger. Ils n’ont entrepris aucune campagne de sensibilisation.
Le résultat est que, dans ma région, moins de 20% de la population est inscrite sur les listes électorales. Il en est de même à la région du consulat de Nice. En région parisienne, la liste électorale qui comptait plus de 166 000 inscrits n’en compte plus que moins de 80 000.

L’ISIE / IRIE pourront-ils justifier un tel résultat ?
Pourquoi les listes électorales de 2011 n’ont pas été versées dans celle de 2014 comme le prévoit la procédure ?

Avec un tel comportement et un tel résultat, l’ISIE est-elle digne de la mission que lui confère la constitution ? Sa direction est-elle à la hauteur de la tache ? Dispose-t-elle des compétences requises ? Pourrait-elle garantir des élections justes et transparentes ?
J’en doute très fort. Mon éviction injuste et la situation des listes électorales en France plaident pour le contraire.
Un homme d'Etat, politicien français a écrit "Le droit de vote, ce n'est pas l'expression d'une humeur, c'est une décision à l'égard de son pays, à l'égard de ses enfants"

Je souhaite plus que tout participer à la reconstruction de mon pays d'origine et à l’avenir de mes enfants.

*Présidente de l’Association SCARA-B
12/09/2014 | 16:11
4 min
Suivez-nous