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Chroniques
Elections législatives et présidentielle : Le pays des éternels surpris
29/09/2014 | 16:48
3 min
Par Sofiene Ben Hamida

Manœuvres, amateurisme ou incompétence ? On est en droit de se poser la question tant il y a des hésitations, des approximations, des ambigüités et même des incertitudes dans la préparation des prochaines échéances électorales, pourtant prévues depuis des mois. La Tunisie toute entière, gouvernement, partis politiques et instances de gestion et de régulation compris, donne l’impression d’être surprise par la tenue des élections législatives et de l'élection présidentielle.

Déjà, il a fallu plusieurs mois pour convaincre l’ANC d’adopter une nouvelle loi électorale. Pourtant il était clair dès le jour de la proclamation des résultats des élections du 23 octobre 2011 qu’il y aura, au bout de ce mandat provisoire, de nouvelles élections législatives et une élection présidentielle. Au final, il a fallu un marathon de réunions de dernière minute pour que cette loi soit adoptée, dans la douleur.

Il était clair, nécessaire et prévu aussi que le pays avait besoin d’une instance pour les élections. La logique et le bon sens imposaient de garder les structures de l’ISIE. Au contraire, les décideurs à l’ANC ont tout fait pour imploser l’ancienne ISIE et entrer dans des négociations sans fin pour choisir une nouvelle formation marquée par les équilibres politiques qui ont terni l’image de cette structure avant même d’entrer en exercice. L’équipe de Chafik Sarsar porte jusqu’aujourd’hui les stigmates de ces débats houleux concernant l’ISIE et sa composition. Entretemps, les locaux, les dossiers, les ordinateurs et la logistique de l’ancienne structure ont été dilapidés et il a fallu tout recommencer sans aucune capitalisation de l’expérience passée. Aujourd’hui encore, à une semaine de la campagne pour les législatives, l’ISIE n’a toujours pas de directeur exécutif.

Au niveau des partis politiques, les choses ne sont guère mieux. Comme si les élections avaient été décidées à l’improviste, à leur insu. Les négociations, les tractations et les réunions pour la constitution des listes se sont prolongées jusqu’à la veille de la fermeture des candidatures. Certains partis politiques, faute de se prendre à l’avance, n’ont pas réussi à présenter de listes dans certaines circonscriptions. Ils n’avaient plus de temps pour remplacer des candidats non conformes aux dispositions de la loi électorale. Beaucoup, parmi ceux qui avaient un candidat pour la présidentielle, ont dû recourir à des méthodes peu conformes à la pratique politique saine comme la sous-traitance, et peut-être l’achat des signatures. Aujourd’hui, aucun des candidats à la présidentielle n’a pu présenter des listes de soutien populaire n'affichant pas, au moins, des centaines de lacunes.  Beaucoup d’entre eux sont incapables de présenter leurs programmes qu’ils n’ont pas fini encore de rédiger. Leurs équipes de campagne qui devraient travailler d’arrache-pied depuis longtemps ne sont pas encore constituées.

Toutes ces marques d’amateurisme et d’approximation dans le travail des différentes instances et structures liées aux élections risquent de peser négativement sur les résultats du scrutin. Déjà, des observateurs relèvent, à raison, des signes alarmants présageant que les prochaines élections ne se dérouleront pas dans des conditions idéales de transparence, ce qui risque fort de fausser les suffrages exprimés ( lire la chronique de Nizar Bahloul). Pour les quatre semaines qui nous séparent des législatives, il est encore possible de corriger certaines lacunes. Mais il reste des erreurs graves commises par les uns et les autres qui sont difficilement surmontables dans un délai aussi court. Les partis politiques qui ont toujours considéré les périodes post-électorales comme des périodes de villégiature paieront à coût fort leur paresse et leur laxisme. Ils risquent de vérifier à leur insu l’adage qui dit qu’"il ne sert à rien de courir, il faut partir à point"/




29/09/2014 | 16:48
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