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Diplomate, un métier à risque
23/07/2014 | 1
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Diplomate, un métier à risque
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La diplomatie dans les pays à risque n’est pas aisée à définir. C’est que l’information n’est pas clairement établie pour que puisse y accéder celui qui la cherche. Contrairement à d’autres pays où des consignes évidentes sont disponibles sur les sites internet des ministères des Affaires étrangères pour que soit préservée la sécurité de leurs ressortissants, le ministère des Affaires étrangères tunisien, ne publie pas une liste de ces pays où un Tunisien risquerait sa vie et où une représentation diplomatique serait menacée pour la sécurité de ses membres.

« Nous traitons au cas par cas et publions des communiqués diffusés sur la page Facebook du ministère dès que le besoin s’en ressent »,
nous expliquera Mokhtar Chaouachi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Pourtant, dans certains pays où la stabilité est mise en péril, des missions diplomatiques tunisiennes continuent à travailler, à assurer le relais auprès des Tunisiens y résidant et à représenter la Tunisie auprès du pays d’accueil. En Irak, en Libye ou en Syrie, dans une occurrence quelques peu différente, nos diplomates et autres agents d’ambassades travaillent dans des conditions difficiles sous une menace constante rendue plus perceptible depuis l’enlèvement d’un employé local et du premier secrétaire de  l’ambassade de Tunisie en Libye.

L’enlèvement de Laâroussi Gantassi et de Mohamed ben Cheikh a rendu plus concret le danger qu’encourent nos diplomates dans certains pays en proie à l’instabilité politique. Cette expérience vécue sous un mode traumatisant par les concernés, l’est visiblement tout autant pour l’ambassadeur lui-même. Ridha Boukadi a, en effet, déclaré quelques temps après la libération des otages tunisiens, qu’il ne voulait plus revenir à son poste  parce qu’il craignait pour sa vie. Celui qui avait directement négocié avec les islamistes ayant enlevé ses subordonnés a, désormais, peur d’en être la cible. L’ambassade tunisienne en Libye, là où vivent des milliers de Tunisiens, restera sans ambassadeur. La mission diplomatique a été rapatriée et l’ambassade fermée. Le personnel consulaire à Benghazi et à Tripoli assurera, jusqu’à nouvel ordre, le strict minimum en matière de services proposés aux Tunisiens de Libye. « La Libye est un pays important pour la Tunisie où résident plusieurs Tunisiens avec qui l’échange économique est très important. Nous sommes très attentifs à la situation sécuritaire dans ce pays et nous veillerons à ce que notre ambassade rouvre ses portes dès que le calme y sera retrouvé », nous précise M. Chaouachi.

Quant à l’Iraq, autre pays où la vie n’est pas aussi tranquille qu’on pourrait l’espérer, la Tunisie y avait bon espoir. Notre office de l’Aviation civile et des Aéroports ainsi que la compagnie aérienne nationale avaient contribué à l’ouverture d’un bureau à Erbil afin d’assurer un regain d’intérêt des voyageurs vers l’une et l’autre destination. Les derniers événements politiques et sécuritaires ont achevé cet espoir de collaboration jugé précaire, pour certains observateurs. La liaison aérienne entre les deux pays après un vol inaugural qui ne présageait pour beaucoup rien d’intéressant a été suspendue jusqu’à nouvel ordre. Quant à nos diplomates, ils ont quitté ce pays depuis un moment déjà. N’est resté sur place qu’un agent consulaire pour répondre aux demandes des 250 Tunisiens installés en Iraq.

Pour ce qui est de la Syrie, Moncef Marzouki a résolu le problème, au cas où problème il y aurait eu. Le président de la République a, en effet, ordonné la fermeture de notre ambassade à la suite de ce qu’il percevait alors comme une dictature exercée sur le peuple syrien par son président. En décidant d’une manière aussi catégorique qu’impromptue de rompre officiellement avec le système Al Assad, M. Marzouki a laissé dans l’embarras des citoyens tunisiens habitant la Syrie et ayant forcément besoin, en temps normal, de services consulaires « ordinaires » et en temps de guerre, du soutien censé être indéfectible de leur pays à travers ceux qui le représentent. Un bureau a, toutefois, été ouvert récemment en Syrie. Il est géré par une équipe partie, depuis quelques semaines, gérer les besoins restés en suspens de Tunisiens habitant le pays.

« Quand en Ukraine, il y a eu les récents bouleversements politiques, nous avons travaillé d’arrache-pied, à travers notre bureau basé en Russie, pour que la colonie tunisienne, en majorité étudiante, puisse être en sécurité », indique M. Chaouachi. Le ministère des Affaires étrangères agit de même dès qu’un risque se présente dans un pays où des Tunisiens résideraient. « Que le risque soit d’ordre sécuritaire et quelque peu envisageable ou qu’il s’agisse de catastrophes naturelles que l’on ne peut anticiper, nous faisons de notre mieux pour agir à temps et autant que possible se peut pour garantir la sécurité des Tunisiens à travers le monde, c’est notre rôle ! », explique notre interlocuteur.

Dans les quatre coins du monde, des Tunisiens assurent pour leurs concitoyens qui ont fait le choix de l’immigration des services en apparence futiles. Ils assurent pour la Tunisie un service utile, consistant à représenter la Tunisie quelle que soit les conditions de vie et de travail. Diplomate s’avère ainsi être, dans certaines conditions, un métier à risque loin de l’idée que l’on peut avoir de ce métier d’un genre différent. C’est une des raisons pour lesquelles le ministère entend proposer pour les composantes de ce corps de métier et surtout celles nouvellement affectées, des formations en matière de sécurité et de défense. Un séminaire a eu lieu, à cet effet, la semaine dernière afin de sensibiliser les diplomates aux dangers qu’ils encourent et aux manières de s’y opposer. Quant à la sécurité au quotidien, elle est, dans certains cas, assurée par des agents détachés du ministère de l’Intérieur, en nombre peu important, relèveront certains observateurs avisés alertés notamment par le manque d’efficacité de pareille procédure quand il y a eu des kidnappings en Libye.

Outre cette période difficile marquée par la montée du terrorisme, la Tunisie connaît une crise au sein même de sa diplomatie. Notre pays qui définit sa politique étrangère comme basée sur la volonté de  «  renforcer les conditions d'entente, de tolérance et de solidarité entre les Etats et les peuples » n’a pas de litiges particuliers, en matière de relations internationales. Il a, cependant, des litiges internes qui paralysent, depuis des mois, le mouvement prévu dans le cadre du corps diplomatique.

Diplomate, ne doit pas être perçu non plus comme un métier facile par les diplomates étrangers vivant et travaillant en Tunisie. Suite aux nombreux actes terroristes secouant la Tunisie depuis trois ans, certaines missions diplomatiques étrangères ont revu à la baisse leurs effectifs, d’autres ont mis en place des systèmes de communication avec leurs ressortissants afin de les avertir des potentiels dangers, toutes ou presque n’hésitent pas à alerter les leurs dès qu’un malheur se présente, leur déconseillant, ainsi, de se rendre là où l’horreur a frappé ou risquerait de le faire. Pour des diplomates qui enchaînent les cocktails avec notre élite et les rencontres avec nos politiciens, notre pays peut très bien devenir un pays à risque.
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