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Chroniques
Habib Essid et ses déconseillers
19/07/2016 | 17:00
4 min

Le passage du chef du gouvernement hier sur La Wataniya est passé inaperçu. Habib Essid a choisi 13 heures pour faire une « grande annonce » à l’adresse de l’opinion publique. Mais cette grande annonce n’a pas fait mouche. Aucune de ses déclarations n’a ému outre mesure ni suscité la moindre réaction. Oui, car rien de ce que le chef du gouvernement a dit ne relève de l’annonce. On savait déjà que son départ était imminent et le fait de recourir à l’ARP pour passer à la deuxième étape de l’initiative présidentielle (son propre départ) n’y changera rien. Ceux qui lui ont demandé de démissionner sont ceux-là même qui voteront contre lui au Parlement.

 

Mais quelle mouche a piqué ses conseillers pour choisir un tel horaire ? 13 heures, en période de séance unique, c’est l’heure où les fonctionnaires quittent leurs bureaux, pressés de rentrer chez eux et d’en finir avec la circulation et la canicule. Peu d’entre eux, ou presque, s’intéressent à ce que Habib Essid aura à dire. En effet, le chef du gouvernement a fini par lasser. Son départ imminent, qu’on annonce mais qui ne vient toujours pas, est devenu un ennuyeux feuilleton semblable à plein d‘autres drames politiques tragi-comiques, dont les guerres au sein de Nidaa ou encore les querelles UGTT-ministère de l’Education.

Le non-événement qu’était l’apparition télévisée du chef du gouvernement est dû à son bilan désastreux, mais aussi, et en grande partie, aux nombreux cafouillages communicationnels l’ayant entouré depuis sa prise de fonction. La grande majorité des observateurs, des acteurs de la classe politique et même des ministres au sein de son gouvernement sont unanimes : le bilan de Habib Essid est loin d’être reluisant. Il est même catastrophique si on veut appeler les choses par leur nom. Pourquoi s’obstine-t-il à rester alors ? Tout simplement car ceux qui le conseillent souhaitent gagner du temps.

 

Gagner du temps, voilà ce que son équipe de communication a fait ces dernières semaines. En usant de rafistolage et de techniques « bouche-trou », efficaces uniquement à court terme (quoique !) l’équipe de communication de Habib Essid a souhaité gagner du temps afin de le maintenir là où il est encore aujourd’hui.

On se rappellera tous de l’énorme bourde faite par l’équipe de Habib Essid lorsque ce dernier a été hospitalisé. On dément ouvertement les médias (dont Business News) qui ont annoncé cette hospitalisation et on s’acharne contre eux en affirmant que le chef du gouvernement est, à l’heure même, en train de rejoindre un conseil ministériel à la Kasbah. Tout ça pourquoi ? Pour faire un honteux rétropédalage, seulement quelques heures plus tard et publier un communiqué officiel pour se désavouer en beauté. Pourquoi ? Uniquement pour gagner du temps !

Mais si la communication de la Kasbah est en effet un grand capharnaüm, c’est tout simplement parce qu’elle est portée par des personnes qui ne savent pas ce qu’ils font et dont certains n’ont rien à voir, de près ou de loin, avec la communication politique. Il n’est, en effet, pas sorcier de s’en tenir à une version, d’éviter de désavouer publiquement l’un des siens et de publier des photos « potables » sur la page de la présidence du gouvernement. Et pourtant, le service com’ de Habib Essid a réussi à réunir toutes ces bourdes en l’espace de quelques mois.

 

Si chacun sait que la communication n’est certainement pas le fort de la Kasbah, ni de certains autres ministères d’ailleurs, cette compilation de bourdes qui se suivent mais ne se ressemblent pas toujours, pose d’autres questions bien plus préoccupantes. Par qui est entouré Habib Essid et qui le conseille depuis qu’il a investi la Kasbah ? Dire qu’il est entouré d’incapables, c’est aller vite en besogne, mais on serait tenté de le penser en effet. Certains ne seraient pas seulement incapables, malheureusement.

 

Selon Chawki Tabib, président de la Haute instance de lutte contre la corruption, deux conseillers au sein de la présidence du gouvernement sont concernés par des dossiers de corruption. On évitera de mentionner leurs noms, même si pour certains, ils sont de notoriété publique. De toute évidence, leurs dossiers sont actuellement entre les mains de la justice, seule apte à en juger.

 

En revanche, ce qu’on ne taira pas, c’est que si Habib Essid est encore à la Kasbah, aujourd’hui, ce n’est pas uniquement pour ses "accomplissements impressionnants". D’aucuns savent que ceci est archifaux. Plusieurs de ses conseillers ont des intérêts personnels à ce que Habib Essid reste là où il est aujourd’hui et ils continuent à le dissuader de présenter sa démission. Recourir à l’ARP fera gagner donc, à tous, un temps précieux.

 

A l’heure où on prononce des discours pompeux contre la corruption, il se trouve que ceux qui dénoncent sont ceux-là mêmes qui y sont plongés. Il ne suffira pas à Habib Essid de partir, car celui qui le remplacera reproduira sans doute le même schéma et pourra être entouré par les mêmes têtes (ou par d’autres) qui font et feront que la Kasbah est ce qu’elle est aujourd’hui….

 

19/07/2016 | 17:00
4 min
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Commentaires (20)

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basta
| 23-07-2016 19:14
Je ne crois pas que ce monsieur comprend la situation... il se prend pour un vaillant défendeur de la patrie, et que « démissionner signifie déserter »: quel pauvre bougre...
Il n'y a que la France et ses anciennes colonies dont les "dirigeants" se croient infaillibles; et qu'ils doivent garder leurs postes malgre tous le deboires et les catastrophes grace a leurs gouvernances, ou qui se sont produits durant leurs presences au pouvoir.
Un parfait exemple a admirer est celui de David Cameron: Il ne s'est pas fait prier ni menacer pendant des semaines, voire des mois (comme notre sauveur "qui ne veut pas deserter"), pour qu'il remette sa demission le jour meme qu'il a ete desavouer par la majorite du peuple anglais.
Mais alors Cameron vaut son pesant d'or quand il sagit de la vraie democratie; mais pas la Democratie a la francaise ou encore moins d'autres pays insignifiants.

Raisonnable
| 22-07-2016 20:34
On nous dit que Habib Essid doit partir car il a échoué. Je comprends que Essid aurait du accomplir des réalisations qui n'ont pas été faites et que le grand gourou génial et intelligent qui va être nommé à sa place fera ce que Essid n'a pu faire.
Peut on m'expliquer avec quel argent ceci se fera ? OU bien l'argent arrivera après le départ de Essid et pourquoi PAS AVANT ?
Ou bien on va vendre des entreprises et avoir plus d'argent ? en ayant recours à nouveau à la banque Lazard pour vendre les bijoux de grand-mère (steg/ Tun Telecom/ phosphate/etc) avec les pots de vin et commissions qui vont avec.
Il doit bien y avoir un mode opératoire post Essid pour solutionner les problèmes? Pourquoi on ne nous l'explique pas ?
Essid est -il si bête que çà et son successeur exceptionnellement génial? Le ciel pleuvra t-il de dollars pour fêter le départ de Habib Essid.
La classe politique que nous avons et qui a l'apparence de la probité et l'honnêteté va t-elle une fois Essid débarqué se mettre à table et manger des pieds et des mains selon les us et coutumes dans notre monde arabe et africain.
Je n'arrive pas à comprendre et personne ne répond aux questions.

kameleon78
| 21-07-2016 22:18
C'est votre point de vue, je le trouve simpliste, orienté et erroné. Comme a dit un membre de ce groupe, on dirait un statut de Facebook qu'une analyse intelligente du contexte politique actuel. Votre article est nul archi nul, pourtant vous nous avez habitués à mieux. Je ne suis pas fan de Habib Essid ni personne d'ailleurs, mais j'admire ce monsieur qui tient tête à tout le monde et je ne hurlerai pas avec la meute des loups. Madame Tajine, essayez d'analyser de façon neutre et subtile au lieu de nous soumettre un billet imbuvable.

Jémy
| 21-07-2016 19:53
de lire un statut sur fcbk !

CONQUERANT
| 21-07-2016 14:05
Je considère que votre article "Habib ESSID et ses déconseillers" pêche par manque d'objectivité à l'endroit d'un homme que tout accable en ce moment. C'est la curée.
Outre la tonalité martiale dont vous avez usé, vous êtes même allée jusqu'à créer un barbarisme en substantivant le verbe déconseiller pour en faire un vocable :"Déconseiller" en guise d'antonyme à « conseillers » afin de démontrer, s'il en était besoin, que Habib ESSID était sous influence puisque dépourvu de libre arbitre.

Sur la démission :
Pourquoi voulez-vous que Habib ESSID démissionne de son propre chef ou sur les instances de la nouvelle dyarchie et leurs groupes de pression ?
La Tunisie ne s'était-elle pas dotée en janvier 2014 de la « meilleure constitution au monde » (SIC) ?
Celle-ci pour être incompatible avec l'humeur Tunisienne -qui demeure attachée aux vieux réflexes despotiques- n'en contient pas moins la procédure idoine pour qu'un chef de gouvernement démissionne. Il suffit de se référer aux articles 98, 99, 100 pour s'en convaincre.
De deux choses l'une : ou la loi fondamentale sert à quelque chose et dans ces conditions il faut l'appliquer à la lettre, ou elle ne sert à rien et auquel cas il ne fallait pas dépenser des milliards et passer plus de trois ans pour la confectionner.

Faut-il rappeler qu'aux termes de cette constitution le chef du gouvernement n'est ni un premier ministre ni un secrétaire particulier du gouvernement révocable ad nutum (Sur un coup de tête). Il est même la clef de voûte du pouvoir exécutif. C'est dire !
Sur le bilan
Sauf à énoncer des contrevérités criardes personne ne vous dira que la Tunisie est actuellement un pays de cocagne où tout baigne.
Oui, des difficultés existent et on ne peut pas les nier.
Dénombrons quelques-unes pour nous rafraîchir la mémoire que la torpeur de l'été engourdit :
Est-ce de la faute de Habib ESSID si les premiers prêts alloués à la Tunisie ont été détournés de leur objet principal ?
Est-ce de la faute de Habib ESSID si le personnel de l'hôpital de Sfax se met en grève parce que l'autorité de tutelle a désigné un directeur plus intègre pour faire le ménage et éradiquer la fameuse « rachoua » que chaque candidat aux soins est dans l'obligation d'acquitter ?
Est-ce de la faute de Habib ESSID si la compagnie des phosphates de Gafsa ne tourne qu'à 40% de ses capacités ou qu'une légion de grévistes sans foi ni loi en paralyse le fonctionnement au moindre motif ?
Est-ce de la responsabilité de Habib ESSID si la Tunisie n'est plus la destination touristique de choix pour des estivants en mal de soleil ?
Est-ce de la faute de Habib ESSID si certains fonctionnaires peu vertueux et faisant fi des intérêts des usagers arrivent le matin à 10 heures au bureau pour y lire le journal et en déguerpir au maximum deux heures après pour aller tirer une chicha au premier café rencontré ?
Je m'arrête car on risque d'avoir le tournis. La Tunisie marche sur la tête depuis le fameux coup d'État du 14 janvier 2011 qui n'a rien de révolutionnaire.
Tout s'est DÉCONSTRUIT depuis. Tout s'est DÉLITÉ depuis.
Le pauvre Habib ESSID n'y est pour rien.
Ne succombons pas, toutefois, à la tentation trop facile du bouc émissaire.
Les comptables savent qu'un bilan se fait, certes, à l'issue d'une année d'exercice. Ils savent aussi que dans certaines rubriques dudit bilan il y a des postes dédiés qui font la somme algébrique des gains ou des pertes des exercices antérieurs. Que même des déficits reportables d'une année sur l'autre y sont consignés.
Doit-on juger l'entreprise seulement sur les résultats de l'année N-1 en faisant abstraction de tout son historique comptable ?
Ce serait un résultat mensonger. Ce serait un résultat tronqué ! Et en droit pénal des affaires cela relèverait du délit de présentation de faux bilan.
Ce qui est vrai à l'échelle d'une entité économique l'est tout autant au niveau macroéconomique.
Il y a une chaine dans les responsabilités qui s'ajoutent les unes aux autres, ne retenons pas UNIQUEMENT le maillon Habib ESSID.

Il a des responsabilités comme Chef de gouvernement. C'est une évidence. Mais, ne lui attribuons pas la totalité de nos turpitudes.
Oui, pour la reddition des comptes. La Tunisie s'honorerait en instituant ces nouvelles m'urs en politique.
Mais dans cette occurrence que toutes celles et tous ceux qui ont participé au déclin de la Tunisie soient, à parts égales, jugés devant le nouveau tribunal de l'inquisition.
Que les « experts » sans expertise ou ceux qui s'attribuent des titres fictifs nous disent comment on peut éconduire un homme en balançant des jugements péremptoires à l'adresse de la multitude sans qu'il ait eu la possibilité de se défendre.
Viendrait-il à l'idée d'un chef d'entreprise de congédier un salarié sans que ce dernier ait été invité à un entretien préalable à son licenciement ?
Ce serait un licenciement abusif. Ce serait un licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Pourquoi Habib ESSID serait-il moins bien traité qu'un employé ?
Jugeons en droit et en équité et non sous les feux des passions destructrices.

Citoyen_H
| 20-07-2016 19:40


ESSID est le fruit d'une relation contre nature entre Nidaa et les chameliers.
Virtuellement, "il se devait donc" satisfaire les deux parties tout en sachant qu'il avait repris en main, un pays gangréné par une gestion chaotique héritée de ses prédécesseurs mais aussi, ruinée par le pillage intensif des escrocs imposteurs traitres de la trika.

Par conséquent, il est très facile de mettre sur son dos le cumul des erreurs des gouvernements successifs, totalement sclérosés par le comportement criminel des charognards ayant eu officiellement le pouvoir entre les mains de 2011-2013, et officieusement à ce jour.

Tant qu'il y aura une coalition incestueuse au sein du parlement, ce sera de mal en pis.
Salutations.


TMT
| 20-07-2016 18:44
Laissez nous garder une bonne opinion de ce que vous êtes vraiment,et non pas qq'un qui veut nous torsader comme l'avait fait l'ex président provisoire!
Nous ne sommes pas prêts à. Subir un tel calvaire.
@Dr Tazerki:ne me dites pas que vous vous prenez pour la grosse tête que la Tunisie chercheriez,car moi je vois en vous plutôt une grosse gueule.

Un simple tunisien
| 20-07-2016 16:53
Je ne suis pas du tout d'accord avec cet article.
Essid a complètement éradiqué le terrorisme en Tunisie, ce qui est très difficile vu d'abord qu'on est le premier pays fabricant de terroristes, le plus grand exportateur de terroristes dans le monde, et vu qu'on a comme pays voisin, la Lybie, une vraie poudrière.
Donc, ce qui a été fait est phénoménal, il suffit de voir les autres pays. C'est le dossier le plus ingrat, le plus ardu et le plus urgent. C'est la première grande porte à fermer, et cela a été fait et d'une manière très propre.
Car rien ne peut avancer ni être construit dans un pays surtout du tiers monde tant que la situation sécuritaire n'est pas bonne.
Ceci relève bien sûr du ministère de l'Intérieur.
Les autres ministères tels que celui du tourisme, de l'emploi, du développement extérieur, du commerce, ne relèvent pas de lui mais de Béji, Guanouchi, Riahi, Hafedh, etc...
C'est là une des caractéristiques des pays sous-développés. Leurs ministres n'ont pratiquement fourni aucun travail qui puisse être mentionné et bien sur ce sont eux qui veulent la tête du chef du gouvernement !
Savez-vous qu'on est gouverné par plusieurs hommes de droit (avocats, juges, etc..), c'est-à-dire des personnes qui ne savent que parler, et la plupart du temps pour nous embobiner, et c'est là le vrai danger.
Et c'est la caractéristique des gouvernants des pays sous-développés.
En France par exemple la majorité écrasante des présidents et des chefs de gouvernements ne sont pas des hommes de droit, mais des diplômés des grandes écoles.
A méditer.

Tunisien
| 20-07-2016 16:39
L'étude allemande sur les pessimistes n'est pas valable pour votre personne, car vous êtes non seulement pessimiste mais aussi négatif :):):)


Cordialement

déja-vu
| 20-07-2016 13:58
Quand je prédisais l'incapacité des gouvernements successifs et toute cette classe politique née de l'anarchie qu'elle prétend vouloir combattre, vous nous écriviez jusqu'à tout récemment de longues turades sur 'la créativité' des apprentis sorciers et des ommi Sissi.

Vous vous êtes fait berner comme des millions de tunisiens.

Continuez plutôt à nous chanter vos berceuses en mille lignes "c'est dans le dialogue machin ...que la démocratie manchon truc...." J'adorais m'endormir en lisant les premières lignes...