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Grève des enseignants : La démonstration de force des syndicats
02/03/2015 | 19:59
5 min
Grève des enseignants : La démonstration de force des syndicats

L’échec des négociations entre le syndicat de l’enseignement secondaire et le ministère de l’Education nationale a eu pour conséquence le maintien de la grève préalablement annoncée, au niveau de tous les établissements secondaires en Tunisie, interrompant ainsi le déroulement de la semaine des examens prévue du 2 au 7 mars. Des voix se sont élevées contre les enseignants-grévistes qui n’auraient pas pris en considération l’intérêt des élèves. De leur coté, les professeurs ont scandé haut et fort la légitimité de leur mouvement de protestation. Retour sur un bras de fer qui n’en finit pas de susciter la polémique.

Entre le syndicat et le ministère, rien ne va plus. Depuis samedi dernier, les deux parties s’affrontent par communiqués et médias interposés. L’annonce du boycott des examens a eu principalement des échos négatifs au sein de l’opinion publique tunisienne. C’est qu’il s’agit d’une première. Une grève qui entrave le déroulement des examens à l’échelle nationale et dans tous les établissements de la République.

La tension est donc montée et le ministère de l’Education a appelé l’ensemble des intervenants dans le processus éducatif à respecter les termes de la circulaire du contrôle continu en ce qui concerne les examens. En affirmant, toutefois, que l’autorité de tutelle se tient prête à négocier la plupart des revendications réglementaires et à interagir positivement avec les demandes des syndicats relatives à la prime des examens nationaux. Le syndicat de son coté, a insisté sur le maintien de sa position de boycotter la semaine bloquée des examens, tout en assurant les cours de manière normale. Pour le syndicat, le ministère de l’Education s’acharne à livrer une bataille perdue d’avance contre les enseignants, sic.

Loin de faire dans le dénigrement gratuit de nos enseignants, qui se retrouvent depuis la décision de boycotter la semaine bloquée confrontés à une vague d’attaques des plus virulentes, il est nécessaire de relever le caractère plus ou moins contestable, de prendre en otage les élèves dans le bras de fer intenté au ministère. Il est vrai aussi qu’on ne peut pas nier que les enseignants du secondaire, entre-autres corps, sont sous-payés et qu’ils constatent la dégringolade de leur niveau de vie à vue d’œil, aggravée encore plus après la révolution. C’est un mal que toute la classe moyenne tunisienne est, indéniablement, en train de subir. Ajouter à cela le caractère pénible du métier d’enseignant, confronté tout au long de sa carrière à des situations éprouvantes, et physiquement et psychologiquement.

Il est plus que nécessaire de préserver la dignité et l’image de l’éducateur en Tunisie, image fortement ébranlée par la recrudescence de la violence dans les milieux scolaires et la paupérisation qui touche ce corps éducatif. Mais il est une chose qui alimente la polémique et dans une certaine mesure une forme d’agressivité envers nos enseignants : la pratique des cours particuliers largement répandue dans nos contrées. D’aucuns parlent de racket pur et simple visant le portefeuille des parents. Il s’agit actuellement du leitmotiv de toute personne qui s’oppose à la grève et qui conteste que des enseignants cherchent à faire pression pour des avantages matériels, alors que la plupart d’entre eux profitent largement de ce créneau.

Une polémique sur laquelle le statisticien Hassen Zargouni a rebondit, en lançant des estimations relatives à la grève des enseignants. Bien évidemment, rien de scientifique dans ces estimations, mais qui elles reflètent les proportions que cette affaire est en train de prendre. Partant de l’estimation que près de 20 mille professeurs donnent des cours particuliers, Zargouni calcule que chacun d’entre eux reçoit comme indemnités supplémentaires au noir une moyenne de deux mille dinars. Multiplié par dix (10 mois de scolarité par an), ce montant génère des recettes totales par an de l’ordre de 400 millions de dinars. Ainsi, le statisticien conclut que si ces professeurs payaient leur retenue à la source de 15%, comme la loi l’exige, l’Etat obtiendrait quelque 60 millions de dinars par an d’impôt de ces cours particuliers, sans parler des charges sociales exigibles également, mais jamais versées. D’après ces calculs, les enseignants pourraient à eux seuls assurer l'augmentation de salaire demandée par leur syndicat, dès lors que les donneurs de cours particuliers, parmi eux, s’acquittent de leur devoir fiscal.

Ces propos reflètent l’expansion du phénomène des cours particuliers dans la société tunisienne. Une pratique que chacun dénonce tout en envoyant ses enfants à ces mêmes cours. Les enseignants pour se défendre affirment qu’ils sont pour la plupart du temps poussés par des parents démissionnaires à prodiguer les cours particuliers, appelant à ce propos à une réforme globale de tout le système éducatif qui est arrivé à ses limites. Et puis, une partie non négligeable des professeurs ne s’inscrivent pas dans cette optique de cours particuliers, il serait de ce fait inapproprié et injuste de condamner en bloc tout le corps éducatif.

Cela étant dit, le boycott des examens du second trimestre a provoqué le courroux de nombre de parents et d’élèves. Une réaction compréhensible, du fait de son probable impact sur le parcours scolaire des enfants. La décision du syndicat a en effet engendré des troubles dans certains établissements, où plusieurs élèves ont décidé de sécher les cours pour contester la grève. Des parents en colère se sont aussi attaqués aux professeurs. Une situation qui approfondira encore plus la faille entre le corps éducatif et les élèves.

Pour l’heure, le bras de fer n’est pas prêt à prendre fin. Le ministre de l’Education, ayant fait allusion que les enseignants grévistes ne seront pas payés, s’est vu remonter les bretelles par le secrétaire général de l’enseignement secondaire, affirmant que cette situation « ne fera qu’envenimer davantage les choses ». Le syndicat s’est dit par ailleurs toujours disposé à négocier, si le ministère formule des propositions sérieuses. Néji Jalloul a pour sa part appelé les syndicats à faire des revendications plus réalistes, tout en se disant ouvert à de nouvelles négociations. Les deux parties se retrouveront donc irrémédiablement encore une fois autour de la table du dialogue. Et le feuilleton continue…

Les syndicats constituant une puissante motrice de la société tunisienne sont tenus de ne pas rater le coche, d’autant plus que l’enjeu est de taille : l’avenir de l’éducation en Tunisie. Entamer cette grève au moment des examens a eu un effet contraire et a nui dans une certaine mesure à la légitimité des revendications des enseignants. S’agissant du ministre de l’Education, il est en train de passer son premier grand examen…

Ikhlas Latif

02/03/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (15) Commenter
C. outrageant
Montaigne
| 07-03-2015 16:35
Les enseignants revendiquent des augmentations salariales? Ignorent-ils que la caisse de l'état est vide ? Que feraient ils s'ils venaient à perdre le bénéfice d'un encaissement régulier de leurs émoluments? Alors cessez messieurs de vous comporter comme si vous étiez les seuls à subir la crise. Assez d' égoisme et d'égocentrisme . Revenez, bon sens, au contenu des cours d'éducation civique que vous etes censés inculquer à vos élèves.Le tunisien que je suis est peiné de voir ses enfants subir une initiation outrageante à l'irrespect de l'etat et de la quiétude publique.
Le virage à 180 degrés
observator
| 03-03-2015 15:20
Il n y a pas si longtemps ( période troika) l'UGTT était l en fant chéri de la contre-revolution parcs qu ,elle en a ete le bras droit pour abattre justement le gouvernement légitime de la troika.
Cette dernière etant partie et les rudistes ont repris le pouvoir et d un coup ce syndicat devient maudit et l article d IKhlas LAtif en est la plus parfaite lustration. C est vrai que les temps ont changé et les alliés d hier sont au pouvoir aujourd'hui. Et les enseignants entre autre sont devenus une cible et on ose même dire qu ils rackettent les élèves les parents et ne payent pas la retenue à la source sur ce complément de revenu, ils sont responsables de l état de notre système Educatif oui mais en partie. Cet article ulustration bien les contradictions qui s étalent au grand jour au sein de l'héritage d une dictature corrompue qui a régné 60 ans sur les institutions de ce pays.
Il faut réformer notre système educatif il faut éradiquer les privilèges illicites d une partie des enseignants et ceux qui ont la responsabilité de l éducation. Mais il faut s attaquer à tous les privilégiés par exemple les affairistes qui ont spolié le pays en accumulant des milliards indûment et ont mis l économie du pays a genou. Je vous donne juste un exemple sans citer de noms : la STIA un fleuron de l industrie tunisienne a été cedee par l ETat au temps de BEn ALi au privé pour seulement 24 milliards de centimes alors que son bénéfice bebefice annuel était de 30 milliards et son chiffre d affaires annuel était de 300 milliards. La STIA a été batit par l argent public et la sueur du peuple tunisien pour qu elle soit finalement cedee gratuitement à un affairiste privilégie de la dictature. Dans le système liberal la cession d une entreprise en bonne santé ne peut être inferieur en général a 3ans de bénéfice sans tenir compte du niveau de son actif. L ETat tunisien avait bradé pratiquement toutes les entreprises dont la situation financière est bonne.
Tous ces affairistes qui ont mis la main sur la richesse publique n ont pratiquement jamais été inquetes mis a part les TRabelsi mais cela pour des raisons politiques.
Donc Mme Latif peut écrire un joli article intéressant sur le dysfonctionnement de notre système educatif et mettre en cause une partie des enseignants c est ce que j ai toujours dénoncé mais il faut être capable de le faire vis à vis de tout le monde dans un souci d objectivité journalistique et d'étiquette. J espère lire beaucoup d autres articles de même teneur surd autres privilégiés du même auteur. Dans le cas contraire cela sentirait un journalisme de propagande.
Je finis par rappeler aux enseignants la différence d attitude entre le gouvernement de la troika et celui aux commandes aujourd'hui du pays. Vous avez suivi aveuglement ABassi et la direction de l'UGTT et voila vous êtes bien servis
Je suis pour s attaquer aux privilèges de certains enseignants et pour une refonte profonde de notre système educatif et de formation , beaucoup d enseignants doivent suivre une formation, car leurs connaissances sont devenus caduques. Dans le même temps je suis pour s attaquer aux grands privilèges mal-acquis. Tout le monde doit être loge à la même enseigne si nous voulons réussir quelque chose.






ECOLES PRIVEES PUBLIQUES ?
LHA
| 03-03-2015 14:42
Nous voulons de bonnes écoles publiques avec des professeurs motivées ayant une conscience professionnelle.*
Il faut trouver tous les moyens pour que le ministère ainsi que les prof s'unissent et évoluent dans la bonne direction pour le bien de nos enfants
Il faut supprimer les écoles privées et faire en sorte que nos écoles publiques soient meilleures que les écoles privées avec un très bon niveau d'éducation.
Quand la quatrième internationale s'appliquerait!
DHEJ
| 03-03-2015 14:37
Les employés s'émancipent et se révolte contre l'employeur chose qui n'a pas plu au ministre lui aussi adepte du TROTSKISME!

Toutefois, l'article est vide n'ayant pas touché le coté juridique de ce bras de fer protégé par la constitution, ma question à I.L est de dire quel type de contrat signe le professeur avec le ministère à son recrutement!

Droits et devoirs sont aussi protégés par la constitution!
INDIGNEZ VOUS
Raad
| 03-03-2015 14:24
Ce genre de comportement de la part des enseignants est indigne.
Ils se comportent comme des marchands de tapis.Ce n'est plus l'éducation que nous avons connus dans les années soixante,avec des profs sérieux, sans business et son profit.
La plus part de ces profs, ne cherchent qu'a se faire remplir les poches et se moquent de l'intérêt de l'élève ou de son avancement ou de son progrès.
Il faudrait voir les enseignes dans nos rues, ici cours privées,ici ceci cela.
Non l'enseignement n'est pas un commerce,c'est du savoir que l'on donne à ces jeunes de bonne foi, avec bonne pédagogie, pour construire la Tunisie de demain,il n'y a pas que le profit qui compte.Car bien mal acquis ne profite jamais.
Oui il faut aussi que le Ministre de l'éducation National revois ce problème de plus prêt.
sauvons notre pays de cette UGTT
MF
| 03-03-2015 14:00
Je veux dire sincèrement à Mr le Ministre de l'éducation nationale que la majorité écrasante du peuple est avec vous et vous soutiens dans cette dure épreuve. maintenant les choses sont claires et le peuple Tunisien et en 1er lieu les partis politiques, la société civile et la presse nationale doivent assumer leur responsabilité et prendre la position qu'il faut pour sauver le pays.
Au secours Margaret Thatcher
The Mirror
| 03-03-2015 13:54
Margaret Thatcher, Premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990, a affronté un conflit terrible avec le syndicat britannique, lors de la grève des mineurs qui a duré un an, de mars 1984 à mars 1985. The Iron Lady est sortie victorieuse de ce conflit.
La grève des mineurs britanniques n'a pas empêché Margaret Thatcher d'être la personnalité la plus renommée en UK, depuis Winston Churchill.
Habib Assid serait-il notre Margaret Thatcher dans sa démarche avec *** syndicat de l'enseignement secondaire? That's the question.
AU SECOURS L ' UGTT devient REPUGNANT ET DESTRUCTEUR .
Abdel
| 03-03-2015 13:49
Ce n'est ni acceptable ni possible de faire la greve maitenant , nouveaux ministres , nouveau chef de gouvernement , nouvelle assemblee , nouveau President de la Republique !Soyez respectueux et patriotes , attendez quelques semaines ou quelques mois , vous n'allez pas mourir : a moins que vous soyez REMONTES OU VENDUS par LES ENNEMIS DU PAYS , Reveillez vous , les agents de l' Administration , des socetes nationales et privees demandent aussi des augmentations , laissez du temps aux ministres pour evaluer la situation : Vous etes des EGOISTES et des IRRESPONSABLES et ANTIPATRIOTES , apres vous vous en foutez , apres vous le deluge , VOUS ETES TRES MECHANTS ET REPUGNANTS ?
soyez patriotites
beya
| 03-03-2015 13:03
Vous n'avez pas droit a la greve . vous etes l'exemple de vos eleves elevez un peu votre niveau
et ceux qui insistent a la greve se sont ceux qui ne peuvent même pas a mon avis avoir le titre de Morabbi
Pitié pour des générations futures
effectivement vous travaillez un quart de temps sans trop de conscience pour certains un revenu études suffisant
Un fonctionnaire a part qu'il travaille 8 heures mais doit contracter un pret pour pouvoir faire face aux frais des etudes pour un enfant l'année du bac
Pitié pour notre Patrie
Un dicton populaire tunisien dit:
El gat'
| 03-03-2015 12:25
El hajra ma tdhoub wil nakouba ma toub !!

A méditer ..