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Chroniques
Gouvernement-UGTT : la rupture ?
01/12/2016 | 15:59
3 min

 

L’annonce, la veille de la tenue de la Conférence internationale sur l’investissement,  par l’UGTT d’un préavis de grève générale dans la fonction publique signe-t-il la rupture des négociations avec le gouvernement sur les augmentations de salaires dans le secteur? C’est en tout cas un véritable coup de poignard dans le dos du gouvernement de Youssef Chahed.

                          

La Conférence internationale sur l’investissement en Tunisie, Tunisia 2020, a connu son point d’orgue, hier par les successives conférences de presse du chef du gouvernement, Youssef  Chahed, et du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération, Fadhel Abdelkefi, formulant un bilan préliminaire sur cette rencontre qui a vu une participation record de bailleurs de fonds et d’investisseurs.

Une évaluation qui curieusement ne s’est fondée, essentiellement, que sur le critère financier. Certes, le soutien financier, entre promesses et engagements, formulé par plusieurs bailleurs de fonds, à l’occasion de la conférence, est appréciable, 35 milliards de dinars environ. A postériori, il justifie la formule utilisée par Youssef Chahed, à l’ouverture de la rencontre : La Tunisie est de retour. Néanmoins, il aurait été plus opportun, lors de ces conférences de presse, de mettre en perspective la mission qui attend, désormais, le pays pour transformer ses promesses en réalités. La balle est en effet dans le camp de la Tunisie. Car maintenant, il s’agit de démontrer  que l’économie du pays possède « la capacité d’absorption » suffisante pour un tel flux financier. Cette tâche incombe au gouvernement. Mais pas seulement. Elle incombe aussi à tous les acteurs économiques du pays. Malheureusement, cela ne semble pas être de l’avis de l’UGTT qui, à la veille de la manifestation, s’est fondue d’un communiqué annonçant un préavis de grève générale dans la fonction publique le 8 décembre prochain.

 

La contribution de la centrale syndicale s’est pitoyablement réduite, pour l’occasion, à tenter de torpiller un rendez-vous crucial pour mobiliser les ressources financières absolument nécessaires au développement du pays, et cela dans le seul but de faire plier le gouvernement et l’obliger à inscrire les augmentations salariales dans la fonction publique au titre de 2016 et 2017 dans le prochain exercice budgétaire. Par cette attitude, la centrale syndicale est loin d’avoir fait montre de sa puissance. En revanche, elle a donné la mesure de ses capacités de nuisance. Car la volonté de fragiliser la crédibilité extérieure du gouvernement est ici manifeste. Et pire encore  lorsqu’elle  s’apparente aisément à un coup de poignard dans le dos du gouvernement.

 

N’obéissant qu’à son propre agenda, l’UGTT a pris, de fait, la responsabilité d’une rupture des négociations avec le gouvernement et pris le pari de la confrontation en mettant en jeu sa carte maîtresse de la grève générale. Il s’agit de savoir maintenant quelle sera la réaction du gouvernement.

 

En relevant le pari, il sait qu’il met en jeu sa propre survie. Mais il démontre aussi l’attachement à ses convictions selon lesquelles la transition économique - tout comme d’ailleurs avant elle la transition politique - n’est possible qu’à travers de douloureuses mesures et de pénibles sacrifices. A cet égard, l’expérience de la Grèce mérite, une fois de plus, d’être méditée. Qu’on se rappelle : les grèves générales à répétition et les manifestations, parfois violentes, qu’a connu ce pays n’ont pas donné raison à ses initiateurs, syndicats et partis politiques de gauche, qui, à l’épreuve du pouvoir et face à la cruelle réalité, se sont résolus en fin de compte à des mesures draconiennes d’austérité comme la baisse des salaires dans la fonction publique, la réduction des montants des pensions de retraite, l’arrêt des recrutements, les privatisations tous azimuts...

 

Faudra-t-il qu’on en arrive à de telles limites au lieu et place de se suffire, momentanément, d’un gel des salaires. Juste le temps de redresser, un tantinet soit peu, les finances publiques et permettre à la croissance économique de reprendre son souffle.

La réponse ne saurait tarder. Ça passe ou ça casse.

 

01/12/2016 | 15:59
3 min
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Commentaires (4)

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contribuable
| 04-12-2016 01:19
Douleureuses mesures et penibles sacrifices pour les pauvres et les couches populaires uniquement ! Alors que les 20% de ceux qui possedent 80% des richesses du pays pratiquent le sport de l evasion fiscale ! Un gouvernement qui demandes des sacrifices du peuple et fait tout pour defendre les interets injustes des oligarchies qui decident de tout dans le pays . soyons heureux que l Ugtt existe , la seule force qui peut mettre le gouvernement des affairistes et politiciens corrompus a sa place !

LE SAGE
| 02-12-2016 07:12
Aux éxits de tout bord ,regardez la réalité en face .la caisse de l'état ne peut pas satisfaire à vos demandes .
Vous voulez augmenter ceux qui touchent un salaire ,pensez aux chômeurs qui vivent de . . De miettes . .

abidoudou
| 02-12-2016 03:27
Il faut etre FERME ET INTRANSIGEANT envers ces tetus de l' UGTT , ils n' ont AUCUN NIVEAU POUR OCCUPER de si hautes responsabilites , ILS SONT DES TRAITRES qui veulent detruire.le Pays juste au moment ou des ETRANGERS SONT VENUS POUR NOUS SAUVER . Moi je dirai a si CHAHED '' Attention il ne faut SURTOUT PAS DONNER A CES VOYOUS de l' ugtt l' argent obtenu par Tunisie 2020 '' , ca cera un SIGNAL CATASTROPHIQUE POUR LES INVESTISSEURS De LA 2020 . moi j'apelle les Tunisiens patriotes a ne PAS FAIRE LA GREVE pour denoncer les voyous et les traitres .

CONQUERANT
| 01-12-2016 19:27
"Il est de la nature de l'homme d'opprimer ceux qui cèdent et de respecter ceux qui résistent".

Au chef de gouvernement, donc, d'être droit dans ses bottes et ferme dans ses décisions pour ne pas donner l'image de quelqu'un qui cède aux injonctions d'une centrale syndicale qui a décidé d'opérer son salto arrière en faisant fi des enjeux nationaux; en l'occurrence économiques et financiers.
Elle a délibérément choisi l'épreuve de force, qu'elle y aille. Le pays tout entier sait que les caisses de l'État sont vides et que l'UGTT fait davantage de la politique politicienne que du véritable syndicalisme. Personne n'en est dupe. Celle-ci peut user jusqu'à satiété de tous les artifices en sa possession, elle n'agrégera pas grand monde autour de sa cause excepté les inamovibles apparatchiks jusqu'au-boutistes.
Le coup de Jarnac administré la veille de la tenue de la conférence internationale sur l'investissement en dit long sur ses véritables mobiles.
On ne peut partager que désarroi et amertume devant autant de dévoiement. Même l'idée de scrupule moral apparaît dérisoire en l'espèce.