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Chroniques
Ghannouchi for president !
Par Ikhlas Latif
16/10/2020 | 16:59
3 min
Ghannouchi for president !

 

C’est la guerre ouverte entre le clan de Ghannouchi et le clan de ceux qui veulent lui succéder. La discrétion et le secret dont faisait montre le mouvement islamiste ne sont plus que de l’histoire ancienne. Aujourd’hui, c’est un fait, Ennahdha rejoint les innombrables partis qui se déchirent et étalent leur linge sale au vu et au su de tous. Faudra-t-il s’en réjouir pour autant ? Certains s’en réjouissent, trop rapidement, et attendent l’implosion à l’image d’un CPR ou d’un Nidaa Tounes. Ils omettent en cela la nature profonde d’Ennanhdha, son essence même.

Une dialectique totalement différente de celle des partis « ordinaires » sous-tend ce mouvement et ça, il ne faudra jamais, au grand jamais, l’oublier. Ennahdha est la branche tunisienne d’une idéologie transnationale faisant du pouvoir politique l’un des piliers de l’islam. En dépit des opérations de lifting, des costumes sur-mesure et de la réadaptation affichée aux particularités du terrain dans lequel ils évoluent, le projet global demeure, les objectifs à court, moyen ou long terme aussi. Les postures changent en fonction de la conjoncture tout en maintenant une stratégie gradualiste. Dans cette confrérie, on forme des militants exemplaires et on s’attend à ce qu’ils fassent allégeance à un guide suprême, à l’organisation et aux Frères d’arme. Toute division ou tout discours diviseur étaient à exclure, mais une réforme de l’un des théoriciens du mouvement a permis aux Frères de donner leur avis. Sauf qu’une fois une décision est prise, tout ce beau monde doit rentrer dans le rang. C’est un fonctionnement assez particulier, qui se rapproche du sectarisme.

 

La réponse de Rached Ghannouchi aux Cent qui lui demandent, gentiment, de débarrasser le plancher est assez représentative de cette pensée totalitaire. « Je suis le guide suprême sans qui rien ne pourrait nous arriver de bon. Rentrez dans les rangs, frères égarés. Ne perturbez pas la mise en place de notre projet avec ces idées de démocratie qui n’ont pas lieu d’être au sein de l’organisation. On ne touche pas au guide suprême ! ». On pourrait le résumer rapidement de la sorte. Mais qu’arrive-t-il donc à ces Nahdhaouis pourtant dressés à l’obéissance ? Sont-ils ces dissidents « classiques » que dépeignent les médias ? La deuxième lettre des Cent, cette fois adressée aux structures du parti, est aussi représentative de l’essence même du mouvement. Les éléments de langage sont clairs : « Nous sommes une confrérie, nous sommes frères, jamais nous ne trahirons. Nous sommes un seul et unique corps. Nous avons peur pour l’unité du mouvement qui se trouve dans une situation d’instabilité jamais atteinte. Nous respecterons toujours nos leaders mais nous voulons sauver le parti ».

 

On disait que les postures changent en fonction de la conjoncture. Avant tout, il faut sauver l’organisation, la prémunir de tout chancellement, assurer sa pérennité. Pour les Cent, ce n’est pas seulement l’attrait du pouvoir qui motive leurs actions, ce n’est pas non plus une conviction démocratique, mais tout bonnement la nécessité de sauver les meubles. Depuis un bon moment, plusieurs choix infructueux de Ghannouchi suscitent le malaise. Les leaders réfractaires lui font d’ailleurs porter la responsabilité de l’affaiblissement du mouvement, d’une mauvaise gestion de ses affaires et les conséquences de son exposition aussi infructueuse au Parlement. De son impopularité indubitable (89% des Tunisiens ne sont pas satisfaits de son rendement selon le dernier sondage Emrhod), le mouvement s’en trouve affecté. Il est donc vital, pour faire perdurer le projet global, d’écarter la menace.

Les Cent révèlent l’intention de Rached Ghannouchi de se présenter à l’élection présidentielle de 2024. Pour cela, il se doit de se maintenir à la tête du parti et donc de modifier son règlement intérieur. A demi-mots, ils s’en désolent en rappelant, avec plus au moins de délicatesse, qu’Ennahdha regorge de compétences plus jeunes, expérimentées, connues pour leur militantisme et aux idées politiques innovantes. Histoire de dire qu’autrement, le mouvement s’embourbera et ne s’en sortira plus, jusqu’à devenir insignifiant, sans poids politique réel.

 

A l’approche du 11ème congrès d’Ennahdha, la guerre de position entre dans sa phase totale. Et détrompez-vous, la démocratie n’est en aucun cas le nerf de cette guerre.

Par Ikhlas Latif
16/10/2020 | 16:59
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Commentaires
Jamais
Jamais
a posté le 18-10-2020 à 13:21
Jamais
Tahar
Ennahdha
a posté le 18-10-2020 à 02:44
Pour pouvoir continuer le parti doit donner la chance aux jeunes du parti avec une nouvelle vision du pouvoir
En somme si Ghannouchi s'entête il finira être éjecté par les jeunes
Agatacriztiz
Le crépuscule du vieux...
a posté le 17-10-2020 à 21:18
Il y a un proverbe africain qui dit : "la fin de mon frère (musulman dans ce cas) ne me tire pas du sommeil...
Ce parti, que dis-je, ce mouvement va finalement montrer son caractère hétéroclite et imploser comme il se doit...
JAMES-Tk
En Attendant Le Big Bang !
a posté le 17-10-2020 à 17:22
Le grand sac à n'?uds des frérots ne pourra éviter le "Big Bang", car tôt ou tard cela devra arriver. Dans ce grand panier de crabes, certains ont réalisé que l'idéologie des frérots est "INCOMPATIBLE" avec la "République Bourguibienne", telle qu'elle l'a été depuis l'indépendance, et qu'il serait inutile de s'obstiner dans cette route à jamais barricadée par de multiples et divers infranchissables obstacles !
abouali
Réédition : Dictature et désir d'éternité
a posté le 17-10-2020 à 09:43
D'une certaine manière, les multiples machinations de ce vieillard, à l'ambition démesurée, pour rester à la tête de son parti, ressemblent à s'y méprendre aux tentatives de plusieurs chefs d'Etat de rester indéfiniment au pouvoir ! On en a vécu l'expérience chez nous bien sûr, mais ce phénomène se manifeste en particulier dans les dictatures, en Afrique ou ailleurs en Europe de l'Est, en Amérique Latine et dans certains pays arabes, où les dirigeants déploient des trésors d'ingéniosité pour ne pas quitter leur "trône" et prolonger leur règne. De l'enracinement du culte de la personnalité au grossissement des menaces extérieures, en passant par l'instrumentation de la peur du vide provoqué par l'absence du guide, tout est bon pour endormir le peuple et le convaincre de voter la continuité. On amende à cette fin les Constitutions et on modifie les lois pour laisser libre cours à cette faim inextinguible de domination et de perpétuité. Mais l'on utilise également d'autres stratagèmes moins avouables telles que le mensonge, la manipulation et l'intimidation.
Ghannouchi, comme tous les dirigeants tiers-mondistes, quels que soient leurs niveaux de responsabilité, n'échappe pas à cette tentation atavique commune à tous les autocrates. S'il a enfourché le cheval de l'islamisme, c'est uniquement pour assouvir sa soif de pouvoir et de suprématie. Tous ses louvoiements et ses fléchissements, du temps de la clandestinité, toutes les alliances, les intrigues, les renonciations et les volte faces, après son funeste retour, ne sont rien d'autre que des pas mesurés, et des étapes dans la stratégie qui doit le mener à la concrétisation de son rêve : accéder au sommet et y demeurer !
Cette recherche de souveraineté et de pérennité s'accompagne de tous les actes qui permettent de la garantir et qui sont propres à toute dictature. Mais les hommes oublient souvent qu'ils ne sont que des êtres mortels donc fragiles et vulnérables, soumis aux aléas de la vie, et à ses contraintes, dont l'âge en particulier, exposés à des dangers imprévisibles, et que de toute façon, notre destin n'est pas complètement entre nos mains. Le cheikh devrait méditer les préceptes de la religion que lui et les siens prétendent défendre, et épargner à ce pays davantage de douleur, de tourments et de désillusions.
The Mirror
Trois questions au futur Président Ghannouchi
a posté le 17-10-2020 à 09:00
Avant de devenir président de la République tunisienne, Monsieur Rached Ghannouchi doit répondre aux trois questions, qui brûlent les lèvres de chaque tunisien :

- Première question : pourquoi a-t-il envoyé des centaines de jeunes tunisiens en Syrie, pour aller faire une guerre qui n'est pas la leur, donc, pour se faire tuer ?
- Deuxième question : pourquoi a-t-il tuer Chokri Belaid et Mohamed Brahmi ?
- Troisième question : comment a-t-il pu ramasser une fortune aussi colossale, en si peu de temps ?

Evidemment, je ne demande pas à Monsieur Rached Ghannouchi d'organiser une conférence de presse pour répondre à ces questions. Ghannouchi ira au Palais de la justice pour s'expliquer.

J'imagine mal Rached Ghannouchi aller de son propre gré au Palais de la Justice, c'est plutôt le Palais de la Justice qui a le droit et le devoir de convoquer Ghannouchi et l'interroger sur ces sujets. Dans l'attente d'une telle convocation, qui ne viendra jamais avec la Justice actuelle, Monsieur Rached Ghannouchi, fort du pognon turc et qatari, a toutes les chances de devenir président de la République tunisienne en 2024. Une fois au Palais de Carthage, il pourra même faire le Bourguiba, c'est-à-dire amender sa propre Constitution (la Constitution de 2014 a été écrite par Ennahdha pour Ennahdha, et non pour la Tunisie) pour rester président à vie.

Tunisiens, laissez donc le vieux revivre sa jeunesse, et bouclez-la. Je suis tunisien, je dois donc commencer par me la boucler moi-même.
Mohamed Obey
@ Mme Ikhlas Latif
a posté le 16-10-2020 à 22:14
Excellente et subtile analyse; style plus qu'élégant. Sa lecture est un régal...
DHEJ
Est-il...
a posté le 16-10-2020 à 21:09
L'Antichrist ?

Il est DEGHAL...
Abir
Suite
a posté le 16-10-2020 à 19:26
On va me dire : protocole oblige, je réponds: avec un traitre de la nation tout s'efface ! Saluer un traitre de la nation comme Kerriji c'est interdit, le président pourrait même le renvoyer ou ne pas l'inviter mais Saied n'est pas un homme qui ose malheureusement
Abir
Il rêve ce vieillard criminel traitre
a posté le 16-10-2020 à 19:08
Peut être le président de salle d'eau pour ne pas dire autre chose! Mais président pour les Tunisiens, les étoiles sont plus proches pour lui que ce rêve ! Traitre criminel! Déjà j'en veux au président Saied ,pour avoir saluer hier le traitre criminel de la nation, l'hors de la cérémonie de 15 oktobre! Non tu peux toujours rêver ! En 2024 tu vas pratiquer ton rêve en taule, là , c'est sûr
Ahmed
S'il dépasse 5 %
a posté le 16-10-2020 à 18:23
Bouh bey.
Tunisino
Né en 1941
a posté le 16-10-2020 à 18:07
Né en 1941, RG veut devenir président en 2024 à 83 ans! Il refait toutes les erreurs de Bourguiba, de Ben Ali, et de BCE. Pauvre type. Quand à l'implosion, elle est difficile parce qu'il ne s'agit pas d'un parti mais d'une organisation, ses membres craignent de terminer en prison suite à un effondrement.