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Chroniques
Elections présidentielles : Drôle de compétition entre Marzouki et Ben Jaâfar
27/07/2014 | 16:01
3 min

Par Sofiene Ben Hamida

Le député et leader du Massar, Samir Taïeb a déclaré que Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar ont profité de la commémoration de la fête de la république pour faire leurs campagnes électorales. Il disait tout haut ce que ses collègues de la classe politique disent tout bas, mais que les Tunisiens dans leur ensemble savent déjà.
Du haut de leur perchoir, les deux présidents étaient pathétiques tellement ils étaient en décalage avec les attentes de leurs concitoyens. Mais cette hauteur au lieu de leur fournir une vue d’ensemble leur permettant de mieux coller aux aspirations du peuple, les a murés dans un univers sans rapport avec la réalité. Leur égocentrisme et les lèches bottes qui les entourent y sont pour beaucoup. La compétition entre eux aussi.

Pour l’un, le locataire de Carthage, il est évident que le seul objectif est de se représenter pour un second mandat. Pour cela, il ne lésine pas sur les moyens et toutes les occasions sont bonnes pour faire de l’auto promo. Au passage, quelques réactions populistes et des positions inconsidérées pour plaire à une frange de la population et à ses « amis » de l’intérieur comme de l’extérieur. Comment expliquer sinon qu’un président de la république appelle le peuple à sortir en masse dans la rue pour soutenir le peuple palestinien à Gaza contre l’agression sioniste ? Pourquoi ne s’est-il pas contenté d’un communiqué de la présidence ou du ministère des Affaires étrangères ? La réaction de la rue est des plus éloquentes et le nombre dérisoire des Tunisiens qui ont répondu à l’appel de « leur président » montre le degré de désaffection populaire pour un président populiste à outrance. En cela, le soutien au peuple palestinien n’est nullement mis en cause, les Tunisiens n’ont plus besoin de preuves à apporter de leur solidarité avec leurs frères palestiniens. Force est de constater donc que Marzouki n’est pas de la trempe de Bourguiba ou de Jamel Abdennasser pour enflammer les foules et ne le sera probablement jamais.

Il lui reste à amadouer ses amis islamistes qui peinent à désigner leur propre candidat et implorer le soutien de ses amis du golfe pour espérer glaner un deuxième mandat. A son actif sa capacité de servir ses alliés par tous les temps. L’affaire de l’ancien premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, son soutien aux frères musulmans d’Egypte, sa position dans l’affaire syrienne sont autant de gages de sa docilité. Malgré cela, les choses sont plus compliquées pour Marzouki qui écarte toute possibilité de démission de son poste et qui se donne tout le temps, jusqu’à un mois avant les élections, pour annoncer sa décision.

C’est que les postulants à la présidence sont nombreux et se bousculent aux portes de « Mont-plaisir ». Mustapha Ben Jaâfar en fait partie. Dans un registre différent de son fidèle ennemi Marzouki, dans un style différent, bon chic bon genre, le sourire glacé, lui aussi a démontré que les islamistes peuvent compter sur lui ainsi que sur ses principaux collaborateurs comme Elyes Fakhfakh et Khelil Zaouia. Son passage à la tête de l’ANC démontre que les islamistes peuvent tout passer avec lui, qu’ils peuvent compter sur lui et que c’est quelqu’un qui pense oui même quand il dit non. La carte du soutien européen dont il dispose, surtout dans les milieux de l’Internationale socialiste, pourrait jouer en sa faveur auprès des islamistes soucieux de ne pas s’isoler surtout après leur débandade en Egypte.

Aujourd’hui, il veut passer pour « le père de la Constitution » et pour celui qui a sauvé la démocratie en suspendant les travaux de la constituante. Il oublie qu’il a signé le projet de la constitution du 1er juin, un projet catastrophique pour le pays et que c’est le sang du martyr Mohamed Brahmi qui a arrosé la route de la démocratie et qui a balisé le chemin qui a conduit à l’adoption d’une constitution acceptable. Ce dont nous disposons maintenant, nous le devons à Mohamed Brahmi, à Chokri Belaid avant lui, et aux dizaines d’autres martyrs de la démocratie et de la république. Ni lui, ni Marzouki qui a arboré son soutien aux miliciens des LPR et encore moins leurs amis les islamistes n’y sont pour quelque chose.
27/07/2014 | 16:01
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