Désormais, je ne parlerai qu'en présence de mon avocat !
C’est l’une des rares bonnes nouvelles de ces derniers temps. Les élus ont voté un amendement du code de procédure pénale pour faire en sorte qu’un avocat soit présent aux côtés des suspects dès l’instant de leur interpellation.
Pourquoi c’est une bonne nouvelle ? Parce que les policiers ne pourront plus torturer ou frapper les suspects pour obtenir des aveux. D’un autre côté, on ne pourra plus, non plus, les accuser de l’avoir fait quand le dernier révolutionnaire à la mode sort d’un poste de police en disant qu’on lui en a fait baver.
Désormais, si un policier souhaite introduire des objets dans le corps d’une personne qu’il interroge, il devra le faire sous les yeux d’un avocat qui se chargera de transmettre fidèlement les faits. Les policiers devront donc s’en remettre au dialogue pour interroger des suspects et ils devront utiliser des mots plutôt que d’utiliser des baffes. Ça les changera.
D’un autre côté, il y a une protection pour les policiers dans la présence d’un avocat. On ne pourra plus les diffamer et raconter qu’ils ont frappé et torturé. Il est vrai que ça enlèvera beaucoup à « l’héroïsme » de certains qui profitent des campagnes « Free » on-ne-sait-qui. Ils ne pourront plus sortir des postes de police en pleurnichant et en traitant les policiers de tous les noms et en disant qu’on est un valeureux défenseur des droits contre la tyrannie morbide des flics.
Par ailleurs, lors de l’interpellation, les policiers devront citer ses droits à la personne arrêtée dont celui de disposer d’un avocat et lui donner le motif de son arrestation. L’avocat pourra également demander à ce que son client soit examiné par un médecin. Par conséquent, s’il y a des coups on les verra et s’il y a trifouillage d’endroits incongrus comme pour démontrer une sodomie, on le verra également.
On pourra faire comme dans les séries américaines et sortir aux policiers un pimpant « je ne parlerai qu’en présence de mon avocat » ! Ce sera la classe de dire ça !
Après l’arrestation et le passage au poste de police, on aura droit à la visite guidée du monde merveilleux qu’est la maison d’arrêt de Bouchoucha. Insalubrité, violence, conditions dramatiques, la totale ! Pour remédier à cette situation rien n’est encore prévu mais peut être que ça viendra.
Il y a également les délais de traitement des affaires devant les tribunaux. On peut attendre longtemps, très longtemps, avant de voir son affaire traitée par un juge qui en a déjà traité cinquante et qui entame la deuxième moitié dans une journée ordinaire de travail. Désengorger les tribunaux, accélérer les délais de traitement des affaires, éventuellement redessiner la carte judiciaire en Tunisie… ça viendra peut-être dans une prochaine réforme.
Après, si l’on a le malheur d’être condamné à de la prison ferme, on va dans l’un des pénitenciers tunisiens. On pourra gouter aux joies de la vie en collectivité. Une collectivité très serrée au propre comme au figuré dans une chambre contenant le double de personnes que sa capacité initiale. On pourra s’initier au troc et à acheter des privilèges à coups de paquets de clopes. On pourra tenter de soudoyer les gardiens de la prison pour pouvoir téléphoner par exemple. Mais pour régler les problèmes des prisons en Tunisie, il faudra une autre réforme, qui viendra peut-être, un jour…