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Chroniques
Désolé Hamadi Jebali, vous aviez raison !
24/10/2016 | 15:58
7 min

 

A l’actualité cette semaine, la grosse polémique autour d’un article, et d’un seul, du projet de Loi de finances 2017. Une loi qui va tuer la croissance, la création d’emploi, l’initiative et l’investissement. Personne n'a contesté ses aberrations et sa triple imposition, le débat s’étant fixé qu’autour de l’article qui oblige avocats et médecins à une toute légère transparence. Ou, plutôt pour être précis, à faire preuve de moins d’opacité. La polémique s’est caractérisée par une véritable passe d’armes et d’accusations mutuelles entre les médias et les avocats. Les premiers prétendent relayer l’opinion publique et jouer leur rôle de 4ème pouvoir (et dans 4ème pouvoir, il y a pouvoir) en appelant à l’équité et l’égalité de tout le monde vis-à-vis de la loi. Les seconds crient à la diabolisation et jouent les victimes en prétendant être de nobles pauvres défenseurs de la veuve et de l’orphelin ciblés par la loi.

La Loi de finances, telle que présentée, sera très vraisemblablement rejetée, mais cela ne voudra pas dire que les avocats auront gagné la bataille. Les avocats ont déjà perdu, que le législateur retienne ou pas l’article les obligeant à montrer patte blanche. Il y a une véritable prise de conscience par les médias et l’opinion publique de la nécessité d’une équité fiscale entre les salariés d’un côté et les professions libérales et commerces informels de l’autre. Il devient de plus en plus insupportable que l’on impose aux uns une retenue à la source et que l’on ferme les yeux pour les autres. Que l’administration fiscale contrôle et sanctionne ceux qui veulent être réglo et offre le compromis (voire l’impunité) à ceux qui ne veulent pas l’être. Trop c’est trop ! Nous prétendons avoir fait une révolution, nous prétendons être une démocratie, agissons en conséquence ! Et c’est aux avocats « co-récipiendaires du Prix Nobel » et premiers révolutionnaires, de donner l’exemple en mettant la main à la poche comme TOUT LE MONDE !  

 

L’autre actualité de la semaine est la tenue, hier, des élections du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Parce que la justice est la clé de tout, parce que sans justice il ne saurait y avoir de quelconque stabilité, d’investissement, de croissance ou de quoi que ce soit, je considère que cette élection est l’événement le plus important de l’année. C’est même plus important que la présidentielle ou les législatives, car un pays pourrait fonctionner (un temps) sans président et sans parlement, voire même sans gouvernement, mais il ne saurait fonctionner (même un laps de temps) sans justice.

D’après les résultats préliminaires publiés hier en milieu de soirée, le taux de participation à cet important événement est de 46,9%. Les électeurs figurent parmi les magistrats, les avocats, les experts comptables, les huissiers et les enseignants spécialisés en droit. C'est-à-dire la crème de la crème. C'est-à-dire l’élite de l’élite. C'est-à-dire ce qu’une société a de mieux. En bas de l’échelle des électeurs disciplinés respectueux de la démocratie, les avocats (tiens !), avec un taux de 37,1%. Ces mêmes avocats qui s'étaient tous mobilisés pour leur grève générale il y a deux jours.

 

En décembre 2012 et en août 2013, alors que le pays vivait les pires moments de son histoire et que la troïka refusait de quitter le pouvoir après avoir achevé son mandat d’un an ferme, Hamadi Jebali ancien chef du gouvernement et ex secrétaire général du parti islamiste Ennahdha déclare publiquement : « le problème de la Tunisie, c’est son élite ». On l’a, à l’époque, raillé, moqué, critiqué, dénigré. Moins de quatre ans après, les faits sont là, l’élite lui donne raison !

Avec un taux de 46,9% de participation aux élections du CSM, et avec  tout ce que l’on a entendu comme arguments fallacieux et risibles de la part des avocats pour justifier l’injustifiable inégalité fiscale, l’élite du pays donne raison à Hamadi Jebali !

Chiffres à l’appui, et les chiffres sont têtus, l’élite fait moins bien que le peuple ! En 2011, pour les élections de la Constituante, le taux de participation était de  51,97%. A l’époque, on s’est dit que le peuple n’était pas vraiment conscient qu’il vivait une révolution ! En 2014, pour les législatives, le taux est monté à 68,36%, puis à 62,91% pour la présidentielle et  ces taux étaient jugés plus ou moins décevants. On voulait tellement que l’ensemble du peuple tunisien prenne part et réussisse ce processus démocratique.  

En 2016, l’élite censée orienter le peuple et lui donner l’exemple, n’atteint même pas les 50% de taux de participation à une élection vitale pour tout le pays !

 

L’autre actualité de la semaine est la suspension de l’examen en commission du projet de loi relative à la réconciliation nationale. Une loi proposée par Béji Caïd Essebsi qui allait participer à la relance économique et mettre un terme à une injustice flagrante qui frappe des dizaines d’hommes d’affaires et de hauts fonctionnaires ayant exercé sous l’ancien régime. En dépit du bon sens de cette loi, en dépit de l’argumentation (que je trouve personnellement solide et convaincante) donnée par la présidence de la République, cette loi a été fortement rejetée par un pan de la gauche, par l’opposition et par tous les « salariés » des ONGs étrangères. « Le pardon se fera au tribunal », « Lui il vole, toi tu paies », criaient-ils à longueurs de manifestations, de pétitions et de mobilisations.

On a beau démontrer par a+b que cette loi est bénéfique pour le pays, rien à faire ! « Le pardon se fera au tribunal », nous disaient-il. Que les « salariés » de Soros tiennent bon, cela pourrait se comprendre, ils ont leur propre logique et les objectifs de leurs financeurs à atteindre. Mais qu’en est-il du bon sens de l’opposition et de la gauche ? Par quelle logique fonctionnent-ils ? Ils ont accepté l’amnistie de terroristes et de personnes qui ont du sang sur les mains (décidée unilatéralement et arbitrairement en 2011), mais ils refusent catégoriquement de « passer l’éponge » sur des cas bien déterminés examinés en commissions multipartites et sur la base d’une loi votée en assemblée ?!

 

Maintenant que la loi est suspendue, voire abandonnée, que va-t-il se passer ?

Légalement parlant, c’est à l’Instance Vérité et Dignité ! C'est-à-dire que cette gauche et cette opposition acceptent que « le pardon du tribunal » se fasse sous l’égide de Sihem Ben Sedrine, la dame aux barbes artificielles, celle-là même qui est décriée et accusée par ses propres pairs de l’IVD ? Celle-là même qui est désavouée par le Tribunal administratif.

Ce qui va se passer maintenant est que l’IVD va entamer ses « procès » publics, avec tout ce qu’il y aura comme étalages de scandales réels et imaginaires, de vérités avérées et de contrevérités éhontées, au même moment de la tenue d’un important congrès international censé séduire des investisseurs à venir mettre leur argent dans le pays. On imagine le spectacle !

J’écrivais il y a un an « La course est ouverte pour racketter les hommes d’affaires » à propos de cette loi et du gros danger de laisser l’IVD décider seule, en notre nom, qui pardonner et qui condamner. Cela n’a jamais été plus vrai qu’aujourd’hui et cela se fera au vu et au su de tous ! Avec notre complicité à tous ! Et c’est l’élite de la gauche et de l’opposition qui en aura décidé ainsi !

24/10/2016 | 15:58
7 min
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Commentaires (29)

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Prof
| 26-10-2016 06:30
oui,la Tunisie doit appliquer la formule "From Brain-Drain to Brain-Gain!"

Merci

observator
| 25-10-2016 21:05
et vous défendez les gros corrompus.
Mais c'est la où réside le problème c'est que l'Etat semble vouloir épargner les gros trafiquants et corrompus qui financent illicitement beaucoup de médias pour les protéger.
Il faut distinguer entre hommes d'affaires de véritables entrepreneurs et tous aces affairistes qui pilulent de partout et font bloc contre tous ceux qui veulent risquer travailler créer...
Dénoncez ces gros corrompus...qui noyautent l'Etat, vous en avez les preuves si vous le voulez.
Pour le moment vous les protéger.

Dr. Jamel Tazarki
| 25-10-2016 18:12
La Tunisie a besoin de son élite intelligente à l'étranger, je vous propose de regarder la vidéo sur le lien suivant:

https://www.youtube.com/watch?v=nR8xsKSeEtU

Alpha1
| 25-10-2016 16:09
Les handicapés mentaux prennent souvent du retard pour comprendre .Il n'ya pas de surprise

lechef
| 25-10-2016 15:59
En fait, en Tunisie et surtout après la révolution un comportement incompréhensible du tunisien fait surface à savoir l'amplification des phénomènes et un aharnement de chacun contre tous dans nt'importe quel acte.
Nous diabolisons tout le monde. En réalité tous ceux qui critiquent de façon exagérés occupent bien sûr une certaine fonction dans leur structure qu'ils soient médecins enseignants avocats juges journalistes ecrivains comptables.....pratiquement on peut trouver toutes les catégories . Est-ce que nous sommes tous au dessus de tout soupçons ? Est-ce qu'on n'a jamais commis d'erreurs au cours de l'exercice de nos fonctions? Est-ce que nous sommes tous intégrés?
Il faut savoir que l'erreur est humaine et il ne faut jamais les amplifier et il faut interpréter les marges . L'honnêteté exige d'analyser les marges et d'être compétent dans le domaine pour en juger.D'ailleurs depuis environ un mois un médecin esthéticien à été traduit en justice après la mort d'une patiente française pour une simple opération de suspicion de graisse et les experts français ont nié les faits car une embolie pulmonaire qui n'engage en aucun cas la responsabilité du chirurgien en était la cause.
Dépuis quelques jours dans l'un des cliniques français les plus réputées une erreur semblable à celle de Hedi Tounsi à été commise. Erreur humaine?
En ce qui concerne les prestations de service et les honoraires vous n'avez qu'â choisir la personne qui vous convient le mieux qualité prix comme dans le cas de l'acquisition des biens.
Je note enfin que la Tunisie regorge de compétences toutes spécialités confondues et il suffit bien sûr de choisir mais soyez convaincus que l'erreur est humaine et il faut s'assurer et être sûr dans le classement d'erreur. Le médecin ne peut pas s-en apercevoir que les médicaments bien ordonnances ont été fabriqués dans les règles de l'art , que le vaccin utilisé est aussi bien fabrique selon les normes et aussi le produits d'anesthésie sont normalisés.
Éviter cet acharnement souvent très prononcé .Que chacun essaie de faire sa fonction et son travail convenablement.Ceci constitue le seul moyen d'avancer.Employer votre propre expertise pour vous même. Soyez à l'heure dans vos bureaux.Bref soyez laborieux.N'interprétez pas des actions qui vous dépassent et dépassent vitre cervelle .En d'autres termes balayez devant soi et montrer votre compétence dans votre domaine.

TeTeM
| 25-10-2016 15:01
Je partage les grandes lignes de cette tribune, néanmoins, je pense qu'il est un peu facile de taper sur les avocats par rapport à l'élection au CSM.

Certains les chiffres ne sont pas aussi éloquent que certaine plaidoirie visant à défendre quelques malfaiteurs/criminels. Raison de plus pour ne pas se contenter des chiffres et d'essayer de les analyser et de trouver des explications à ce faible taux ;).

CONQUERANT
| 25-10-2016 11:45
Merci Zohra pour votre aimable attention.
Bon courage et bonne continuation!

Tunisienne
| 25-10-2016 11:41
mais force est d'admettre qu'il a eu raison sur ce coup là !

Entre les avocats, les médecins, les magistrats, les éducateurs, la classe politique sans classe..., l'"èlite" nous agresse de jour en jour avec le triste spectacle de son imposture : élite sans vision ni envergure, élite opportuniste, élite égoïste et élite démissionnaire qui se laisse gagner par le populisme au lieu de jouer son rôle conscientisateur et élévateur...

Quant à la gauche très "révolutionnaire" qui rejette en bloc la Loi de la réconciliation économique, elle a oeuvré sciemment ou naïvement à mettre ce dossier entre les mains "immaculées" de SBS reine absolue de l'IVD et de la revanche pseudo-révolutionnaire. Et peut-être que cette gauche sera apaisée en voyant ladite SBS prendre sa énième revanche sous la table et sucer le sang de ces hommes d'affaires "comme il se doit" !

Abel Chater
| 25-10-2016 11:04
Que nos avocats et surtout nos médecins et nos cliniques privées nous tuent au lieu de nous réanimer et de nous raviver, cela est visible à tout le monde de tout âge et de tout rapport social. Je pense même qu'on est aux portes d'une révolution catastrophique contre l'abus des médecins privés et de leurs cliniques, qui nous tuent en nous appauvrissant et en nous envoyant dans l'Au-delà suivant leur propre dicton:"opération réussie, patient décédé". Ce qui leur importe c'est l'argent. Beaucoup d'argent. Un vol manifeste devant les yeux de toutes les organisations censées défendre le pauvre consommateur tunisien.
Un ouvrier qui gagne 20,- dinars à la journée, se voit dérober de 40,- jusqu'à 100,- dinars pour trois minutes d'auscultation chez un Toubib de malheur. N'en parlons pas des cliniques privées dont la malhonnêteté dépasse tous les crimes sur cette terre. Depuis le meurtre en passant par le vol, jusqu'à la culture de l'escroquerie pure et simple.
Les policiers qui guettent les voleurs de poules, auraient beaucoup mieux fait de réserver leur énergie à protéger les contribuables qui les paient, de ces criminels porteurs de blouses blanches.
Quant à la deuxième partie concernant les hommes d'affaires qui ont ruiné la Tunisie, j'invite Nizar Bahloul à comprendre, que les états et les peuples ne peuvent en aucun cas être gérés comme un projet d'épicerie, de magasin ou à d'une entreprise quelconque, où on ne parle que de gains et de pertes. Ces millions de Tunisiens ne cherchent qu'équité et qu'une justice inébranlable sans le moindre détour et sans la moindre marche-arrière. Sans l'ancrage de cette règle appartenant aux piliers essentiels de tous les pays avancés, la Tunisie n'avancera jamais plus de toute sa vie. L'argent et les investissements ne pourront jamais suffire, ni qu'on ne puisse être rassasiés d'eux, mais la Justice et l'équité demeurent la mire principale pour toute vie concernant la civilisation et la sociabilité du peupler et de son régime.
En ne pensant qu'à l'argent et qu'aux investissements que ces criminels voleurs vont placer en Tunisie, tu transformes notre pays en une «république bananière» qui n'avancera jamais plus pour des siècles, à la manière de l'Égypte. Un pays à remettre aux mains de tous les criminels de ce monde. Une mendicité prostitutionnelle. Une politique de l'autruche. Un égoïsme personnel. Une idéologie qui n'a aucun rapport avec la réalité des choses. Une spéculation n'appartenant qu'à la débilité des «F'daouis».
Qu'on nous offre tous les milliards de dollars qui nous manquent. Qu'est-ce que ça va changer si notre pays délaisse ses principes millénaires d'une autorité souveraine liée à notre entité morale?
A suivre ta logique commerciale liée à ta stratégie de marketing, nous pourrions donc faire comme (je crois) Haïti, où les Haïtiens demandèrent par référendum de demeurer sous occupation française afin de se garantir une rente d'argent. Et tant qu'on y est, pourquoi ne pas vendre la Tunisie à Bill Gates ou aux Rockefeller. Nous aurions plein de dollars pour nos «chichas» et pour notre «Lablabi bel Harguéma».
Bonne et merveilleuse journée.

Bob
| 25-10-2016 10:09
Quand on a le cerveau d'une huitre on ne peut pas avoir raison.