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Dédommagement des Nahdhaouis : Nous avons beaucoup souffert disent-ils !
17/10/2016 | 19:59
6 min
Dédommagement des Nahdhaouis : Nous avons beaucoup souffert disent-ils !

 

Une année après la fuite de Ben Ali, début 2011, les islamistes d’Ennahdha accèdent au pouvoir par les urnes et le « soft power » leur a permis d’y rester ! Ayant subi pendant de longues années les exactions du régime et privés des plus belles années de leur existence « terrestre », ces milliers de Tunisiens, base du mouvement, demandèrent la réhabilitation et l’indemnisation. Cette connexion entre l’engagement et l’argent se matérialisera par la suite dans une loi à part entière, votée dans le cadre de la justice transitionnelle.

 

C’est tard dans la nuit du dimanche 29 décembre 2013 que fut adopté l’article portant création du fonds de la dignité «Al- Karama »pour l’indemnisation des victimes de la dictature de 1955 à 2013.

IyedDahmani, alors député du bloc démocratique présent dans l’hémicycle, a accusé ses collègues de l´Assemblée de « profiter du sommeil du peuple pour le voler ». Et pour cause, il était ce soir-là un des rares élus de l’opposition à avoir assisté au vote. « Les amendements devaient être imprimés et distribués aux élus préalablement et non à la dernière minute pour forcer le passage » avait-il déploré.

« Il est minuit passé et l’Assemblée nationale ainsi que le budget de l’Etat se sont transformés en butin dont ceux qui s’apprêtent à quitter le pouvoir aujourd’hui essayent d’avoir la plus grosse part ».

Dans un état de droit, toute indemnisation ne peut être décidée que sur ordre d’un magistrat et non sur ordre du gouvernement. Chaque dossier devant être traité séparément.

 

L’Association des magistrats tunisiens (AMT) via sa présidente RaoudhaKarafi, ne manqua pas alors de réagir appelant le Quartet, parrain du dialogue national, à remplir son rôle devant ce qui a été qualifié comme une « atteinte » au pouvoir judiciaire.

Pour le mouvement Ennahdha, le fonds « Al-Karama » est « un compte spécial » auquel le budget de l'Etat 2014 n'affectera aucun millime. Son financement proviendra, selon le mouvement toujours, d'associations, d'organisations et de particuliers désireux de soutenir le processus de la justice transitionnelle. 

 

Les islamistes dénoncèrent en outre une tentative de contrôle de l'opinion publique portant à l’induire en erreur au motif que de « milliers de militants opprimés de longues années durant et dont un grand nombre continue d'être privé des attributs les plus élémentaires d'une vie décente alors que la révolution avait été faite principalement pour que les Tunisiens recouvrent leur dignité » avait souligné le parti à l’époque dans un communiqué.

 

Invité à donner ses impressions sur la question, Hamma Hammami avait estimé que la réhabilitation de ces personnes est une cause noble en soi mais qui a été traitée négativement car tout le projet a été présenté comme s’il s’agissait d’un « butin », ce qui a beaucoup nuit à son image « et puis la Tunisie est-t-elle en mesure de dédommager tout le monde ? », s’est-il interrogé.

Il a aussi exprimé sa tristesse quant au fait que les victimes tunisiennes soient dédommagées par des parties étrangères et que l’Etat tunisien ait accepté l’aide du Qatar pour la compensation de ses personnes. « Est-ce le Qatar, où la démocratie est quasi inexistante, qui va me dédommager ? ». Rappelons qu’aussitôt le fonds créé, le Qatar avait fait don de 20 millions de dinars et avait exprimé son intention d’augmenter encore plus sa contribution si cela s’avérait nécessaire.

 

Le professeur de droit constitutionnel, Kaïs Saïd considère, quant  à lui, l’adoption de l’article relatif au fonds de réhabilitation des victimes comme « incompréhensible », car la source de financement de ce fonds n’est pas claire. A quelle hauteur le contribuable tunisien devra y participer ? Les détracteurs du projet parlent d’une somme avoisinant les 2 milliards de dinars et peut être plus ! Ce qui est sûr c’est que cette indemnisation a déjà eu lieu en partie, mais sous une autre forme : le recrutement massif dans le public.

 

Information confirmée par l’ancien ministre des finances Houcine Dimassi qui a affirmé, le samedi 15 octobre 2016 sur la chaîne Attessia, que les compensations pour les bénéficiaires de l’amnistie générale, dont l’écrasante majorité est issue des rangs de mouvement Ennahdha, ont été versées de manière détournée en les recrutant, à tour de bras, dans la fonction publique.

 

90.000 personnes auraient été intégrées aux différents organes étatiques, sous le gouvernement de la Troïka et pour les seules années 2012 et 2013, selon M. Dimassi. Alourdi par un personnel dont il n’avait strictement pas besoin, l’Etat a vu son budget pour le développement touché de plein fouet.

 

Pour l’ancien ministre, le pire est que parmi ces personnes, certaines ont été parachutées dans des postes de direction alors que leurs compétences n’étaient pas prouvées ! Il a ajouté qu’à ces nouvelles recrues, ont été versés les émoluments relatifs à leurs années d’inactivités, passées en prison. « Un désastre pour l’équilibre des comptes publics » avait-t-il martelé.

 

En ce mois d’octobre 2016, Abdelhamid Troudi, coordinateur de la commission nationale de l'activation de l'amnistie législative générale et des victimes de la dictature, fait bouger l’affaire et appelle le président de la République, lors d'une rencontre au sein du siège de l'instance vérité et dignité à activer le fonds « Al-Karama ». Selon lui, il y aurait une campagne de dénigrement à l'encontre des militants qui n'ont pas bénéficié d'indemnisations.

 

Selon des sources bien informées, le ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, dont Samir Dilou était le ministre, avait entre 2012 et 2013 reçu quelques 11.176 demandes d'indemnisation, mais aucun barème n’avait alors été formulé pour définir les modalités de calcul des indemnités.

 

M. Dilou avait affirmé que les dirigeants d’Ennahdha qui comptaient parmi eux des personnes comme Sadok Chourou qui avait passé plus de 20 ans dans les geôles de l’Etat, n’ont pas formulé de demandes de dédommagement. « Tout comme Nelson Mandela, ils ont formulé cette demandes pour ceux qui étaient le plus dans le besoin, mais pas pour eux-mêmes » avait-il affirmé.

 

Alors que la situation du pays est mauvaise et à un moment où le budget pour l’année 2017 est en passe d’être négocié devant l’ARP, voilà qu’arrive la demande d’activer « Al-Karama ». Le militant de gauche et écrivain Gilbert Naccache disait: « L'indemnisation n'étant liée à une quelconque demande d'allégeance à un pouvoir ou un parti quelconque, mais étant un droit donné à tous les amnistiés, ne peut pas être refusée ».

 

Nous pouvons assurer néanmoins que, jusqu’à ce jour, aucune information vérifiée n’a filtré quant à la hauteur de la participation du contribuable tunisien à ce fond. Aucune information non plus, pour ce qui est de la somme jusque-là réunie pour les dédommagements. Seul faits remarquables : l’enrichissement rapide de certaines personnalités appartenant à la mouvance et la singulière connexion qui existe désormais entre l’engagement et l’argent.

 

Sofiene Ahres

17/10/2016 | 19:59
6 min
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Commentaires (48)

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Génération
| 23-12-2018 11:45
Durant un demi siecle des tunisiens se sont exilés en Algerie,ils ont vécu sous un régime socialiste et des conditions de vie vraiment difficiles sans aucune possibilité de transfert d argent ou tout autre condition de vie descente.
Où sont leur droit?

lARIO
| 21-10-2016 16:59
comment un jeune tunisien chomeur et surtout s'il posséde ses diplomes universitaires peut accepter la maniére de recrutement de ses semblables sans passer par des concours officiels de la fonction publique, transparents et équitables? LA TROIKA a bourré la fonction publique par ses partisans et MAINTENANT viennent nos chefs de gouvernements nous informer et nous déclarer que la fonction publique est saturée et qu'il n'y aura pas de recrutements pour les années à venir.Ce préjudice va couter cher à la stabilité de notre chére TUNISIE et à la sécurité de ses citoyens. LE CHOMAGE DES MASSES DE JEUNES entraine l'oisiveté, et l'oisiveté cause la violence, et la violence produit la gabegie et la destruction. TOUS Nos actuels dirigeants politiques, économiques, et sociaux doivent se débrouiller et travailler jour et nuit pour un seul et unique souci qui est de tout faire et par tous les moyens pour élaborer , planifier et lancer à court et à moyen terme des projets CONCRETS pour lutter contre ce fléau si dangereux et si menaçant.Un chomeur, surtout s'il est de longue durée fera tot ou tard l'effet d'une brusque bombe et provoque la stupeur, et commet des stupidités invraisemblables et imprévisibles

observator
| 21-10-2016 11:52
Excusez moi pour le retard.

Il y a deux lois :
-celle relative aux droits des victimes qui a été votée en 2011 quand BCE était premier ministre.
-et celle relative au fonds de la dignité qui précise les sources d'indemnisation de ces victimes.

Mais la loi qui attribue le droit à l'indemnisation a bel et bien été voté au temps de BCE premier ministre en 2011.

KLM
| 20-10-2016 16:47
La loi sur l'indemnisation a mis la Tunisie à genoux. Beaucoup d'argents provenant de plusieurs sources pour aider la Tunisie est allé dans les poches des centaines de milliers de personnes sympathisant des partis de la Toïka. Les gens au pouvoir de la Toïka ont favorisé un climat d'insécurité et d'instabilité dans le pays pour détourner les regards des tunisiens vers ces problèmes sociaux et sécuritaires et laisser le champ libre aux personnes à indemniser de se servir amplement du butin et s'enrichir vite car l'avenir n'est pas certain (la majorité du peuple tunisien ne veut pas de la Kalifa). Malheureusement, ces problèmes sociaux et sécuritaires les ont dépassés. Les difficultés économiques qui s'en est résultés les a contraint à négocier avec les autres partis pour un nouveau gouvernement à la place de celui de EL ARAIDH. Nida Tounis vient de s'apercevoir que la devise d'ENNAHDHA est ne touche pas à mon butin (dont Jemna). Pour résoudre ce problème de vol de l'Etat tunisien (recrutement de gens qui depuis leur sortie de l'université n'ont pas pu accéder à des emplois dans la fonction publique ou le privé pour incompétence, recrutement de personne dans la fonction publique de personnes qui ont conservé en parallèle leurs affaires qu'ils pratiquaient avant le 14 janvier, indemnisation de gens qui ont travaillé dans des affaires à l'étranger, payement des salaires de personnes qu'on a mis en prison parce qu'ils voulaient prendre le pouvoir par la force aux gouvernements qui se sont succédé en Tunisie, distribution de grades et de fonction à la volée dans la fonction publique, appui à des hors la loi, des contrebandiers et des associations douteuses), trois solutions se présentent: la première, tous les partis qui ne faisaient pas parti de la Troïka s'unissent pour voter une loi qui remet en cause l'ancienne loi de l'indemnisation et votent une loi sévère contre les contrebandiers et les(attention aux coups derrière le dos); la deuxième consiste dans l'application de la loi à tous les dépassements qui ont eu lieu au cours de l'application de la loi sur l'indemnisation (révision des recrutements non fondé , relocalisation de l'affectations du personnel qui a été recruté dans des institutions surchargées,ne pas tenir compte des arrestations et mise en prison pour les personnes jugées pour le non respect des lois en vigueur, révision des permis donnés à des associations et des personnes qui sont en train de faire des affaires douteuses ), la troisième est de faire un référendum pour que le peuple tunisien se prononce pour ou contre cette loi de l'indemnisation et autres lois. J'ai l'impression que l'actuel gouvernement a opté pour la deuxième solution qui me semble la plus applicable dans les conditions du climat politique malsain, égoïste, hypocrite, opportuniste, arriviste qui prévaut actuellement en Tunisie. S'ils veulent rester dans une Tunisie stable et prospère, ces personnes doivent accepter de réparer plusieurs anomalies. S'ils n'acceptent pas c'est qu'ils ont encore leurs affaires à l'étranger.

ftouh
| 20-10-2016 14:55
ils ont droit à l'indemnisation ou non, cela aurait du entre débattu avant de se précipiter comme sur une proie. Ce qui est sur c'est qu'il y a eu beaucoup de dépassements reculements abusifs, indemnisation de personnes alors à l'étranger,..) et c'est aux tunisiens, comme un seul homme, d'exiger l'ouverture de ce dossier.

adel
| 19-10-2016 16:20
Je n'ai fait souffrir aucun nahdhaoui, donc je ne comprends pas pourquoi je paierai. Mais maintenant que je paie ..... :)

A4
| 18-10-2016 22:41
On ne dirait pas quand on voit le gros ventre de zitoun ...

zohra
| 18-10-2016 20:05
C'est vrai JW à disparu, "peuple des gueux" il disait c'est vrai il avait raison un peuple qui c'est laisser envahir par les musulmans en colère, un peuple bien naïf.

Aloulou
| 18-10-2016 18:40
que dire de ceux qui sont morts à BIZERTE et leur famille sans oublier le cauchemar de ceux qui ont vecus la bataille

KHOUROUTOU
| 18-10-2016 17:07
C'est pourtant une bonne occasion pour toi pour nous donner ton avis.

Ne me dis surtout pas que tu es NAHDHAOUI et que tu es entrain de jouir royalement de ton indemnité......

Et tant pis pour ce bougre de peuple.

Si c'est le cas SAHHA LIK......