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Chroniques
C'est fou ce que les chiffres sont têtus
22/02/2017 | 15:59
3 min

 

Attention chronique barbante. Il va s’agir d’économie et de Loi de finances. C’est un sujet qui n’intéresse pas grand monde, sauf quand les décisions et les lois commencent à frapper les portefeuilles. Là c’est l’incompréhension et l’indignation. Pourtant certains médias avaient prévenu longtemps à l’avance. Enfin bon…

 

Pour faire court, l’INS a révélé que la Tunisie avait fait une croissance de 1% pour l’année 2016 et que le chômage était de 15,5%. En 2015, la Tunisie avait fait 1,1% de croissance et le chômage était à 15,4%. En gros, la Tunisie a stagné, pour ne pas dire est en récession, et le chômage a légèrement augmenté malgré les promesses, les programmes et les budgets.

 

C’est quand même bizarre pour une année où il n’y a pas eu d’attentats d’envergure et où le pouvoir devait être bien installé après la première année de mandat. Il est quand même très bizarre que la Tunisie ait fait une meilleure croissance que l’année où il y a eu l’attentat du Bardo et celui de Sousse !

 

Avant, on disait que la conjoncture était extrêmement difficile et que les attentats avaient un impact direct sur l’économie. Ce n’est pas faux. Et quand il n’y a pas d’attentats, on disait dans certains salons feutrés de la banlieue de Tunis que c’est la faute d’Ennahdha. La troïka a tellement infiltré les rouages de l’administration et de l’Etat qu’il est impossible pour les ministres, pétris de bonnes intentions, de faire correctement leur travail. C’était peut-être vrai à une époque, mais au bout de deux ans de mandature, ça ressemble de plus en plus à de la foutaise. De la foutaise dans de très larges proportions.

 

La preuve ? Les perspectives de croissance du gouvernement Chahed pour l’année 2017. La Tunisie espère réaliser 2,5% de croissance cette année. Les vrais experts économiques et les représentants des organismes internationaux essayent, lors des conférences et des colloques, de pointer les manquements sans trop appuyer le trait pour qu’on ne leur sorte pas le fameux reproche de la politisation. Mais soyez sûrs que les connaisseurs de l’économie tunisienne pouffent de rire quand ils voient ce chiffre. Ils pouffent de rire ou ils retiennent leurs larmes. En décembre 2016 ils savaient déjà qu’il y aurait une Loi de finances complémentaire en 2017 pour arrondir les angles et clôturer des comptes troués de toutes parts. Je vous laisse imaginer la crédibilité dont jouit un gouvernement qui prépare une Loi de finances utopique et irréaliste. Au mieux c’est de l’incompétence, au pire c’est du foutage de gueule.

 

Les chiffres défoncent donc les excuses à deux balles sur tout ce qui empêcherait l’économie tunisienne de décoller. D’ailleurs, le slogan gouvernemental dit que l’année 2017 sera l’année de ce fameux décollage. On aimerait tellement y croire, vraiment. Mais les chiffres de l’économie tunisienne n’ont pas d’appartenance politique et encore moins de fils turbulent ou de comptes à rendre à certaines monarchies du golfe.

 

« Jusque là tout va bien ». La fameuse réplique semble être le nouveau crédo de l’économie tunisienne. On emprunte à tour de bras, les connaisseurs ressassent que tous les voyants sont au rouge, mais sinon tout va bien. Il est bien beau de dire que maintenant on va s’occuper d’économie, mais l’économie, elle, n’attend pas. D’ici la chute, continuons à blablater sur des futilités, ça nous occupera le temps de la descente.

22/02/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (5)

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Forza
| 25-02-2017 14:35
L'économie n'est pas un interrupteur électrique qu'on déclenche et la lumière fuse. Deux branches de l'économie tunisienne étaient (et sont encore) touchées sévèrement, le tourisme et les phosphates et deux années de sécheresse. Pour le tourisme, ça prend beaucoup de temps pour effacer les images de d'attentat de Sousse et du Bardo. L'effet des vidéos et des photos de la plage ont un effet beaucoup plus négatif pour notre tourisme que l'avion russe descendu sur le Sinaï car l'homme est visuel, les images se gravent dans la mémoire. Viennent ensuite les attentats perpétrés par des tunisiens par exemple en France et en Allemagne, deux marchés traditionnels. Des teentats qui arrivent toujours pour remettre le compteur a zéro. L'autre branche est l'extraction du phosphate. Il est vrai que la production reprend mais ça va prendre du temps pour arriver aux chiffres de 2010 et pour regagner les clients perdus pour le Maroc, la Jordanie, l'Arabie Saoudite et d'autres producteurs et la politique politicienne et le finger pointing ne résout aucun problème. Et l'administration doit accepter qu'elle a besoin de reformes, elle étouffe l'économie par sa bureaucratie et ses procédures infernales.

HatemC
| 23-02-2017 13:17
C'est fou ce que ....
Plus les salariés sont efficaces, plus la croissance doit être forte pour créer des emplois ...

Le seuil pour faire baisser le chômage est de 1.5% ... la Tunisie est en dessous ... aucun dynamisme ...
on peut parler d'une croissance nulle ... chaque point au-dessus ou en dessous du seuil de 1,5% diminue ou augmente le nombre de demandeurs d'emploi ... de combien ??? j'en sais rien pour la Tunisie ... c'est l'opacité totale ...
Combien d'emplois ont été créer par la Tunisie en 2016 ... 2015 ... 2014 ... 2013 ... 2012 ... 2011 ...
Ou devrai-je dire combien d'emploi ont été perdu pendant ces années ??????
Pourquoi nous n'avons aucune donnée là-dessus ?????????????

15.5% de chômeur ????? Vous y croyez @ ces chiffres ??? C'est le double ... 30% au bas mot ... l'INS @ comptabiliser les 700 000 qui vivent de contrebandes ??? les 100 000 enfants en décrochage scolaire chaque année ????

Si on fait un véritable ETAT DES LIEUX de la Tunisie ... on se tapera un AVC ... pourquoi se mentir et se voiler la face ... le constat est amer ... la descente a été vertigineuse depuis l'arrivée de la Troika ...

La Tunisie n'engage pas des investissements sur des projets @ long terme ... l'Etat peut créer ainsi de l'emploi sans se soucier de la croissance ... les effets de ces investissements se font ressentir plus tard ...
Raison pour laquelle la Tunisie doit engager des Grands Travaux d'Infrastructures ...

Les emprunt fait par la Tunisie ne sont pas dirigés vers des projets mais pour boucher les trous dans les budgets ici et là pour compenser des salaires dans la fonctions publiques et sans parler des détournements ...
Il y a aussi une administration sclérosée avec toutes les lenteurs que l'on connait ....

Les Investissements etranger manque cruellement ... mais qui investira dans un pays désigné à risque ... et qui voit ses notation à la baisse ??? les investisseurs prennent le pouls d'un pays et soient ils s'engagent ou alors ils partent en courant c'est le cas de la Tunisie ...

LES ISLAMISTES N'INSPIRENT AUCUNE CONFIANCE et les opérations de charme de Ghannouchi @ l'étranger n'y changeront rien ... et les appels de BCE aux investisseurs en martelant que l'Islam est comptable avec la démocratie ne tient pas la route ...

Pour preuve Tunisia 2020 est un FLOP ...

Gagner 1 point de croissance supplémentaire pour 2017 est de l'utopie ... avec le tourisme en perte de vitesse ... les grèves sauvage ... l'arrêt du phosphate ...

En Tunisie la machine s'est grippée ... mets de l'huile ... Hatem Chaieb

Gg
| 22-02-2017 23:15
Je crois que chaque jour de chaque mois, à partir du 15, je dis à ma petite femme que les chiffres sont têtus!

Tunisienne
| 22-02-2017 21:01



qui, soit dit en passant, ne feront certainement pas leur 2,5 % de croissance, je pense qu'il faudrait quand-même mettre une nuance dans l'idée de l'«au bout de deux ans de mandature» : lorsqu'Ennahdha était officiellement au pouvoir, il a mis le paquet d'incompétence sans que les «réserves» économiques de l'ère Ben Ali ne soient encore totalement épuisées, sans que les Nahdhaouis n'aient encore tout à fait infiltré tous les rouages de l'État et sans que les retombées de leurs décisions partisanes et idéologiques catastrophiques ne commencent encore à se faire sentir.

Après deux ans de mandature de la pseudo-alternative à Ennahdha mais qui est alliée à Ennahdha jusqu'à la moelle, le délitement de l'État est à son comble, les messages politico-économiques contradictoires sont également à leur comble, les effets néfastes des décisions d'Ennahdha et de son infiltration de tous les services et administrations se font réellement et cruellement sentir. Si on y ajoute la cacophonie, la duplicité, la compétence moyenne, l'affairisme et les guerres intestines de la «nouvelle mandature», on peut avoir un topo plus complet...




DHEJ
| 22-02-2017 16:12
Ou comment ces chiffres flottent-ils à la surface?


Entre les chiffres prévisionnels et les chiffres réalisés il y a bien un facteur temps mais le temps ne sait pas rectifié la tendance!!!


Bon les chiffres sont l'affaires des matheux, des scientifiques mais loin d'etre le pain des JURISTES!!!


Et des chiffres qui ne doivent pas plaire à notre gamin national Ingénieur de formation; je le vois déjà en combinaison pour améliorer le rendement de l'institution et améliorer les chiffres!!!