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Crime raciste ou fait divers, quand l'amalgame dessert la cause
26/12/2016 | 19:59
4 min
Crime raciste ou fait divers, quand l'amalgame dessert la cause

 

Si nombreux Tunisiens s’évertuent à dénoncer le racisme, s’indignant de l’existence du phénomène dans ce pays aux 3000 ans d’histoire, il faut avouer que le phénomène est bien là.  Le mot est fortement combattu, détesté et honni, mais les actions, les propos et l’état d’esprit sont bien différents. Camouflé parfois sous forme d’appellations moqueuses mais « gentilles », ce phénomène continue à exister de la plus pernicieuse des manières.  En atteste l’actualité de ces derniers jours.

 

Le 24 décembre 2016, alors qu’ils se trouvaient en plein centre ville de Tunis, trois jeunes Congolais se sont fait violemment agresser à l’arme blanche par un individu perturbé. En effet, un jeune homme tunisien, expulsé de France « à cause de sa copine congolaise », s’est, semble-t-il, mis à la chasse aux filles qui lui rappellent son ex, pour se venger.

Il a ainsi agressé, au couteau, deux jeunes filles qui parlaient le dialecte congolais. Un jeune homme, lui-aussi congolais, avait pris la défense des victimes. Il a pu s’en sortir avec des blessures au bras droit. Les deux jeunes femmes ont, elles, été sérieusement blessées. L’une est actuellement en réanimation tandis que l’autre, souffrant de blessures graves au niveau du cou et du visage, est dans le coma.

 

Ce qui n’est autre qu’un malheureux fait divers, a tout de suite pris d’autres proportions, et cette agression a vite fait de porter la casquette de crime raciste. Les réseaux sociaux se sont enflammés, appelant à défendre la cause des étrangers originaires d’Afrique Subsaharienne, nombreux à venir étudier et travailler en Tunisie.

La ministre de la Santé, Samira Merai, s’est rendue au lendemain de l’agression, à l’hôpital Charles Nicolle pour s’assurer de l’état de santé des victimes, donnant ses consignes au staff médical pour « prendre soin de la malade et mettre à sa disposition tous les moyens de confort jusqu’à son rétablissement ».

L'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (AESAT), une association de droit tunisien existant depuis 1993 et dont la principale vocation est l'unification des étudiants et stagiaires africains et leur intégration dans la société tunisienne, a condamné cette agression. Elle a appelé, dans un communiqué, « tous les étudiants et stagiaires africains en Tunisie et les défenseurs des droits de l'homme à un rassemblement dimanche 25 décembre 2016 sur l'avenue Habib Bourguiba, devant le théâtre municipal afin de dénoncer tous les maux auxquels nous faisons face ».

L’association a également appelé les manifestants à mentionner sur leurs pancartes et affiches toutes « les revendications possible et dans le strict respect de tous » et à se mobiliser « pour exprimer notre dégout face aux actes de barbarie perpétrés à l’encontre des Subsahariens ».

La manifestation s’est tenue le 25 décembre devant le théâtre municipal de Tunis en présence de nombreux défenseurs des droits de l'Homme. Nombreux slogans y ont été scandés, nous pouvions lire « L’Afrique=la Tunisie », « Je ne mourrais pas à Tunis parce que je suis noir ». Les manifestants ont condamné le laxisme des autorités, le mépris auquel ils font face et la menace d’agressions quotidiennes.

 

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed a réagi en annonçant, ce lundi 26 décembre 2016, qu’une loi criminalisant le racisme et les discriminations en tout genre sera bientôt adoptée. Il a demandé que cette loi soit appliquée de manière stricte et a annoncé l’organisation d’une Journée nationale pour combattre le phénomène. « L’initiative présentée par la société civile il y a deux ans et adoptée par nombre de députés, constitue un pas vers la criminalisation du racisme et la protection de ses victimes. Je demande à l’ARP d’accélérer l’étude de ce projet de loi. Il nous faut également lancer des campagnes de sensibilisation sur le sujet », a-t-il souligné dans ce sens.

Et d’ajouter : « Il est de notre devoir aujourd’hui, d’ouvrir le débat sur un ensemble de sujets tabous et ce malgré le fait qu’ils constituent une atteinte aux droits de l’Homme et ce pour une simple différence de couleur de peau ». Le chef du gouvernement a rappelé, par la même, que la Tunisie est l’un des premiers pays à avoir aboli l’esclavage, « mais malheureusement les citoyens d’Afrique subsaharienne souffrent toujours. Il nous faut donc une stratégie nationale qui traite de la question dans toutes ses dimensions. Nous devons aussi travailler ensemble pour changer les mentalités et opérer des changements profonds dans la société. Il nous faut une loi qui criminalise le racisme, pour combattre les dépassements sur le sujet. C’est ici un défi ! ».

 

C’est donc un pas en avant que va entreprendre la Tunisie, pays démocratique et récompensé d’un Nobel de paix il y a tout juste un an. Cette agression, bien que fortuite, aura été une « malheureuse » occasion de plus pour confronter la société à son reflet le moins reluisant et d’aborder de face un problème latent mais dont on parle peu.

Mais si ce crime a permis de relancer le débat sur le racisme, les amalgames sont vite faits. En effet, estampiller de raciste un crime qui touche un étranger de couleur noire, n’est pas la réponse adéquate à la question. Nombreuses causes ont souffert d’être mélangées à toutes les sauces.  Il serait plus judicieux d’éviter des amalgames qui alimenteraient un sentiment négatif, à l’opposé des principes pour lesquels les gens sont de plus en plus nombreux à lutter…

 

26/12/2016 | 19:59
4 min
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Commentaires (20)

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zohra
| 28-12-2016 09:50
Et alors même s'ils sont clandestins, ça se voit que n'avez pas essayer la situation clandestine. Vos remarques méchantes et déplacées et vous croyez qu'ils n'y pas de tunisiens clandestins au Congo ? vous êtes ignobles avec votre supériorité à deux balles.

françois le français
| 28-12-2016 00:26
Notre société est malade. Racisme, homophobie, le declin quoi

anti-islamist
| 27-12-2016 18:54
Vous semblez vous aussi MALADE! consultez avant de commenter des inepties pareilles !

Driss
| 27-12-2016 18:50
Il y a quelques années, au Stad d'El Menzah....quand le COT de Mohieddine Habitat jouait... j'entendais régulièrement des "Mohiedine Ya fhal ya moula el garnafa"...CT pas du racisme ça?? contre un tunisien de race noire!!!!!!!!

Zeon
| 27-12-2016 18:30
Dites moi sur la photo que vous avez publié de l'article... Ces manifestants sont ils en situation irrégulière dans le pays ?

Parce que si c'est le cas alors comment vont ils arrêter les malades qui vont revenir de syrie si les mecs sans papiers manifestent tranquillement sans être inquiéter....

TeTeM
| 27-12-2016 16:03
Il y a quelques années, je suis allé au Stade Charléty voir un match amical Tunisie-Gabon. Je vous epargne l'envahissement de terrain par les sauvages Tunisiens qui a conduit à l'interruption du match pour me focaliser sur les cries de singes à chaque fois qu'un Gabonnais touchait le ballon. Mis à part, ça, si l'on en croit Chater, les Tunisiens ne sont pas raciste. Hata tarf!

TeTeM
| 27-12-2016 16:00
J'en peux plus de rire! Regardez moi l'autre, qui nous crie à tue tête sa haine du juif, et qui ose nous dire qu'il n'y a pas de Tunisien raciste ! Enorme!

TeTeM
| 27-12-2016 15:55
avant ce genre de fait divers était passé sous silence. On en entendait parler que via des on-dit.

TeTeM
| 27-12-2016 15:54
J'abonde dans votre sens. Mais attention, cela est aussi valable pour les africains sub saharien et parfois dans des proportions plus grandes (Hutu vs Tootsie, etc...)

garibaldi
| 27-12-2016 15:14
3000ans la tunisie....mais allons...l'etat -nation bref, la tunisie est un concept assez modern et recante dans l'histoire du monde.
du reste, la tunisie est un petit pays,qui fut
agreable.mais bon, maintenant cest une autre histoire...