alexametrics
vendredi 19 avril 2024
Heure de Tunis : 00:22
Chroniques
Cette coalition gouvernementale ne tiendra pas
Par Marouen Achouri
03/06/2020 | 15:59
3 min
Cette coalition gouvernementale ne tiendra pas

La somme de réformes et de changements qui doivent avoir lieu en Tunisie nécessitent un gouvernement fort, cohérent et soutenu aux niveaux politique et parlementaire. Il n’en est rien actuellement. Nous sommes face à une coalition gouvernementale bancale, bricolée à la va-vite et l’on sait déjà qu’elle ne tiendra pas, du moins dans sa forme actuelle.

C’est comme si Elyes Fakhfakh tentait d’assembler une armoire avec des bois différents, des pièces qui ne s’imbriquent pas les unes avec les autres et sans avoir les outils nécessaires. Pourtant, il essaye de le faire avec de la colle. C’est à cela que sert son projet d’accord, écrit entre les partis formant cette coalition ambitieusement, dénommé « ère de la stabilité et de la solidarité ». Il est évident qu’il faudrait bien plus qu’un document, même signé, pour que cette coalition gouvernementale tienne le coup.

Ennahdha, Tahya Tounes, Attayar et Echaâb se tirent dans les pattes depuis des semaines. Des déclarations incendiaires sont échangées entre les leaders de ces partis, particulièrement entre ceux d’Echaâb et d’Ennahdha. Comme il l’avait exprimé dès les pourparlers pour la formation du gouvernement Jamli, Attayar n’a toujours aucune confiance en Ennahdha. Tahya Tounes joue la carte de la neutralité essayant de se donner une image de sage qui a déjà exercé le pouvoir. Grosso modo ces gens se détestent cordialement mais se trouvent obligés de gouverner ensemble.

 

C’est au Parlement que les craquements de cette armoire gouvernementale se font le plus entendre. Il n’y existe aucune assurance ou garantie que les projets de loi présentés par le gouvernement seront soutenus par les blocs parlementaires composant le même gouvernement. Nous l’avons vu hier à l’occasion de la discussion de l’adhésion de la Tunisie à un banal protocole sur la gestion des zones côtières. Plusieurs députés, Ennahdha notamment, y ont suspecté une normalisation avec l’entité sioniste, puisqu’elle est signataire du même protocole. C’est grotesque pour le même parti qui avait refusé de signer la loi de criminalisation de la normalisation.

Plusieurs projets de loi gouvernementaux ont ainsi été court-circuités à l’ARP par ceux-là même qui devaient en être les porteurs et les défenseurs. Certains d’entre eux brandissent l’excuse selon laquelle il s’agit de projets de lois qui avaient été proposés par l’ancien gouvernement. Mais cela ne change rien puisque le chef de l’ancien gouvernement, Youssef Chahed, fait aussi partie de la coalition actuelle. Au Parlement, le parti Ennahdha est bien plus proche de la coalition Al Karama et de Qalb Tounes que de ses alliés du gouvernement. Cela s’est vérifié à plusieurs reprises notamment lors des votes au bureau de l’ARP.

 

Au sein même du gouvernement les choses ne sont pas au beau fixe. On se souvient tous de la circulaire du ministre du Commerce, Mohamed Msilini, qui avait été annulée par son homologue des Finances, Nizar Yaïche. La circulaire du chef du gouvernement à propos du gel des recrutements dans la fonction publique fait grincer des dents. Les politiques d’austérité qui s’annoncent, les fameuses réformes douloureuses qui pourraient commencer seraient susceptibles d’achever cette coalition.

Dès la composition de ce gouvernement, les problèmes étaient prévisibles. Ce qui arrive aujourd’hui n’est que la confirmation de la faiblesse politique de ce gouvernement, au niveau individuel et au niveau organisationnel. Et c’est justement pour étouffer cette faiblesse que le chef du gouvernement a interdit à ses ministres les sorties médiatiques non avalisées par ses services.

Outre les problèmes internes de ce gouvernement, il existe des « menaces » extérieures. Par exemple, les relations avec la centrale syndicale se sont détériorées à une vitesse ahurissante pour un gouvernement qui vient de prendre ses fonctions. La pression que peut exercer l’UGTT sur un gouvernement déjà fragile peut l’achever. Il y a également la gronde populaire si jamais les effets sociaux de cette crise se confirment après la crise économique. Quand des milliers de personnes auront perdu leurs boulots, qu’ils se retrouveront dans la précarité la plus totale, ils risquent d’envahir les rues et donc de faire tomber un gouvernement chancelant.

Tout cela permet d’affirmer que cette coalition gouvernementale ne tiendra pas. La solution préconisée par Ennahdha est de l’élargir, afin de contenir toute opposition et pour partager les portefeuilles avec Qalb Tounes et Al Karama. Mais ceci n’est pas envisageable dans l’immédiat, éventuellement à la rentrée en septembre. Pour l’instant, on va bricoler, comme toujours.   

 

 

 

Par Marouen Achouri
03/06/2020 | 15:59
3 min
Suivez-nous
Commentaires
OUA
Vous êtes vraiment courageux cher Mr. MAROUEN ACHOURI !
a posté le 04-06-2020 à 16:57
Lorsqu'il s'agit de maintenir le pouvoir, les politiciens sont, s´íl le faut, ils sont prêts de vendre leurs mères et sans sourciller !
Pensez-vous vraiment que nous devons commencer à tout mettre en sécurité ou est-ce juste votre v'?u pieux ?
Vous savez ce qu'on dit en Allemagne : "Les morts apparents vivent souvent beaucoup plus longtemps".
" Scheintote leben länger"
J.trad
@@A4
a posté le 04-06-2020 à 11:48
C'est le dernier vert/qui sert non pas de dessert/mais de plat de consistance/et qui va direct au bon sens/"constitution ratée"/je dis plutôt :mort née/nous avions une toute faite/ révélée/qualifiée (ma farratna fil 9orâni min chayin)/pourquoi chercher :midi à quatorze heure?!!!/
A4
Autrement dit:
a posté le 03-06-2020 à 22:04
L'ETAT (2)
Ecrit par A4 - Tunis, le 30 Septembre 2016

Il fût un temps pas lointain
Dont je me souviens encore
Où l'état était souverain
Où l'état était trop fort

Si fort qu'il se permettait
D'écraser sur son chemin
Les bipèdes qui l'embêtaient
Lors de nuit sans lendemain

Ce temps là est révolu
Dépassé, plus à la mode
Le problème est résolu
L'état a changé de code

C'est l'état mou des mauviettes
On ne le voit presque plus
Il s'incline, fait des courbettes
Aux arnaqueurs et goulus

C'est l'état aux poches vides
Qui n'a plus aucun dinar
Qui se comporte en timide
Face aux bandits et roublards

C'est l'état végétatif
Qui ne sort de sa cachette
Qui a peur, qui est craintif
Qui cède tout au racket

C'est l'état des grands niais
Qui avance à l'aveuglette
Ne sait où mettre les pieds
Et n'a plus rien dans la tête

C'est l'état doux des agneaux
Qui s'asphyxie et suffoque
Qui envoie ses mégalos
Faire la manche aux amerloques

C'est l'état des populistes
Qui caresse l'animal
Fainéant, sale et fumiste
Toujours dans le sens du poil

C'est l'état des défaitistes
Qui se croit faire du social
Regard livide d'utopiste
Qui se noie dans la spirale

C'est l'état, il est ainsi
Conforme à la volonté
De ceux qui nous ont écrit
Une constitution ratée
A4
Etat faible: c'est écrit dans la constitution !!!
a posté le 03-06-2020 à 21:56
Il faut se mettre à l'évidence: la constitution débile de 2014 ne peut donner qu'un état FAIBLE ! C'est dans cet esprit qu'elle a été rédigée.
Dans cette constitution, l'Etat est saucissonné en mille morceaux et un Etat en état de décomposition de la sorte ne peut être que faible !
Vous pouvez faire un million d'essais, ça ne sera qu'un million d'échecs !!!
Ajoutez à ça la qualité honteusement médiocre de toute la classe politique. TOUTE, sans exception aucune.
Est-il nécessaire de rappeler que les 217 clowns bardolais on choisi un assassin comme président ?
Nephentes
Delitement hors de controle
a posté le 03-06-2020 à 18:43
C'est a la fois n'importe quoi et tres dangereux ce qui se passe

Delitement avance de l'Etat rupture generalisee de confiance violence sourde qui ne selande qu'a exploser
Lol
Parlement de fous
a posté le 03-06-2020 à 16:41
On a du mal a voir ennahda et echaab ensemble et là on nous dit qu'il faut rajouter karama qui a des problèmes avec tout le monde (sauf avec leur maison mère).

Il n'y a aucune majorité durable possible dans ce parlement et il se faut se préparer à un quinquennat difficile ou a de nouvelles élections dont l'issue est incertaine.