alexametrics
vendredi 19 avril 2024
Heure de Tunis : 19:33
Chroniques
Budget de l'Etat : accroître les ressources ou diminuer les dépenses ?
27/07/2017 | 15:43
4 min

Il serait surprenant que le gouvernement prenne congé durant cette saison estivale. Pas même quelques jours, tant le calendrier est contraignant.

Un peu plus d’un mois nous sépare de la rentrée, celle qui coïncide avec le retour de la double séance. C’est au cours de cette période que les prévisions économiques sont actualisées, que les principales orientations du projet de loi de finances 2018 sont établies ainsi que le budget général de l’Etat.

Les résultats de la conjoncture du premier semestre 2016 seront cruciaux. Certains signaux suggèrent que la croissance économique serait probablement au rendez-vous. La récolte céréalière serait meilleure que celle de l’année dernière et le secteur du tourisme et du transport aurait repris des couleurs.

En revanche, du côté industriel, cela n’est pas le cas. L’indice de production industriel affiche un recul de 1% pour les 4 premiers mois de l’année 2017 par rapport à la même période de 2016. Cependant, cela ne peut cacher une certaine reprise des exportations qui, à prix constants et donc sans effets de change, ont augmenté de 0,5% durant les 5 premiers mois de 2017. C’est une première depuis le début de l’année.

D’autre part, les intentions d’investissement déclarées auprès de l’Agence de promotion de l’investissement et de l’innovation (API) ont affiché un hausse de près de 20% au cours du premier semestre. Globalement, cela devrait concourir à maintenir la prévision d’une croissance économique autour de 2,5% et peut-être même un peu plus. Toutefois, il ne convient pas d’aller trop vite en enthousiasme. Tout autant qu’il convient aussi de ne pas jouer les Cassandres comme semblent s’y complaire certains experts, brandissant à chaque fois, le spectre du scénario grec.

 

Certes, les motifs de préoccupations existent, particulièrement au niveau des finances publiques et des réserves de change. Néanmoins, il ne faut pas en faire une obsession. Des réserves en devises équivalent à environ 100 jours d’importations sont acceptables si l’économie du pays est apte à affronter les chocs. Un déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB est recevable tant que le pays est capable de le financer sur des ressources d’emprunt à faible taux et à longue maturité. Cela ne signifie pas qu’il faut faire fi d’un tel critère. Y tendre constitue une œuvre vertueuse. Le gouvernement en est-il capable ? C’est là d’ailleurs où le bât blesse le plus.

En effet, la lecture des données relatives à l’exécution du budget général de l’Etat sur les 4 premiers mois de l’année en cours ne rassurent pas totalement. Car, si au niveau des ressources du budget, on demeure sur une trajectoire en harmonie avec les estimations initiales quand bien même les recettes non fiscales affichent des scores en-deçà de ce qui est prévu, c’est au niveau des dépenses que les dérapages se multiplient.

Sur la base des données des 4 premiers mois de l’année, les dépenses de rémunérations vont largement dépasser les prévisions initialement établies à 13,7 milliards de dinars pour atteindre les 16 milliards de dinars en fin d’année. Il en est de même des dépenses en moyens de services qui dépasseraient les 1,3 milliard de dinars contre un peu plus d’un milliard prévu.

Enfin, le budget de la compensation risque d’exploser. Les dépenses de compensation de l’énergie vont doubler par rapport à ce qui a été fixé dans le budget de l’Etat. De 650 MD, on va passer à plus de 1,2 milliard de dinars, sinon plus, si des ajustements de prix de l’énergie ne sont opérés d’ici la fin de l’année. Et ce n’est pas tout, puisqu’avec la détérioration du taux de change, le remboursement du service de la dette va sensiblement augmenter. Compte tenu de ces paramètres, il serait très difficile pour le gouvernement de s’en tenir à un déficit budgétaire équivalent à 5,4% du PIB.

 

Le bât blesse d’autant plus que le gouvernement s’est engagé à réduire ce taux de déficit budgétaire à partir de l’année et de le limiter sous la barre des 3% dès 2020.

Une mission impossible à moins de trancher carrément dans le vif en réduisant drastiquement les dépenses de subvention, et autres dites de transfert, et en diminuant nettement les dépenses en moyens de services. Car, il ne faut pas espérer accroître les recettes par le biais d’une augmentation de la pression fiscale. Celle-ci a atteint un niveau à la limite du tolérable. D’ailleurs l’UTICA a clairement signifié qu’elle n’accepterait plus aucune nouvelle charge fiscale grevant l’entreprise, pas même la reconduite de la contribution exceptionnelle de 7,5% sur les bénéfices introduite cette année.

A ce niveau, la marge de manœuvre du gouvernement est presque nulle. Autrement dit, l’optique de recherche de l’équilibre budgétaire par une augmentation des ressources fiscales et parafiscales, solution de facilité lorsque le taux de pression fiscale est faible, n’est plus envisageable.

La seule option de ce point de vue est d’accroitre nettement le recouvrement fiscal. Sinon, seule demeure l’optique de réduction des dépenses. Il faudra s’y résoudre, un jour ou l’autre, le plus tôt sera le mieux.

 

En 5 ans, les dépenses du budget de l’Etat ont augmenté de 50%, soit à une moyenne annuelle de 10% alors que la croissance économique n’affichait qu’une évolution annuelle moyenne de 1,5%. C’est cette dérive qu’il faut absolument stopper. Plus facile à dire qu’à faire, direz-vous. Il faudra faire preuve d’audace.

En lançant de façon spectaculaire sa politique de lutte contre la corruption et la contrebande, Youssef Chahed a fait preuve d’une grande audace. C’est celle-là qu’il faudra pour résoudre le sérieux problème du budget général de l’Etat et plus généralement l’insupportable déficit des finances publiques.  

27/07/2017 | 15:43
4 min
Suivez-nous

Commentaires (5)

Commenter

DHEJ
| 28-07-2017 21:25
Un "OU" exclusif ou inclusif?


De toutes les manières sommes-nous en face d'un problème de mécanique ou encore un problème de legidynamique?


Des sciences qui échappent-elles au GAMIN?


Un GAMIN nommé GOUVERNANT sans force!

A4
| 27-07-2017 23:32
A el kamour, ils demandent déjà des augmentations ...

Dr. Jamel Tazarki
| 27-07-2017 22:19
13 millions d'allemands

Dr. Jamel Tazarki
| 27-07-2017 20:41
D'après le Spiegel-online, 13 millions d'allemandes vivent avec moins de 900 euros par mois! Comme si je disais que 13 millions de Tunisiens pourraient vivre avec moins de 100 dinars par mois! Est-ce possible? Oui, si l'état tunisien pourrait garantir l'abondance des aliments de base sur le marché tunisien et ceci à un très bas prix. En Allemagne, un sac de pommes de terre de 5 Kg coute 1,50 euros, un Kg de pain coute 80 centimes, 12 oeufs coutent 1,19 euros et un litre de lait coute 60 centimes (la marque JA).


Faisons un très simple calcul numérique:
a) Nous formons un panier de biens (on néglige les différents services) qui contient des aliments de base: pain, huile, lait, pommes de terre, céréales, fruit (on se limite aux oranges, dattes, pastèques, figues), sucre (bien que le sucre industriel n'est pas à mon sens un aliment de base), oeufs.
b) Pt est le prix sur une période t de notre panier défini ci-dessus.
c) ===> Si on compare l'évolution de l'indicateur Pt de l'Allemagne avec celui de la Tunisie pour la période 2011-2017, on remarque que l'indicateur Pt de la Tunisie a subi une inflation de 5%, alors que l'indicateur Pt de l'Allemagne est resté constant. Je rappelle que l'Allemagne a eu entre 2011-2017 une inflation moyenne de 3% (2% pour 2016).
d) conclusion: si on arrivait à maintenir le panier des aliments de base hors de l'effet de l'inflation (comme c'est le cas de l'Allemagne), on aurait beaucoup moins de problèmes sociaux, et on n'aurait pas besoin de s'endetter encore plus afin de nourrir notre peuple'


Le problème d'optimisation afin de faire sortir la Tunisie de la crise socio-économique est si simple: comment vivre dans les limites des moyens qu'offrent nos ressources naturelles afin d'assurer à chaque Tunisien une qualité de vie suffisante (je dis bien suffisante)?


Je propose/conseille de garantir l'abondance des aliments de base sur le marché tunisien (comme les pommes de terre et les céréales) et de renoncer/limiter la culture des aliments qui ne sont pas vraiment indispensables afin de satisfaire les besoins nutritionnels de notre peuple. Si on continue à gaspiller nos réserves d'eau pour la production entre autres des fraises, nous allons sans un aucun doute vers une crise alimentaire (pour la production d'un Kg de fraise il faut sacrifier une tonne d'eau ---> pensez à l'empreinte écologique).

La pomme de terre est un aliment de base. On peut vivre des années et même tout une vie seulement des pommes de terre. Au 18ème siècle la pomme de terre a permis à l'Europe de vaincre les famines. La culture de la pomme de terre a nourrit toute l'Europe et continue à le faire. La stabilité alimentaire en Allemagne et partout en Europe n'est garantie que grâce à la pomme de terre. La pomme de terre est très nutritive, facile à cultiver et à conserver'

Je connais le problème d'eau qu'ont nos paysans à Tazarka et je sais aussi que la pomme de terre peu mieux supporter la chaleur et la sècheresse que la tomate ou les fraises. Puis, il n'y a aucun doute que la pomme de terre est plus nutritive que beaucoup d'autres légumes.

J'étais récemment chez une famille allemande au Ruhrgebiet (ancienne région industrielle allemande, jusqu'aux années 60). Oui, les Allemands au Ruhrgebiet mangent quotidiennement des pommes de terre, ils n'ont pas les moyens afin de manger autres choses que les pommes de terre et ne connaissent pas autres choses que la pomme de terre. Ceux d'entre eux qui vivent dans des petites agglomérations ont un petit poulailler pour avoir des oeufs frais. L'état allemand subventionne la culture des pommes de terre pour que la classe pauvre et même moyenne pourraient se nourrir à bons prix et d'un aliment très nutritif.

Oui, il faut arrêter/limiter entre autres la culture des fraises en Tunisie, et garantir d'abord l'abondance des aliments de base dans nos supermarchés.

Mon père m'a dit qu'à Tazarka on ne cultive les pastèques que depuis les années 70 et les fraises qu'à partir des années 90 aux dépens des aliments de base comme les pommes de terre et le blé.


Le but serait d'atteindre une autosuffisance alimentaire en produits de base (blé, huiles, maïs, pommes de terre, lait) à l'horizon de 2020, au prix de minimiser notre consommation de viandes rouges/blanches et de sucre, de limiter les dépenses inutiles pour les soins médicaux. Il faut même renoncer à certaines cultures agricoles non vraiment indispensables'

Je ne mange pas de viande, je ne prends pas de sucre, je mange quotidiennement des pommes de terres cuites à l'eau avec un peu de sel et une cuillère d'huile d'olive, je prends tous les matins deux oeufs et un verre de lait, j'utilise seulement les plantes médicinales pour mes soins de santé et je fais la navette à vélo entre mon Appartement et mon lieu de travail que de prendre la voiture, soit une distance de 20 Km par jour.

Je résume: l'idée centrale de mon commentaire est de vivre dans les limites des moyens qu'offrent nos ressources naturelles afin d'assurer à chaque Tunisien une qualité de vie suffisante (je dis bien suffisante). )! ===> minimiser les importations et ainsi plus besoin de s'endetter!

Jamel Tazarki

How to boil potatoes:
https://www.youtube.com/watch?v=yCQlBP_33SM

Mohamed riadh marsaoui
| 27-07-2017 18:09
Selon mon humble avis, il faut penser à créer de nouvelles taxes et qui devront répondre aux critères suivants: ne pas affecter l'appareil de production qui souffre déjà d'une pression fiscale élevée, et ne pas affecter les compensations en raison de l'ébullition sociale.
Alors, pourquoi ne pas créer une taxe sur les grandes fortunes mobilières et immobilières?