alexametrics
jeudi 25 avril 2024
Heure de Tunis : 16:12
A la Une
Avocats, fonction publique, pharmaciens, enseignants : Le gouvernement Chahed à l'épreuve du feu
05/12/2016 | 19:59
5 min
Avocats, fonction publique, pharmaciens, enseignants : Le gouvernement Chahed à l'épreuve du feu

Ce n’est pas une semaine de tout repos qui attend Youssef Chahed en ce début de mois de décembre. Le chef du gouvernement, qui a sans doute soufflé un ouf de soulagement après que la Conférence internationale sur l’Investissement s’est déroulée dans de bonnes conditions et sans incidents, a été très vite rattrapé par la réalité des mouvements syndicaux et des protestations qui secouent le pays depuis des mois. Ce lundi 5 décembre, ce sont les avocats qui sont en grève ouverte. Le 8 décembre ce sera au tour du secteur de la fonction publique. Plus tard, ce seront les enseignants et aussi les pharmaciens…

 

« Nous refusons d’être mis devant le fait accompli ! » a crié Ameur Mehrezi, bâtonnier de l’Ordre des avocats dans un appel lancé à ses collègues pour qu’ils unissent les rangs face à un gouvernement « qui veut violer l’indépendance de la profession et la soumettre ! ». Dans la soirée du samedi 3 décembre, un communiqué de l’ONAT annonçait une grève ouverte à partir de lundi et une marche nationale de contestation le mardi 6 décembre qui ira du Palais de justice jusqu’à la Kasbah. L’ordre précise que si les articles litigieux sont adoptés, les avocats entameront des sit-in au sein des tribunaux sans appliquer les règles fiscales « inconstitutionnelles » et invite tous les avocats membres d’instances constitutionnelles et de conseils régionaux à suspendre leurs adhésions. Ces mouvements ont fait suite au vote, par la commission des Finances à l’ARP samedi de l’article 31 de la Loi de finances 2017, relatif à la fiscalité des avocats. Article qui stipule que toutes les affaires représentées par un avocat devant les différents tribunaux, les conseils de disciplines, les instances d’arbitrages, sont sujettes à la présentation obligatoire d’un avis de constitution numéroté suivant une série organisée et continue, et que sa représentation n’est pas acceptée en cas de violation de cette procédure. L’Imprimerie officielle de la République tunisienne sera chargée de l’impression et de la distribution de ces imprimées selon trois catégories 1, 2 et 3, distinctes par la catégorie et la couleur et dans des séries organisées et continue de manière à permettre d’identifier l’avocat concerné par la représentation, son matricule fiscal, ainsi que la nature et le sujet du travail. L’Imprimerie officielle ou le distributeur autorisé auront désormais la charge de détenir les chiffres de vente des carnets d’avis de constitution selon la catégorie et l’identité de l’avocat acquéreur et son matricule fiscal.

 

Samedi aussi, à l'issue d’une Assemblée générale extraordinaire, tenue par le bureau national du SPOT, les pharmaciens ont voté à l'unanimité pour décréter une grève générale dont la date n'a pas été annoncée « vu la gravité de la situation et l'absence de signaux encourageants de la part du gouvernement et des ministères concernés ». Les pharmaciens contestent la proposition contenue dans le projet de Loi de finances 2017 concernant l'application d'une TVA de 6% sur les médicaments produits localement, ainsi que ceux importés, sans en augmenter les prix. Qualifiée de « décision arbitraire », les pharmacies estiment que « cette décision engendrera d'importantes pertes pour les pharmacies et pourrait même causer la faillite de certaines d'entre elles ».

 

Plus tôt la semaine dernière, le jour même où la Conférence sur l’Investissement démarrait à Tunis, où des représentants de 70 pays étaient présents pour noter l’amélioration du climat d’affaires dans le pays et aider, à travers des investissements colossaux à la croissance économique, le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Hfaiedh Hfaiedh, annonçait que la grève générale dans le secteur public aura bel et bien lieu le 8 décembre. Cette décision avait précisé l’UGTT, intervient suite à l’échec des négociations avec le gouvernement « qui maintient sa position sur l’ajournement des augmentations salariales ». Une impasse héritée du gouvernement de Habib Essid, qui avait signé l’accord avec la centrale syndicale et enlisé le gouvernement d’union nationale dans une situation inextricable. « Nous ne négocions pas avec le gouvernement, nous laissons juste ouvert le dialogue ! » a déclaré le secrétaire général de l’UGTT, qui a martelé, à plusieurs reprises, qu’aucune concession ne sera consentie sur ce point. Alors que la ministre des Finances, Lamia Zribi, a expliqué que cet accord remettrait en cause tous les engagements de la Tunisie envers le FMI, qu’il s’agit d’une ligne rouge pour le Fonds monétaire international, rien ne semble présager d’un retour sur la décision de l’UGTT. « Les forces tirant vers le passé tyrannique ont repris leurs esprits et une véritable volonté pour enterrer la question sociale fait surface » a lancé Houcine Abassi en marge de la commémoration, hier, du 64ème anniversaire de l’assassinat de Farhat Hached. « Il n’est pas encore tard. Il reste encore quelques jours nous séparant de l’adoption du budget de l’Etat et ces quelques jours sont suffisants pour un retour à la raison » a-t-il souligné.

 

Une raison que le syndicat espère constater chez un gouvernement qui a les mains liées par un contexte économique très difficile et que le gouvernement souhaite observer chez une centrale syndicale qui n’a d’yeux que pour des travailleurs au pouvoir d’achat au plus bas.

 

Aujourd’hui, lundi 5 décembre, c’est les syndicats de l’enseignement de base et de l’enseignement secondaire, qui ont annoncé une série de grèves sectorielles accompagnées de rassemblements de protestation devant les délégations régionales. Ces grèves qui concerneront, à chaque date quelques villes du pays, débuteront le 15 décembre 2016, à Kairouan, Kasserine, Siliana, Bizerte, Béja, Jendouba et au Kef et se poursuivront pendant 4 jours jusqu’au 28 décembre où elles toucheront les établissements scolaires de Tataouine, Tozeur, Kébili, Médenine et Gafsa. Ces protestations hostiles au ministre de l’Education, Néji Jalloul, appellent à sa démission et concernent les réformes engagées par le ministre et fortement contestées par les enseignants.

 

C’est donc une semaine bien mouvementée qui attend le gouvernement Chahed, une semaine où le gouvernement de la dernière chance, qui s’est engagé à sortir le pays du marasme social et économique dans lequel il a plongé au lendemain de la révolution, devra prouver sa fermeté à mener à bien sa mission. Il devra également, sans dévier de son objectif, composer avec les syndicats, les lobbies et les intérêts ardemment défendus des uns et des autres pour mettre le salut national au dessus de toute considération.

 

Myriam Ben Zineb

05/12/2016 | 19:59
5 min
Suivez-nous

Commentaires (6)

Commenter

TBS
| 07-12-2016 15:12
Avocats, pharmaciens, UGTT tous dans le meme sac: On fait la greve pour justifier le vol qui a dure des annaees au profit de classes nantis. On demande des augmentations que rien ne justifie (la fonction publique est a un niveau de productivite jamais atteint dans le passe). Une UGTT qui demande demission de ministres, fait la greve pour proteger la corruption ... Que ce gouvernement resiste pour une fois pour le bien de ce pays.

KE JOLI SIGNAL QU ON ENVOIE AU MONDE
| 06-12-2016 15:37
NOU sommes un PEUPLE EGOISTE, et NON PATRIOTE...s enrichir, oui....faire son premier devoir de citoyen en s acquitant de l impot... NON, cela s appele DU VOL...et avec l aide de l UGTT on enfonce le pays qui est deja

Nephentes
| 06-12-2016 15:25
C'est l'union du crétinisme et de l'égoïsme contre la raison d'Etat

cette populace - qui inclus des soi-disant pharmaciens et instituteurs- est averses à tout ce qui concerne logique économique et interêt national.

C'est la définition même du bédouinisme que d'être contre le Droit, L'Etat et l'intérêt national

DHEJ
| 06-12-2016 14:38
F=m x Croissance en application de la loi fondamentale de la LEGIDYNAMIQUE!

J Hannachi
| 06-12-2016 13:00
@BN: Cest Lamia Zribi et non Héla Zribi. Merci de rectifier.

B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.

DHEJ
| 06-12-2016 12:17
Alors que dire du gamin CHAHED et ses guignols...


Une infrastructure qui devrait répondre "conjoncturellement" et "structurellement" à

F=1/2 x Ro x Cz x V² x S

Et c'est la GOUVERNANCE NATIONALE!!!