Dans un cadre hautement symbolique, en l’occurrence, le musée du Bardo qui vient de subir une horrible attaque terroriste, Béji Caïd Essebsi, président de la République tunisienne, a accordé, aujourd’hui dimanche 22 mars 2015, une interview à Jean-Pierre Elkabbach d’Europe 1, Christophe Ayad du Monde et Michaël Darmon d’iTÉLÉ, et ce pour l’émission à grande audience du « Grand Rendez-vous ».
Les journalistes de ces médias français ont essayé de faire un tour d’horizon de ce qui se passe en Tunisie à tous les niveaux et de ses relations internationales en cette conjoncture particulière.
Une première lecture de cette interview fleuve, d’une durée de près de trois quarts d’heure, fait ressortir un langage franc et clair du président de la République, un fait mis en relief par Jean Pierre Elkabach, en personne, qui n’a pas hésité à faire remarquer une « langue de bronze » à la première occasion qu’il l’avait ressenti chez BCE en lui précisant, tout de même, que c’était la première fois qu’il en faisait usage.
En effet, M. Caïd Essebsi a bien reconnu qu’il y a eu des dysfonctionnements dans la gestion de l’action terroriste perpétrée par les assaillants tout en rendant, hommage, quand même, aux services sécuritaires pour leur vigilance et pour les progrès réalisés depuis un certain temps. « Ce n’est certes pas tout à fait au point, d’où la détermination d’améliorer la situation avec les dernières mesures prises en la matière » a-t-il dit en substance.
Parvenir à un niveau de « risque zéro » est impossible, a-t-il tenu à souligner, mais une enquête est menée pour faire toute la lumière sur les éventuelles défaillances lors de la récente et dramatique opération du musée du Bardo. « Et des décisions seront prises contre tous les auteurs des présumées négligences », avant de mentionner que le terrorisme est un fléau international qui exige une stratégie régionale et internationale pour y faire face.
« La sécurité de l’Europe dépend de la sécurité dans le bassin méditerranéen, d’où l’obligation pour l’Europe de nous aider à combattre ce phénomène », assure BCE qui, tout en reconnaissant l’existence de promesses de soutien, clame : « le problème est que nous avons besoin de ces aides et soutiens tout de suite. La situation ne peut plus attende et on ne doit pas attendre la fin de la Tunisie ».
Béji Caïd Essebsi reproche à l’Europe, dont notamment la France, cette accentuation de la phobie de l’islam alors qu’on devrait éviter tout amalgame entre islam et islamisme. « La Tunisie est un pays musulman et non islamique et on a veillé à garder cette spécificité dans l’article 1er de la Constitution, avant d’ajouter que c’est cette phobie qui crée des tensions et, parfois des obstacles à une communication positive entre les Français et les Tunisiens, en particulier, et les musulmans, en général ».
Dans cette interview, BCE est revenu sur la majorité des questions préoccupant les Tunisiens dont, entre autres, la nécessité d’améliorer le niveau de l’enseignement qui doit épouser les progrès à l’échelle mondiale et atteindre les objectifs voulus pour une Tunisie moderne et digne du 21ème siècle.
Abordant le volet économique, le président de la République a été transparent pour mettre l’accent sur les difficultés énormes par lesquelles passe le pays. Et là, il n’a ménagé aucune partie qu’il juge défaillante à commencer par les Tunisies qui « ne travaillent pas assez, voire trop peu » durant les dernières années citant, notamment, le cas de la Compagnie de phosphates Gafsa qui fonctionne à peine à 50% de ses capacités alors que la Tunisie a besoin qu’elle fonctionne, plutôt, à plein régime.
Et le problème est que certains empêchent les autres de travailler à cause d’une certaine relâche de l’autorité de l’Etat. « Ne vous en faites pas, on saura restaurer un Etat de droit qui respecte la liberté de tous, mais qui saura se faire respecter dans un cadre démocratique », a-t-il tenu à mentionner en réponse à une question des trois journalistes en face de lui.
D’ailleurs, même dans le contexte de la lutte contre le terroriste, il ne sera jamais question de recourir aux anciennes méthodes policières, car le processus démocratique est irréversible et il n’est pas question de faire machine arrière, a-t-il martelé.
Restant dans le cadre économique, M. Caïd Essebsi a révélé, pour la première fois, qu’il procédera, éventuellement, lors de sa prochaine visite aux Etats-Unis d’Amérique où il aura une rencontre avec le président Barack Obama, à la signature d’un accord concédant à la Tunisie le statut d’allié majeur en matière d’économie et de défense, à l’instar des cas de la Jordanie et de l’Egypte.
Prié de dire s’il est tenté par une convention similaire avec la France et s’il compte en discuter, lors de sa prochaine visite à Paris, avec François Hollande, Béji Caïd Essebsi a reconnu qu’il n’en a pas été question, mais que si le président français le lui proposait, il ne dirait pas « non ». « Au contraire, j’accepterais avec plaisir », a-t-il dit en substance.
« Bien entendu, la Tunisie n’est pas la Grèce. Nous ne sommes pas en Europe et nous n’avons pas l’Euro. Nous sommes réalistes et nous savons apprécier notre place à sa juste valeur », enchaîne t-il.
« Je ne demanderais pas d’annuler la dette de la Tunisie auprès de la France, mais si François Hollande me proposait de le faire, je ne me ferais pas prier pour accepter. En tous les cas, je ne pense pas que Paris serait disposé à admettre une pareille mesure sachant que cette dette est de l’ordre de plus d’un milliard d’euros », précise t-il encore.
BCE a expliqué le fait de se tourner vers les USA en y envoyant 400 étudiants par la disposition de Washington à les prendre en charge en leur octroyant des bourses. C’est donc à la France de creuser un peu plus de ce côté-là.
Pour un autre volet qui préoccupe les Tunisiens, plus précisément le secteur des médias, M. Caïd Essebsi a réitéré qu’il ne voit aucun inconvénient à ce qu’il soit critiqué ou tourné en dérision par les journalistes, les humoristes et les caricaturistes. En tout cas, ils n’arrêtent pas de le faire et personne n’a eu de problèmes à cause de cela, a-t-il précisé.
Pour ce qui est de la dernière affaire où deux journalistes ont eu maille avec la justice, BCE a tenu à expliquer qu’il ne s’agit pas d’un acte journalistique ou d’une satire, mais d’une usurpation de qualité en se faisant passer pour le président de la République. Et malgré cela « je n’ai pas porté plainte et je n’ai pas interféré dans le déroulement de l’action judiciaire ».
Sarra HLAOUI
Il faut se tourner vers d'autre pays plus prometteurs en terme de partenariat durable et mutuellement bénéfique, on le répète depuis des années
Au lieu d'envoyer seulement 400 étudiants méritants aux USA, envoyons en 4000 et créons une Université tuniso -américaine ou tuniso-allemande etc..
Cessons cette relation mortifère avec une nation qui ne nous respecte pas !!
A mon collègue lolo69, non, Elkabach n'est pas anti-islam, il ne hait pas les musulmans et ne cherche pas à humilier. Il pose ses questions, directement, sans faux fuyant, et BCE l'a très bien compris.
Il ne nous manque encore que de nous le montrer faire ses toilettes ou nager dans la piscine comme son défunt boss, le dictateur déchu Bourguiba.
Je ne crois plus mes yeux.
Ghanouchi l 'a sollicité pour une interview en posant des conditions il confond journalisme et hagiographie;il n 'a pas osé affronter les questions d 'ELkabbach
lE JOURNALISM COMME LA POLITIQUE EST UNE JUNGLE OU TOUS LES COUPS SONT PERMIS.La neutralité est un leurre
merci bajbouj grand homme d état bien repondu