alexametrics
samedi 20 avril 2024
Heure de Tunis : 10:13
Chroniques
Les finances des partis, cette transparente opacité
31/05/2016 | 15:59
3 min

L’hypocrisie est le leitmotiv de toute action politique. Mais cette hypocrisie atteint son paroxysme quand on parle argent. Face à la question du financement, les politiques sortent sans broncher leur argument fétiche : « Fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais ». Oui, car en public, c’est la carte de la transparence qu’on brandit à tout va. On combat la corruption, on parle d’honnêteté et d’intégrité en tirant à boulets rouges sur ceux qui ne le seraient pas. Mais dans les faits, on devrait tirer sur tout le monde (ou presque) car de cette transparence il n’en est rien.

 

Des partis politiques se disant proches du peuple et très terre-à-terre sortent, subitement et comme par magie, le grand jeu lorsqu’il s’agit d’organiser des démonstrations de force. Quand il faut rassurer (ou se rassurer) sur son réel poids politique, intimider ses adversaires ou annoncer un grand come-back, tous les moyens sont bons. On organise des congrès en grande pompe où les invités sont conviés en masse, on sort les grands moyens et on ne lésine pas sur les détails. On loue les plus grandes salles de conférences, on fait venir des partisans par bus touristiques de tout le pays et on peaufine affichage, sonorisation, écrans géants, hauts parleurs et tout le toutim. Mais comment des partis aussi minuscules que Al Irada ou Ettahrir peuvent-ils se le permettre ?

 

Ce ne sont sans doute pas les cotisations des quelques adhérents à Hizb Ettahrir qui lui permettent de louer le palais des Congrès ou la Coupole d’El Menzah pour ses congrès annuels. Et c’est encore moins ceux d’Al Irada qui permettent de sortir le grand jeu à la Foire de Sfax et d’ouvrir de nouveaux bureaux alors que le parti vient à peine d’être créé.

Ces partis veulent jouer dans la cour des grands et ils sont prêts à y mettre le prix. Ce ne sera donc pas uniquement Ennahdha ou Nidaa Tounes qui rouleront des mécaniques en organisant des événements nationaux de grande ampleur. Tous les petits peuvent également s’y frotter.

Mais lorsque l’on sait qu’en Tunisie, le financement public est plus que dérisoire et qu’il ne subviendrait même pas aux dépenses des petits gâteaux distribués lors du congrès d’Ennahdha, il y a lieu de se poser des questions. D’où vient donc tout cet argent ?

 

Un véritable secret de polichinelle sur lequel les politiques se sont bien gardés de répondre. Tous n’ont pas égaré leur registre des comptes comme le CPR de Marzouki en 2011, mais presque tous préfèrent éluder la question épineuse des sources de financement. La majorité des partis politiques entretiennent des rapports tumultueux avec l’argent. Comble de l’ironie, l’opacité est de mise pour ceux qui ne cessent de brandir l’argument de la transparence.

On en sait, en effet, très peu sur les sources de financement et des dépenses des différents politiques de la scène nationale. Mais, ce que l’on sait, en revanche, c’est que monde des affaires et monde politiques font depuis plusieurs années ami-ami afin que chacun puisse  trouver son compte. Le nombre d’hommes d’affaires qui se sont joints aux partis de la scène nationale ne se compte plus. Certains ont des dossiers sombres à faire oublier, d’autres briguent des postes de pouvoir et d’autres encore souhaitent donner un coup de pouce à leurs campagnes de lobbying.

 

Appâter des hommes d’affaires, ou les intimider carrément, fait partie de la stratégie de nombreux partis politiques qui misent sur ces généreux donateurs pour se faire pousser des ailes. Le gagnant est celui qui brandit les meilleurs arguments de vente et qui donne la meilleure contrepartie derrière.

Si aucun parti politique n’a rendu publics les détails de ses dépenses, celles des donations et autres avantages reçus de la part de généreux mécènes sont tout aussi opaques. Idem des financements étrangers dont les soupçons pèsent lourd sur nombre d’acteurs de la scène politique. Turquie, Qatar, et autres pays influents ne sont jamais bien loin à regarder de près certaines campagnes électorales et certains discours persistants.

 

On dit souvent que l’argent est le nerf de la guerre en politique. Exit les discours et autres programmes, bien souvent ridiculeusement mensongers. L’avenir appartient à ceux qui savent s’entourer et à ceux qui en ont le plus. Tant que la moralité, et la loi, ne réglementeront pas en pratique, la vie politique, les choses en seront toujours ainsi…

31/05/2016 | 15:59
3 min
Suivez-nous

Commentaires (3)

Commenter

Belko
| 09-06-2016 10:15
J'aime bien les jeux de mots mais attention, cela n'a pas de sens et si vous revenez à bases linguistiques, vous allez constatez l'erreur voir le ridicule.. mais bon travail de réflexion

el khlifi mokhtar
| 05-06-2016 11:10
1) Appliquer strictement la loi sur la transparence.L'électeur et l'adhérent doit pouvoir connaitre les sources de financement de tous les partis.Idem pour les médias.
2) Un fonds spécial géré pour un organe neutre devrait pouvoir recueillir les fonds destinés au financement des partis.
3) L'accés au crédit bancaire devrait être autorisé et contrôlé

CONQUERANT
| 31-05-2016 18:29
Comment font-ils, insinuerais-vous, implicitement pour financer leurs projets?

Tout le monde ou presque a sa petite idée. Le Tunisien n'est pas cet ingénu Béotien que les hommes politiques de peu de vertu croient. Au contraire, il en connaît un rayon sur leurs pitoyables moeurs et leurs pratiques douteuses.

En Tunisie les partis politiques n'ont jamais concilié morale et action politique. C'est un tropisme dont on nous rebat les oreilles pour faire genre, mais dont on sait pertinemment qu'il est irréalisable chez ces avides affamés, pourvoyeurs de leçons de civisme par ailleurs.
Le Prince de Machiavel n'est pas loin.
'En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. '
Le meilleur exemple que l'on puisse citer, en référence à cette magnifique sentence, est celui d'ANNAHDHA dont on ne sait rien de ses finances mais dont on devine bien la ou (les) provenance (provenances).
Outre le racket des hommes politiques traînant des casseroles et qui passent, à corps défendant, devant les nouveaux inquisiteurs pour s'acheter une nouvelle virginité sociale, il y a le détournement des aides internationales destinées au peuple Tunisien et qui atterrissent comme par enchantement sur des comptes spéciaux soit, pour financer telle opération partisane soit, servent carrément à enrichir le patrimoine d'un heureux lieutenant de Dieu sur le berceau duquel la PROMETTEUSE fée s'est penchée.

Il y a des destins comme ça !

Que l'on n'oublie pas si vite la main basse faite par BOUCHLAKA, du temps où il sévissait au Ministère des affaires étrangères, sur les quelques milliards octroyés par la République de Chine au peuple Tunisien et qui au lieu de transiter par un compte spécial domicilié au Trésor Public ont chu (Choir : Tomber) -comme par magie-sur le compte du ministère des affaires étrangères dont Rafik BOUCHLAKA était, au plan comptable, l'ordonnateur.

Ce Monsieur n'est-il pas le gendre du guide suprême, CAUTION MORALE S'IL EN EST D'UN COURANT RELIGIEUX PIÉTISTE qui prêche la droiture et la légalité coranique prohibant tout fait quelconque qui occasionne préjudice à autrui ? "ALLATI TOUNHI 3ALA AL MOUNKIR".

Ce parti qui prône à longueur de journées des discours culpabilisants à l'endroit des KOFFARS, ennemis désignés par ses soins à la vindicte populaire, comment explique-t-il l'enrichissement aussi soudain que sans cause de certains de ses barons qui se sont retrouvés du jour au lendemain propriétaire qui, d'un Yacht, qui d'une villa luxueuse sur les hauteurs de Gammarth ou à Yasmine Hammamet ???

Elle est où la morale dans tout cela ?

Enfin gardons le meilleur pour la fin!

Comment un ancien droit-de-l'hommiste et président déchu explique-t-il la perte, aussi grotesque qu'incongrue, du registre comptable sur lequel étaient consignés toutes les ressources et les emplois de son parti ?
Que fait ce mauvais perdant depuis que le peuple Tunisien lui a signifié un congé de longue durée pour incompétence notoire ?
Il passe son temps à dénoncer la corruption et la collusion des nouveaux gouvernants avec l'ancienne Nomenklatura Rcdéiste en jouant à la vierge outragée.

N'était-il pas plus opportun pour lui de nettoyer les écuries d'Augias avant d'attaquer les autres?
Je lui conseillerai de relire la parabole de la "Paille" et de la "Poutre" qu'il connaît parfaitement.

Comment voulez-vous combattre dans ces conditions la corruption qui, tel un cancer, s'est métastasée en fragilisant encore davantage une Tunisie chétive et exsangue pour en faire un pôle de prédation facile ?

Comment concilier morale et politique quand les dirigeants, eux-mêmes, sont sans foi ni loi ?

Équation difficile et désespérante pour ne pas dire impossible.

Nous méritions MIEUX que ça !


PS/ Dans la comptabilité en partie double on appelle ressources toutes les entrées : dons, subventions, ventes de tickets d'adhésion dont l'entité dispose en créditant les comptes concernés.
Et,
Emplois toutes les dépenses faites dans l'intérêt de l'entité en question, faites au moyen de ces ressources, en débitant les comptes appropriés.