Apprêtez-vous à payer pour les terroristes amnistiés et les criminels récidivistes !
Par Nizar Bahloul
Le remaniement a eu lieu, le 3ème gouvernement de Youssef Chahed est passé en dépit de toutes les critiques ennemies, de toutes les attaques fratricides et de toutes les ignominies des opposants qu’ils soient malades et aigris ou de bonne foi.
Béji Caïd Essebsi peut aller se reposer, relire la Constitution et voir ce qu’il peut faire de bon avec les prérogatives dont il dispose. Il pourrait, par exemple, consacrer son temps et user du même « machiavélisme » utilisé contre Youssef Chahed pour faire passer les propositions de la Colibe. Il pourrait aussi réfléchir, avant de partir, à une nouvelle constitution plus conforme à la société et la culture tunisiennes, puisqu’il est établi maintenant que celle-ci est mauvaise. Il pourrait également user de son « machiavélisme » de 2012-2014 pour tenir ses promesses électorales et éliminer définitivement les islamistes du pouvoir politique. Leur diabolisme, leur unité et leur projet sont cent fois plus dangereux que Habib Essid et Youssef Chahed réunis.
En attendant, le président de la République ne semble pas du tout dans cette optique. Ses deux dernières recrues ne présagent pas beaucoup de bon, puisqu’il s’agit de jeunes exécutants de viles politiques d’attaques sur les réseaux sociaux à travers des pages et profils anonymes. La différence entre Seïf Chaâlali et Moez Hrizi d’un côté et Edyb Jebali et Amina Mansour de l’autre est assez infime. Les premiers sont juste plus polis et mieux élevés que les seconds.
Maintenant que le remaniement a été opéré, peut-on sérieusement revenir au travail et réfléchir à l’avenir de la Tunisie ? On a tellement perdu de temps à nous combattre les uns les autres qu’on a oublié l’essentiel : comment générer de la croissance pour ce pays !
La réponse est hélas négative, car en dépit de son absolue priorité, cette question est éludée à cause des bombes à retardement qui s’apprêtent à exploser sur nos « gueules » dans les prochains jours. On ne va s’occuper ni de croissance pour le moment, ni d’inflation, ni d’emploi, ni de culture, ni de Loi de finances, ni des lois anticonstitutionnelles qui régissent encore la cité.
Au moins trois bombes à retardement laissées par la troïka de 2011-2014 nous attendent et on doit les désamorcer dans les plus brefs délais. Le drame est que personne ne sait comment ce désamorçage pourrait avoir lieu. On n’a ni la solution, ni le mode d’emploi.
La première de ces bombes est celle de Lassâad Yaâcoubi, secrétaire général de l’enseignement secondaire qui s’apprête à répéter son manège de l’année scolaire 2017-2018. Il a pris en otage nos élèves, il a retenu les notes des examens, il a imposé une grève de plusieurs jours et a causé d’énormes préjudices aussi bien aux élèves et leurs parents qu’aux enseignants eux-mêmes. On ne compte plus le nombre de parents qui ont fait sortir leurs enfants du système scolaire public gratuit pour les placer dans le système privé onéreux, juste pour les préserver des jours de grève et pouvoir les encadrer comme il se doit. On ne compte pas, non plus, le nombre d’enseignants dégoûtés, qui ont jeté l’éponge et ont choisi d’aller prendre une retraite anticipée.
Que s’est-il passé après tous ces préjudices ? Rien ! Lassâad Yaâcoubi et son équipe ont bénéficié d’une impunité totale. On ne leur a même pas retenu les jours de grève de leurs salaires. On n’a absolument rien fait pour les enseignants qui ont terrifié leurs collègues qui voulaient casser la grève. On n’a rien fait pour assurer la sécurité et le droit des enseignants non grévistes !
Face à l’impunité, Lassâad Yaâcoubi ne pouvait que rempiler dans son manège pour une nouvelle saison pire que la précédente et que les enfants, parents et enseignants opposants aillent au diable ! L’essentiel est que ses complices et lui obtiennent gain de cause et prennent leur revanche. Jusqu’à quand cette créature de l’ancien ministre de l’Education de la troïka, le nationaliste extrémiste Salem Labiadh, continuera-t-elle à porter préjudice à l’Enseignement et à l’Etat ? Si l’on veut rétablir le prestige de l’Etat (une promesse électorale oubliée de Béji Caïd Essebsi), Lassâad Yaâcoubi ne doit plus exister dans le paysage syndicalo-politique !
La deuxième bombe à retardement va nous coûter quelque 1,2 milliard de dinars que l’Etat va devoir provisionner immédiatement dans son actuelle Loi de finances. Cette bombe date des années 1980 et porte le nom de la Banque franco-tunisienne. Un litige complexe qui n’a pas pu trouver de solution sous Bourguiba et sous Ben Ali. Un bras de fer entre Abdelmajid Bouden et l’Etat, qualifié sur le tard du plus gros scandale de corruption de l’Etat. Ce problème complexe entre Tunisiens aurait pu trouver une solution juste et équitable au lendemain de la révolution, sans préjudice pour les deux parties, mais c’était sans compter l’intervention de Salim Ben Hamidène, ancien ministre des Domaines de l’Etat. C’est principalement à cause de lui que l’on est arrivé à une impasse et que l’Etat va devoir payer cette indemnisation astronomique équivalente au budget de quelques ministères et à 3 % du budget de l’Etat.
Salim Ben Hamidène, actuel dirigeant du parti Irada, un des opposants aigris cités précédemment, figure parmi les plus proches personnalités d’Ennahdha. C’est même un secret de Polichinelle que de dire qu’il est la taupe des islamistes dans le parti de Moncef Marzouki. Dans cette affaire, il a toujours joué les Sainte-Nitouche, la victime de la cabale juridico-politico-médiatique, le pauvre patriote qu’on veut abattre. Sauf que la réalité est différente comme ont pu le constater plusieurs magistrats de différentes juridictions. Il a beau accuser les médias (qui n’ont fait que leur travail) d’être des menteurs à la solde du pouvoir, il a beau injurier matin, midi et soir Mabrouk Kourchid (qui n’a fait que son travail), Salim Ben Hamidène sera traduit devant la chambre criminelle.
Mais qu’il soit traduit ou pas, qu’il soit condamné ou pas, quel est notre tort, à nous autres contribuables tunisiens, qui devrons payer cette somme astronomique ? Car même s’il est condamné, il n’aura pas à payer cette somme. Il n’est qu’un maillon de la chaîne des responsabilités, tout d’abord, et il est certain qu’il se réfugiera en France, comme il l’a fait sous l’ancien régime et comme il l’a fait après la chute de la troïka en 2014 et sa propre défaite cuisante dans les dernières législatives. Salim Ben Hamidène, comme beaucoup d’islamistes, n’ont de prioritaire que leur propre personne. Quand il y a un dividende à recevoir, ils sont là aux premiers rangs comme en 2011. Mais quand il y a un devoir à accomplir, un impôt à payer, un service à rendre, ils sont aux abonnés absents.
La troisième bombe vient de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) qui continue malgré les injonctions parlementaires et malgré les décisions du Tribunal administratif à poursuivre ses travaux. En dépit de leur illégalité manifeste, ils seront poursuivis jusqu’au 31 décembre. Sa présidente Sihem Ben Sedrine perdra tout avenir politique si elle ne satisfait pas ses amis islamistes et ses soutiens étrangers (principalement allemands et américains). Les différents élus limogés de l’IVD, les différents parlementaires, les différents politiques, les différents médias, les différents magistrats ont beau dénoncer les multiples abus et infractions, la bonne dame continue à exercer contre vents et marées pour mettre l’Etat tunisien devant le fait accompli : il sera appelé à indemniser les différentes victimes et supposées victimes de l’ancien régime et ça sera une facture de quelques milliards de dinars. Les victimes et supposées victimes sont essentiellement des islamistes qui étaient accusés, avant la révolution, de terrorisme. Parenthèse aux lecteurs européens, c’est comme si l’on invite le contribuable allemand ou français en 2050 à indemniser à coups de millions d’euros Seifallah H, Mohammed Haydar Zammar, Benjamin Herman, Salah Abdesslem ou les héritiers de Mohamed Merah. Parenthèse pour les lecteurs américains, c’est comme si les héritiers d’Oussama Ben Laden ou les hôtes de Guantanamo réclamaient des millions de dollars d’indemnités.
Une majorité parmi celles qui se sont présentées comme victimes à l’IVD militaient pour leur propre cause islamiste et non pour la Tunisie, la démocratie et ses libertés. Que l’Etat les ait torturés, c’est un fait, qu’il les ait mis hors d’état de nuire, c’est indéniable, mais il n’y avait pas à l’époque d’autre solution. L’injustifiable et inutile culture de la torture était dominante à l’époque. Elle était d’ailleurs (voire elle l’est encore) de mise dans les années 2000 aux Etats-Unis. Le camp de Guantanamo et la prison d’Abou Ghrib sont les plus célèbres cas. Pourquoi donc le Tunisien fauché des années 2020 doit-il payer les erreurs des années 1970-1980 et pourquoi y a-t-il d’indemnisation tout court pour des gens qui allaient terroriser et tuer des Tunisiens ?! Des gens qui militaient pour leur propre chapelle (mosquée) et non pour les autres Tunisiens !
Dans le lot de ceux qui se sont présentés comme victimes, il y a un nombre indéterminé de fausses victimes. On a bien attiré l’attention de Sihem Ben Sedrine, Khaled Krichi et autres membres restants de l’IVD sur la mégalomanie, la cupidité et la mauvaise foi de certaines de ces prétendues victimes, mais les missives ont été balayées d’un trait. Ces gens là seront indemnisés malgré tout avec notre argent, car c’est ainsi qu’a décidé l’IVD, soutenue par les Américains et les Européens, ceux-là mêmes qui nous imposent les restrictions budgétaires, la privatisation et la dévaluation.
Sihem Ben Sedrine, elle-même militante pour sa propre chapelle après avoir été militante pour son compte bancaire avant la révolution, tient à satisfaire ces islamistes, car il n’est pas exclu qu’elle ait des ambitions présidentielles pour 2019. Un « prestigieux » institut de sondages américain l’a placé dans les premiers rangs de celles qui peuvent réussir la prochaine magistrature suprême.
Voilà les différents chèques que les Tunisiens vont devoir payer dès 2019 pendant que Hafedh Caïd Essebsi se chamaille avec Youssef Chahed, que Noureddine Taboubi nous menace de grève générale et que Rached Ghannouchi rappelle à ses troupes que leurs objectifs et leurs priorités n’ont jamais changé. Après avoir échoué à faire un putsch armé, les islamistes essaient le putsch démocratique en usant de leurs différentes marionnettes et avec l’appui (logistique et financier) des différentes supposées ONG européennes et américaines.