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Amnésie...
24/06/2019 | 12:50
2 min
Amnésie...

 

Par Taoufik Baccar *

 

Des publications récentes ont annoncé que la Tunisie a recouru en décembre 2018 à une opération de « hedging », c’est-à-dire, une opération de couverture contre la hausse du prix du pétrole, tout en mentionnant que c’est la première fois que la Tunisie procède à une telle opération.

Ces publications ne précisent pas quelle a été la technique utilisée bien qu’on puisse supposer qu’il s’agit d’options, puisque dans la communication faite sur la question, le terme « assurance » revient à plusieurs reprises. Par ailleurs, le prix effectif moyen en dollars du baril aussi bien pour les quantités couvertes que pour celles non couvertes et le montant total des primes payées, n’ont pas été mentionnés. Les annonces faites à propos de cette opération n’ont pas précisé non plus le bilan au moins provisoire de cette opération, ni son impact sur le budget de l’Etat. Un tel bilan est nécessaire d’autant que le prix du pétrole a connu une décélération, du moins jusqu’à dernièrement. 
En effet, la transparence exige que toute la lumière soit faite sur la nature des instruments utilisés, les niveaux et le seuil de couverture et le bilan même provisoire de l’opération.


Par ailleurs il est à préciser que ce n’est pas la première fois que le pays recourt à une telle couverture puisque Tunis Air a déjà réalisé une opération du même genre. De façon plus générale, l’utilisation des nouvelles techniques financières (Swaps, Options, Couvertures contre les risques de change, de prix ou de taux, etc.) n’est pas une chose nouvelle en Tunisie. A titre d’exemple, la Tunisie a utilisé les techniques de Swap de taux d’intérêt ou de devises au moment de sa sortie sur le marché financier international.


Elle a par ailleurs procédé à une gestion dynamique de la dette qui a aidé à ramener le niveau de la dette publique en 2010 à 41% du PIB ( en réalité 33% du PIB si l’on tient compte des 5.6 millards de dinars de ressources publiques disponibles à fin 2010). Ainsi entre 2006 et 2007, le pays a remboursé par anticipation près d’un milliard de dinars de la dette contractée durant les décennies 1980 et 1990 à des taux élevés avant l’accès de la Tunisie au grade d’investissement et au marché financier international en 1994, ce qui a généré au pays des gains importants.

 

C’est d’ailleurs de là qu’est partie en 2009 l’idée de créer "Tunisie Trésor", une institution dont la mission serait notamment de s’adonner à la gestion dynamique de la dette, mais que le pays a hélas, encore du mal à mettre en place plus de dix ans après.

 

*Taoufik Baccar est ancien gouverneur de la BCT et actuel président du Ciped

 
24/06/2019 | 12:50
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Commentaires (1)

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financial analyst
| 24-06-2019 15:41
Vous avez tout à fait raison, il aurait été plus judicieux de bien communiquer sur cette opération si tant est qu'elle était une première (effectivement Tunisiar sur le kérosene?).
On parle d'une prime payée par la Tunisie de 2.24 par barils mais aucune indication sur le prix moyen effectif.
A mon avis le bilan provisoire ne doit pas être positif, d'où leur mutisme.. d'un autre côté, un bilan doit certes se faire au bout de la période mais doit tenir compte des objectifs fixés initialement (équilibre budgétaire?). Et si un Trump continue a allumer les marchés, comme en ce moment, il se pourrait bien que cette opération soit au final un succés.
Je pense qu'il s'agit d'une avancée, qu'il faut continuer dans cette direction et utiliser les outils financiers disponibles, comme on arrivait à le faire dans le passé (sans le nier ou le dénigrer).